L anglicanisme est-il une force politique en Grande-Bretagne ? - article ; n°4 ; vol.19, pg 807-831
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Revue française de science politique - Année 1969 - Volume 19 - Numéro 4 - Pages 807-831
Is anglicanism a political force in Great-Britain? by Guy Bedouelle Over half the inhabitants of England are baptized into the Anglican Church - the official Church of Great Britain - but those who practise their religion are a minority. Twenty-six bishops sit in the House of Lords. The Bishops' bench usually advises rather than votes and has no definite political line. The bishops tend to follow a liberal, social or humanitarian line. Since 1848, when bishops and priests of the official Church really appeared interested in social problems, there have been several attempts at Christian socialism. But no strong, coherent doctrine, based on economic realities has been elaborated. As a political movement of Anglican inspiration, Christian socialism has failed, it has also failed as a specifically Christian movement. Its identification with the middle-class voter, its taste for liberal traditionalism, its middle-of-the-road conservatism, its belief in pragmatic toleration and its incarnation as a national institution have made of anglicanism an element of unity.
L'anglicisme est-il une force politique en Grande-Bretagne ? par Guy Bedouelle Plus de la moitié des habitants de l'Angleterre sont baptisés dans l'anglicanisme, religion officielle de la Grande-Bretagne, mais les pratiquants sont une minorité. Vingt-six évêques siègent à la Chambre des lords. Mais généralement le Banc des évêques donne des avis plus qu'il n'exprime des votes et il ne reflète pas de ligne politique très précise. Les évêques ont tendance à prendre position dans le sens le plus libéral, social ou humanitaire. Depuis 1848, date à laquelle des évêques et des prêtres de l'Eglise officielle paraissent s'intéresser vraiment aux problèmes sociaux, les tentatives de socialisme chrétien se succèdent. Mais le socialisme chrétien n'a pas su engendrer de doctrine ferme, suffisamment structurée et élaborée, s'appuyant sur une analyse des réalités économiques. Comme mouvement politique anglican, le socialisme chrétien a échoué ; comme mouvement spécifiquement chrétien aussi. A l'inverse, son inspiration demeure vivante chez un grand nombre de travaillistes, son influence modératrice également. Par son identification avec l'électorat middle-class, par son goût pour un traditionalisme libéral, un conservatisme sans extrémisme, par sa tolérance teintée de pragmatisme, par son incarnation dans une institution nationale, l'anglicanisme est un élément d'union.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Guy Bedouelle
L'anglicanisme est-il une force politique en Grande-Bretagne ?
In: Revue française de science politique, 19e année, n°4, 1969. pp. 807-831.
Citer ce document / Cite this document :
Bedouelle Guy. L'anglicanisme est-il une force politique en Grande-Bretagne ?. In: Revue française de science politique, 19e
année, n°4, 1969. pp. 807-831.
doi : 10.3406/rfsp.1969.393182
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1969_num_19_4_393182Résumé
L'anglicisme est-il une force politique en Grande-Bretagne ? par Guy Bedouelle
Plus de la moitié des habitants de l'Angleterre sont baptisés dans l'anglicanisme, religion officielle de la
Grande-Bretagne, mais les pratiquants sont une minorité. Vingt-six évêques siègent à la Chambre des
lords. Mais généralement le "Banc des évêques" donne des avis plus qu'il n'exprime des votes et il ne
reflète pas de ligne politique très précise. Les évêques ont tendance à prendre position dans le sens le
plus libéral, social ou humanitaire. Depuis 1848, date à laquelle des évêques et des prêtres de l'Eglise
officielle paraissent s'intéresser vraiment aux problèmes sociaux, les tentatives de socialisme chrétien
se succèdent. Mais le socialisme chrétien n'a pas su engendrer de doctrine ferme, suffisamment
structurée et élaborée, s'appuyant sur une analyse des réalités économiques. Comme mouvement
politique anglican, le socialisme chrétien a échoué ; comme mouvement spécifiquement chrétien aussi.
A l'inverse, son inspiration demeure vivante chez un grand nombre de travaillistes, son influence
modératrice également. Par son identification avec l'électorat "middle-class", par son goût pour un
traditionalisme libéral, un conservatisme sans extrémisme, par sa tolérance teintée de pragmatisme,
par son incarnation dans une institution nationale, l'anglicanisme est un élément d'union.
Abstract
Is anglicanism a political force in Great-Britain? by Guy Bedouelle
Over half the inhabitants of England are baptized into the Anglican Church - the official Church of Great
Britain - but those who practise their religion are a minority. Twenty-six bishops sit in the House of
Lords. The Bishops' bench usually advises rather than votes and has no definite political line. The
bishops tend to follow a liberal, social or humanitarian line. Since 1848, when bishops and priests of the
official Church really appeared interested in social problems, there have been several attempts at
Christian socialism. But no strong, coherent doctrine, based on economic realities has been elaborated.
As a political movement of Anglican inspiration, Christian socialism has failed, it has also failed as a
specifically Christian movement. Its identification with the "middle-class" voter, its taste for liberal
traditionalism, its middle-of-the-road conservatism, its belief in pragmatic toleration and its incarnation
as a national institution have made of anglicanism an element of unity.L'ANGLICANISME EST-IL UNE FORCE
POLITIQUE EN GRANDE-BRETAGNE ?
