Patronages, chapelles et oratoires de la Haute-Maurienne - article ; n°107 ; vol.25, pg 145-182
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1939 - Volume 25 - Numéro 107 - Pages 145-182
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Arnold Van Gennep
Patronages, chapelles et oratoires de la Haute-Maurienne
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 25. N°107, 1939. pp. 145-182.
Citer ce document / Cite this document :
Van Gennep Arnold. Patronages, chapelles et oratoires de la Haute-Maurienne. In: Revue d'histoire de l'Église de France.
Tome 25. N°107, 1939. pp. 145-182.
doi : 10.3406/rhef.1939.2883
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1939_num_25_107_2883•
CHAPELLES ET ORATOIRES PATRONAGES,
DE LA HAUTE-MAURIENNE
ETUDE STATISTIQUE ET CRITIQUE
Intioduction. — Villarodin-Bouiget. — A\iicu\. — Aussois. • — Bra-
mans. — Sollières-Sardières. — Teimignon. — Lanslebounj. — Lanslc-
\illaid. — Hissans. — Bonnc\al. — Conclusions.
' INTRODUCTION Il
En discutant les rapports des cultes populaires a\ec les
cultes liturgiques, j'ai signalé à plusieurs reprises1 l'insui-
fisance fréquente de notre documentation non pas seulement
historique, mais directe. La plupart des hagiographes qui ont
étudié une région délimitée, — comme l'abbé Burlet, la
Sa\oie-\ — ou un saint spécial, — Moret, saint
Menoux^ Eugène Thoison, saint Mathurin 4, même le P.
Kleinschmidt, sainte Anne5 et K. Meisen, saint Nicolas0, —
n'ont pas distingué nettement les quatre catégories de sanc
tuaires qui portent le nom du saint : 1° l'église ou la chapelle
paroissiale; 2° la chapelle dans l'église, a\ec autel personnel,
ou joint à un autre, ou au maître-autel; 3° la chapelle rurale,
1. Cultes liturgiques et cultes populaires, dans le Folklore biabaiuon,
t. XIII (Biuxelles, 1934), p. 287-299 (a\ec carte du culte de saint Antoine
en Sa\oie); — Contribution à la méthodologie du folklore, dans Lares,
t. V (Rome, 1934), p. 20-34 (a\ec caite du îite du barrage en Sa\oie); —
Contribution à la théorie générale des patronages paroissiaiiv et corpora*
tifs, dans Folklore de la Flandre et du Hainaut, t. II (Paris, 1036), p. 494-
539; Over hel teekenen van folklorislische kaarten, dans Mensch en
JMaatschappij (Amsteidam, 1935), p. 337-351; — Observation's sur les
cultes liturgiques et populaires de la Flandre française, dans le Folklore
brabançon, t. XIV (1935), p. 277-290.
2. Abbé J. Burlet, le Culte de Dieu, de la Sainte Vierge et des Saints
en Savoie avant la Révolution (Chambtry, 1916).
3. Abbé J.-J. Moret, Histoire de saint Menoux... Vie et culte de saint
Menoux... (Moulins, 1907).
4. Eugène Thoiron, Saint Mathurin, étude historique et iconographi
que (Paris, 1889).
5. Béda Kleinschmidt, O. F. M., die Heilige Anna, ihre Verehrung in
Geschichte, Kunst und Volkstum (Dusseldorf, Sch^ann, 1930).
6. Karl Meisen, yikolauskult und Nikolausbrauch im Abendlande, eine
Jkiilturgeographisch'Volkskundliche Untersuchung (Dusseldorf, Sclrwann,
1931).
10 14G revue d'histoire de l'église de tr\nce
consacrée, où le prêtre a le droit de dire la messe; 4° le simple
oratoire, de\ant lequel les fidèles prient sans qu'il y ait lieu
à messe périodique ou occasionnelle. En Savoie l'abbé Burlet
a réuni les trois dernières catégories en une seule, quoique
des documents historiques, conservés le plus soiuent dans
les archives paroissiales, eussent pu lui donner de nombreuses
dates de construction de chapelles rurales et d'oratoires avant
la Révolution; souvent ces dates sont inscrites sur le petit
monument lui-même. '
Or, si l'église et la chapelle dans l'église sont un témoi
gnage principal du culte liturgique, la chapelle rurale manif
este davantage l'intervention localisée de la dévotion popul
aire; enfin les oratoires, et j'ajoute pour tous les cas anciens,
les croiv de carrefours, de cols et de passages dangereux, ou
commémoratives d'un accident, sont l'expression de la dévo
tion populaire, seules les croix de mission étant des témoins
liturgiques. Autrement dit, si l'on veut évaluer le rapport des
deux cultes dans un pays donné ou pour un saint donné, il
faut tenir compte au même titre de tous les éléments du
problème, non pas seulement des documents historiques
officiels, mais aussi des faits réels et d'observation directe.
