C. Vibius Pansa : un guerrier impie selon Auguste - article ; n°2 ; vol.21, pg 247-273
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Dialogues d'histoire ancienne - Année 1995 - Volume 21 - Numéro 2 - Pages 247-273
Les Indo-Européens conçoivent la chute (ou les pleurs) du cheval du guerrier impie comme un présage funeste. Les Romains appliquent ce présage à certains hommes politiques à des moments décisifs de leur histoire ; ainsi, selon Julius Obsequens (nous corrigeons le texte au chap. 69), la statue équestre de C. Vibius Pansa s'est renversée dans sa propre maison à Antium. La source première d'Obsequens est vraisemblablement (via Tite-Live) l'autobiographie d'Auguste. Dans cet écrit, l'empereur se disculpe d'un prétendu assassinat, se justifie politiquement et montre sa foi religieuse. Les autres écrivains contemporains (sauf Tite-Live) ou postérieurs à Auguste ne considèrent pas Pansa comme un guerrier impie, soit parce qu'ils n'accréditent pas la version augustéenne, soit parce qu'ils estiment Pansa comme un personnage mineur.
The Indo- Europeans regard the fall (or the tears) of the horse mounted by the impious warrior as a bad omen. The Romans apply this to some political men at important moments of their history ; according to Julius Obsequens (chap. 69 whose text we rectify), Vibius Pansas equestrian statue falls down in his own home in Antium. The first historical source of this account is Augustus' autobiography. There the emperor clears himself of an alleged murder and of an ambiguous policy, and also displays his religious faith. The other (contemporaneous with Augustus or later) writers - except Tite Live - do not consider Pansa an impious warrior, either because they do not believe Augustus' account, or because they esteem Pansa as a lesser politician.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Marcel Meulder
C. Vibius Pansa : un guerrier impie selon Auguste
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 21 N°2, 1995. pp. 247-273.
Résumé
Les Indo-Européens conçoivent la chute (ou les pleurs) du cheval du guerrier impie comme un présage funeste. Les Romains
appliquent ce présage à certains hommes politiques à des moments décisifs de leur histoire ; ainsi, selon Julius Obsequens
(nous corrigeons le texte au chap. 69), la statue équestre de C. Vibius Pansa s'est renversée dans sa propre maison à Antium.
La source première d'Obsequens est vraisemblablement (via Tite-Live) l'autobiographie d'Auguste. Dans cet écrit, l'empereur se
disculpe d'un prétendu assassinat, se justifie politiquement et montre sa foi religieuse. Les autres écrivains contemporains (sauf
Tite-Live) ou postérieurs à Auguste ne considèrent pas Pansa comme un guerrier impie, soit parce qu'ils n'accréditent pas la
version augustéenne, soit parce qu'ils estiment Pansa comme un personnage mineur.
Abstract
The Indo- Europeans regard the fall (or the tears) of the horse mounted by the impious warrior as a bad omen. The Romans
apply this to some political men at important moments of their history ; according to Julius Obsequens (chap. 69 whose text we
rectify), Vibius Pansas equestrian statue falls down in his own home in Antium. The first historical source of this account is
Augustus' autobiography. There the emperor clears himself of an alleged murder and of an ambiguous policy, and also displays
his religious faith. The other (contemporaneous with Augustus or later) writers - except Tite Live - do not consider Pansa an
impious warrior, either because they do not believe Augustus' account, or because they esteem Pansa as a lesser politician.
Citer ce document / Cite this document :
Meulder Marcel. C. Vibius Pansa : un guerrier impie selon Auguste. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 21 N°2, 1995. pp.
247-273.
doi : 10.3406/dha.1995.2657
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1995_num_21_2_2657Dialogues d'Histoire Ancienne 21.2, 1995, 247-273
С. VIBIUS PANSA
UN GUERRIER IMPIE SELON AUGUSTE
Marcel MEULDER
Université Libre de Bruxelles
Dans sa recherche à travers l'histoire romaine républicaine
d'exemples de Guerrier Impie, Fr. Blaive a découvert que des écr
ivains latins (et grecs d'époque romaine) avaient considéré comme
tels Flaminius, Sylla, Crassus et César1 ; nous-même, nous pensons en
avoir trouvé des exemples à l'époque impériale, dans les personnes
du général néronien Paetus Caesennius et de l'empereur Julien
l'Apostat2 . Tous ces hommes de guerre commettent, à un ou plusieurs
moments, une impiété ; ils négligent notamment les présages de leur
mort, qu'annoncent à chaque fois la chute (ou les pleurs) de leur
cheval, et occasionnellement des phénomènes atmosphériques3.
Reste à examiner, à travers les témoignages de Dion Cassius (XLV,
17 et XLVI, 33) et de Julius Obsequens (69), si С Vibius Pansa
1. Le mythe indoeuropéen du Guerrier Impie et le péché contre la vertu des
femmes, Latomus, (46) 1987, p. 169-179 ; Sylla ou le guerrier impie inachevé,
Latomus, (47) 1988, p. 812-820; aussi, Mézence le Guerrier Impie, Mythologie
indo-européenne et épopée romaine, Latomus, (49) 1990, p. 81-87.
2. Julien l'Apostat contre les Parthes : un guerrier impie, Byzantion, (61) 1991,
p. 458-495 ; Lucius Caesennius Paetus, un avatar du guerrier impie chez Tacite,
Latomus, (51) 1992, p. 98-104.