GUY BEDOUELLE
« Les Anglais forment un peuple naturelle
ment religieux. La religion est rarement parmi
eux une passion qui crée l'enthousiasme, mais
c'est un sentiment profond qui résiste long
temps et ne lâche que très difficilement
prise... Le peuple anglais est plus sérieux que
le nôtre et les caractères sérieux sont plus
portés aux idées religieuses que les autres. »
A. DE TOCQUEV[LLE !
Ala différence de nombreux pays d'Europe, la Grande-
Bretagne n'a jamais connu d'anticléricalisme violent ou de
laïcisation de l'Etat. Elle possède pourtant une religion
officielle, l'anglicanisme, et, au cours de son histoire, religion et
politique ont été singulièrement mêlées puisque, pendant près de deux
siècles, catholiques et partisans plus ou moins extrêmes de la Réforme
se sont violemment opposés.
La situation actuelle de la Grande-Bretagne présente deux traits
hérités du xviiic et du xixc siècle : un large pluralisme confessionnel
et un phénomène de sécularisation et d'indifférence religieuse. La
figure centrale reste l'Eglise d'Angleterre, Eglise nationale, juridique
ment « établie ». Plus de la moitié des habitants de l'Angleterre
(vingt-sept millions et demi) sont baptisés dans l'anglicanisme. Au
Pays de Galles et en Ecosse, l'Eglise anglicane est en minorité et
n'est pas « établie ». Sur une population qui, pour l'Angleterre et
le Pays de Galles, comptait en 1966 quarante-huit millions de per
sonnes, les catholiques étaient quatre millions ; les Eglises dites
!.. Tocqueville (A. de), Œuvres complètes éditées par J.P. Mayer, tome 5.
Paris.. Gallimard, 1958, pp. 24, 35.
807 Bedouelle Guy
« libres », avec les sectes, avaient plus d'un million et demi de
membres. L'attachement à telle ou telle Eglise peut néanmoins être
purement formel ou inexistant une fois atteint l'âge adulte. Les études
d'histoire et de sociologie religieuse décrivent un phénomène de sé
cularisation, avant même l'avènement de la Révolution industrielle,
et elles ne divergent que pour en évaluer l'ampleur.
L'« établissement » de l'Eglise d'Angleterre semble en apparente
contradiction avec cette indifférence généralisée et avec la diversité
confessionnelle. Son statut officiel, qui lui accorde des droits et des
privilèges garantis par l'Etat en échange de certaines obligations à
l'égard des pouvoirs publics, a été peu modifié depuis le xvie siècle
mais l'esprit en a été profondément changé. Peut-on encore parler
d'influence de l'Eglise anglicane sur l'Etat britannique ? Etudier les
différents rouages prévus par le statut d'établissement ne saurait
suffire à donner une réponse exacte. L'influence de l'anglicanisme,
pour employer un terme plus large dépassant la seule institution que
représente une Eglise, n'est certainement pas limitée à ses contacts
officiels avec l'Etat : de part et d'autre, on tend actuellement à user
de la plus grande discrétion possible. L'action de l'anglicanisme est
réelle, mais diffuse et peu explicite.
Nous tenterons d'abord de préciser la place de
dans la vie politique contemporaine, puis nous retracerons diverses
tentatives d'un socialisme chrétien qui sont une illustration peu
connue mais significative des rapports entre l'anglicanisme et la
société politique ; dans ce courant de pensée qui s'est poursuivi
jusqu'à maintenant avec des fortunes diverses, on retrouvera l'orien
tation générale que nous croyons discerner : une contribution de
l'anglicanisme à la modération et à la cohésion de la société poli
tique.
LE MILIEU ANGLICAN
La distinction entre pratiquants et non-pratiquants, entre les
fidèles attachés aux mœurs, aux traditions et à l'enseignement de
leur Eglise, et ceux qui, affiliés seulement par convenance ou convent
ion sociale, ne peuvent guère être influencés dans le domaine poli
tique, n'est pas aisée à discerner dans l'anglicanisme. En 1964, pour
une population de 44 893 230 habitants en Angleterre, c'est-à-dire
dans les provinces ecclésiastiques de York et de Canterbury, il y force politique ? L'anglicanisme,
avait 27 500 000 anglicans baptisés. Parmi eux, 9 730 000 confir
més de plus de treize ans, soit environ 35 % du nombre des baptisés.
La confirmation paraît être le dernier acte de la fidélité religieuse
de l'enfant que les parents ont tenu — fait caractéristique — à ins
truire de la religion. Elle marque le passage à l'âge adulte mais
aussi l'abandon d'une pratique religieuse régulière 2. En effet, pour
la communion pascale, que le Livre de prière commune réclame de
tout anglican une fois par an, les statistiques traduisent ce fait : les
pratiquants sont une minorité. En 1964, 2 141 750 personnes avaient
assisté au service de communion le dimanche de Pâques ou la semaine
suivante, soit moins de 10 °o des baptisés et environ 6 % de la
population de l'Angleterre. Pour l'inscription au rôle électoral paroiss
ial, acte qui peut témoigner du désir d'avoir une certaine responsab
ilité dans l'Eglise locale, on trouve un chiffre à peine plus élevé :
2 739 023 personnes.
Ainsi les f

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