L agressivité humaine - article ; n°1 ; vol.14, pg 18-25
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L'agressivité humaine - article ; n°1 ; vol.14, pg 18-25

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Description

Les Cahiers du GRIF - Année 1976 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 18-25
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 80
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Odette Thibault
L'agressivité humaine
In: Les Cahiers du GRIF, N. 14-15, 1976. Violence. pp. 18-25.
Citer ce document / Cite this document :
Thibault Odette. L'agressivité humaine. In: Les Cahiers du GRIF, N. 14-15, 1976. Violence. pp. 18-25.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/grif_0770-6081_1976_num_14_1_1115l'agressivité humaine
environ 20.000 hommes en France) elle passe à 2 ou 3 % Le problème de l'agressivité est un problème import
parmi les délinquants. La validité de ces données a d'ailant, puisqu'il touche à la vie, à la mort, et concerne les
rapports humains. Nous verrons qu'elle a des aspects leurs été mise en doute.
positifs et négatifs. Mais arrêtons-nous un instant à ses
fondements biologiques. , . Bases physiologiques t
1) Les centres nerveux : Les fondements biologiques de l'agressivité :
L'agressivité fait partie des pulsions primaires, qui L'agressivité fait partie de notre équipement instinct ont leur siège dans les « vieux cerveaux » que nous avons
if, de notre bagage inné. Elle a des bases génétiques, en commun avec les reptiles (hypothalamus) et les mammhormonales et nerveuses. ifères primitifs (rhinencéphale) auxquels sont venus se
superposer au cours de l'évolution des couches cérébrales
Base génétique t supérieures (cortex, et néo-cortex chez l'homme)*
L'agressivité fait partie de notre programme géné L'agressivité, avec les autres conduites primitives
tique. La preuve de ses bases génétiques, c'est qu'on peut (fuite, lutte, accouplement) aurait son siège dans l'hypo
obtenir par sélection et croisement chez l'animal des thalamus. Mais d'autres couches sous-corticales sont
souches agressives ou non-agressives. Il y a des races de impliquées : le système limbique, dont une partie est
Rats dits « tueurs », plus agressifs que d'autres. En appelée rhinencéphale, et qui est le siège des réactions
est-il de même dans l'espèce humaine ? C'est bien diffi émotionnelles. Notons que les différentes régions du sys
cile à dire, étant donné qu'il n'y a plus de « races pures » tème nerveux central sont en liaison les unes avec les
chez l'Homme; on a remarqué que certaines populations autres par des circuits très complexes.
semblaient avoir un potentiel agressif plus fort : par L'expérimentation chez l'animal a montré que la stexemple, le taux des homicides est 8 fois plus élevé imulation de certaines régions de l'hypothalamus, chez le aux USA qu'en Angleterre, 4 fois plus élevé qu'au Japon, Chat ou le Rat pacifique, déclenche des réactions agressen Australie ou au Canada; mais ceci peut être dû à ives. L'ablation d'une des régions du système limbique des facteurs culturels, dont nous verrons l'importance d'amygdale) rend doux un animal agressif. Inversement, plus loin. la stimulation électrique de cette même région augmente
La base génétique peut expliquer les différences entre l'agressivité. Grâce à des électrodes implantées dans le
les individus : à l'intérieur de la même espèce, du même système limbique, Delgado, chez le Singe, a montré que
groupe ethnique, du même sexe, de la même famille, il la stimulation de certaines aires inhibe l'agressivité et fait
y a des individus plus agressifs que d'autres. redescendre les dominants dans la hiérarchie (quand le
stimulateur est laissé dans la cage, un singe intelligent En ce qui concerne le sexe, il est indiscutable qu'en a trouvé le moyen de l'actionner pour déprimer l'agresgénéral et dans presque toutes les espèces, c'est le sexe sivité du dominant à son profit). Par cette stimulation à mâle qui est le plus agressif. v distance, on a pu empêcher un taureau furieux de charger
L'agressivité est-elle liée au chromosome Y ? Indi sur l'expérimentateur.
