Un prêtre du « cadre » colonial à la Guadeloupe. L épistolier de François Montculier, 1888-1910 - article ; n°165 ; vol.60, pg 323-338
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Un prêtre du « cadre » colonial à la Guadeloupe. L'épistolier de François Montculier, 1888-1910 - article ; n°165 ; vol.60, pg 323-338

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1974 - Volume 60 - Numéro 165 - Pages 323-338
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Camille Fabre
Un prêtre du « cadre » colonial à la Guadeloupe. L'épistolier de
François Montculier, 1888-1910
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 60. N°165, 1974. pp. 323-338.
Citer ce document / Cite this document :
Fabre Camille. Un prêtre du « cadre » colonial à la Guadeloupe. L'épistolier de François Montculier, 1888-1910. In: Revue
d'histoire de l'Église de France. Tome 60. N°165, 1974. pp. 323-338.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1974_num_60_165_1532MÉLANGES
UN PRÊTRE DU « CADRE » COLONIAL
A LA GUADELOUPE
L'épistolier de François Montculier, 1888-1910.
M. Vabbé Camille Fabre a retrouvé, dans un presbytère de la Guadeloupe,
V m épistolier » de François Montculier, prêtre concordataire qui exerça son
ministère en Guadeloupe de 1888 à 1910, et qui nota sur un registre toute sa
correspondance et ses réflexions, depuis le jour de son inscription au « cadre »
colonial jusqu'à dix jours avant sa mort. Cet épistolier est donc aussi un journal.
L'intérêt de ce document est de nous faire découvrir un clergé trop peu connu
de VOutre-mer français. (N.d.l.r.).
François Alfred Montculier, né le 14 septembre 1860, de François et Anne
Blaziot, à Magnat l'Étrange, dans la Creuse, ordonné prêtre après ses études
au séminaire colonial, le 17 décembre 1887, est arrivé en Guadeloupe le
21 février 1888 ; il est décédé à l'ambulance de Pointe-à-Pitre, le 22 février
1910, en nous laissant le registre de sa correspondance. Il l'a rempli au long
des différents postes qu'il a occupés : Anse-Bertrand, Deshaies,
Capesterre de Guadeloupe, Sainte-Rose, Lamentin. Vicaire, intérimaire,
aumônier, curé, doyen, il a gravi les échelons d'une hiérarchie alors parfa
itement graduée. Il éclaire de son témoignage le dernier quart du xixe siècle
en Guadeloupe et donne le reflet de la vie religieuse de son époque. L'Église
et les évêques, le clergé et les paroisses, les gouverneurs et les institutions,
la société et les hommes se révèlent au cours de ces quelque deux cents
pages.
C'est la fin de la période dite c concordataire » qui est ainsi mise sous
éclairage et elle correspond à une mentalité et à un état de choses bien parti
culiers. Le Concordat avait renoué entre l'Église et l'État une suite de rela
tions datant de l'Ancien régime et brutalement interrompues par la Révol
ution, mais leur avait donné une toute autre orientation. De privilégiée,
l'Église était devenue dépendante du pouvoir civil. Évêques et prêtres ne
sont plus que des fonctionnaires redevables à l'État de leur nomination et
de leur traitement : et cette dépendance pèse lourdement sur leurs pouvoirs
spirituels eux-mêmes. Au sein de son diocèse ou de sa paroisse l'évêque ou
le curé se voit perpétuellement dans l'obligation d'exposer au Conseil d'État
ou au conseil de fabrique ses plus élémentaires nécessités et les plus humbles
soucis de sa vie domestique. Sa ration — tout comme celle de son cheval, 324 MÉLANGES
l'inséparable et indispensable compagnon de son apostolat — lui est mesurée
par les conseillers et les fabriciens. Et si leurs bonnes grâces leur sont acquises,
encore faut-il que le budget soit en mesure de les concrétiser.
Les pages des registres de fabrique sont couvertes de ces délibérations.
Puis quand ces graves personnages quittaient le presbytère, où, comme le
voulait la tradition, ils avaient délibéré le dimanche de Quasimodo dans le
rayonnement du renouveau pascal, le pauvre curé retrouvait ses problèmes
journaliers et ses vieilles préoccupations.
