Continental contre Michelin: les industries pneumatiques allemande et française pendant la guerre et la résistance des structures oligopolistiques traditionnelles - article ; n°4 ; vol.24, pg 513-525
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Histoire, économie et société - Année 2005 - Volume 24 - Numéro 4 - Pages 513-525
Résumé
Pour une brève période, la Seconde Guerre mondiale a fortement changé les règles et les comportements sur un marché du pneumatique oligopolistique. Elle a offert à la principale entreprise allemande de pneumatiques Continental différentes possibilités d'influencer le rapport de forces dans l'industrie européenne du caoutchouc et du pneumatique à son avantage. Mais, pour ce qui est de ses efforts pour affaiblir la position technologique et économique de Michelin, Continental a échoué. Les raisons n'étaient pas seulement une stratégie victorieuse de défense de la firme française, mais aussi la conviction du management de Continental que tôt ou tard ils seraient à nouveau confrontés à Michelin comme concurrent sur un marché libre et qu'un comportement trop radical handicaperait Continental sur la longue durée.
Abstract
For a short time the Second World War dramatically changed the rules and behaviours in the oligololistic tire market. It opened for the German leading tire company Continental several options, to influence the balances of power in the European Rubber and Tire industry to their own advantage. But as regards the efforts to weaken the technological and economic position of the French tire company Michelin, Continental failed. The reasons not only were the successful strategy of defense, but also the conviction of the Continental management, that sooner or later they would be again confronted with Michelin as competitor in a free market and that to behave too radical would harm Continental in the long run.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 22
Langue Français
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Extrait

Paul Erker
Continental contre Michelin: les industries pneumatiques
allemande et française pendant la guerre et la résistance des
structures oligopolistiques traditionnelles
In: Histoire, économie et société. 2005, 24e année, n°4. pp. 513-525.
Résumé
Pour une brève période, la Seconde Guerre mondiale a fortement changé les règles et les comportements sur un marché du
pneumatique oligopolistique. Elle a offert à la principale entreprise allemande de pneumatiques Continental différentes
possibilités d'influencer le rapport de forces dans l'industrie européenne du caoutchouc et du pneumatique à son avantage. Mais,
pour ce qui est de ses efforts pour affaiblir la position technologique et économique de Michelin, Continental a échoué. Les
raisons n'étaient pas seulement une stratégie victorieuse de défense de la firme française, mais aussi la conviction du
management de Continental que tôt ou tard ils seraient à nouveau confrontés à Michelin comme concurrent sur un marché libre
et qu'un comportement trop radical handicaperait Continental sur la longue durée.
Abstract
For a short time the Second World War dramatically changed the rules and behaviours in the oligololistic tire market. It opened
for the German leading tire company Continental several options, to influence the balances of power in the European Rubber and
Tire industry to their own advantage. But as regards the efforts to weaken the technological and economic position of the French
tire company Michelin, Continental failed. The reasons not only were the successful strategy of defense, but also the conviction of
the Continental management, that sooner or later they would be again confronted with Michelin as competitor in a free market
and that to behave too radical would harm Continental in the long run.
Citer ce document / Cite this document :
Erker Paul. Continental contre Michelin: les industries pneumatiques allemande et française pendant la guerre et la résistance
des structures oligopolistiques traditionnelles. In: Histoire, économie et société. 2005, 24e année, n°4. pp. 513-525.
doi : 10.3406/hes.2005.2568
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2005_num_24_4_2568Continental contre Michelin : les industries
pneumatiques allemande et française pendant
la guerre et la résistance des structures
oligopolistiques traditionnelles *
par Paul ERKER
Résumé
Pour une brève période, la Seconde Guerre mondiale a fortement changé les règles et les com
portements sur un marché du pneumatique oligopolistique. Elle a offert à la principale entreprise
allemande de pneumatiques Continental différentes possibilités d'influencer le rapport de forces
dans l'industrie européenne du caoutchouc et du pneumatique à son avantage. Mais, pour ce qui est
de ses efforts pour affaiblir la position technologique et économique de Michelin, Continental a
échoué. Les raisons n'étaient pas seulement une stratégie victorieuse de défense de la firme français
e, mais aussi la conviction du management de Continental que tôt ou tard ils seraient à nouveau
confrontés à Michelin comme concurrent sur un marché libre et qu'un comportement trop radical
handicaperait Continental sur la longue durée.
Abstract
For a short time the Second World War dramatically changed the rules and behaviours in the
oligololistic tire market. It opened for the German leading tire company Continental several op
tions, to influence the balances of power in the European Rubber and Tire industry to their own ad
vantage. But as regards the efforts to weaken the technological and economic position of the French
tire company Michelin, Continental failed. The reasons not only were the successful strategy of de
fense, but also the conviction of the Continental management, that sooner or later they would be
again confronted with Michelin as competitor in a free market and that to behave too radical would
harm Continental in the long run.