Dans mes démonstrations antérieures, j'ai surtout fondé
l'essai de cette théorie générale sur des faits savoyards; je
les ai contrôlés ensuite par une étude parallèle des faits
flamands français. J'ai trouvé ainsi que, pour le culte de saint
Antoine en Savoie, par exemple, il n'y a pas un seul toponyme
de paroisse; des reliques dans six localités; sept patronages;
une confrérie, et, selon Builet, 182 chapelles sans distinction
de catégorie. Le culte populaire (avec bénédiction de sel, de
pain, des équidés, etc.) se constate dans 200 localités. En
combinant les deux séries de données, on a pour 600 com
munes environ 367 lieux de culte consacrés à saint Antoine,
et non pas 180 environ (à cause des doubles emplois), indiqués
par Burlet.
On arrive à des conclusions semblables avec d'autres saints
en Savoie; mais la démonstration fondée sur le culte de saint
Antoine suffit à justifier la théorie générale.
Ici j'envisagerai le même problème sous un autre aspect,,
c'est-à-dire sur la base géographique. Je choisis comme
terrain de démonstration les dix communes qui constituent
une région savovarde bien définie, la Haute-Maurienne, ou
vallée supérieuie de l'Arc. Quelques-unes de ces communes
sont dans le fond de la vallée principale et sur la route des
grands pèlerinages \ers Rome par le Mont-Cenis ; d'autres
sont en haute montagne, sur des chemins qui ont été plus CIUPILLIS II I'\inON\GFS DE L\ H\Uir-M VURIEWK 147
fréquentes au moyen âge que de nos jours. Il ne faut donc
pas s'imaginer que, par suite de leur altitude, ces paroisses
a\ec leurs hameaux: aient vécu pendant de longs siècles en
dehors du momement général des mœurs et des chilisations.
De plus, beaucoup d'hommes émigraient en automne pour
revenir au printemps, et rapportaient des nouvelles de France
et d'Italie. L'une des conséquences de cette émigration pério
dique et du passage incessant d'étrangers a été un dé\elop-
pement bien plus rapide de l'instruction dans ces hautes
^ allées. Les \ieux enseignaient aux enfants à lire et à écrire
pendant les "seillées, et ceci dès les débuts du xviie siècle; car
cette connaissance était indispensable aux. jeunes gens et
aux. adultes. Parmi les emigrants, plusieurs se sont, de géné
ration en génération, établis au Mexique ou en Argentine; j'ai
rencontré aussi là-haut des descendants d'émigrés à Vienne
en Autriche, à Dresde, à Amsterdam.
Ceci pour rappeler que ces dix communes ne constituent
nullement, malgré leur situation dans les Alpes, une sorte de
petite nation anormale, qui aurait suhi sa ligne de dé\elop-
pement particulière depuis l'époque de Cottius, ou même les
temps préhistoriques; et on ne doit pas lui appliquer la fo
rmule stéréotypée que les mœurs anciennes se conservent
mieux dans les montagnes que dans les plaines. Le cas choisi
est parfaitement normal; il peut servir de type pour l'édif
ication de la théorie générale dans d'autres pays, même de
plaine.
Que ce soit par tendance naturelle, ou à cause du passage
des pèlerins, ou encore par suite des dangers incessamment
courus dans cet âpre pays, ou au cours des \O3rages profes
sionnels, la religion et ses manifestations dh erses sont fort
ement en honneur dans ces dix communes ; elles l'étaient
comme de juste bien davantage dans les siècles qui ont pré
cédé la Ré\olution. Comme le pays n'a pas souffert des
guerres de religion, ni de grandes dévastations militaires,
les monuments de la foi se sont mieux conservés dans la
Haute-Maurienne que dans beaucoup d'autres régions des
Alpes (Chablais, la majeuie partie du Dauphiné, etc.). Les
conditions d'étude y sont donc meilleures. D'ailleurs, en tous
pays ce sont bien plus les églises qui ont souffert des guerres
de toute soi te que les petites chapelles rurales et les modestes
oratoires. Le pillage était dans les mœurs anciennes; mais
on ne pillait que là où il y a\ait de quoi. Par suite, l'é\alua-
tion d'un culte d'après les statues et tableaux qui ont subsisté
dans les églises ne repose que sur un minimum

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