Notes sur l Église de France au temps de la Restauration, d après des lettres inédites de Lamennais - article ; n°86 ; vol.20, pg 79-104
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Notes sur l'Église de France au temps de la Restauration, d'après des lettres inédites de Lamennais - article ; n°86 ; vol.20, pg 79-104

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1934 - Volume 20 - Numéro 86 - Pages 79-104
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1934
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Dudon
Notes sur l'Église de France au temps de la Restauration,
d'après des lettres inédites de Lamennais
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 20. N°86, 1934. pp. 79-104.
Citer ce document / Cite this document :
Dudon Paul. Notes sur l'Église de France au temps de la Restauration, d'après des lettres inédites de Lamennais. In: Revue
d'histoire de l'Église de France. Tome 20. N°86, 1934. pp. 79-104.
doi : 10.3406/rhef.1934.2681
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1934_num_20_86_2681Notes sur T Église de France
au temps de fa Restauration
d'après des lettres inédites de LAMENNAIS*
(1820-1825)
I. Le Pape de Joseph de Maistre : origine vraie du livre. Comment l'a
ccueillent les contemporains. Ce qu'en dit Lamennais en public et dans
l'intimité. Ce qu'on en pense à Rome.
II. Mgr de La Romagère, évêque de Saint-Brieuc. Premières impressions
de Lamennais. Les difficultés de l'évêque avec l'abbé Jean ; efforts de La
mennais pour arriver à la démission du prélat. Les plaidoyers de l'
évêque sont victorieux auprès du gouvernement. Jean de La Mennais
est présenté pour la Grande Aumônerie; objections de son frère; fin
alement Jean est nommé vicaire général du Grand Aumônier.
III. Les lois contre le sacrilège et sur les communautés de femmes. Bro
chures de La Mennais sur les deux projets de loi; échos de sa corres
pondance. Les lois sont votées. Là politique de Lamennais.
De v ombreux recueils ont déjà été publiés de la correspon
dance de Lamennais. Cet homme, qui poursuivait dans ses
livres des travaux importants, et qui se mêlait à la bataille
des journaux, trouvait encore le temps, malgré une santé
chancelante, d'adresser à ses amis de fréquentes et longues
lettres.
Tout comme le baron de Vitrolles, la baronne Cottu et Be-
noist d'Azy, les Senfft partagent le privilège d'entretenir avec
le grand écrivain des propos quasi ininterrompus : quand il
est à Paris il les voit assidûment; il leur écrit, quand il est
à La Chesnaie, il écrivit et lança coup sur coup deux brochu-
Nous le savions déjà par les nombreuses pièces que contient
le recueil de Forgues. Dès le début, cette correspondance, qui
est demeurée jusqu'ici inédite pour les années 1819-1825, a
le même ton de liberté absolue. Les Senfft sont des All
emands; hier encore, ils étaient luthériens. Mais l'Essai a con
tribué à les convertir, en 1819. Dans cette sorte de paternité
spirituelle, Lamennais se complaît; et les qualités d'esprit et
de cœur de ses convertis achèvent de le gagner à eux. Il écrit
à tous, au comte de Senfft, à la comtesse sa femme, et à leur
fille Louise : et tous lui répondent. Nombre de lettres sont
* Le frère de Lamennais, l'abbé Jean, vicaire général de Saint-Brieuc,
a toujours écrit son nom en deux mots; nous respecterons cette ortha-
graphe en parlant de lui. REVUE D'HISTOIRE DE l/ÉGLISE DE FRANCE 80
perdues. Il en reste assez pour que nous sachions comment
ces personnages jugeaient les événements, ecclésiastiques et
autres, de leur temps.
Ailleurs, j'ai publié déjà quelque chose de cette attachante
correspondance. J'ai réservé à cette Revue des lettres qui tou
chent à l'histoire de l'Église de France. C'est un partage assez
naturel. Et je suis heureux de témoigner par là ma sympat
hie à l'effort mené si vaillamment, depuis déjà de longues
années, par son directeur. Je le remercie de vouloir bien
agréer ces quelques pages, où les lettres inédites de Lamenn
ais seront une sorte de noyau, autour duquel se viendront
joindre, comme d'eux-mêmes, des renseignements puisés ai
lleurs et jusqu'ici peu ou point utilisés.