Aux colonies, la Révolution avait marqué une rupture totale de l'organi
sation ecclésiastique. Celle-ci, depuis le début de la « mission » en Guadel
oupe, c'est-à-dire 1635, s'était constituée uniquement dans le cadre des
ordres religieux. Cette « mission », seuls les Dominicains en avaient été pr
imitivement chargés en vertu d'un bref d'Urbain VIII, obtenu par le cardinal
de Richelieu. Rapidement, les fils de saint Dominique durent accepter de
partager cette juridiction avec d'autres religieux : Capucins, Carmes, Jésuites,
Augustins, non tellement parce qu'ils ne pouvaient suffire à la tâche, mais
bien plus à cause des tracasseries de l'autorité civile locale, celle de Houel
notamment, qui, ne les jugeant pas assez dociles à soutenir leur politique,
pensait les y contraindre en leur suscitant des rivaux. ,
De fait, les premières années donnent bien l'impression d'une petite
guerre d'influences, dont les péripéties se voient parfois soumises à l'arbi
trage des tribunaux ecclésiastiques de France, en dépit de la minceur des
litiges : tel celui qui mobilise les docteurs en Sorbonne pour décider si un
chrétien peut validement faire ses Pâques dans l'église des Jésuites, ou si
la confession faite à un capucin qui ne peut extraire de sa manche qu'une
vague obédience de son provincial est valable V
Puis on s'accommoda de cette présence simultanée et on finit par déli
miter les zones de chacun ; ainsi, chaque ordre religieux eut ses paroisses
et son chef ecclésiastique. L'absence d'évêque, qui eût été un rival autre
ment gênant du pouvoir civil, rendait impossible l'unité souhaitable.
Unanimement, à la Révolution, tous les religieux de tous les ordres déser
tèrent le pays, à quelques unités près. La Guadeloupe se trouva donc prat
iquement sans prêtres et c'est un clergé entièrement nouveau, absolument
inexpérimenté, qui s'en vint rallumer le flambeau de la foi. L'érection des
évêchés s'inscrivit dans la même ligne. C'est à ce clergé et au « cadre » ecclé
siastique qu'appartenait M. Montculier. ,-.
Il s'agissait de fournir des prêtres aux anciennes colonies récupérées au
traité de Paris (1815) sur les Anglais. L'État et l'Église s'en inquiétaient
et la Providence avait suscité la création du séminaire dit « colonial », — le
mot n'ayant, à l'époque, aucune sonorité désagréable.
De fait, ce n'était pas sa destination primitive. Fondé en 1703 par Claude
Poullart des Places, le « séminaire des pauvres escholiers » entendait d'abord
assurer des prêtres aux paroisses pauvres, puis il s'était orienté vers les
missions d'Outre-mer et envoyait des sujets au Canada, voire aux Indes.
Son recrutement se limitant aux séculiers lui avait permis de traverser sans
trop de dommages la Révolution, surtout préoccupée de la destruction des
1. Données extraites des Résolutions de cas de conscience par feu Jacques Sainte-
Beuve, chez Guillaume Duprez. Délibéré du 15 juillet 1652. (Reproduit dans Écho
de la Reine de la Guadeloupe, juin 1927). ■■ MÉLANGES 325
Religieux. L'Empire, la Restauration et les nombreux autres gouvernements
qui suivirent lui furent plutôt favorables. Il ne manquait pas de sujets, et
eut toujours des hommes remarquablement ouverts pour le diriger.
Telle est l'institution avec son administration mi-laïque, mi-ecclésias
tique dont est sorti l'abbé Montculier.
Les premières lignes de son journal débutent par la mention de son ins
cription au « cadre », le 14 janvier 1888. Celle-ci a autant d'importance que
l' état-civil : référence doit en être rappelée en toute circonstance ; elle condi
tionne états de services, avancement, traitement, droit aux indemnités, au
congé et surtout à la retraite après vingt-cinq ans de service.
Parti de Saint-Nazaire le 8 février 1888, François Montculier arrive à
la Guadeloupe le 21 du même mois. L'Intendance lui a fourni son tricorne,
ses souliers à boucle, sa soutane de drap noir et son rabat, ou du moins, de
quoi payer son équipement.
Il est affecté, en qualité de vicaire, à la paroisse du Canal, dont est curé
son cousin, l'abbé Pinet. Cette paroisse sera pour lui un centre de ralliement
fréquent qu'il retrouvera entre les intérim de Morne-à-l'Eau et Pointe-à-
Pitre, ses périodes de vicariat à Moule et ses sorties de l&#

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