Études soumatranaises : III. La langue B des inscriptions de Śrī Wijaya - article ; n°1 ; vol.54, pg 523-566
45 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Études soumatranaises : III. La langue B des inscriptions de Śrī Wijaya - article ; n°1 ; vol.54, pg 523-566

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
45 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1968 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 523-566
44 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Études soumatranaises : III. La langue B des inscriptions de Śrī
Wijaya
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 54, 1968. pp. 523-566.
Citer ce document / Cite this document :
Études soumatranaises : III. La langue B des inscriptions de Śrī Wijaya. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome
54, 1968. pp. 523-566.
doi : 10.3406/befeo.1968.3779
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1968_num_54_1_3779ÉTUDES SOUMATRANAISES
par
Louis-Charles DAMAIS -
III. LA LANGUE B
DES INSCRIPTIONS DE SRI WIJAYA
A. INTRODUCTION
On sait que l'inscription de Kota Kapur dans l'île de Banka, datée de 608 Saka,
soit du 28 avril 686 EC, ainsi que son doublet partiel — non daté, mais d'après
l'écriture certainement contemporain — , de Kararj Barahi (orth. administrative
« Karang Brahi »), débute par quelques phrases en une langue inconnue que nous
dénommerons, pour la commodité des références, « langue В de Sri Wijaya » ^.
Dans son article, qui révéla au public la véritable importance des inscriptions
alors connues de Srï Wijaya, M. G. Coedès a bien incorporé les mots de ce court
texte dans le vocabulaire joint à son étude, mais il n'a pas essayé de l'expliquer ^3'.
Après avoir considéré que l'essai d'interprétation de H. Kern n'est pas à retenir,
il termine ses « Remarques » en ces termes :
« J'ai préféré renoncer à traduire ce passage dont presque aucun mot n'est
reconnaissable et dont la phonétique même est singulière. Les trente mots qui le
composent ne comportent pas un seul s, mais offrent par contre un nombre sur
prenant de h; la diphtongue ai qui, dans les autres inscriptions, n'apparaît qu'une
seule fois dans un mot malais (lai, inscr. II, ligne 5) est répétée ici jusqu'à neuf
Í1' Cette étude est le remaniement, avec de nombreuses additions, de conférences faites à Djakarta
au titre de l'École pratique des Hautes Études en 1962.
(2' Nous désignerons désormais, le cas échéant, par «langue A de arï Wijaya, le dialecte vieux-
malais de ces inscriptions dont certaines particularités l'opposent aux documents épigraphiques plus récents (qui sont malheureusement bien peu nombreux) de la même île, et surtout au
dialecte vieux-malais attesté à Java par quelques inscriptions vers le milieu du VIIIe siècle Saka en
ce qui concerne le seul texte daté déjà publié. On sait qu'une inscription du début de ce même siècle
(714 Saka) a été récemment découverte dans le terrain du complexe dénommé Candi Sewu (voir à ce
sujet BEFEO, LI, 1963, 580 et 582) et, plus récemment encore, une autre dans la région de Pekalorjan
(communication orale de M. Boechari).
(3) Les inscriptions malaises de Çrlvijaya, dans BEFEO, XXX, 1930, 29-80. 524 LOUIS-CHARLES DAMAIS
fois. Étant donné qu'il s'agit d'une formule qui doit avoir pour effet de tuer aut
omatiquement quiconque commettra les méfaits prévus dans le texte qui suit,
il n'est pas impossible qu'elle soit conçue dans un langage cabalistique ayant sa
phonétique propre, ou encore que les mots en soient volontairement déformés et
en quelque sorte atténués afin d'en éviter les redoutables effets au lecteur naïf et
innocent : dans mainte langue, les jurons sont soumis à des phénomènes phonét
iques de cet ordre. Il est fort à craindre que l'imprécation proférée par le roi de
Çrïvijaya ne reste à jamais inexpliquée » ^lK
Récemment, De Casparis a publié l'inscription de Talagâ Batu qui, elle aussi,
est précédée d'un texte ne présentant que des différences minimes avec ceux des
documents de Kota Kapur et de Karaij ВэгаЫ ^2\
Cet auteur n'étudie pas non plus ce passage énigmatique et se contente de décla
rer : « Although a number of words which are not obscure themselves occur in the
formula, we completely agree with Ccedès (art. cit., p. 61) that a translation is
impossible and will probably remain so forever » ^3^.
