Initiation précoce à la lecture : suggestions pratiques - article ; n°1 ; vol.23, pg 35-45

Roger Delogne

Description

Communication et langages - Année 1974 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 35-45
II y a six mois, dans le numéro 21 de cette revue, nous présentions l'ouvrage de Roger Delogne, « Apprendre à lire avant six ans », que nous considérons comme aussi documenté que stimulant.
Documenté puisque, pour la première fois en langue française, il rassemble les principales études et thèses sur ce domaine particulièrement controversé dans le milieu de l'enseignement et étudie notamment les travaux de H. Diack, W. Fowler, D. Durkin, H. Kratzmeier, G. Doman, O.K. Moore, S.T. Engelmann, M. Montessori, des groupes pédagogiques de Denver, de Grand Forks, de Glenview.
Stimulant parce qu'il s'élève contre les attitudes de sclérose, de paresse mentale et de démagogie de certains enseignants préconisant — imposant même — un enseignement standard et uniforme de la lecture. Le texte qui suit est un extrait du dernier chapitre du livre de Roger Delogne.
Dans la même rubrique, à la suite de cet article, le lecteur trouvera exposée une autre expérience pédagogique sur la lecture, en télévision cette fois, et faite en Amérique.
11 pages

Informations

• Publié par: COMMUNICATION_ET_LANGAGES
• Publié le: 01 janvier 1974
• Nombre de lectures: 14
• Langue: Français

Extrait

Roger Delogne
Initiation précoce à la lecture : suggestions pratiques
In: Communication et langages. N°23, 1974. pp. 35-45.
Résumé
II y a six mois, dans le numéro 21 de cette revue, nous présentions l'ouvrage de Roger Delogne, « Apprendre à lire avant six ans
», que nous considérons comme aussi documenté que stimulant.
Documenté puisque, pour la première fois en langue française, il rassemble les principales études et thèses sur ce domaine
particulièrement controversé dans le milieu de l'enseignement et étudie notamment les travaux de H. Diack, W. Fowler, D.
Durkin, H. Kratzmeier, G. Doman, O.K. Moore, S.T. Engelmann, M. Montessori, des groupes pédagogiques de Denver, de Grand
Forks, de Glenview.
Stimulant parce qu'il s'élève contre les attitudes de sclérose, de paresse mentale et de démagogie de certains enseignants
préconisant — imposant même — un enseignement standard et uniforme de la lecture. Le texte qui suit est un extrait du dernier
chapitre du livre de Roger Delogne.
Dans la même rubrique, à la suite de cet article, le lecteur trouvera exposée une autre expérience pédagogique sur la lecture, en
télévision cette fois, et faite en Amérique.
Citer ce document / Cite this document :
Delogne Roger. Initiation précoce à la lecture : suggestions pratiques. In: Communication et langages. N°23, 1974. pp. 35-45.
doi : 10.3406/colan.1974.4127
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1974_num_23_1_4127INITIATION PRÉCOCE A
LA LECTURE:
SUGGESTIONS
PRATIQUES
par Roger Delogne
II y a six mois, dans le numéro 21 de cette revue, nous présentions l'o
uvrage de Roger Delogne, « Apprendre à lire avant six ans ' », que nous
considérons comme aussi documenté que stimulant.
Documenté puisque, pour la première fois en langue française, il rassemble
les principales études et thèses sur ce domaine particulièrement contro
versé dans le milieu de l'enseignement et étudie notamment les travaux
de H. Diack, W. Fowler, D. Durkin, H. Kratzmeier, G. Doman, O.K. Moore,
S.T. Engelmann, M. Montessori, des groupes pédagogiques de Denver, de
Grand Forks, de Glenview.
Stimulant parce qu'il s'élève contre les attitudes de sclérose, de paresse
mentale et de démagogie de certains enseignants préconisant — impo
sant même — un enseignement standard et uniforme de la lecture.
Le texte qui suit est un extrait du dernier chapitre du livre de Roger
Delogne.
Dans la même rubrique, à la suite de cet article, le lecteur trouvera exposée
une autre expérience pédagogique sur la lecture, en télévision cette fois,
et faite en Amérique.
Emettre des suggestions concernant l'initiation précoce à la
lecture est une tâche aisée, délicate et utile.
Aisée, dans la mesure où de nombreuses observations concer
nant les réactions de très jeunes enfants à qui l'on apprend
à lire, ainsi que les considérations générales qui ont été faites.
Délicate, au sens où la description d'un programme structuré
risquerait, d'une part, de limiter l'initiative d'expérimentateurs
éventuels et, d'autre part, de donner un reflet partiel et scien
tifiquement incomplet du potentiel de développement des tout-
petits.
Utile, parce que des conseils1 pratiques permettent parfois d'évi
ter des applications saugrenues1 de conceptions pédagogiques
nouvelles qui dérangent profondément les habitudes mentales.
Avant de formuler quelques réflexions à ce sujet, il semble
indispensable de souligner que chaque programme d'apprentis
sage qui s'adresserait à des tout-petits devrait s'accompagner
1. R. Delogne : Apprendre à lire avant six ans (Bruxelles, Editions de l'uni
versité de Bruxelles, 1973, 320 F.B.) Initiation précoce à la lecture
d'un changement d'attitude à l'égard de leurs capacités. Bien
que celles-ci ne soient pas encore entièrement décrites, nous
devons avoir confiance en elles. La recherche et la pratique
détermineront alors sans démagogie les progrès que l'on peut
espérer ainsi que les facteurs d'adaptation et d'efficacité.
LA PREPARATION A L'APPRENTISSAGE
Développer quelques considérations sur ce thème est plus
sécurisant parce que cette notion se localise dans un territoire
d'investigation bien mieux connu (encore que cela n'implique
pas une absence de controverse). Nous encourageons trois1
espèces d'applications.
1) La première voie relève de la pédagogie familiale. Les
parents prennent l'initiative de développer la capacité de lec
ture dès le plus jeune âge.
2) L'école maternelle prend les précautions indispensables et
étudie systématiquement les effets d'une initiation précoce en
lecture. Elle devient l'école « des langages ». Elle établit néces1-
sairement une collaboration étroite avec la famille.
3) Compe tenu de la réalité pédagogique, l'école maternelle
introduit parmi ses activités un programme de préparation à
l'apprentissage de la lecture.
Les deux premières voies postulent le profond changement
de mentalité des parents et des enseignants à l'égard des
capacités des très jeunes enfants. Elles sont foncièrement
novatrices et s'inscrivent dans un contexte de recherche. Elles
s'embarrassent peu ou prou de la réalité scolaire actuelle et
elles présentent un caractère prospectif.
La troisième voie est solidement accrochée à la terre, elle
propose de tracer un sillon que tout le monde ne souhaite pas
encore voir apparaître.
APPRENTISSAGE PRECOCE DANS LA FAMILLE
II nous semble essentiel d'établir une restriction initiale et
de proposer cet apprentissage uniquement aux parents qui sont
à la fois disponibles et soucieux de créer un climat éducatif
détendu et joyeux.
Quelle méthode convient le mieux aux tout-petits ? On ne
peut s'empêcher d'évoquer la querelle des méthodes d'appren
tissage de la lecture à laquelle nous avons assisté ces der
nières années1 à l'école primaire. Il semble que la méthode
ne devrait jamais constituer l'élément central de l'apprentis
sage. Il est plus important que l'instruction suscite l'intérêt,
l'activité et qu'elle entraîne des habitudes de succès. Si, en
outre, les buts sont clairement établis et que la progression Pédagogie 37
est raisonnable, chacun pourra sans crainte faire preuve d'ini
tiative selon sa propre ingéniosité et sa propre intuition sans
être limité par un modèle méthodologique de base. Les quelques
suggestions qui suivent résultent également de l'expérience
acquise avec notre fils qui, à l'âge de vingt-deux mois, pos
sède un vocabulaire de lecture d'environ 40 mots.
Les aspects affectifs et ludiques
Ils sont d'importance primordiale chez les' tout-petits. Il faut
donc éviter de présenter le matériel de lecture de manière
formelle, scolaire ou autoritaire. Les' fantaisies souhaitables
sont celles qui plaisent à l'enfant dans d'autres circonstances.
Les parents doivent donc adapter le mode de présentation en
fonction de leurs propres' capacités à amuser et à détendre
leur enfant.
Nous voudrions encore décourager les parents qui ne pour
raient respecter le rythme d'assimilation de leur enfant. Les
risques de forçage existent tout comme ils existent à des âges
ultérieurs. Le apparaît dès que les1 exigences du milieu
éducatif dépassent en intensité et en qualité les comportements
que l'enfant est capable d'adopter. C'est pour cette raison qu'au
début il est souhaitable de ne pas accompagner les présen
tations des symboles' écrits d'une demande de réponse. Pro
gressivement, les mots s'inscriront dans le système nerveux
de l'enfant de la même manière qu'ils s'y inscrivent durant
la période de formation du langage oral. Il sera alors capable
de les reconnaître parmi d'autres1 puis de les identifier. On
lui présentera d'abord un vocabulaire réduit à la cellule famil
iale. On l'étendra petit à petit en tenant compte de sa faculté
d'assimilation.
Le moment de la présentation des mots revêt également quel
que importance. Les activités d