3. Fr. В LAIVE, art. cit. (1987), p. 174. 248 Marcel Meulder
Caetronius, consul éphémère en 43 avant J.-C, entre dans cette
catégorie4 . Dans les lignes qui suivent, nous ne nous contenterons pas
de révéler cet aspect du premier magistrat de Rome ; nous nous
demanderons en premier quelle est la source de cette dévalorisation,
et en second lieu pourquoi lui seul semble être jugé si négativement,
alors que son collègue Hirtius combat également Antoine et meurt
avant lui (cf. n. 4).
Reprenons la narration de Dion Cassius (XLV, 17). Au cours du
sacrifice que Pansa accomplit lors de son entrée au consulat, un licteur
tombe mort5 ; les trois premiers jours de l'an 43 avant J.-C. voient se
produire des prodiges nombreux et funestes qui touchent le centre
politico-religieux de Rome6, mais les sénateurs, réunis à ce moment,
négligent ces jours néfastes. Peu après, des présages concernent plus
particulièrement Pansa (XLVI, 33) : un homme tombe en proie à
l'épilepsie — le morbus comitialis des Latins — pendant le discours
que le consul prononce devant l'assemblée avant d'aller guerroyer ;
sa statue de bronze, qui se trouve dans le vestibule de sa demeure, se
tourne spontanément le jour et l'heure où il part en campagne ; les
haruspices ne peuvent juger des sacrifices préalables aux hostilités à
cause de l'abondance du sang ; précisément, en apportant la pourpre à
Pansa, un serviteur glisse dans le sang répandu et, dans sa chute,
souille le manteau que le consul revêtira en qualité de général7. De
plus, par son départ à la guerre avant les Fériés latines, Pansa
enfreint la tradition politico-religieuse8. Enfin, dans un combat
4. T.R. BROUCHTON, MRR, New York, 1952, t. II, p. 334-336.
5. Un événement similaire arrive à Julien l'Apostat au début de son consulat,
puisque le plus vieux membre du collège sacerdotal meurt à ce moment-là (Amm.,
XXII, 1, 6) ; Plutarque (Brut., 39, 4) raconte que le licteur présenta à Cassius la
couronne à l'envers.
6. Il y aurait eu quatre jours de réunion (B. MANUWALD, Cassius Dio und Augustus,
Wiesbaden, 1979, p. 46, п. 87). D'autre part, la statue de la Victoire au temple
de Jupiter Capitolin, les tablettes des lois aux temples de Saturne et de Fidès,
situés l'un au Forum, l'autre au Capitole (Cic, Leg-, II, 42) sont concernées par ces
présages ; de même un taureau fuit hors du temple de Vesta situé au Forum ; des
corbeaux volent dans le temple de Castor et Pollux situé aussi au ; des
chiens hurlent près de la maison de Lépide, alors pontifex maximus, c'est-à-dire
près de la Regia située également au Forum (cf. Plin., Ep., IV, 11 ; sur la locali
sation de ces divers lieux, voir O. RICHTER, Topographie der Stadt Rom,
Munchen, 1901, p. 80, 86-89 et 128). Sur les mauvais présages du Nouvel An, voir
M. MESLIN, La fête des kalendes de janvier dans l'empire romain, Bruxelles,
1970, p. 34-36.
7. Selon Plutarque ( Brut., 39, 4), lors d'une fête et d'une procession, l'homme chargé
de porter la Victoire d'or de Cassius fit un faux pas et la laissa choir.
8. Cf. Liv., 21, 63, 8 ; 22, 1, 6 ; 41, 16, 5 ; 42, 35, 3 ; 46, 33, 4 ; Cic, Yarn., 8, 6, 3. Selon
Plutarque (Cam., 4, 6), les oracles avertissent les Romains que lors de la
DHA 21.2, 1995 С. Vibius Pansa : un guerrier impie selon Auguste 249
contre les troupes d'Antoine, Pansa est mortellement blessé au flanc
par un javelot et décède quelques jours plus tard à Bologne (cf. App.,
ВС, III, 69).
Ce rapide résumé de deux chapitres de Dion Cassius pourrait
faire douter de la présence du mythe du Guerrier Impie dans le
portrait de Pansa, puisque n'y apparaissent ni Yomen de la chute du
cheval, ni la mention de phénomènes atmosphériques extraordin
aires. Toutefois, Dion Cassius signale que certains de ceux-ci se sont
produits sous le consulat d'Hirtius et de Pansa : des séismes terrifient
la population, des coups de tonnerre éclatent en grand nombre, des
éclairs traversent le ciel d'est en ouest, une nouvelle étoile apparaît
pendant quelques jours, la lumière solaire diminue jusqu'à son extinct
ion, puis sont aperçus trois cercles dont l'un est entouré d'une couronne
enflammée, le retrait du Pô suscite l'apparition de serpents, des
poissons marins se présentent sur les rives du Tibre, une épidémie se
propage en Italie9.
D'autre part, Julius Obsequens (69) se montre plus explicite que
Dion Cassius, dans un récit quelque peu différent10 ; il parle d'une
statue équestre de Pansa (le substantif àvSpiaç employé par Dion
paraît plus vague11) qui se renverse, et ce phénomène se serait
produit dans sa maison d'Antium (infra). L'auteur du liber
prodigiorum ajoute qu'"un cheval tout harnaché vint en galopant
tomber devant lui" et qu'"à son départ, un homme du peuple, couvert
du sang des victimes, lui présente sa main sanglante" (trad.
T. Baudement). La présence d'une statu

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