L École française d Athènes et la préhistoire/protohistoire du monde égéen - article ; n°1 ; vol.120, pg 407-439
34 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'École française d'Athènes et la préhistoire/protohistoire du monde égéen - article ; n°1 ; vol.120, pg 407-439

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
34 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1996 - Volume 120 - Numéro 1 - Pages 407-439
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

René Treuil
L'École française d'Athènes et la préhistoire/protohistoire du
monde égéen
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 120, livraison 1, 1996. pp. 407-439.
Citer ce document / Cite this document :
Treuil René. L'École française d'Athènes et la préhistoire/protohistoire du monde égéen. In: Bulletin de correspondance
hellénique. Volume 120, livraison 1, 1996. pp. 407-439.
doi : 10.3406/bch.1996.4607
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1996_num_120_1_4607407 BCH 120(1996) /
L 'Ecole française d'Athènes et
L· préhistoire I protohistoire
du monde égéen*
(Albert «Toutes promettent DUMONT, à ceux les qui recherches des RA les résultats entreprendront» [1867], de cet précieux p. ordre 359)
Parmi toutes les institutions qui contribuent aux recherches préhistoriques et
protohistoriques dans le monde égéen, l'École française d'Athènes n'a longtemps occupé
qu'une place relativement modeste. Elle est pourtant en train de revenir, aujourd'hui,
sur le devant de la scène, et l'un des signes de ce changement est probablement le besoin
qui s'est fait sentir d'établir, pour son Cent cinquantenaire, une sorte de bilan de son
œuvre dans le domaine.
Après un départ brillant, dans une institution alors en avance sur son temps, la
recherche préhistorique et protohistorique à l'École s'est caractérisée bien vite, en effet, par
une série d'échecs douloureux et surtout par une longue période d'isolement et d'aveugle
ment, jusqu'à ce que s'amorce enfin un redressement lent et progressif, qui aujourd'hui est
bien avancé, mais ne peut pas être considéré comme achevé. Lentement, plus lentement
qu'ailleurs, donc trop lentement, on est passé ainsi de la préhistoire inconsciente à la pré
histoire consciente, enfin à la préhistoire affirmée.
Il ne peut pas être question, pour autant, de condamner le passé : ce serait succomb
er à la tentation simpliste de l'anachronisme. Il s'agit bien plutôt de le remettre dans son
contexte, c'est-à-dire de le comprendre et de faire œuvre, autant que possible, d'historien.
Les grandes fouilles et les principales publications sont bien connues. Nous avons
pourtant découvert en dehors d'elles une richesse et une diversité insoupçonnées, tout un
capital largement sous-estimé d'entreprises pas toujours mineures2, qui nous a largement
récompensé de nos efforts.
RENÉ TREUIL — L'EFA ET LA PRÉHISTOIRE/PROTOHISTOIRE DU MONDE ÉGÉEN CENT CINQUANTENAIRE EFA 408
II était à coup sûr important de marquer l'ordre chronologique du début des tr
avaux de l'École sur chaque site, mais il y avait là, en raison même du mode de fonctionne
ment de celle-ci, le risque d'une fragmentation excessive des faits. C'est pourquoi nous
avons ajouté au même endroit, lorsqu'il y avait lieu, la mention des travaux antérieurs,
ainsi que celle, surtout, des publications et mises au point ultérieures : ainsi espérons-nous
avoir rendu plus clairs, dans plusieurs cas, les résultats obtenus. Les références, sélectives,
n'ont concerné les Chroniques du BCHque là où il n'existait rien d'autre ; partout ailleurs,
elles ont été limitées, dans toute la mesure du possible, aux titres des publications défini
tives ou partielles, chaque fois que celles-ci existaient. Dans tous les cas, on n'a recherché
l'exhaustivité que dans les publications de l'École.
/. Les premiers pas (1846-1875)
carte ι Knossos. n'a guère massifs (cf. séjournent pas ci-dessous, de L'École laissé de la Il brique en pratiquer. est de Crète. p. vrai nouvellement ruines 41 »4. qu'il 1). Mais Ils En » s'intéressent et en 1857, il l'on changera rapporte créée ne pourtant, trouve commence avant des complètement impressions à tout deux Makryticho aux par de ses antiquités mépriser d'avis plutôt membres, que après « négatives l'archéologie quelques classiques, la G. fouille Perrot : informes pour mais de et et Kalokairinos lui, ne Perrot L. se débris Thenon, « Cnosse soucie visite de
