Gravures à représentations d'humains du Magdalénien III. Fouilles de La Marche, commune de Lussac-les-Châteaux (Vienne) - article ; n°7 ; vol.38, pg 145-161

Stéphane Lwoff

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1941 - Volume 38 - Numéro 7 - Pages 145-161
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1941
• Nombre de lectures: 8
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Stéphane Lwoff
Gravures à représentations d'humains du Magdalénien III.
Fouilles de La Marche, commune de Lussac-les-Châteaux
(Vienne)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1941, tome 38, N. 7-8. pp. 145-161.
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Lwoff Stéphane. Gravures à représentations d'humains du Magdalénien III. Fouilles de La Marche, commune de Lussac-les-
Châteaux (Vienne). In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1941, tome 38, N. 7-8. pp. 145-161.
doi : 10.3406/bspf.1941.4804
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1941_num_38_7_4804*
SOCIÉTÉ PREHISTORIQUE FRANÇAISE 145
La Marche (1)
Commune de Lussac-les-Châteaux.
(Vienne).
Fouilles L. Péricard et S. Lwoff.
Gravures à représentations d'humaine
du Magdalénien III.
Texte et dessins
Stéphane LWOFF.
Ancien élève de l'Ecole du Louvre.
(Copyright 1941 by Stéphane Lwoff).
Nous avons décrit brièvement (2) la grotte de la Marche dont la
couche archéologique du Magdalénien III contient un abondant
•matériel constitué essentiellement par :
a) Des dalles et plaquettes calcaires gravées, mobiles, reposant
sur ladite couche ;
b) Un outillage en silex comprenant des burins, de grandes lames,
des racloirs sur bout de lame, des perçoirs ;
c) Un matériel d'origine animale, en os et en ivoire comprenant
des sagaies, des outils de formes diverses, des aiguilles à chas, des
bâtons percés ornés, deux baguettes demi-rondes, des cylindres
pleins en os à extrémités appointées, des éléments de colliers
ouvrés, des incisives de Chevaux gravées :
d) Des schistes indurés, percés et façonnés, des meules et des
molettes en quartz.
Les dalles gravées atteignent sensiblement la double centaine.
Elles mesurent en moyenne 0m50 X 0ra50 X 0m12 ; les plaquettes
gravées, dont le nombre assez important n'a pas été évalué, ont
environ 0m12 X 0m12 X 0m01 (ordre de grandeur très approximatif).
Parmi de nombreuses représentations d'animaux, il y a quelques
gravures d'humains (3) ; nous avons déchiffré un certain nombre
d'entre-elles dont nous donnons ici une courte description, m
Remercions, notre Maître, M. R. Lantier, Conservateur du Musée
des Antiquités Nationales, qui a secondé tous nos efforts avec solli
citude, et l'inventeur du gisement, Léon Péricard, qui m'a si aima
blement prêté la plus grande partie du matériel d'étude.
(1) Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction réservés pour
tous pays, y compris la Suède, la Norvège et l'U. R. S. S. Copyright 1941, par
l'auteur.
(2) Péricard et Lwoff. — Bulletin S. P. F., tome XXXVII, 1940, p. 155.
(3) La superposition de plusieurs gravures rend parfois leur interprétation diffi
cile. La reproduction exacte dans l'ensemble peut en avoir souffert dan» le détail.
SOCIÉTÉ PRÉUISTORIQUK FHANÇA.I8B. 10
Щ. 146 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
La figure 1 représente la tête d'un intermédiaire simio-humairu
Son crâne n'est pas absolument néanderthaloïde, il n'appartient
cependant pas encore aux crânes évolués et rappelle par certains
caractères le crâne d'Eoanthropus Dawsoni de Piltdown notam
ment par l'absence vraisemblable de saillie des arcades sourcilières»
La face présente une association de caractères simiens et humains.
Fig.. 1. — L'Homme de Lussac.
Hauteur 160 mm. Dalle 50 L.
Fortement prognathe avec absence totale de menton, la mandibule
est tout à fait pithécoïde, mais le front bas, le nez épaté long et
retroussé sont bien humains.
On remarque l'œil représenté en perspective tordue et la technique
d'indication du sourcil que nous retrouvons souvent.
