L ironie et l humour chez Montaigne  ; n°1 ; vol.51, pg 263-269
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L'ironie et l'humour chez Montaigne ; n°1 ; vol.51, pg 263-269

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Description

Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance - Année 2000 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 263-269
7 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 22
Langue Français

Extrait

Bruno Roger-Vasselin
L'ironie et l'humour chez Montaigne
In: Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance. N°51-52, 2000. pp. 263-269.
Citer ce document / Cite this document :
Roger-Vasselin Bruno. L'ironie et l'humour chez Montaigne. In: Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et
la renaissance. N°51-52, 2000. pp. 263-269.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhren_0181-6799_2000_num_51_1_2395THESES SOUTENUES
Bruno Roger-Vasselin, L'ironie et l'humour chez Montaigne dans
les Essais, thèse sous la direction de Mme le Professeur Géralde
Nakam, soutenue devant l'Université de Paris III le 28 janvier
2000.
L'objet de ce travail est de montrer pourquoi, chez Montaigne, la
conscience d'une singularité sociale et littéraire conduit
nécessairement à l'ironie et à l'humour comme modulations
particulières de la distance, modulations qui se complètent et
s'associent au fil des Essais. Dans l'introduction générale sont mis en
regard, à ce point de vue, comique, ironie et humour. Le comique peut
se définir comme l'état de ce qui provoque le rire de manière à la fois
involontaire et spectaculaire ; l'ironie est comprise comme un principe
de vérité, l'humour comme un principe de santé. Le second volet de
l'introduction générale insiste sur l'originalité du rire et du sourire de
Montaigne. Les places respectives de l'Antiquité, de la noblesse et des
guerres de Religion sont examinées dans cette perspective. Le regard
du public a également une importance particulière, en raison de
l'échange singulier que l'essayiste veut ménager avec son lecteur.
*
Première partie : rire et sourire, la mise à distance des modèles
A. Modèles littéraires : les traditions du rire en France à la Renaissance
Cinq traditions du rire, qui paraissent chacune avoir influencé la
pratique de la fantaisie railleuse chez Montaigne, sont examinées : les
contes à rire, le théâtre comique, la poésie galante et satirique, la
littérature politique des traités et pamphlets, enfin l'éloquence.
B. Modèles sociaux : l'élégance de la pensée dans l'Europe du XVIe siècle
En dehors de la littérature plaisante, les manuels de civilité ont
leur importance ici. L'ironie et l'humour de l'essayiste transparaissent
dans l'aisance avec laquelle il a su incarner l'humanisme de la
RHR 51-52 - décembre 2000-juin 2001 RÉFORME HUMANISME RENAISSANCE 51-52 264
Renaissance. On citera les cinq principaux modèles sociaux dont
l'écriture de Montaigne porte la trace, quoiqu'il ne se laisse jamais
réduire à aucun d'entre eux : le gentilhomme français de vieille
souche, le parlementaire cultivé et stoïcien sur le patron d'Etienne de
La Boétie, l'érudit humaniste inspiré d'Érasme, l'homme de cour
international à la Castiglione et le régionaliste gascon défendant les
valeurs du terroir.
C. Modèles éthiques : la pratique de la distance chez les Anciens et chez
les Modernes
Montaigne a-t-il pu prendre chez autrui cette attitude même de
distance qu'il affiche en toute occasion ? On étudie quels exemples
éthiques de conduite comportait l'époque humaniste ou les périodes
passées en matière de distance : les implications morales du rire dans
la pensée médicale et philosophique du XVIe siècle, les modèles
antiques et modernes de Montaigne en matière d'ironie et en matière
d'humour, enfin le contexte personnel des Essais et les premiers
contacts de Montaigne avec son public.
Conclusion d'ensemble : les modulations de la mise à distance chez
Montaigne
Montaigne a été influencé, au moment d'écrire ses Essais, par un
certain nombre de modèles culturels qui dessinent les contours du rire
et du sourire à la Renaissance. La manière dont il ironise ou pratique
