La France et le désarmement 1981-1982 - article ; n°1 ; vol.28, pg 79-126
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Description

Annuaire français de droit international - Année 1982 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 79-126
48 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Monsieur Georges Fischer
La France et le désarmement 1981-1982
In: Annuaire français de droit international, volume 28, 1982. pp. 79-126.
Citer ce document / Cite this document :
Fischer Georges. La France et le désarmement 1981-1982. In: Annuaire français de droit international, volume 28, 1982. pp.
79-126.
doi : 10.3406/afdi.1982.2484
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_0066-3085_1982_num_28_1_2484FRANCE ET LE DÉSARMEMENT 1981-1982 LA
Georges FISCHER
Ici même, le professeur Hubert Thierry a décrit la politique française à la
première session spéciale de l'Assemblée générale sur le désarmement (l). En mai
et juin 1981, d'importants changements politiques sont intervenus en France.
Dans les pages qui suivent, on va tenter de donner un aperçu des attitudes
adoptées depuis juin 1981 par les nouvelles autorités, de les comparer avec celles
du gouvernement précédent, avec celles des gouvernants actuels quand ils étaient
dans l'opposition, avec celles de certaines personnalités étrangères socialistes ou
non, avec celles enfin de l'Algérie, de l'Inde, du Mexique, qui sont les trois piliers
de la politique étrangère tiers-mondiste du gouvernement de la gauche (2). Cette
étude sera divisée en deux parties. La première traitera de la doctrine et de la
politique générale. La seconde examinera les positions françaises au sujet d'un
certain nombre de cas concrets.
A. - DOCTRINES ET POLITIQUE GÉNÉRALE
M. Cheysson avait affirmé que la politique étrangère de la France se placerait
d'abord sous le signe de la continuité mais que l'on verrait peu à peu se dégager
des lignes politiques différentes (3). De fait, on ne voit pas encore apparaître les
prémisses de cette seconde phase. Le Ministre de la Défense — on ne peut
séparer la politique de désarmement de celle de la défense - a proclamé
fièrement 18 mois plus tard : « Je ne considère pas que l'on m'attaque lorsqu'on
me dit que je suis le Ministre de la continuité. Je pense même qu'en matière
nucléaire, il faut être un très bon ministre de la continuité » (4).
En 1977, M. Mitterrand écrivait : le désarmement qui « a longtemps signifié
une aspiration généreuse... devient aujourd'hui une obligation vitale ». « Le
désarmement, priorité pour la gauche ». Et d'affirmer que la gauche au pouvoir
(1) A.F.D.I., 1978, p. 512-519.
(2) Déclaration de M. Cheysson à New-Delhi, Le Nouvel Economiste, 31 août 1981. Le 14 janvier
1983, M. Mitterrand a déclaré au Togo que l'Afrique restait l'axe de la politique française dans le Tiers
inonde.
(3) Le Monde, 28 mai 1981.
(4) A/UEO (28) C.R. 8, 30 novembre 1982, p. 29. LA FRANCE ET LE DÉSARMEMENT 1981-1982 80
prendrait des mesures de désarmement unilatérales (5). C'est maintenant du
passé. Déjà en 1980, M. Mitterrand prêche, face à l'Est, la fermeté, la cohésion
de l'Alliance atlantique et de l'Europe (6). Le refrain lancinant de l'équilibre
rompu au profit de l'Est et à rétablir est répété sans cesse. Le Président de la
République proclame : « Renoncer aussi peu que ce fût à nos moyens actuels de
défense reviendrait à s'abandonner au bon plaisir des plus puissants » (7). Si
M. Giscard d'Estaing, en 1978, à la première session spéciale sur le désarme
ment, s'est référé au désarmement comme à un but à atteindre, M. Cheysson, en
1982, à l'Assemblée de l'U.E.O., rappelle que quelques jours auparavant, il avait
à la session spéciale de l'Assemblée générale de l'O.N.U., présenté « les thèses de
la France en matière de désarmement, de limitation contrôlée des armements,
plutôt... ». Il ajoute : « rien ne menacerait plus gravement la paix qu'un
désarmement unilatéral, qu'une mise en état d'infériorité de nos forces» (8). Au
sujet de la décision du parti travailliste britannique d'adopter la thèse du M. Cheysson a estimé qu'elle ne pourrait jamais être
appliquée. « Pouvez-vous imaginer une Grande-Bretagne indifférente à l'équilibre
des forces nucléaires ? ... La Grande-Bretagne ne serait-elle plus une base de
défense de notre civilisation ? Elle serait indifférente à ce qui arriverait aux
autres ? » (9).
1. La dissuasion
La politique d'armement et celle de désarmement d'un pays sont inséparab
les. Aussi doit-on se référer ici brièvement à la première. La politique militaire
de la France est fondée sur la dissuasion nucléaire. En 1978, dans le discours
maintes fois cité, M. Giscard d'Estaing l'a souligné : la zone qui s'étend sur la
plus grande partie de l'hémisphère nord, de l'Amérique à l'Union Soviétique en
passant par l'Europe, est couverte par la dissuasion nucléaire; la disparition des
armes nucléaires ferait ressortir les multiples et graves dangers du déséquilibre
conventionnel ; « la menace dans cette zone ne réside pas, au premier chef, dans
l'existence même de l'arme nucléaire, mais dans son accumulation et dans les
progrès continus de son perfectionnement » ; l'arrêt de la course aux armements
dépend, en priorité, de l'effort des deux super-puissances.
Sur ce plan, rien n'a changé depuis mai 1981, ni dans les conceptions ni dans
les paroles qui les traduisent. Cependant, le nouveau gouvernement insiste
davantage, avec l'ardeur du néophyte, sur l'idée que « la dissuasion nucléaire a
été, là où elle joue, l'arme de la paix » et qu'elle seule peut garantir la paix (lO).
Suivant M. Mitterrand, la France estime « que l'arme nucléaire, instrument de
cette dissuasion, qu'on le souhaite ou qu'on le déplore, demeure la garantie de la
paix dès lors qu'il existe l'équilibre des forces» (il).
(5) Le Monde, 14 décembre 1977.
(6) F. Mitterrand, Ici et maintenant, Paris, Fayard, 1980, p. 225 et suiv.
(7) Le Monde, 26 novembre 1982.
(8) La Documentation Française, Documents d'actualité internationale, n° 16, 15 août 1982,
p. 306-307.
(9) Le Monde, 12 septembre 1981.
(10) Voir les discours de M. Cheysson à la session spéciale de l'Assemblée générale, 11 juin 1982,
et à l'Assemblée Nationale, J.O. Assemblée Nationale 3e séance du 17 novembre 1982, p. 7350.
(11) Le Monde, 21 janvier 1983. LA FRANCE ET LE DÉSARMEMENT 1981-1982 81
Mais par rapport à la théorie française de la dissuasion telle qu'elle avait été
énoncée sous les précédents présidents de la 5e République, on constate une
évolution significative. Dans le passé, on parlait de la dissuasion du faible au fort ;
M. Mitterrand proclame qu'elle n'est efficace que si elle se réalise dans le cadre
de l'équilibre général des forces, notion extrêmement vague. Sans doute, les
ministres actuels continuent-ils à se référer à la dissuasion du faible au fort. Mais
ce concept reste lui aussi extrêmement imprécis. Suivant M. Hernu, « nos forces
nucléaires doivent atteindre un haut degré de crédibilité et de suffisance et cet
acquis doit être constamment consolidé » (12). Toujours est-il que les responsables
français ne manquent pas une occasion de dénoncer la supériorité militaire
soviétique et ses effets militaires et politiques. Par là-même, ils discréditent la
théorie traditionnelle et sèment le doute sur sa validité. Dans la pensée du
général de Gaulle, la dissuasion aboutissait à la sanctuarisation de la France ; elle
s'imposait pour assurer l'indépendance du pays et, en raison du découplage de
fait entre l'Europe et les Etats-Unis, ceux-ci ne pouvant plus accepter, face à la
Russie nucléaire, de risquer la vie de millions d'Américains pour protéger
l'Europe d'une action militaire de l'ennemi supposé. Actuellement le gouverne
ment se plaint de l'effet découplant qu'aurait l'installation des SS-20 par les
Soviétiques ou la non-installation des Pershing II et des missiles de croisière par
les Américains, ce qui rendrait plus probable une guerre sur le territoire
européen. Comme si le découplage ne résultait pas de causes plus profondes et
plus anciennes

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