La période suivante, à partir de 1867, est dominée par les figures d'A. Dumont et
de H. Gorceix, qui témoignent d'un changement radical d'état d'esprit. Le premier, qui est
alors membre de l'École, s'intéresse activement à la préhistoire, recherche les astropélékia?
en Eubée, publie des vases de Thérasia et les premières collections d'outils préhistoriques
de Grèce, s'intéresse au mycénien, propose — déjà — un bilan par périodes et rédige en
tout cinq articles de préhistoire6. Faits plus notables encore : il connaît la naissance toute
récente de la préhistoire en France, les premiers travaux sur les habitats lacustres en Suisse
et en Allemagne, qui viennent d'être vulgarisés en Grèce7, la périodisation de Lubbock...,
et il est en contact avec Gabriel de Mortillet. Il est animé de la conviction, plusieurs fois
réaffirmée, qu'il y a dans tout le monde égéen des découvertes à faire, y compris des habit
ats lacustres, et que les recherches préhistoriques sont intéressantes et prometteuses. On
voit que ses travaux ne méritaient surtout pas l'oubli dans lequel, à la suite de G. Radet8,
ils sont tombés.
À la même époque, l'intérêt pour Santorin se développe dans le monde savant. La
grande éruption (1866-1870) du volcan attire le géologue F. Fouqué, qui l'étudié en 1866,
1867 et 1875. En 1867, il fouille à Thérasia dans la carrière Alaphouzos, dégage là sous la
ponce un ensemble de bâtiments et établit l'existence de « tout un village » enseveli à l'Âge 409 BCH 120 (1996) /
du Bronze sous les matériaux d'une gigantesque éruption. La même année, il fouille près
d'Akrotiri, en deux points d'un ravin situé au Sud-Est du village9. Il rapporte en France
des objets, surtout des vases, qui aboutissent au Louvre, à Saint-Germain-en-Laye et dans
divers autres musées.
Parallèlement le physicien H. Gorceix, seul membre jamais nommé de l'éphémère
«section des sciences», étudie le volcan de 1869 à 1871. L'École, au même moment,
s'oriente peu à peu vers l'archéologie et en 1870 son directeur, Emile Burnouf10, prend
l'initiative de demander une fouille au nom de l'institution et de consacrer les économies
qu'elle a pu faire à déblayer « un coin de la Pompéi préhistorique tout récemment étudiée
par Fouqué»11. Cette fouille, la troisième de l'histoire de l'École et la première dans le
domaine préhistorique, est confiée à l'intrépide Gorceix12 et à l'apathique Mamet13 et elle
a lieu à Akrotiri14 du 16 avril au 22 mai 1870. D'une part ils reprennent les endroits déjà
explorés par Fouqué, de l'autre au lieu-dit Balos, au Nord-Ouest du village, sur le rebord
intérieur de la falaise, ils dégagent un nouvel ensemble, plus intéressant encore, d'un ou
deux bâtiments, et établissent l'existence de nombreux autres points habités ; ainsi appar
aît une « seconde bourgade »15, à mesure que sortent « de dessous la pouzzolane, un cer
tain nombre de constructions modestes en torchis »16. Cette agglomération très ancienne,
plus ancienne même que les cités mycéniennes, cette « Pompéi barbare et antéhistorique
qu'on ne soupçonnait pas »17, surgit avec ses maisons, ses ustensiles, ses outils, ses vases
— dont, pour la première fois dans l'histoire de l'archéologie, Fouqué étudie la pâte au
moyen de lames minces pétrographiques — encore pleins d'orge, de seigle, de pois, de
lentilles. A. Dumont écrit : « Les fouilles de Santorin. . . seront certainement considérées
comme une des plus grandes découvertes qu'ait faites depuis longtemps l'archéologie pré
historique »18. Mais l'Académie ne s'intéresse pas au mémoire de Gorceix et Mamet —
dont la substance passe dans le livre de Fouqué en 187919 — , car elle estime que le site
est plus du domaine du géologue que de celui de l'archéologue. . . D'autres raisons — les
rivalités internes, la guerre de 1870-1871, le début des fouilles à Délos (1

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents