L énonciation éditoriale dans les écrits d écran - article ; n°1 ; vol.145, pg 3-15
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L'énonciation éditoriale dans les écrits d'écran - article ; n°1 ; vol.145, pg 3-15

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Communication et langages - Année 2005 - Volume 145 - Numéro 1 - Pages 3-15
Yves Jeanneret et Emmanuel Souchier proposent, dans ce texte1, une perspective synthétique à partir d'un ensemble de recherches individuelles et collectives menées depuis plusieurs années sur la façon dont se créent et se propagent les formes du texte sur Internet. Si l'on annonce perpétuellement un bouleversement de l'édition par l'arrivée du « numérique », cette annonce masque, paradoxalement, la pratique éditoriale en jeu dans les médias informatisés eux-mêmes, plus qu'elle ne l'éclairé. En effet, le discours sur ces bouleversements, obsédés par le flux, l'immatérialité et la spontanéité, ne prend pas assez au sérieux les médiations éditoriales, effectives et puissantes, qui s'opèrent par l'informatique, l'interface, le réseau et le logiciel. C'est à cette analyse que les auteurs s'emploient, à partir de la notion d'énonciation éditoriale, qu'Emmanuel Souchier avait proposée dans son mémoire d'habilitation à diriger les recherches en 1998.
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Publié le 01 janvier 2005
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yves Jeanneret
Emmanuël Souchier
L'énonciation éditoriale dans les écrits d'écran
In: Communication et langages. N°145, 3ème trimestre 2005. pp. 3-15.
Résumé
Yves Jeanneret et Emmanuel Souchier proposent, dans ce texte1, une perspective synthétique à partir d'un ensemble de
recherches individuelles et collectives menées depuis plusieurs années sur la façon dont se créent et se propagent les formes du
texte sur Internet. Si l'on annonce perpétuellement un bouleversement de l'édition par l'arrivée du « numérique », cette annonce
masque, paradoxalement, la pratique éditoriale en jeu dans les médias informatisés eux-mêmes, plus qu'elle ne l'éclairé. En
effet, le discours sur ces bouleversements, obsédés par le flux, l'immatérialité et la spontanéité, ne prend pas assez au sérieux
les médiations éditoriales, effectives et puissantes, qui s'opèrent par l'informatique, l'interface, le réseau et le logiciel. C'est à
cette analyse que les auteurs s'emploient, à partir de la notion d'énonciation éditoriale, qu'Emmanuel Souchier avait proposée
dans son mémoire d'habilitation à diriger les recherches en 1998.
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Jeanneret Yves, Souchier Emmanuël. L'énonciation éditoriale dans les écrits d'écran. In: Communication et langages. N°145,
3ème trimestre 2005. pp. 3-15.
doi : 10.3406/colan.2005.3351
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_2005_num_145_1_3351MÉTHODOLOGIE
L'énonciation
éditoriale
dans les écrits d'écran
YVESJEANIMERET
EMMANUEL SOUCHIER
On dit beaucoup aujourd'hui que le monde de l'édition des Yves Jeanneret et Emmanuel
textes est bouleversé par l'arrivée du « numérique ». De fait, Souchier proposent, dans ce texte1,
on y porte maint projet, on y fait nombre de prophéties et une perspective synthétique à partir
on s'y invective ferme. Derrière ces mouvements et ces d'un ensemble de recherches indiv
humeurs, s'impose insensiblement un style de discours, qui iduelles et collectives menées
nous habitue à ce qu'on nomme « (auto) publication depuis plusieurs années sur la
numérique ». Les transformations y sont décrites comme façon dont se créent et se propagent urgentes, radicales, requérant avec insistance que tous les
les formes du texte sur Internet. Si acteurs se mobilisent et que la recherche se fasse action 2.