De longues mèches de cheveux couvrent les oreilles et leur touffe
foFme sur la nuque une bosse qui pourrait représenter également la
crête ocûpitale- SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 147
La tête est projetée en avant. La largeur du cou indique une mus
culature puissante. La barbe est inexistante mais trois lignes verti
cales, issues du sommet du nez et descendant jusqu'au cou, pour-
Fig. 2. — Tête d'adolescent.
_ Hauteur 140 mm, Dalle 50 L.
raient représenter des poils. Nous les avofts cependant considérées
comme étrangères à la figure : elles ne sont pas indiquées.
S'agit-il d'un primate évolué ou d'un hominien ? On ne saurait le
dire. Les circonstances d'établissement de la gravure peuvent-elles
nous donner quelques indications : '* > £;
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Deux têtes humaines figurent sur la même dalle, (représentées en
2 et 3). Ces trois têtes sont fortement gravées avec des repentirs et
contrastent avec les autres dessins à traits plus fins.
Il est possible que l'artiste ait voulu représenter de façon particul
ière trois têtes humaines.
Sans préjuger de sa nature, nous l'appellerons l'Homme de
Lussac.
L'examen de cet être permet les considérations suivantes :
1° Une mandibule pithécoïde peut être associée à un crâne humain
Fig. 3. — • Face humaine.
Hauteur 130 mm. Dalle 50 L.
sans arcade sourcilière saillante du type Boanthropus Dawsoni .
Il ne peut être questioned d'attribuer ces deux pièces anatomiques
à deux êtres différents.
2° On considérait jusqu'ici que le Moustérien avait vu l'extinction
des types néanderthaloïdes. L'homme de Lussac par l'absence
d'arcade sourcilière est plus évolué que les races précédentes . Sa SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 149
mandibule par contre est beaucoup plus primitive. L'homme de
Lussac appartient cependant de façon incontestable au Magdalé
nien III.
Ceci prouverait en tout cas que l'évolution des diverses struc
tures, arcades sourcilières, mandibules, a pu se poursuivre de façon
hétérochronique et qu'il faut être extrêmement prudent pour dater
un fragment isolé.
La figure 2 représente une tête d'adolescent. Son crâne caracté
ristique présente une protubérance ayant la forme d'un demi-ellip
soïde allongé, dont l'axe est très légèrement oblique d'avant en
arrière. Cette protubérance peut représenter une coiffure, des che
veux ou une déformation osseuse intentionnelle et, dans ce cas, on
ne peut la comparer aux déformations que présentent certains crânes
anciens, même celles constatées sur les crânes de Natchez. Ici, en
eflet, la légère dépression bregmatique indique que le frontal ne
participe pas à l'extension du crâne.
La figure 3 représente une vue partielle de tête humaine, coiffée
semble-t-il d'un bonnet de fourrure. Celui-ci est fréquent chez les
Magdaléniens. Nous en connaissons d'autres exemples, beaucoup
plus nets, qui seront publiés, ultérieurement. Il s'agit de bonnets
ou de capuchons comme en portent les Esquimaux, de forme géné
ralement ronde. Remarquer le prognathisme, les retouches du nez
et l'œil en perspective tordue.
La figure 4 donne une bonne représentation de la forme générale
de la tête chez un type assez fréquemment reproduit.
Il s'agit soit d'une jeune fille, soit d'un adolescent. Le trait
est profond.
La face présente un front vertical faisant avec la voûte exocra-
nienne un angle bien marqué, le prognathisme est accusé. On
remarquera l'absence de saillie mentonnière, le nez rectiligne faisant
avec le front un angle faible ; dans l'œil, représenté en perspective
tordue, l'iris est piqueté. L'arcade sourcilière est indiquée par un
trait. SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 150
La figure 5 est une représentation en pied. Il s'agit d'un homme.
Sa tête est grossie sur la figure 6. L'exécution soignée de la tête
s'oppose à la technique maladroite de la figuration du corps et des
membres. L'ensemble a un aspect caricatural.
Fig. 4. — Profil d'adolescent on de jeune fille.
Hauteur 140 mm. Dalle 2 P.
L'homme est nu-tête. Son nez busqué et son crâne contrastent
singulièrement avec ceux de la figure précédente. La configuration