Depuis Sainte-Beuve et Collombet, nous savons que le f
ameux livre du Pape a eu un collaborateur français. La co
rrespondance réunie au XIXe et dernier volume des Œuvres
de Joseph de Maistre nous a appris là-dessus de curieux dé
tails1. Enfin Camille Latreille, il y a vingt-huit ans, a éclairé
à fond, d'après les papiers de Guy de Place, le problème de
cette collaboration. Son livre2 est partial, faux en beaucoup
de ses jugements, mais fort utile tout de même, ne fût-ce que
pour démontrer comment Joseph de Maistre disait vrai, quand
il assurait qu'il était « docile comme un enfant ».
Dans la dernière année de sa vie, quoique miné par la mal
adie qui devait le terrasser, Mgr Germain Breton a écrit sur
le Pape de Joseph de Maistre une étude critique3. Il y a là un
bel exemple de cette fidélité aux lettres qui toujours distin
gua le défunt recteur de l'Institut catholique de Toulouse.
Le livre est inachevé, des deux volumes qu'il devait compter
un seul a paru, et on y sent la fatigue d'une main défaillante.
Mais le» prélat avait avec Joseph de Maistre un commerce an
cien, l'esprit juste et la plume souple. Il a très bien vu, mieux
que Margerie, d'où était née la pensée d'écrire le livre du
Pape, et comment cette pensée a germé des réflexions provo
quées chez l'auteur par les ruines et la survie de la Révolut
ion. La correspondance de Joseph de Maistre avec Blacas
1. Nombre de lettres de J. de Maistre à Guy de Place y figurent.
2. Joseph de Maistre et la papauté (Paris, Hachette, 1906). J'ai con
sacré à ce livre une étude dans les Études du 20 octobre 1906, p. 145-163.
3. Du Pape de Joseph de Maistre (Paris, Beauchesne, 1931). SOUS LA RESTAURATION 81
éclaire à merveille ce problème d'histoire. Et c'est avec raison
que Mgr Breton y a cherché la lumière4.
Dans ce dialogue politique5, qui dura des années entre le
philosophe savoyard et le courtisan provençal de Louis XVIII,
c'est de la vraie restauration de la France par les Bourbons
qu'il est question uniquement. Le Savoyard l'emporte par
l'éclat du style et par l'étendue des connaissances, mais sur
tout par la vue géniale des causes qui expliquent les grands
événements dont le Provençal n'est qu'un témoin banal.
L'idée de souveraineté est altérée dans l'État comme dans
l'Église. C'est un fait universel et manifeste. Elle est altérée
dans l'État parce qu'elle l'a été d'abord dans l'Église. La Ré
volution française n'a fait qu'achever contre l'autorité royale
l'œuvre de destruction commencée par les parlements de
Louis XV. La même constitution qui a sapé le trône de saint a sapé le trône pontifical. Elle est l'œuvre des légistes
jansénistes et gallicans. Le pic qui a démoli l'Église de France
a été forgé par ces légistes, héritiers, sans le vouloir, de l'es
prit de révolte qui jadis sépara pour jamais de Rome tous les
protestantismes d'Occident et tous les schismes d'Orient. En
sorte que, si les Bourbons revenus de l'exil veulent affermir
leur autorité, leur premier devoir est de reconnaître, dans sa
plénitude, l'autorité du pape. Le Pontife romain est la clef de
voûte de l'édifice national en France. Et parce que la France,
en Europe, a un rôle prépondérant dans l'ordre civil et dans
l'ordre religieux, il se trouve que la conduite des rois de
France, sur le point indiqué, est pour l'Europe de la plus
grande importance. S'ils refusent ou s'ils hésitent, la Révolut
ion ne finira ni chez eux ni ailleurs. Donc, sans la France,
point de religion ni de sécurité européenne; point de religion
non plus, sans le catholicisme; point de catholicisme, sans le
pape; point de pape, sans la suprématie qui lui appartient.
Tel est le fond des idées de Joseph de Maistre et de son livre
Du Pape*.
Entre tous les Français de 1820, l'abbé de La Mennais était
assurément l'un des mieux disposés à applaudir ces formu-
.les. Dans le chapitre X du premier volume de l'Essai, n'avait-
4. Il est vrai que lorsque Margerie a fait son livre, en 1882, la corre
spondance avec Blacas était inconnue. Latreille la croyait perdue, mais
il en avait deviné l'intérêt.
5. Ernest Daudet, Joseph de Maistre et Blacas (Paris, Pion).
6. Aux pages 239-250 de son livre, Latreille donne une idée de l&#

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