l'on annonce perpétuellement un À tout cela, nous sommes habitués. On remarque moins
bouleversement de l'édition par que ces discours radicaux, qui évoquent en permanence
l'arrivée du « numérique », cette l'image de la table rase, reposent profondément sur un
annonce masque, paradoxalement, ensemble de catégories chargées d'une lourde histoire intel
lectuelle, comme l'« éditeur », le « format », l'« archive », la pratique éditoriale en jeu dans
l'« autorité », etc. Catégories qui sont invoquées comme les médias informatisés eux-mêmes,
allant de soi, si bien qu'il est fort difficile de suggérer une plus qu'elle ne l'éclairé. En effet, le
pause, un temps de réflexion critique, sur ce que signifie rée discours sur ces bouleversements,
llement cet usage - de remarquer, par exemple, qu'archiver, obsédés par le flux, l'immatérialité
éditer, publier, diffuser n'est pas la même chose - sans faire et la spontanéité, ne prend pas
l'objet d'une agression immédiate. La référence au geste
assez au sérieux les médiations editorial est indispensable à la valorisation des projets mais
éditoriales, effectives et puissantes, l'interrogation critique sur sa nature est vécue comme une
qui s'opèrent par l'informatique,
l'interface, le réseau et le logiciel. 1. Une version liminaire de ce texte a été présentée lors du colloque Les
C'est à cette analyse que les auteurs écritures d'écran. Histoire, pratiques et espaces sur le web, Maison méditer
ranéenne des Sciences de l'Homme, Université de Provence, Friche Belle s'emploient, à partir de la notion
de Mai, 18-19 mai 2005. d'énonciation éditoriale, qu'Emman
2. Cf., pour un aperçu sur la circulation de ces notions, le colloque en ligne uel Souchier avait proposée dans Text-e (http://www.text-e.org/) et l'édition imprimée (Text-e : le texte à
son mémoire d'habilitation à diriger l'heure de l'Internet, BPI, 2003) ou les actes de l'action spécifique
« Modèles de publication sur le Web », www.unice.fr/urfist/Pubweb/. les recherches en 1998.
Pour une discussion de ce type de discours, cf. le site Internet d'Alain
Giffard, http://alaingiffard.blogs.com/culture/
communication & langages - n° 145 - Septembre 2005 4 MÉTHODOLOGIE
gêne pour leur avancée. La perspective historique leste les bagages de cette armée en
marche ; l'interrogation sur ses enjeux freine sa course. L'une gratifie (munus),
l'autre entrave (impedimentum) . La révolution annoncée de l'ordre des textes
s'accompagne d'une qualification patrimoniale de ses processus, sans qu'on puisse
bien discerner ce que signifie réellement la référence, à la fois distraite et impér
ieuse, à cette histoire.
Dans le même temps, les recherches empiriques et théoriques se sont considé
rablement approfondies. De nombreuses équipes travaillent aujourd'hui sur les
médias informatisés comme machines à textes - un point de vue qui, il y a dix ans,
paraissait assez étrange dans un monde dominé par la notion de « technologies de
l'information » et les approches stratégiques de l'action. Les liens historiques, entre
certains secteurs des études littéraires et certains groupes d'informaticiens, se sont
étendus ; les hypothèses sur la prétendue convergence entre hypertexte et signi-
fiance ont été critiquées ; les études sur les pratiques d'écriture et d'édition, consi
dérées dans des contextes sociaux, analysées comme des transformations
sémiotiques, observées en tant que médiations, se sont multipliées. Ceci, évidem
ment, dans un secteur très modeste de la recherche française, dont les institutions
soutiennent plus volontiers, en la matière, la fabrication à grande échelle des
dispositifs de publication en ligne que l'étude critique des pratiques.
En somme, l'idée qu'il existe une « fonction éditoriale 3 » sur Internet paraît
faire son chemin, et avec elle une définition de cette fonction qui ne la réduit pas
au métier d'éditeur, mais concerne un mode d'intervention spécifique sur l'ordre
et l'image du texte. Il est d'autant plus important, dans ce contexte, de s'employer
à poser vraiment cette question. En effet, la rhétorique antithétique (texte matér
iel/texte virtuel, pouvoir de l'éditeur/pouvoir du lecteur, intermédiation/auto-
publication, etc.), pour frivole qu'elle soit, habite profondément les analyses. Face
à ces antithèses faciles, il faut s'appuyer sur deux exigences essentielles, qui sont
celles de l'analyse sémiologique : d'une part, disposer d'un concept de l'« énon-
ciation éditoriale », qui permette de saisir les transformations dont celle-ci fait
l'objet au-delà d'un simple catalogue de produits ; d'autre part, repérer les
niveaux d'intervention de l'écriture informatique dans ce processus. Ceci permet
d'échapper à l'opposition entre le « texte virtuel » et le « texte réel », pour
comprendre comment la sémiotisation du texte s'opère dans les processus matér
iels de sa mise en forme.
Quelques exigences
En d'autres termes, une réflexion sur renonciation éditoriale doit aujourd'hui
s'appuyer sur trois termes : F« écriture », l'« écran » et les « pratiques ».
- L'écriture tout d'abord. Si les médias informatisés auxquels nous nous intéres
sons sont des technologies (des dispositifs techniques), nous devons avant tout les
considérer comme des médias (des moyens de communication) qui offrent la
particularité de s'organiser autour du rapport d'écriture-lecture. La pratique des
3. Objet d'une journée d'étude organisée à l'EN

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