Des archives archéologiques à la protection du patrimoine : le cas du Cambodge ancien - article ; n°1 ; vol.88, pg 315-330
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 2001 - Volume 88 - Numéro 1 - Pages 315-330
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bruno Bruguier
Des archives archéologiques à la protection du patrimoine : le
cas du Cambodge ancien
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 88, 2001. pp. 315-330.
Citer ce document / Cite this document :
Bruguier Bruno. Des archives archéologiques à la protection du patrimoine : le cas du Cambodge ancien. In: Bulletin de l'Ecole
française d'Extrême-Orient. Tome 88, 2001. pp. 315-330.
doi : 10.3406/befeo.2001.3521
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_2001_num_88_1_3521Des archives archéologiques à la protection du patrimoine :
le cas du Cambodge ancien
Bruno Bruguier
Voici presque dix ans, la réouverture du Cambodge a mis fin à un isolement d'une
vingtaine d'années. La réimplantation de l'École française d'Extrême-Orient à Phnom
Penh et à Siem Reap semblait indiquer que la rupture consécutive à la guerre n'était
qu'une parenthèse et qu'il était possible de reprendre le cours des choses là où il s'était
interrompu.
Pourtant, le contexte est aujourd'hui totalement différent ; l'École n'est plus seule sur
le terrain et la transmission des connaissances n'a pas pu suivre le cours normal du
renouvellement des équipes. Aussi la relation aux travaux de plusieurs générations de
chercheurs s'apparente-t-elle à une investigation archéologique, tant la coupure a été
nette.
Le centenaire de notre institution nous fournit aujourd'hui l'occasion de nous pencher
sur l'accumulation des informations recueillies sur le terrain par nos prédécesseurs, sur
leur transmission et enfin sur leur exploitation dans le cadre des programmes de recherche
qui se sont progressivement mis en place au Cambodge.
La suspension des recherches archéologiques au Cambodge, pendant près de vingt
ans, donne aux archives une valeur inestimable. Collectée de manière régulière pendant
plus d'un demi-siècle, cette documentation forme, malgré les inévitables pertes, un tout
d'autant plus cohérent qu'il est hiérarchisé {Journaux de fouilles, Rapports de la
Conservation ď Angkor et « Chroniques » du BEFEO). Elle devient une référence et
permet de retrouver des sites oubliés ou d'identifier des objets portés disparus. Elle
regroupe aussi le matériel de première main sur lequel se sont appuyées de nombreuses
publications.
Pour que l'exploitation des archives soit profitable et devienne le moteur de nouvelles
interrogations, elle doit s'accompagner d'un regard critique sur les règles qui ont prévalu
lors de leur collecte. Ce patrimoine scientifique n'est-il pas aussi le reflet des préoc
cupations institutionnelles ou individuelles, liées à la présence de la France au
Cambodge ? Les archives archéologiques ne sont-elles pas, en quelque sorte, le reflet
d'une certaine idée que l'on s'est faite du Cambodge ancien ?
À ce titre, l'interruption des recherches archéologiques nous offre un certain recul qui
nous permet d'interpréter ce qui a été vu et fait sur le terrain, dans le cadre du quasi-
monopole de notre institution sur l'ensemble des activités archéologiques se déroulant au
Cambodge, de la prospection aux travaux de restauration. Les archives fournissent ainsi
matière à réflexion sur la réorganisation des recherches, dans le cadre totalement nouveau
du Cambodge actuel.
Nous étudierons donc dans un premier temps comment s'est progressivement
constitué ce patrimoine scientifique. Nous analyserons ensuite la manière dont il s'est
enrichi et nous a été transmis. Nous verrons enfin comment il est aujourd'hui exploité
dans le cadre de l'équipe de recherche sur l'archéologie khmère.
Pour ce faire, nous nous appuierons sur des cartes portant la localisation des sites
mentionnés dans les publications et les archives, ainsi que sur des histogrammes
représentant le volume de la documentation photographique selon la période ou les sites
considérés. Afin de rendre la lecture des cartes plus aisée, nous utiliserons un fond de
Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient, 88 (2001), p. 315-330. 316 Chronique
carte représentant les frontières et limites administratives actuelles du Cambodge et nous
éviterons d'indiquer les sites khmers pouvant se trouver au-delà de ces limites.
La collecte des informations
Les pionniers
La constitution des archives archéologiques de l'EFEO sur le Cambodge est le fruit
d'un long processus qui ne débute réellement qu'en 1908, avec la création de la
Conservation d'Angkor. Elles trouvent cependant leur origine dans l'accumulation des
connaissances sur l'Empire khmer, initiée par Henri Mouhot, Doudart de Lagrée et Louis
Delaporte.
Sur la carte 1, on peut suivre la progression de la mission de Louis Delaporte, en
1873. Il visite successivement les sites de la partie méridionale du Cambodge (Phnom
Chisor, Ta Prohm, Longvêk), avant de se rendre au Preah Khan de Kompong Svay, de
suivre l'ancienne chaussée khmère reliant ce site à Angkor, de faire des excursions à Koh
Ker, dans la région de Battambang, à Banteay Chmar et de décrire les principaux
monuments du site d'Angkor.
C'est cependant avec la publication des trois volumes de l'ouvrage intitulé Le
Cambodge (1900-1904), par Etienne Aymonier, que l'on assiste à une première tentative de
répertorier tous les vestiges qui peuvent se rattacher à la civilisation d'Angkor (cf. carte 2).
Le travail d'Etienne Aymonier portera sur un peu plus de 550 sites, dont près de 450
se trouvent dans les limites du Cambodge actuel. Il porte sur les monuments mais
s'intéresse aussi aux lieux de provenance d'inscriptions et donne tout un ensemble de
cartes archéologiques sur lesquelles figurent les anciennes voies de communication.
Aux descriptions d'Etienne Aymonier succède le très imposant travail de Lunet de
Lajonquière (cf. carte 3).
Lunet de Lajonquière recense alors plus de 1 000 sites khmers répartis sur l'ensemble
de la partie méridionale de la péninsule Indochinoise, dont près de 800 dans le Cambodge
actuel. Il donne à chacun d'eux un numéro d'inventaire qui fait encore référence
aujourd'hui. En fait, tous les sites répertoriés par son prédécesseur sont mentionnés par
Lunet de Lajonquière ; seuls une dizaine de lieux de provenance d'inscriptions indiqués
par Etienne Aymonier n'ont pas été répertoriés. Ces manques sont révélateurs du
désintérêt probable de Lunet de Lajonquière pour l'épigraphie, même s'il s'agit avant tout,
pour cet auteur, d'établir un Inventaire descriptif des monuments du Cambodge.
En fait, les critères de choix de Lunet de Lajonquière sont complexes. Il est difficile
de déterminer les raisons qui l'ont poussé à se contenter pour certains sites des indications
qui lui étaient transmises, mais à ne pas hésiter à visiter et à répertorier des vestiges qui se
réduisaient parfois à des monticules. C'est en particulier le cas pour la plupart des sites
repérés dans le cadre de la Commission de délimitation des frontières entre le Cambodge
et le Siam en 1907 et 1908.
La densité des sites repérés au tout début du siècle, dans la zone frontalière située au
sud de Banteay Chmar et à l'ouest de Phnom Srok, n'est donc pas uniquement liée à
l'importance archéologique de la zone, mais plutôt à l'intérêt dont elle a été l'objet dans le
cadre de la politique de rectification des frontières. Colloque 317
Illustration non autorisée à la diffusion
Carte 1 - Sites archéologiques répertoriés par Louis Delaporte. 318 Chronique
Illustration non autorisée à la diffusion
Carte 2 - Sites archéologiques répertoriés par Etienne Aymonier. Colloque 319
Illustration non autorisée à la diffusion
Carte 3 - Sites archéologiques répertoriés par Etienne Aymonier et Lunet de Lajonquière. 320 Chronique
La Conservation ď Angkor
Avec le retour des provinces de Siem Reap, Battambang et Stung Treng au
Cambodge, le contexte politique est tout autre et il convient alors d'assurer avant tout la
protection du site ď Angkor. Une entité administrative est créée à cet effet dès 1908 : la
Conservation d'Angkor. Son responsable doit rendre compte, au jour le jour, des
découvertes et des informations

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