Survivances de la tripartition fonctionnelle en Grèce - article ; n°1 ; vol.166, pg 21-38
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1964 - Volume 166 - Numéro 1 - Pages 21-38
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Atsuhiko Yoshida
Survivances de la tripartition fonctionnelle en Grèce
In: Revue de l'histoire des religions, tome 166 n°1, 1964. pp. 21-38.
Citer ce document / Cite this document :
Yoshida Atsuhiko. Survivances de la tripartition fonctionnelle en Grèce. In: Revue de l'histoire des religions, tome 166 n°1,
1964. pp. 21-38.
doi : 10.3406/rhr.1964.8572
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1964_num_166_1_8572Survivances
de la tri partition fonctionnelle
en Grèce
I. UN HÉROS DR TROISIÈME FONCTION
Epeios1, fils de Panopeus2, lui-même frère jumeau de
Crisos3, arma contre Troie, d'après Dictys4, trente navires
des Cyclades, mais dès VIliade, il apparaît comme « un
médiocre guerrier »5 et la littérature postérieure fera même
de lui « un type de lâche »6. Ce qui n'empêche pas, ainsi que
l'a souligné avec raison M. Charles Picard7, que sa place
parmi les héros achéens n'ait été des plus honorables. On
le considérait surtout comme « un compagnon aimé d'Aga-
memnon »8. Un petit relief samothracien du Louvre, qui
peut dater du milieu du vie s.9, le représente « dans la suite
directe d'Agamemnon, avec le seul héraut Talthybios »10.
Dans certaines régions de l'Italie méridionale d'autre part,
on l'honorait « à l'égal de Diomède, de Philoktète et d'autres
héros de la guerre troyenne »u.
1) Cf. H. Wagner, IŒ, s. v. Epeios ; P. Weizsacki.r, Itoscher, s. v. ; F. Нон krt,
Homère, 1950, p. 181-183; Ch. Picard, UN, 5« sér., VI, 1942, p. 1-22.
2) П., XXIII, 665; Eur., Troad., 9 avec srhol.; Paus., II, 29, 4: live...
Fab., 97 ; Tzetz., Lycophr., 53.
.3) Asios cité par Paus., II, 29, 4; Schni. Ear. Or., 33; Tzetz., Lycophr., 53. Les
deux frères se sont disputés déjà dans le sein de leur mère (Tzetz., 9391.
4) Dict., I, 17.
5) V. infra.
6) Lykophr., 930 avec schol. et Tzetz. ; Hesych., s. v. ; Sum., s. v. ; Zenou.,
Ill, 81 ; Apoštol., VIII, 69; Dioiien., IV, 61 ; Rhel. Пг., edit. Walz, VI, 200.
7) Art. cit. ; v. surtout p. 11-12.
8) Ibid., p. 20, ri. 26.
9)p. 17, n. 1 ; cf. Id., Man. arch, gr., I.a .sculpt. Période archaïque, 1935,
p. 79-81.
10) Picard, art. cit., p. 14 ; v. la reproduction de ce relief dans Rnscher, I,
1279-1280 et Picard, op. cil., p. 556, fipr. 191.
11)art. cit., p. 12; cf. infra et J. Bérard, La colonisation grecque de
l'Italie méridionale et de la Sicile dans Г Antiquité, 1941, p. 349-355. 22 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
Cette contradiction apparente forme un problème qui
n'est pas encore résolu. M. Picard a tenté à le résoudre en
contestant qu' « Epeios apparaisse déjà chez Homère comme
un médiocre guerrier, ni ailleurs comme un type de lâche в1,
mais cette affirmation est contredite par l'Iliade elle-même :
lorsque le personnage se présente, dans le XXIIIe chant,
au concours du pugilat lors des jeux funèbres célébrés en
l'honneur de Patrocle, il déclare en effet (670-671) :
Ôttî \ха.уу]с, £7u8súofJi.ai ; oùS' ара
Iv -качтгао' еру о ten Savcova <рсота ysvécrôai.
C'est donc ailleurs que sur les champs de bataille qu'il
faut chercher un talent, ou des talents, qui le caractérisent.
Aussi bien, dans ces jeux athlétiques où les héros se plaisent
à faire montre d'une excellence essentiellement physique et
militaire, Epeios n'est-il guère à sa place : là même, malgré
sa maîtrise incontestée au pugilat, sur laquelle nous revien
drons tout à l'heure, son intervention n'aboutit, en fin de
compte, qu'à produire « uniquement des effets de bouffonnerie
et de gros comique »2.
Nous savons, d'autre part, que l'armée achéenne qui
ssiégeait Troie n'était pas uniquement composée de guerriers
redoutables. L'état-major comprenait, entre autres person
nages distingués, un devin et deux médecins qui, bien
qu'étrangers à l'art du combat, n'en étaient pas moins des
participants honorables et indispensables de l'entreprise.