En somme, De Casparis accepte l'explication de M. Cœdès qui penche pour une
déformation systématique d'un original vieux malais ou encore pour une langue
artificielle. Bien que cette façon de voir ne soit certainement pas à rejeter a priori,
il nous semble qu'il est possible d'amorcer une autre interprétation pour ainsi
dire plus terre à terre, en admettant qu'il s'agit, non pas d'un langage cabalistique
ou d'une déformation systématique d'un original vieux malais, mais tout simple
ment d'un texte en une langue différente, assez proche morphologiquement du
vieux malais, mais plus évoluée phonétiquement, en d'autres termes d'un dialecte
nousantarien très probablement de Soumatra ^\ Et pour ce faire, nous partirons
des particularités frappantes relevées par M. Ccedès lui-même : L'alternance sjh
qui se retrouve ailleurs en Indonésie, ainsi que la diphtongaison de certaines
voyelles qui apparaissent simples en vieux-malais ^\
Deux détails nous font, entre autres, douter de l'explication par une langue arti
ficielle. Le premier est que le seul mot d'emprunt sanskrit que ce texte contienne,
bhakti, s'y trouve tel quel, alors qu'il aurait dû logiquement — dans le cas d'une
déformation systématique — être tout aussi bien modifié que les autres. Le second
est que l'expression tandrun) lu°ab se trouve aussi bien dans le texte vieux-malais
(langue A) que dans celui en langue inconnue. Comme ces mots ne semblent pas
malais, il est au moins fort plausible d'admettre que nous avons affaire à une expres
sion de la langue В qui ne pouvait être traduite et qui a été empruntée telle quelle
par le vieux malais (langue A) de Sri Wijaya. Ce détail est d'autant plus important
que l'expression en question est nettement en relief, bien que son sens précis nous
échappe pour le moment. Si l'on accepte ce point, le texte en langue В ne saurait être
du malais déformé, et doit par conséquent être en une langue différente.
f1) Cf. BEFEO, XXX, 50.
ia' Cf. De Casparîs, Prasasti Indonesia, (désormais PI), IL 32 pour la transcription, et p. 36,
note 1, pour un bref commentaire.
(3) Le renvoi à la p. 61 de l'article de M. Cœdès semble être un lapsus pour « p. 50 ».
<4> II nous paraît préférable, maintenant que le terme « indonésien » a une connotation politique
précise et désigne d'autre part la langue officielle de la République Indonésienne, d'utiliser pour le
groupe linguistique le terme « nousantarien » — dérivé de « Nusantara » — proposé par le pro
fesseur Prijana [Priyânâ] il y a quelques années. Voir l'article de cet auteur dans Bahasa dan
Budaja, II, n° 5 (Djakarta 1954), p. 56-58 et le compte rendu que nous en avons fait dans
BEFEO, 1962, L/2, 450 et 451 avec la note 1.
<5) H. Kern {KVG, VII, 210-211) avait essayé d'expliquer ainsi certains termes, mais d'une façon
trop sommaire. Nous citerons plus loin la plupart de ses remarques. ÉTUDES SOUMATRANAISES 525
В. TRANSLITÉRATION
Pour plus de commodité, nous donnons ci-dessous avant d'aller plus loin la
translitération du passage en question avec ses quelques variantes ^ :
1. ^/jsiddha &) kitâ hamwan) wari °awai.
kandra kâyet ni paihumpa [.] °ana namuha °ulu lawan
tandrun) lu°ah maka matai tandrun) lu°ah winunu paihumpa°an)
[.] hakairu mu°ah kâyet ni humpa °unai tunai.
2. °umentë bhakti ni °ulun) haraki. °unai tuňaijj... ^.
С DISCUSSION PALÉOGRAPHIQUE
Notre transcription diffère peu de celle de M. Cœdès : Nous lisons les deux
premiers aksara (après siddha), kitâ et non tità. Sur l'original de Kota Kapur que
nous avons encore récemment consulté au musée de Djakarta (D 90), la lecture k-
est nettement plus probable que t- et il en est de même sur la photo d'estampage
de celle de Kararj ВэгаЫ ^ъ\
Le caractère qui suit hamwa semble bien dans Kota Kapur être n), bien que le
signe suscrit paraisse plus petit que les autres paten du texte. Dans la photo d'e
stampage de Karaq ВэгаЫ, on lit plutôt nà qui semble très plausible et c'est cette
lecture que nous avons longtemps été tenté d'adopter. Mais Talagâ Batu semblant
avoir aussi n), ainsi que M. Boechari a bien voulu nous le conf

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents