La végétation de la région de la source du Niger - article ; n°303 ; vol.56, pg 192-200
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Description

Annales de Géographie - Année 1947 - Volume 56 - Numéro 303 - Pages 192-200
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Adam
La végétation de la région de la source du Niger
In: Annales de Géographie. 1947, t. 56, n°303. pp. 192-200.
Citer ce document / Cite this document :
Adam Jacques. La végétation de la région de la source du Niger. In: Annales de Géographie. 1947, t. 56, n°303. pp. 192-200.
doi : 10.3406/geo.1947.19217
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1947_num_56_303_19217192
LA VÉGÉTATION
DE LA RÉGION DE LA SOURCE DU NIGER1
(PL. IX-X.)
La région de la source du Niger est un pays de hautes collines granitiques
avec filons de dolérites et croûtes latéritiques. Les affleurements degranite
donnent des bosses arrondies, des dalles et d'énormes blocs qui s'entassent
le long de ravins ombreux et pittoresques, où s'est maintenue une puissante
végétation forestière. Mais l'aspect dominant est celui de savanes herbeuses
piquetées d'arbres ehétifs et rabougris, tourmentés par les feux de brousse
annuels.
Le même paysage se retrouve dans les régions de Boola, Beyla, Dioman-
dou, de Macenta, et au Sud de Kissidougou.
Les conclusions des observations botaniques que nous avons pu y faire
sont valables pour toute la zone de partage des eaux allant directement à
l'Atlantique et de celles recueillies par le Niger (fig. 1).
Quand on vient du Sud, région de forêt dense, on est surpris par le manque
presque absolu d'arbres et d'arbrisseaux en dehors des galeries forestières
suivant les talwegs. Si l'on vient du Nord après avoir traversé les boisements
secs soudanais, on est étonné de parcourir une zone de savanes herbeuses à
proximité de la forêt verte.
L'explication ne peut être demandée à une structure géologique nouvelle,
.pas plus qu'à un changement brusque du relief ou dû climat. Le relief acci
denté permettant l'écoulement rapide des pluies sur les pentes plus fortes
n'empêche pas le boisement en espèces tropophiles ; par exemple, dans la
vallée du Milo, à 50 km. au Sud de Kankan, où dans celles du Tinktsso et de
ses affluents, couvertes de peuplements homogènes d' Uapaca somon qu'on
retrouve à 8 ou 10 km. de la source du Niger. Le climat ne peut davantage
être invoqué, car de beaux vestiges de forêt dense se rencontrent encore k
35 km. au Nord, dans le cercle de Kissidougou, où la saison sèche est plus
longue.
L'altitude, atteignant 800 à 900 m. dans la région de la source du Niger,
pourrait être prise en considération. Quelques espèces « orophiles » appar
aissent vers 750 m., mais des espèces de la forêt dense croissent plus haut.
Les essences de savane sont influencées par un rayonnement plus intense,
1. Bibliographie. — Aubréville, La forêt coloniale {Annales de l'Académie des Sciences
Coloniales, tome IX, 1938). — L. Bégué, Contribution à l'élude de la végétation forestière de la
Haute Côte d'Ivoire, Comité d'études historiques et scientifiques de l'A. O. F.,.Larose, 1937. —
Aug. Chevalieb, La région de la source du Niger (La Géographie, 1909). — Delavoy et Robert,
Le milieu physique du centre africain méridional et la phytogéographie, Institut Royal Colonial
Belge, Bruxelles, 1935. — J. Lebrun, Répartition de la forêt équatoriale el des formations végétales
limitrophes, Ministère des Colonies, Bruxelles, 1936. — R. Schnell, Sur l'origine des savanes de
la région des Monts Nimba (Guinée F*e) (Bulletin de la Société Botanique de France, décembre
1945). — Wildeman, Remarques à propos de la forêt équatoriale congolaise,- Institut Royal Colo
nial Belge, Bruxelles, 1934. LA VÉGÉTATION DE LA RÉGION DE LA SOURCE DU NIGER 193
des écarts plus forts de température ; elles semblent avoir besoin de plus
d'espace et sont plus trapues. S'il existe de beaux taillis jusqu'à 1 300 m.
dans le Fouta Djalon, leur composition floristique est différente.
La savane de la source du Niger ne peut en somme être considérée comme
formation naturelle. Elle s'est développée à, la suite de la destruction d'un
manteau forestier et se maintient par la persistance annuelle des feux.
