Étude sur la condition des personnes en Alsace du VIIIe au Xe siècle - article ; n°1 ; vol.119, pg 21-49
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1961 - Volume 119 - Numéro 1 - Pages 21-49
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Henri Dubled
Étude sur la condition des personnes en Alsace du VIIIe au Xe
siècle
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1961, tome 119. pp. 21-49.
Citer ce document / Cite this document :
Dubled Henri. Étude sur la condition des personnes en Alsace du VIIIe au Xe siècle. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1961, tome 119. pp. 21-49.
doi : 10.3406/bec.1961.449615
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1961_num_119_1_449615■



ETUDE
SUR LA CONDITION DES PERSONNES EN ALSACE
DU VHP AU Xe SIÈCLE*
Comme dans tout V Imperium, la distinction entre hommes
libres (liberi, ingenui) et esclaves (servi, mancipia)1 est la
base de la société alsacienne du temps, distinction dont les
diplômes d'immunité tiennent régulièrement compte2.
A première vue et en jugeant avec nos idées modernes,
ces deux notions semblent claires : l'homme libre est celui
* Liste des abréviations utilisées : A. D. = Alsatia diplomatica, éd. par
J.-D. Schoepflin, Mannheim«, 1772-1775; — B. M. = Böhmer-Mühlbacher,
Regesta imperii, t. I, 2e éd. (1908) ; — DGK = Diplomata regum Germaniae ex
stirpe Karolinorum, t. I, II, III, éd. Kehr [Mon. Germ, hist.) ; — D K = Diplo
mata t. I, éd. Mühlbacher {Mon. hist.) ; — D R G =
Diplomata regum et imperatorum Germaniae, t. I, éd. Sickel {Mon. Germ, hist.) ;
— Dollinger, Evol. = Ph. Dollinger, L'évolution des classes rurales en Bavière
depuis la fin de l'époque carolingienne jusqu'au milieu du XIIIs siècle, Paris,
1949; — Dopsch, Freilassung = A. Dopsch, Freilassung und Wirtschaft im
Frühmittelalter, dans Gesammelte Aufsätze, 1938, p. 95-101 ; — Dopsch, Karol. —
A. Dopsch, Die Wirtschaf isentwicklun g der Karolingerzeit vornehmlich im
Deutschland, 2e éd., Weimar, 1922, 2 vol. ; - — Fulda = Codex diplomaticus
Fuldensis, éd. par E. F. J. Dronke, Cassel, 1850 ; — - Pruem = Urkundenbuch
zur Geschichte der jetzt die preussischen Regierungsbezirke Coblenz und Trier
bildenden mittelrheinischen Territorien, éd. par H. Beyer, Coblenz, t. I, 1860 ; - —
R. A. = Regesta Alsatiae aevi Merovingici et Karolini (416-918), éd. par A.
Bruckner, Strasbourg, Zurich, 1949; — St-Gall = Urkundenbuch der Abtei
Sana Gallen, éd. par H. Wartmann, Zurich, 1863 ; ■ — Saint-Rémi de Reims =
Polyptyque de Saint-Rémi de Reims, éd. par B. Guérard, Paris, 1853 ; — T. W. =
Traditiones possessionesque Wizenburgenses, éd. par C. Zeuss, Spirae, 1842,
T. W., L. P. = Liber possessionum ; — Tr. = Monuments de l'histoire de l'ancien
évèchê de Râle, éd. par J. Trouillat, t. I, Porrentruy, 1852; — U. S. S. —
Urkundenbuch der Stadt Strasbourg, éd. par W. Wiegand, Strasbourg, 1879, t. I.
1. Voir à ce sujet H. Dubled, Mancipium au Moyen Age, dans Revue du
Moyen Age latin, 5 (1949), p. 51-56.
2. D K, Pépin pour Murbach, 17, 760 : « hominés ipsius (ecclesie) tam inge-
nuos quam et servos », etc.. Il s'agit là d'une formule qui n'est pas spéciale
aux diplômes alsaciens, la distinction servi-ingenui dominant toute la société
du Moyen Age jusqu'au xne siècle surtout. HENRI DUELED 22
qui jouit de la plénitude de ses droits de citoyen ; l'esclave
est l'opposé de l'homme libre, il ne jouit d'aucun droit.
La pratique est loin d'être aussi simple. Entre les deux
extrêmes se glisse la foule des personnes qui, sans être
esclaves, ne sont pas complètement libres. Les esclaves
eux-mêmes, juridiquement sans droits, ne le sont pas tota
lement dans la pratique. Certains hommes libres, n'étant pas
établis sur leurs propres terres, sont devenus des dépendants
du grand propriétaire. Les esclaves affranchis jouissent
d'une assez grande liberté, mais restent pour la plupart
dans la dépendance de leur ancien maître. Entre les hommes
libres installés sur une terre dont ils sont les pleins propriét
aires, l'égalité juridique peut recouvrir néanmoins des
différences d'autre nature. L'opposition liberté-esclavage
domine, certes, la société du temps, mais cette notion est
loin d'être absolue.
Il existait d'ailleurs un autre critère de distinction au
sein de la population : nous voulons parler de la personnal
ité des lois. Ce principe était-il en vigueur en Alsace comme
dans d'autres régions de l'Empire? Voilà la question que
nous allons examiner.
Certes, ici, la notion de loi n'est pas inconnue1, mais il
s'agit le plus souvent de lois générales régissant la totalité
des habitants et non des lois fixant le statut de chacun selon
son origine ethnique. Beaucoup plus probants sont les
textes faisant allusion aux tarifs de composition fixés
d'après la loi personnelle du délinquant2.
Mais de quelle ou de quelles lois s'agit-il? Les textes sont
infiniment pauvres à cet égard. On trouve deux allusions,
l'une à la loi salique3, l'autre à celle des Alamans4; la
1. A. D., 12, 731, le comte Eberhard pour le monastère de Murbach : « mihi
legibus redebitur » ; T. W., n° 60, 784 ; 41, 714 ; 39, 690-724 ; 38, 693, legibus ; 46,
695 : « hoc est omnes res nostras quod nobis ex successione . . . nobis legibus
obvenit »; lois à mettre en rapport avec la coutume : A. D., 79, 816, Louis le
Pieux pour Murbach, B. M., 624 (604) : «sed liceat ei secandum eorum consue-
tudinem... deservire et obedientes... esse ».
2. T. W.,255, 801 : « de lege meacompono» ; 258, 786 : « de lege sua componat »
(textes des régions de la Seule et de Spire ; cependant, il n'y a aucune raison
qu'il en soit allé autrement en Alsace).
3. A. D., 677, 877 (D G K, Gh. ni, 4), affranchissement« secundum legem
salicam », et encore s'agit-il d'un acte de Charles le Gros, délivré à la demande :
SUR LA CONDITION DES PERSONNES EN ALSACE 23 ÉTUDE
deuxième, comme l'a montré F.-J. Himly, n'est pas rela
tive au territoire alsacien1. Dans la première, il n'est pas
dit que les individus vivent selon la loi salique, mais seul
ement que l'affranchissement en question a été fait selon
cette loi. Quant à la loi des Francs ripuaires, elle pourrait
entrer aussi en ligne de compte, mais aucune allusion n'y est
faite dans les textes alsaciens du temps.
La composition ethnique de la population alsacienne dans
les premiers siècles du Moyen Age est environnée d'un grand
mystère2. La toponymie n'a pu encore l'éclaircir. La parti
cipation alémannique, considérée comme évidente par
beaucoup d'historiens, a été mise en doute par d'autres3.
Aux vme et ixe siècles, il est impossible de savoir quels
étaient les éléments que comprenait la population et, à plus
forte raison, leur proportion au sein de cette dernière. La
rareté même des sources indique que, si la personnalité
des lois a pu être le régime autrefois en vigueur en Alsace,
au vine siècle déjà, cette situation semble appartenir au
passé. Cependant, l'absence de loi romaine chez les Francs
saliens comme chez les Alamans, l'existence dans le latin
alsacien d'alors de mots germaniques à peine latinisés
(freda, marca, stuafa, haribannus et surtout huba) prouvent
que la langue parlée était un idiome germanique, à moins
même qu'il n'y en ait eu plusieurs dont le latin des chartes
n'est qu'une traduction4. Une telle remarque n'est null
ement en contradiction avec l'existence de nombreux noms
de personnes, de villages ou de rivières d'origine gauloise
ou latine. L'ancienne population gallo-romaine avait adopté
la langue de ses nouveaux maîtres, Francs, Alamans ou
autres.
de son épouse Richarde ; cependant, le document fait partie du fonds de l'abbaye
alsacienne d'Andlau.
4. [Page précédente.'] R. A., n° 271, 778 (U. S. S., I, 16) «de ipso monaste-
riolo exiti fecerunt coram testibus, sicut lex Alammanorum fuit ».
1. F.-J. Himly, Observations sur les sources de l'histoire du haut Moyen Age
alsacien, dans Revue d'Alsace, 90 (1950-1951), p. 41.
2. Les travaux de F.-J. Himly permettront enfin d'y voir clair.
3. H. von Schubert, Die Unterwerfung der Alemannen unter die Franken,
Strasbourg, 1884, x-222 p. ; J. Tourneur- Aumont, L'Alsace et V AUmannie,
Nancy, 1919, v-22 7 p.
4. T. W., 1, 742 ; 4, 743 ; 5, 743 ; 7, 742 ; 12, 730-739 ; T. W., L. P., passim. HENRI DUBLED 24
En conclusion, nous dirons qu'il est impossible d'utiliser
la loi salique, la loi des Alamans ou d'autres lois semblables
pour une étude des di

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