Héraclès en Occident. Mythe et histoire - article ; n°1 ; vol.8, pg 227-282
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1982 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 227-282
56 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Collette Jourdain-Annequin
Héraclès en Occident. Mythe et histoire
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 8, 1982. pp. 227-282.
Citer ce document / Cite this document :
Jourdain-Annequin Collette. Héraclès en Occident. Mythe et histoire. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 8, 1982. pp. 227-
282.
doi : 10.3406/dha.1982.1588
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1982_num_8_1_15888 1982 227 - 282 DHA
HERACLES EN OCCIDENT
MYTHE ET HISTOIRE
«J'ai vu Hercule en rêve. Ah lui
dis-je déchus tes honneurs ! - Peuh !
dit-il, apprends que même un dieu
s'arrange comme il peut en ces siècles
fichus.»
Anthologie Palatine, IX, 44 1 0)
Hercule — ou Héraclès - a retrouvé, semble-t-il, sinon ses honneurs
déchus, du moins l'intérêt de nos contemporains. Certes le temps des grandes
synthèses paraît dépassé qui prétendaient résoudre le problème de la nature
et des origines du héros (2), mais, alors même qu'était mieux connue l'icono
graphie du personnage mythique (3), des études, certes partielles, mais très
éclairantes venaient préciser certains aspects d'une personnalité fort complexe
et déroutante. On a pu découvrir ainsi un Hercule funéraire (4), un Héraclès
des savants et des philosophes (5) ; on a pu prendre la mesure des influences
phéniciennes dans certains de ses cultes (") et on nous promet d'éclairer ses
rapports étranges avec le sacrifice (7) ... On a vu monter la fortune du héros,
ou se transformer sa légende, en fonction des circonstances politiques (°) ;
on a mieux compris le passage de l'Héraclès grec à l'Hercule romain (9) et
apprécié l'enjeu de la confrontation entre ce «sauveur» qu'était devenu le
héros/dieu et celui des Chrétiens 00) ... et j'ignore ici, à dessein les multiples
études régionales.
La cohérence du héros n'a rien gagné à toutes ces recherches et c'est
tant mieux dirons-nous. Comment, en effet, réduire à l'unité le dieu et le
héros, l'Argien et le Thébain, le géant et le dactyle 00, la brute et le héros
civilisateur ... ? Le personnage, certes, a pris son autonomie au cours des
temps, on lui a même constitué une biographie et c'est un véritable roman
que celui de sa vie mais c'est, je crois, faire une erreur profonde sur le myt
he que de l'interpréter à partir de ce qu'est - ou pourrait être - Héraclès et
non pas à partir de ce qu 'il fait, de ce pourquoi il existe 02).
Or, dans le cadre de ces recherches sur le héros par excellence qu'est
Héraclès 03) un domaine nous paraît particulièrement riche en ce qui con
cerne les «faits et gestes» du héros ; c'est le domaine occidental ... un domai
ne où la confrontation entre le temps historique (celui de la colonisation) et
le temps du mythe (l'avant de l'histoire) s'avère singulièrement intéressante.
Le terrain, certes n'est pas vierge 04) mais l'attention portée au culte du hé- 228 С. ANNEQUIN
ros dans les fondations grecques d'Italie, se renouvelle et si les chercheurs du
Centre J. Bérard mettent l'accent sur le temps de l'histoire G 5), nous pensons
qu'il est possible, dans le cadre du renouvellement méthodologique que con
naît la mythologie, de l'éclairer aussi en reprenant l'étude des grands mythes
occidentaux d'Héraclès : la quête des boeufs de Géryon, la quête des pom
mes d'or au pays qu'Hésiode situe déjà «au-delà de l'illustre Océan» G").
AVANT-PROPOS
«... Ainsi les dieux sont nés des larmes des hommes ; les hommes inventèrent
des mythes pour se consoler. Car les dieux étaient silence et opacité. Ils n'avaient
aucun regard pour l'étrangeté de notre condition et toute compassion pour nos
malheurs leur était étrangère. Les créatures devaient donc les contraindre à exis
ter pleinement et à se manifester ; une seule voie s'offrait à l'imagination humai
ne : leur forger une histoire pour qu'ils puissent, comme les vivants, s'engloutir
dans le temps et l'espace et être comme nous, acteurs et simultanément specta
teurs du théâtre féroce de la vie et de la mort».
Plus encore que les dieux de C. Mettra \^4, les héros expriment, dans
la mythologie grecque les difficultés de l'action humaine confrontée à l'ordre
du monde, et c'est intentionnellement que nous choisissons cette vue «poéti
que» du problème pour introduire notre réflexion — une de plus dira-t-on —
sur le mythe.
Qu'on se rassure, il ne s'agit pas de retracer ici l'histoire d'une science
des mythes dont il a beaucoup été question récemment G°), mais, à propos
des travaux occidentaux d'Héraclès G 9) de «faire le point», de préciser les
exigences méthodologiques d'une recherche confrontée depuis plusieurs an
nées aux théories, hégémoniques ou non, qui font l'histoire des religions
antiques.
La réhabilitation du mythe n'est plus à faire : il n'est plus pour personne,
cette maladie du langage et la mythologie, cette collection d'absurdités et
d'horreurs, qui, selon M. Millier «ferait frissonner le plus sauvage des peaux
rouges» (20). H n'est plus, non plus, la pensée d'une humanité dans l'enfance
incapable de produire autre chose qu'une «philosophie de nourrice» (21), et,
en ce qui concerne notre objet propre, la Grèce, on n'ose même plus écrire,
comme le faisait P. Grimai en 1968 que le Muthos s'oppose au Logos «com
me la fantaisie à la raison, la parole qui raconte à celle qui démontre» (22).
La science moderne a donc réglé leurs comptes aux théories, qui, au début
du siècle encore, «dévaluaient» le mythe comme explication fantaisiste, ou
au mieux incomplète et erronée — parce que pré-scientifique— du monde...
Elle n'est guère plus tendre d'ailleurs pour celles qui, à l'inverse le «déva- DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 229
luent» comme vision populaire tout entourée d'une gangue fabuleuse, d'un
récit historique. Et peut-être faut-il soulever là un premier problème ?
Cette attitude — que d'aucuns appellent historiciste — consiste à mett
re en lumière, comme Га fait J. Bérard pour les Nostoi, par exemple, le
substrat de réalité historique que parfois recouvrent les légendes (23). Con
venons que ramener le mythe à l'histoire c'est procéder par réduction et,
dansune très large mesure, méconnaître la spécificité du discours mythique.
Convenons encore que cette méconnaissance peut être préjudiciable au pro
jet historique lui-même. Que penser, par exemple de l'interprétation «réalis
te» que donne R. Dion des travaux d'Héraclès, imposés par Eurysthée, qui,
parce qu'il était roi et très riche n'hésitait pas à envoyer chercher jusqu'aux
extrémités du monde «ce qui pouvait être utile à l'amélioration de sa cavaler
ie, de ses troupeaux, de ses vergers» (24) ?
Accordons encore aux détracteurs d'une lecture «historicisante» que
la découverte d'une inscription hiéroglyphique gravée pour Aménophis III
et associant le nom de Nauplie aux Danaoi apparemment soumis au Pha
raon (25), n'explique pas pourquoi «les Danaïdes sont à la fois des femmes
qui fuient le mariage avec des mâles qui leur sont trop proches et des épouses
qui passent pour avoir introduit en Grèce le grand rituel du mariage, la fête
des Thesmophories» (26). Certes, pour comprendre le mythe il faut, comme
le dit M. Détienne, prendre en compte «le contexte ethnographique» et l'e
nsemble des mythes qui «comme celui des Lemniennes constitue son groupe
de transformation». Mais n'est-ce pas aller trop loin qu'affirmer que le docu
ment de 1380, parce qu'il est «un document d'histoire politique», «nepeut
rien expliquer» ?
N'est-il vraiment d'aucun intérêt ce clin d'oeil du mythe à l'histoire,
dans la région d'Argos, au XlVème s. avant notre ère et dans le cadre de ces
contacts entre Grecs et Egyptiens ? De même, les relations qu'attestent les
Nostoi entre la Grèce de l'âge du bronze et le monde méditerranéen occident
al n

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