Dépôts funéraires médiévaux en Vendômois et dans le Centre - article ; n°2 ; vol.20, pg 27-40
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Description

Revue archéologique du Centre de la France - Année 1981 - Volume 20 - Numéro 2 - Pages 27-40
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Daniel Schweitz
Dépôts funéraires médiévaux en Vendômois et dans le Centre
In: Revue archéologique du Centre de la France. Tome 20, fascicule 2, 1981. pp. 27-40.
Citer ce document / Cite this document :
Schweitz Daniel. Dépôts funéraires médiévaux en Vendômois et dans le Centre. In: Revue archéologique du Centre de la
France. Tome 20, fascicule 2, 1981. pp. 27-40.
doi : 10.3406/racf.1981.2309
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/racf_0220-6617_1981_num_20_2_2309■ y Daniel SCHWEITZ
cation cultuelle différente. Les vases ve
naient alors compléter le viatique mobilier
déposé auprès du mort, et leur présence
paraît avoir été accessoire dans les sépul
tures des personnages aisés. Il n'est pas
impossible, cependant, que dans les tom
bes les plus communes, la motivation de
leur dépôt soit plus comparable à celle de
la période ultérieure (2).
Dans les sépultures mérovingiennes, les
vases en céramique faisaient partie de
« la part du mort » constituée d'objets
lui ayant appartenu et continuant à lui Pot-encensoir. Touraine. XIIe ou XIIIe siècle. appartenir dans l'au-delà, avec une valeur (Musée archéologique de Tours). de phylactère destiné à sa sauvegarde.
Nature et symbolisme Par contre, dans les sépultures ultérieures,
leur dépôt résultera de ce qu'ayant servi des dépôts funéraires.
lors de la cérémonie funéraire, on consi
La pratique du dépôt de vases en céra dérera probablement qu'ils ne pouvaient
être réutilisés par les vivants (3). mique dans les sépultures, dont nous
voyons l'usage attesté de façon certaine
en Vendômois au moins entre le XIIe siècle
et la fin du XVe siècle (1), avait vraisembla
blement déjà fait partie des rites funéraires (2) B. Young. Paganisme, christianisation et mérovingiens mais avec des modalités rites funéraires mérovingiens, c Archéologie
Médiévale ». VIII. 1977. p. 47. d'application dissemblables et une signifi-
(3) J. Chapelot. La céramique à usage funér
aire, in c Potiers de Saintonge, huit siècles
d'artisanat rural ». catalogue de l'exposition du
(1) Voir: Les vases funéraires médiévaux du Musée national des arts et traditions populaires,
musée de Vendôme (Loir-et-Cher), pages 19-26. novembre 1975 -mars 1976. Paris, 1975, p. 105.
27 DÉPÔTS FUNÉRAIRES EN VENDOMOIS
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Abbaye de Royaumont (Val-d'Oise). Bas-relief du tombeau du Prince Louis, fils aîné de Louis IX,
vers 1260. Pots-encensoirs. (Cliché Abdourahim, Musée Carnavalet).
Il est également possible que leur faible même tradition cultuelle, leur emploi ne
valeur d'usage ait amené leurs utilisateurs connaît pas la même extension dans l'e
à s'en défaire, par commodité, à la fin de space, ni la même amplitude dans le temps.
la cérémonie ; du moins le fait que nom
Si l'utilisation des « vases-encensoirs » bre de vases aient été jetés sans ménage
durant les cérémonies funéraires et leur ment dans la fosse mortuaire juste avant
dépôt dans les sépultures peut relever son comblement porte à le penser (4).
d'une inspiration chrétienne orthodoxe, il
Pour cerner les motivations de la prat n'en est certes pas de même de l'emploi
ique des dépôts funéraires de la seconde des vases à eau « bénite ».
période (Xle-XXe siècle), il convient d'en
distinguer deux types essentiels : les On sait que, dans le Centre, on attribuait
« vases-encensoirs » et les vases à eau traditionnellement un caractère essentiel
— tout à fait étranger au christianisme — « bénite », car ils ne relèvent pas de la
(4) C'est le cas au cimetière de Saint-Pierre- Fouilles archéologiques sur le site de Saint-
le-Puëllier, à Tours, durant les XIe et XIIe siècles. Pierre-le-Puëllier, 1969-1974, « Bulletin de la
Les vases seront peut-être même jetés sur un Société archéologique de Touraine », XXXVIII,
dépotoir aux XIVe et XV siècles (H. Galinié, 1976, p. 163, 165.
28 DÉPÔTS FUNÉRAIRES EN VENDÔMOIS
à l'utilisation rituelle de l'eau lors des Selon Jean Beleth et Guillaume Durand,
cérémonies funéraires. Il est difficile d'affi les vases retrouvés dans les sépultures
rmer qu'il y ait une réelle solution de conti médiévales, en Vendômois comme ailleurs,
nuité entre les pratiques cultuelles médié étaient destinés à contenir de l'eau bénite
et à faire fumer de l'encens. Guillaume vales et les rites pré-chrétiens. En réalité,
Durand l'exprime en ces termes : « deinde elles pourraient plus relever d'un syncré
(corpus) ponitur in spelunca in qua in tisme spontané, dont on a d'autres exemp
les dans la région concernant le culte quibusdam locis, ponitur aqua benedicta
et prunae cum thure ». des morts (5), que d'un enseignement dog
matique, reçu, pensé et assimilé.
Selon les deux liturgistes, l'eau bénite
Deux liturgistes chrétiens ont fourni de éloignait les démons, l'encens symbolisait ces pratiques cultuelles une explication les bonnes actions du défunt et le charbon
officielle : Jean Beleth, évêque d'Amiens, de bois, imputrescible, signalait le caracvers 1160 (6), et Guillaume Durand, évêque tère sacré de l'emplacement de la sépul
de Mende, vers 1280 (7). ture. Guillaume Durand l'exprime ainsi :
« Aqua benedicta ne doemones qui mul- Il est évident qu'il s'agit là, pour eux,
tum earn timent ad corpus accédant ; soient de justifier des pratiques dont le sens exact
namque desoevire in corpora mortuorum leur échappait et qui, certainement, devaient
ut quod nequiverunt in vita saltern post leur paraître, au moins en ce qui concerne mortem agant. Thus propter fetorem cor- la seconde, d'une inspiration douteuse. poris removendum seu ut defunctus crea- Cette remarque s'applique tout particuli
tori suo acceptabilem bonorum operum èrement au Centre, et notamment au Ven-
odorem intelligatur obtulisse, seu ad osten- dômois où le christianisme n'avait réussi,
dendum quod defunctis prosit auxilium en définitive, qu'à s'implanter formellement orationis ». dans les mentalités et était impuissant à
enrayer la résurgence permanente des pra
Il faut souligner qu'il est difficile dans tiques cultuelles pré-chrétiennes (8). ces pratiques de dissocier la part relevant
Dans cette région, les cadres de la comdu rite chrétien, « orthodoxe » ou non,
munauté chrétienne se sont donc employés, des obligations proprement matérielles.
avec obstination, à donner une signification Ainsi, le charbon de bois contenu dans
orthodoxe aux pratiques cultuelles qu'ils les « vases-encensoirs » est indispensable
n'arrivaient pas à faire tomber en désuét pour faire fumer l'encens qui, lui-même,
ude. Il est évident que la thèse officielle aurait fort bien pu avoir pour objet princi
— la seule qui nous soit connue par les pal, tout au moins aux yeux de certains,
textes — devait avoir en parallèle d'autres de couvrir une éventuelle odeur du cadav
significations, plus ou moins explicites, re. Cette fonction précise est explicit
dans les mentalités religieuses, notamment ement mentionnée dans un texte du XIIe
rurales. siècle relatant la réinhumation d'un membre
(8) La perpétuation jusqu'à nos jours du culte
des sources sacrées en Vendômois l'indique
(5) H. Vertet et al., A propos des « écuelles bien (J. Cartaud. Fontaines sacrées et fontaines
saintes en Vendômois. Bulletin de la Société des morts » en Bourbonnais. « Chthonia ». n°3.
archéologique du Vendômois. 1968. p. 70 à 95), 1964. p. 68 à 74.
comme la présence d'un souterrain pouvant être (6) « De divinis officiis ». CLXI, cité par : Abbé
Cochet, Mémoire sur la coutume de placer des lié à un culte tout à fait étranger au christi
anisme (terre/mère/morts) à proximité immédiate vases dans la sépulture de l'homme, t Bulletin
de l'église des Roches-l'Evêque (M. Broens, Monumental », XX. 1856. p. 344. note 1. Signification première de I' « opus fossum ». (7) « Rationale divin, offici..

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