Le rôle que joua Calchas tout le long de la campagne est
connu. Celui des deux fils d'Asclépios n'est pas moins import
ant. Dans le XIe chant de VIliade, quand il voit Machaon
blessé, Idoménée exhorte en ces termes Nestor à le secourir
(514-515) :
tiQTpoç yàp ávTjp 7toXXc5v ávxá^toc aXXcov
îouç T'éxTafxvsiv tni t' у\тх <páp[j,axa Trácrasiv.
1) Art. cit., p. 20, n. 26; cf. E. Cahen, Callimaque*, éd. Budé, 1953, p. 173,
n. 2. ' 2) Robert, op. cit., p. 181 ; cf. //., XXIII, 840 : yzXaaoiv 8'hnl toxvteç SURVIVANCES DE LA TRIPARTITION FONCTIONNELLE 23
(Vest que, croyons-nous, la société mycénienne, dont le
rôle capital '-dans .-la: formation de la tradition épique est de
plus en plus confirmé; par les découvertes et les recherches1,
se concevait elle-même, tout comme d'autres sociétés
archaïques du; monde indo-européen, comme composée de
trois catégories d'hommes exerçant chacune l'une des trois
activités également nécessaires, dont la' pratique, à ceux qui
s'en * acquittaient brillamment, valait l'estime générale2. Or,
selon cette conception, la réussite d'une entreprise, même
aussi purement militaire que la guerre de Troie, ne pouvait
être • assurée que * par la 5 collaboration harmonieuse des trois
« fonctions ». Or si l'on examine le dossier d'Epeios en le
confrontant avec l'idéologie tripartie dont nous connaissons
la structure grâce aux travaux de M. Dumézil3, il apparaît
clairement que c'est dans un. domaine bien délimité, corre
spondant à l'un et à un seul des trois niveaux que notre héros
peut être considéré comme un SaY^tov <pó5c.
Dès V Odyssée1 et à travers : toute la littérature classique5,
Epeios est avant tout célébré1 comme l'artisan! qui a, su
construire, avec l'aide d'Athéna, le fameux cheval de Troie6.
1) V. par exemple, D. Page, History and the Homeric Iliad, 1959 ; A. Severyns,
Grèce et Proche-Orient avant Homère, 1960 ; T.' B.'.L. Webster, La Grèce, de
Mycènes à Homère, trad, fr., 1962 ; contra cf. I. Finley, Hisloria, VI, 1957, p. 133-
159.
2) Sur cette conception en Grèce, v. G. Dumézil, JMQ, IV, 1948, p. 176;
La Saga de Hadingus, 1953, p. 152, n. 1 ; Hommages à Lucien Febvre, 1954, p. 27-31
Aspects de la fonction guerrière chez les Indo-Européens, 1956, p. 93-98 ; F. Vian
La guerre des Géants, 1952, p. 257 ; à G. Dumézil, 1960, p. 215-224
Les origines de Thèbes, 1963, en particulier, p. 229-244 ; J.- P. Vernant, BHB,
CLVII, 1960, p. 21-54 ; Les origines de la pensée grecque, 1962, p. 34-35. Pour la
structure tripartie de la société mycénienne qui sera traitée plus bas, v. surtout
M. Lejeune, Hommages à G. Dumézil, p. 129-139 ; Dumézil, L'idéologie tripartie
des Indo-Européens, 1958, p. 94-95.
3) V. en particulier, L'idéologie et en dernier lieu, BAB, 5e sér., XLVII, 1961,
p. 265-298.
4) VIII, 493 : tôv .'Etteiî»? bobjasv aùv-'A6Y)vn ; XI, 523.
5) V. R. Wagner, Curae Mythographae de Apollodori Bibliothecae Fontibus
{Epitoma Valicana ex Apollodori Bibliolheca, 1891, p. 115-296), p. 228-235 et pour
références, BE, s. v. Epeios, 2717.
6) Pour la signification religieuse de ce récit, cf. W. F. Jackson-Knight,
VergiVs Troy, 1932 ; P.-M. Schuhl, BA, 6e sér., VII, 1936, p. 183-188 ; F. Scha-
chermeyr, Poseidon . und die Enlslehung des griechischen » Gôllerglaubens, 1950,
p. 189-203. 24 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
A Métaponte et à Lagaria, qu'il passait pour avoir fondée,
on vénérait dans les temples d'Athéna les outils dont il s'était
servi à cette occasion1. L'aiiion d'un xoanon d'Hermès à
Ainos, en Thrace, voulait qu'il eût été taillé par Epeios,
au siège de Troie, avant le Cheval2. A Argos, un autre xoanon
du même dieu lui était également attribué3.
Cependant le service dont s'acquittait notre héros dans la
plaine du Scamandre ne paraît pas avoir été limité aux seuls
travaux artisanaux. D'après une tradition que connaissait
Stésichore, il était chargé de transporter l'eau pour l'armée
achéenne4 et d&#

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