l'humour signale la présence de ces différents modèles dans son
horizon de pensée. Mais l'essayiste fait avant tout un effort
d'autonomie, qui, par la mise à distance, l'incline à exprimer sa
singularité personnelle.
Deuxième partie : l'ironie comme principe de vérité
chez Montaigne dans les Essais
L'ironie présente trois tendances fondamentales qui s'associent
dans les Essais pour faire valoir la pensée de Montaigne aux yeux du
lecteur : la satire qui attaque, le scepticisme qui questionne et la
distanciation qui se dérobe. THÈSES SOUTENUES 265
A. Les thèmes et procédés de l'ironie satirique
Cette première tendance est si ample qu'il importe d'en distinguer
les thèmes selon qu'ils relèvent d'une satire polémique ou badine.
L'ironie satirique chez Montaigne recourt à une grande diversité de
moyens, qui tous doivent contribuer à embarrasser, déconsidérer,
ridiculiser la personne ou l'institution visée, à la mettre du moins en
position de faiblesse. De là, trois grandes catégories de procédés :
parodie, commentaire, conditionnement. La plupart du temps, ces
procédés se conjuguent pour rendre plus claire et plus lisible
l'intention ironique. La densité d'un effet se mesure au nombre de
procédés mis en œuvre.
B. Les thèmes et procédés du scepticisme ironique
Deuxième grande tendance ironique, le scepticisme constitue
l'orientation spéculative de l'ironie. Il trouve donc matière à s'illustrer
longuement dans les Essais. Mais il est nécessaire avant tout de
justifier le choix du mot « scepticisme » pour qualifier la pente
interrogative de l'ironie.
Les grandes notions sceptiques - isosthénie, épokhè, acatalepsie
et ataraxie - telles qu'elles sont historiquement attestées,
constituent, avec l'habileté rhétorique et la discipline de
l'indifférence, les principales caractéristiques de la doctrine dite
« épéchiste », autrement dit de l'école sceptique antique, avec ses deux
courants : académisme affirmant qu'aucune certitude n'est possible, et
pyrrhonisme poussant le doute suspensif jusqu'à refuser d'établir une
pareille certitude négative. L'ensemble de ces éléments fournit, nous
semble-t-il, un cadre de réflexion assez précis et convaincant pour
qu'on puisse l'appliquer à l'ironie interrogative, ou eironeia, pratiquée
par Montaigne.
L'épéchisme est chez Montaigne, notamment dans l'Apologie de
Raimond Sebond (II, 12), un nouveau biais - indirect - de la satire.
Mais Yeironeia de notre auteur ne se limite pas à l'épéchisme, elle
n'est pas seulement un stratagème. Cette tendance fonde au contraire
sur le « Que sais-je ? » une démarche « enquêteuse, non résolutive »
qui se veut prioritairement gage de réalisme. RÉFORME HUMANISME RENAISSANCE 51-52 266
C. Les thèmes et procédés de la distanciation ironique
Troisième et dernière grande tendance ironique, la distanciation
se dérobe. Elle est la stratégie la plus insaisissable et triomphante
dont puisse se servir l'ironiste. Il faudra examiner les trois pôles
autour desquels se construit une telle tendance : Montaigne sujet et
objet de distanciation ironique ; le lecteur de Montaigne, témoin de la
distanciation ironique des Essais ; le XVIe siècle finissant, terrain de
cette même distanciation.
Les trois types de procédés repérables correspondent aux trois
grandes tactiques dont se sert l'ironie distanciée : repli stratégique,
contournement et agression subite.
Conclusion d'ensemble : les postures d'énonciation et les résonances de
l'ironie chez Montaigne
Au terme de cette deuxième partie, il convient de caractériser les
principales postures d'énonciation ironiques sensibles dans les Essais :
réserve, taquinerie, dérision, persiflage, sarcasme et cynisme. Car les
résonances de l'ironie, en particulier chez notre auteur, sont difficiles
à déceler avec certitude. En effet, le principe même de vérité qui guide
tout ironiste, le conduit à confisquer bien souvent cette vérité en la
dissimulant à autrui. Voilà pourquoi il peut être utile d'apprécier, en
un examen ultime, les tonalités d'ensemble de la satire, du scepticisme
et de la distanciation telles qu'elles nous apparaissent dans

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