rectement, oui, dans la mesure où c'est le chromosome Y Les observations faites chez les malades mentaux, et qui détermine la différenciation de la gonade primitive une certaine expérimentation dans un but thérapeutique a en testicule qui secrète de la testosterone, elle-même st confirmé l'existence de circuits de l'agressivité et a permis imulante de l'agressivité; mais directement ? Certaines de les localiser : l'enregistrement des ondes encephaldonnées statistiques ont pu faire penser que les porteurs ographies au cours des crises violentes chez certains d'un double chromosome Y étaient plus agressifs (la épileptiques a permis de montrer qu'elles s'accompagnent trisomie XYY est une trisomie des chromosomes sexuels de c pics » d'ondes électro-encéphalographiques proveanodine et ne donnant lieu à aucun symptôme visible). nant des régions de l'amygdale et de l'hippocampe. Chez On a remarqué que la fréquence du double chromosome les malades mentaux agressifs, la section de l'hypothalaY est plus élevée parmi les criminels et les fous danger mus postérieur déprime l'agressivité. Inversement, chez eux. Cela ne veut pas dire que tous les criminels sont des femmes douces, la stimulation de l'amygdale augporteurs de YY, ni que tous les porteurs de YY sont des mente l'agressivité. Lebeau recommandait l'ablation du criminels (le risque pour un porteur de double Y de singulum chez certains sujets jugés dangereux. devenir délinquant semble inférieur à 1 %); cela veut
dire simplement que la fréquence est plus élevée; elle Mais le fonctionnement des structures nerveuses qui
serait, par exemple, 9 fois plus élevée dans la population commandent le comportement dépend lui-même de deux
des hôpitaux psychiatriques; alors qu'elle est normale sortes de facteurs chimiques : les hormones circulantes,
ment de 1 pour 1.000 dans la population normale (soit et les médiateurs du cerveau.
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. . Les facteurs hormonaux : .: L'agressivité a donc des bases physiologiques certai2)
nes. Sécrétées par les glandes endocrines, les hormones
Mais il n'y a pas que des facteurs endogènes; il faut passent dans la circulation et vont imprégner les centres
tenir compte également de l'influence des facteurs exonerveux qui commandent le comportement; elles le déter
gènes : l'environnement et les circonstances, même chez minent donc en partie.
l'animal. Comme le souligne Karli, bon nombre de conEn ce qui concerne les hormones sexuelles, il est dé duites agressives ne sont pas innées, mais instrumentales montré que les hormones mâles (testosterone) sont une (soit pour obtenir quelque chose de gratifiant, soit pour des bases de l'agressivité. Chez l'animal, l'expérience a se défendre contre de déplaisant) et même montré qu'un mâle castré perd une partie de son agress apprises, comme l'ont montré certaines expériences chez ivité. Dans l'espèce humaine, les actes de violence et le rat : si on stimule électriquement la zone du système en particulier les crimes sexuels sont beaucoup plus nerveux qu'on appelle c faisceau de la récompense » lorsfréquents dans le sexe masculin; inversement, chez les que l'animal a des velléités d'agression, il associe rapidecriminels sexuels, la castration pratiquée sur demande, ment l'agressivité au plaisir, et il devient plus agressif, ou le traitement par l'acétate de cyprotérone (inhibiteur parce que est devenue c payante ». Plus simde la testosterone) diminuent fortement l'impulsion cr plement : si on donne une friandise à l'animal quand il iminelle. manifeste de l'agressivité envers un partenaire, il apprend
Ceci ne veut pas dire que les femmes sont dépour à manifester de l'agressivité en vue d'obtenir la friandise.
vues d'agressivité. Non seulement il y a chez elles une C'est le principe des conditionnement de type pavlovien
certaine quantité d'hormones mâles sécrétées par l'ovaire et il ne faut pas oublier que la méthode c punition-
et par les surrénales, mais il y a d'autres hormones non- récompense » est une méthode fort utilisée chez l'homme
sexuelles à la base de l'agressivité, et en particulier des en matière d'éducation !
hormones surrénaliennes : On a montré que des déchar On entrevoit là l'influence importante des conditionges d'adrénaline accompagnent la colère, et Witt a nements et des facteurs de l'environnement dans les conobservé, chez le taureau, une augmentation du poids des duites agressives; nous y reviendrons plus loin. , surrénales au moment des luttes de domination. Le psy
cho-physiologiste Montagner, qui étudie le comportement A quoi sert l'agressivité? ' des jeunes enfants en classes de Maternelle, a établi les
courbes des sécrétions surrénaliennes; il a observé, chez Puisque l'agressivité fait partie du bagage instinctif,
les enfants paisibles (et apaisants pour les autres) des taux on peut se demander à quoi elle sert ? Et nous sommes
urinaires faib

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