La Seconde Guerre mondiale a - au moins à court terme - bouleversé les rapports
de concurrence sur un marché des pneumatiques organisé de manière oligopolistique
et a donné à l'entreprise allemande Continental différentes possibilités de modifier les
rapports de forces dans l'industrie européenne du caoutchouc et des pneumatiques. À
la suite des premiers succès allemands étaient à l'ordre du jour, aussi bien dans les
* Traduit de l'allemand par Hervé Joly.
n° 4, 2005 PaulErker 514
administrations du Reich que dans l'industrie, des projets de «grand espace»
(Grofiraum) dans lesquels la branche jouait un rôle important et que le directoire de
Continental ne pouvait ignorer1.
Les projets de grand espace européen de l'industrie allemande du pneumatique
Le système avec lequel cette industrie a été, dans les pays occupés, contrôlée et
mise à profit, comportait un réseau d'usines détenues en propre, en participation, en
gérance, en «patronage» ou par licence. Continental, comme le prévoyaient les projets
de l'automne 1940, devait ainsi contrôler par une tutelle, voire une participation
Vredestein en Hollande, les usines Michelin en Belgique, en Hollande et à Prague, et
éventuellement plus tard également à Clermont-Ferrand; pour Phoenix étaient prévues
les petites entreprises de caoutchouc Hevea en Hollande et Askim en Norvège, ainsi
que, après la conquête de l'Angleterre, le groupe Dunlop; Hutchinson et Englebert
étaient confiées à Semperit et Bergougnan à Vorwerk 2. En fait, Continental a conclu
en octobre 1942, après d'ailleurs de longues négociations, un contrat d'assistance et de
savoir-faire avec Vredestein qui autorisait les Allemands à produire chez les Néer
landais des pneumatiques de la marque Continental et leur accordait une participation
au capital de 15 % (avec une option sur 20 % supplémentaires) et les sièges correspon
dants au conseil de surveillance 3. À l'été 1940, Continental a acquis de l'administra
teur provisoire du Reich pour 1,35 million de Reichsmark (RM) le fabricant de
pneumatiques polonais Stomil (la marque Stomil devant être conservée); en juillet
1942, l'entreprise a conclu des contrats de coopération et de fabrication off-take avec
les deux entreprises suédoises de pneumatiques et de caoutchouc Viskafors et Gislaved
et, à la même date, pris en Roumanie la tutelle de l'usine de pneumatiques Banloc,
moderne parce que mise en service juste avant le début de la guerre par Goodrich 4. Au
début 1943, Continental disposait ainsi, à côté de ses quatre unités de production
nationales, en tout de douze autres usines de fabrication et de transformation, aux
quelles s'ajoutaient encore deux usines exploitées en commun avec la société Auer à
Oranienbourg près de Berlin et Zubri dans l'ancienne Tchécoslovaquie de fabrication
de masques à gaz.
Il ne s'agit cependant, aussi bien au regard des capacités de production que des
effectifs, que de relativement petites usines. L'ensemble des usines étrangères ne ras
semblait environ que 3000 employés, parmi lesquels l'usine Stomil de Poznan consti
tuait, avec un millier d'ouvriers, de loin la plus grande composante. La production
mensuelle n'était en 1942 en moyenne que de 858 tonnes (t), alors que les usines all
emandes de Continental fabriquaient près de 6000 1 par mois de pneumatiques et de
1. Cet article constitue un aperçu partiel de ma thèse d'habilitation: Paul Erker, Vom nationalen zum
globalen Wettbewerb. Die deutsche und amerikanische Reifenindustrie im 19. und 20. Jahrhundert, Pader-
born, Schôningh, 2005. Voir, pour une étude générale, également Richard Overy et alii (dir.), Die
«Neuordnung» Europas. NS-Wirtschaftspolititk in den besetzten Gebieten, Berlin, Metropol 1997, ainsi que,
avec toutefois une thèse de la domination très exagérée, Volker Berghahn (dir.), Quest for Economie Empire.
European Strategies of German Big Business in the Twentieth Century, Providence, Berghahn Books, 1996.
2. Procès-verbaux (PV) de la réunion du directoire sur les Grofiraum-Planungen (projets de grand
espace) du 29 octobre 1940, Continental- Archiv (idem pour toutes les références d'archives suivantes), 6603,
entrée 3/85, A 3.
3. 6525, entrée 1/56, A 23, 1.
4. Gislaved avait encore conclu en 1939 un accord de «technical assistance» avec US Rubber pour la
fabrication off-take de pneumatiques américains, dont Continental n'a d'ailleurs pas pu profiter, dans la
mesure où les Suédois n'ont pas restitués les préparations mélangées américaines, ce qui a

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