Quelle a pu être cette forêt à l'origine de la période climatique actuelle ?
Pourquoi sa destruction n'a-t-elle pas été suivie de l'établissement d'une
BASS tNïoujWGE ft s /(Guinée)
MANTILI (Sierra -Leone!
Fig. 1. — Région de la source du Niger. — Échelle, 1 : 30 000.
1, Falaise granitique. — 2, Galerie forestière. — 3, Jachère hygrophile. — 4, Rizière de
marais. — 5, Ligne de partage des eaux entre les versants atlantique et nigérien. — 6, Ligne de
partage des eaux entre le bassin du G'Bagbé et le bassin du Mantili. — 7, Piste de Forconia à
Mérékoro. — 8, Piste servant pratiquement de frontière entre la Guinée et le Sierra Leone. —
9, Piste de champ. — Les courbes de niveau sont figuratives.
« forêt secondaire », comme on le voit dans le domaine de la forêt équato-
riale dense (forêt ombrophile ou rain forest), ou d'une forêt sèche de type sou-
danien ? Si cette dernière- avait pu se constituer partout, elle aurait résisté
aux feux comme celle que l'on rencontre vers l'ancienne limite de la forêt
dense.
Les espèces de la savane actuelle sont adaptées aux incendies les plus
violents, leurs souches et* leurs branches faisant des rejets annuels. Les feux
maintiennent l'état de savane, mais ils ne sont qu'une conséquence, non la
cause naturelle et directe de la disparition de la grande forêt.
On a supposé qu'il aurait existé une forêt intermédiaire entre la forêt à
feuilles caduques et les boisements denses des savanes1. Cette forêt n'aurait
1.' A. Aubréville, La forêt coloniale, Les forêts de l'A. O. F. (Académie des Sciences Colo
niales, 1938), p. 82.
ANN. DE GÉOG. — LVI» ANNÉE. 13 ANNALES DE, GÉOGRAPHIE 194
pu résister aux incendies violents à la suite des défrichements et des cultures.
Il en existe, en fait, des témoins à l'origine des ravins collecteurs des pluies
d'hivernage. Mais nous ne pensons pas qu'elle ait été très étendue. Elle
n'a pu occuper que certaines stations moins humides que celles où persiste
la forêt à feuilles caduques et moins sèches que les terrains rocailleux où les
savanes boisées réunissent des essences guinéennes ou soudanaises. Aux
environs de la source du Niger, on peut en trouver quelques restes ; beaux
boisements en formation fermée, avec des arbres aux troncs cylindriques, sans
gerçure ni cicatrice de brûlure, et un tapis herbacé où les graminées cèdent
la place aux Scitaminacées, Aracées, Fougères, etc.
Parmi les espèces très résistantes au feu, on peut citer un Terminalia
(Terminalia glaucescens), un Ficus (Ficus exasperata), le Crossopteryx febri-
fuga, un Parkia (Parkia biblobosa), etc. Parmi les espèces plus sensibles au
feu qui se rencontrent dans les forêts secondaires limitrophes, le Lingue
(Afzelia africana); la liane à, indigo (Lonchocarpus cyanescens), le Sougué
(Parinari excelsa), les Albizzia gummifera et zygia, le Spathodea campann-
lata, etc....
En résumé, nous avons éliminé comme formations naturelles dans la
région qui nous occupe les savanes herbeuses actuelles, les savanes boisées
soudano-guinéennes et la « forêt intermédiaire ». Il faut donc admettre que
les conditions naturelles convenaient au maintien d'une forêt dense à feuilles
caduques, dont la composition floristique différait sans doute de celle des
forêts toujours vertes de la Basse-Côte d'Ivoire, mais contenait des espèces
sensibles au feu.
En d'autres termes, on peut dire qu'une forêt ne résistant pas au feu
recouvrait sûrement le faîte séparant le versant atlantique du versant du
Niger, avant sa destruction par l'homme. Elle ne pouvait aller beaucoup
plus au Nord, peut-être 35 à 40 km., avec des prolongements le long des dépres
sions où n'existe plus maintenant qu'une végétation herbacée. Uapaca somon,
Raphia sudanica, Monotes Kerstingii marqueraient à peu près cette limite.
Pourquoi la végétation naturelle a-t-elle disparu sans pouvoir se recons
tituer ?
Il n'est pas douteux que la région de la source du Niger a été plus peu
plée qu'actuellement. Des villages importants ont été décim

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