Jérôme Vignier (1606-1661), critique et faussaire janséniste ? - article ; n°2 ; vol.156, pg 451-479
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Jérôme Vignier (1606-1661), critique et faussaire janséniste ? - article ; n°2 ; vol.156, pg 451-479

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1998 - Volume 156 - Numéro 2 - Pages 451-479
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Louis Quantin
Jérôme Vignier (1606-1661), critique et faussaire janséniste ?
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1998, tome 156, livraison 2. pp. 451-479.
Citer ce document / Cite this document :
Quantin Jean-Louis. Jérôme Vignier (1606-1661), critique et faussaire janséniste ?. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1998, tome 156, livraison 2. pp. 451-479.
doi : 10.3406/bec.1998.450931
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1998_num_156_2_450931Résumé
L'oratorien Jérôme Vignier, éditeur en 1654 d'un important recueil d'inédits de saint Augustin, le
Supplementum augustininum est aussi l'auteur d'une série de faux, démasqués en 1885. La plupart de
ceux-ci n'avaient vu le jour qu'après sa mort, dans le Spicilegium de d'Achery (1661). Cette
circonstance, jointe aux obscurités de la vie et de la personnalité de J. Vignier, explique que son
entreprise ait pu être alternativement interprétée comme anti-janséniste ou comme janséniste. C' est
bien, en fait, au jansénisme qu'il convient de le rattacher, à la fois comme faussaire et comme critique.
Son faux colloque de Lyon, fabriqué en prenant pour modèle la Vita de Fulgence de Ruspe, enseigne la
doctrine augustinienne la plus stricte et fait allusion, en outre, au combat de Port-Royal. La préface du
Supplementum reprend, discrètement mais clairement, la position des défenseurs de Jansénius face au
pape et condamne la polémique anti-janséniste que pratiquaient alors les jésuites.
Zusammenfassung
Der Oratorianer Jérôme Vignier, Herausgeber emer wichtigen Sammlung zuvor nicht edierter Texte von
Augustinus (Supplementum Augustininum, 1654) ist auch der Verfasser einer Reihe von Fälschungen,
die 1885 als solche erkannt wurden. Der Großteil dieser Fälschungen erschien postum im Spicilegium
von d'Achery 1661), was zusammen mit den Ungewißheiten über Leben und Person des Jean Vignier
zu gänzlich gegensätzlichen Deutungen seines Machwerks — als jansenistisch oder anti-jansenistisch
— führte. Tatsächlich muß Vignier als Fälscher und auch als Kritiker dem Jansemsmus zugerechnet
werden. Sein gefälschtes « Lyoner Kolloquium », für das er die Vita des Fulgence de Ruspe zur Vorlage
nahm, lehrt reinste augustinische Doktrin und erwähnt u.a den Widerstandspol Port Royal. Das Vorwort
des Supplementum greift zwischen den Zeilen sehr deutlich die der päpstlichen entgegengesetzte
Jansenistische Position auf und verdammt die zeitgenössische anti-jansenistische Polemik der
Jesuiten.
Abstract
The Oratorian Jérôme Vignier, who in 1654 edited the Supplementum Augustininum, conspicuous
collection of unpublished writings by saint Augustine, also produced a whole series of forgeries, which
were exposed in 1885. It was only after Vignier died that most of these came to light, in Dom d'Achery's
Spicilegium (1661). This circumstance, together with the the uncertainties concerning Vignier's life and
character, explain why his enterprise has been alternately described as pro or anti-Jansenist. The
evidence is that he must indeed be tied back to Jansenism, both as forger and critic. The alleged Lyons
colloquy, which he forged on the basis of the Vita of Fulgentius of Ruspina, teaches the strictest
Augustinian doctrine, and, moreover, hints at the struggle of Port-Royal. The preface to the
Supplementum discreetly but clearly adopts the same position as the supporters of Jansenius against
the papacy, and reproves the anti-Jansenist controversy led by the Jesuits.Bibliothèque de l'École des chartes, t. 156, 1998, p. 451-479.
JÉRÔME VIGNIER
(1606-1661)
CRITIQUE ET FAUSSAIRE JANSÉNISTE ?
par
Jean-Louis QUANTIN
L'histoire est bien connue : en 1661, Dom Luc d'Achery publiait dans
le cinquième tome de son Spicilegium neuf pièces inédites (le testament
et l'épitaphe de Perpétue, évêque de Tours, le colloque de Lyon de 499,
le diplôme de fondation par Clovis de l'abbaye de Saint-Mesmin de Micy,
et cinq lettres de papes et d'évêques de la fin du Ve siècle) d'après les
papiers de son savant ami, récemment disparu, l'oratorien Jérôme Vignier,
dont il avait eu communication par le frère du défunt1. Vignier
n'avait pas donné ses découvertes de son vivant, car il les destinait à une
grande Histoire de l'Eglise gallicane et de ses évêques, avec d'autres inédits
considérables qu'il avait annoncés mais qui, ceux-là, ne se retrouvèrent pas
dans ses papiers2. Pendant deux siècles, les documents ainsi recueillis
1. Veterum aliquot scriptorum qui in Galliae bibliothecis, maxime Benedictinorum, la-
tuerant, Spicilegium, tomus quintus, opera et studio Domni Lucae Dacherii, e congregatione
S. Mauri monachi benedictini, Paris, 1661, respectivement p. 105-109, 110-116, 303-304,
578-583. Sur d'Achery et son Spicilegium, remarques générales dans Jeannine Fohlen, Dom
Luc d'Achery (1609-1685) et les débuts de l'érudition mauriste, Revue Mabillon, t. 55,
1965, p. 149-175; t. 56, 1966, p. 1-30 et 73-98; et t. 57, 1967, p. 17-41 et 56-156.
— Je tiens à exprimer toute ma gratitude à Irena Backus et à Pierre Petitmengin pour leurs
riches suggestions.
2. Voir la préface de L. d'Achery, Spicilegium..., t. V, p. 11-12 : « Eruerat jam pridem
v. c. Hieronymus Vignerius, ac Historiae ecclesiasticae, sive episcoporum orbis gallici intexue-
rat, unacum optimae notae veteris aevi scriptis (...), quorum pleraque apud se servabat auto-
grapha, vel apographa antiqua manu exarata (...). Varia summo labore elucubravit opera,
videlicet (...) Historiam Ecclesiae gallicanae, uti superius indicavi; in quibus texendis mul-
tum studii vigiliarumque pluribus annis insumpserat ; idcirco Galliam prope universam, Lotha-
ringiam, Alsatiam peragrarat. Sed, proh dolor !, postquam morte abreptus est, nescio quis
illius gloriae, immo literariae utilitati invidens, clam inscio herede surripuit omnia. » Cette
notice sur Vignier est tirée d'un mémoire de la main de son frère Benjamin, conservé parmi
les papiers de d'Achery (Bibl. nat. de Fr., fr. 17685, fol. 143-144). Sur la recherche infruc
tueuse des découvertes manquantes de Jérôme Vignier et sur les accusations de détourne-
Jean-Louis Quantin, maître de conférences à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-
Yvelines, U.F.R. des sciences sociales et des humanités, 47 boulevard Vauban, F-78047
Guyancourt Cedex. JEAN-LOUIS QUANTIN B.É.C. 1998 452
furent unanimement tenus pour sincères, célébrés même, parfois, par
critiques et théologiens comme de précieux vestiges de la sainte antiquité.
En 1885, le jeune Julien Havet y dénonçait pourtant, ainsi que dans un
fragment d'une Vita de sainte Odile publié par Vignier en 1649 et qui con
tenait une généalogie de la maison de Lorraine3, un ensemble de faux,
dont le coupable ne pouvait être que l'oratorien lui-même 4 : à en juger par
les sources qu'elles mettaient en œuvre, les pièces du Spicilegium avaient
dû être composées entre 1656 et la mort de Vignier en 1661 5. D'autres
« découvertes » explicitement effectuées par ou qui lui étaient attri-
buables tombèrent dans la foulée : une Genealogia sancti Arnulfi repro
duite par Dominicy en 1648 6; l'épître de Théonas à Lucien publiée par
d'Achery, encore une fois trompé, en 1675 7; des fragments du Contra
Faustum de Fulgence de Ruspe8. Le verdict n'a plus, depuis lors, été
ment lancées alors par son frère contre les oratoriens, voir les lettres adressées à d'Achery
par Benjamin (1er septembre 1662, Bibl. nat. de Fr., fr. 17685, fol. 128-129), et par le
Père Abel-Louis de Sainte-Marthe, supérieur de l'Oratoire de Saint-Magloire (25 octobre
[1662], ibid., fol. 130-131).
3. [J. Vignier), La véritable origine des très illustres maisons d'Alsace, de Lorraine, d'Aus-
triche, de Bade, et de quantité d'autres, avec les tables généalogiques de descentes desdites
maisons, et des branches qui en sont sorties depuis l'an de Jésus Christ six cens jusques à pré
sent, le tout vérifié par tiltres, chartres, monuments et histoires authentiques, Paris, 1649,
p. 63 (« ex veteri codice ms omni fere ex parte mutilo et quam pessime habito, in quo, inter
plura alia, pauca quaedam sed perantiqua vitae B. Odiliae fragmenta se obtulerunt, quae
ipse exscrispsi »).
4. J. Havet, Questions mérovingiennes, II, Les découvertes de Jérôme Vignier, dans Biblio
thèque de l'Ecole des chartes, t. 46, 1885, p. 205-271 [repr. dans Œuvres de Julien Havet,
Paris, 1896, t. I, p. 19-81].
5. Ibid

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