Aspects du problème anthropologique polynésien - article ; n°38 ; vol.29, pg 7-22
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1973 - Volume 29 - Numéro 38 - Pages 7-22
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Boulinier
Aspects du problème anthropologique polynésien
In: Journal de la Société des océanistes. N°38, Tome 29, 1973. pp. 7-22.
Citer ce document / Cite this document :
Boulinier Georges. Aspects du problème anthropologique polynésien. In: Journal de la Société des océanistes. N°38, Tome 29,
1973. pp. 7-22.
doi : 10.3406/jso.1973.2409
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1973_num_29_38_2409Aspect du
problème anthropologigue
polynésien
SOMMAIRE
L'analyse de la diversité humaine; problèmes méthodologiques.
I. L'outil statistique.
IL Inventaire et taxinomie.
III. Limitations du concept de race.
Observations diverses, dans le cas du Pacifique.
I. L'illusion des rattachements raciaux.
II. L' « antithèse mélanésienne ».
III. La différenciation polynésienne.
Études récentes et perspectives.
I. Recherches sérologiques :
1° Affinités raciales.
2° Relations « internes ».
3° Espoir du gène marqueur.
II. Possibilités de la biométrie du squelette.
Bibliographie.
On ne peut pas se pencher, du point de vue de l'anthropologie physique,
sur le problème de l'origine des Polynésiens, sans être frappé par la diver
sité des théories et des hypothèses qui ont été émises pour l'expliquer.
Les principales de ces ont été énumérées récemment par
Howard (1967), et nous ne les expliciterons pas ici, de même qu'il ne nous
paraît pas nécessaire de rappeler les caractéristiques physiques des divers
groupes de populations de l'Océan Pacifique1.
1. Caractéristiques qui sont bien connues, et dont on peut trouver la description « classique »
dans de nombreux ouvrages (cf. Vallois, 1967, par exemple). SOCIETE DES OCEANISTES
Dans le présent article, nous souhaitons surtout mettre l'accent sur cer
tains points méthodologiques, et discuter quelques aspects doctrinaux, qui ont
pu invalider nombre de recherches dans ce domaine.
Évidemment, le sujet est vaste, et il pourrait nous conduire à de longs
développements, qui, s'ils étaient détaillés, n'intéresseraient que le biologiste.
Nous nous efforcerons donc d'être bref. Notre but est seulement de donner
à nos collègues océanistes quelques indications succinctes — mais, pour cer
taines, lourdes de conséquences théoriques, — sur les difficultés et les espoirs
qui peuvent être les nôtres, à l'heure actuelle, lorsque nous désirons consi
dérer d'œil neuf un problème aussi complexe que celui de l'ethnogénèse des
populations de l'Océan Pacifique.
L'ANALYSE DE LA DIVERSITE HUMAINE;
PROBLÈMES MÉTHODOLOGIQUES
I. L'outil statistique.
Rappelons, tout d'abord, que, par suite de la variabilité biologique obser
vée, dans toute population, l'anthropologue est obligé de travailler sur des
moyennes (pour les caractères mesurables), ou sur des fréquences (pour les
caractères qualitatifs).
Cependant, nous devons nous garder de l'image par trop simpliste d'une
moyenne dotée d'une signification précise « absolue ». En effet, si cette est un outil indispensable, pour nous permettre de caractériser une
population ou un ensemble de populations, elle ne doit pas nous faire oublier
les variations locales, qui existent nécessairement; il est peu probable que
chaque sous-population corresponde exactement au chiffre avancé, et si nous
observons dans une série un chiffre légèrement différent, il se peut que l'écart
d'un tel chiffre soit conforme à ceux qui se cachent naturellement derrière
cette moyenne globale (fig. 1).
En second lieu, il est clair que nous devons tenir compte aussi des erreurs
à"1 échantillonnage (appréciations incertaines des valeurs véritables), l'échant
illon utilisé pour caractériser une population pouvant — notamment pour des
raisons d'effectif — ne pas être parfaitement représentatif de celle-ci.
Enfin, l'image abstraite que constitue toute moyenne, dans une populat
ion, ne doit pas masquer le fait qu'au sein- même de la population, les don
nées individuelles peuvent s'écarter de façon notable de cette valeur, cette
dernière ne servant qu'à exprimer la « tendance centrale » de la population.
Evidemment, dans le cas d'une population suffisamment « extrême » pour un
caractère, tous ses membres peuvent appartenir à une seule des catégories
artificielles, que l'on distingue habituellement, par commodité de langage
(dolichocephalic, jusqu'à la valeur 76 de l'indice céphalique, etc.). Mais, en
général, par suite de l'allure des distributions, en biologie, l'ensemble de la ASPECT DU PROBLÈME ANTHROPOLOGIQUE POLYNÉSIEN
population se trouve réparti dans plusieurs catégories, sans que cela traduise
obligatoirement une hétérogénéité « anormale » de cette population. Il importe
donc de se méfier de l'emploi abusif de certaines typologies.
En résumé, il n'est sans doute pas inutile d'avoir présent à l'esprit ce
qu'implique la nature « statistique » du matériel étudié par l'anthropologue.
Même si, dans le meilleur des cas, celui-ci travaille sur des populations, ou
sur des groupes de populations, qui ont une existence réelle (« cercles de
mariage » nettement définis, etc.), les différences auxquelles il se trouve con
fronté2 sont de plusieurs ordres : entre individus d'une même
population, et différences entre populations voisines... auxquelles il convient
d'ajouter les variations des caractéristiques de chacune des populations, au
cours du temps.
II. Inventaire et taxinomie.
La reconnaissance de différences biologiques plus ou moins marquées, entre
certaines populations humaines, notamment au niveau de la couleur de la peau,
et l'identification de caractères communs, que présentent une partie d'entre
elles, nous conduisent a la notion intuitive de « races » humaines. Nous trou
vons naturel, par exemple, de rassembler dans une même race « noire » toutes
les populations qui vivent en Afrique sub-saharienne ; et nous avons le sent
iment que toute l'humanité doit être divisible, de la sorte, en un certain nombre
de races...
Il semble que la première classification « moderne » des races humaines
ait été due à Bernier, qui, dans une lettre au Journal des Savants (1684),
présentait ainsi sa propre « division de la Terre » :
« Quoique dans la forme extérieure du corps, et principalement du visage,
les hommes soient presque tous différents les uns des autres (...) J'ai néan
moins remarqué qu'il y a surtout quatre ou cinq Espèces ou Races d'hommes
dont la différence est si notable, qu'elle peut servir de Juste fondement à une
nouvelle division de la Terre. »
L'exigence a laquelle obéira Linné sera identique, lorsqu'il se préoccupera
de subdiviser l'espèce humaine (1758) : il s'agira, au sein de la diversité obser
vée, d'effectuer à la fois un inventaire et des regroupements « logiques » des
populations présentant entre elles certaines affinités.
L'utilité pratique d'une telle classification — comme de toute classification —
est indéniable. Elle nous permet de décrire facilement — quoique de façon
nécessairement schématique — les représentants de notre espèce, qui peuplent
tous les points du globe, en leur accolant une sorte de portrait-type, à partir
duquel nous leur concédons la possibilité d'une certaine marge de variations
individuelles, une' certaine mesure, dans les même traits physiques... si elle la caricature. De plus, En elle effet, exprime il existe la réalité, plus d'affidans
nités, sur le plan anthropologique, entre deux populations d'Extrême-Orient,
2. En dehors de celles dues à des conditions d'estimation défectueuses. SOCIETE DES OCÉANISTES
par exemple, qu'entre une population d'Extrême-Orient et une population
européenne.
Cependant, nous allons voir que ce concept de « races » humaines, dans
toute l'acception du terme, n'est pas sans présenter certains dangers. Tout
d'abord, sa valeur objective n'est pas aussi claire qu'il y paraît à première vue ;
mais surtout, l'usage que l'on peut être amené à en faire cadre généralem

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