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Informations
Publié par | REVUE_DE_L-OFCE |
Publié le | 01 janvier 1995 |
Nombre de lectures | 30 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 8 Mo |
Extrait
Département des diagnostics de
l'OFCE
Philippe Sigogne
Jacky Fayolle
Hélène Baudchon
Odile Chagny
Amel Falah
Olivier Passet
Françoise Milewski
Valérie Chauvin
Hervé Péléraux
L'offre devance la demande
In: Revue de l'OFCE. N°55, 1995. pp. 5-94.
Citer ce document / Cite this document :
Département des diagnostics de l'OFCE, Sigogne Philippe, Fayolle Jacky, Baudchon Hélène, Chagny Odile, Falah Amel,
Passet Olivier, Milewski Françoise, Chauvin Valérie, Péléraux Hervé. L'offre devance la demande. In: Revue de l'OFCE. N°55,
1995. pp. 5-94.
doi : 10.3406/ofce.1995.1406
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1995_num_55_1_1406Résumé
Après l'accélération prononcée de l'activité et du commerce mondiaux en 1994, le ralentissement
intervenu depuis le début 1995 est largement généralisé au sein des pays de l'OCDE. Le manque de
dynamisme de la consommation et le déficit de confiance des ménages en est un facteur général,
même si cette caractéristique commune participe de phases différentes du cycle conjoncturel, selon les
pays. Les pays anglo-saxons, spécialement les États-Unis, sont en voie de connaître une fin de cycle
sans drame, prolongée par le recours au crédit à la consommation. Au Japon, la faiblesse de la
consommation est la contrepartie d'une préférence exacerbée pour la liquidité et alimente le risque de
spirale déflationniste qui menace ce pays. À partir de points de départ évidemment différents, la zone
anglo-saxonne et le Japon ne devraient pas enregistrer des taux de croissance supérieurs à 2% en
1996 et ne seront pas des locomotives de la croissance mondiale. En Europe, le retour de
comportements de précaution parmi les consommateurs peut handicaper la réalisation des projets
d'investissement aujourd'hui formulés par les entreprises et s'opposer ainsi à la confirmation d'une
expansion régularisée. Les déséquilibres dans le partage des revenus et le sentiment d'insécurité
économique expliquent cet attentisme. Les disparités européennes, entre pays aux monnaies
surévaluées et pays aux monnaies sous-évaluées ou en voie de l'être, contribuent aussi à geler la
capacité d'expansion européenne. Dans les premiers pays, l'activité est entravée par le handicap de
compétitivité ; dans les seconds, les résurgences inflationnistes et les réactions de la politique
monétaire qu'elles suscitent pénalisent la demande interne. La normalisation de la situation monétaire,
sur le front des taux de change, est ainsi nécessaire au retour de l'expansion européenne. Elle
corrigerait les distorsions actuelles de compétitivité. Cette chronique de conjoncture fait l'hypothèse
d'une telle normalisation, en particulier par une certain redressement du dollar sur l'horizon de prévision.
La conjoncture allemande devrait contribuer à un dénouement positif du blocage européen en 1996. En
Allemagne, le surcroît de revenus, après la généralisation des hausses salariales, paraît suffisant pour
vaincre les réticences à consommer. Les exportateurs allemands bénéficieraient des achats de biens
d'équipement par les industriels européens et de la poursuite de la reconstitution de leurs parts de
marché. La politique monétaire allemande accompagnerait ce mouvement. La croissance allemande,
après 2,5% en 1995, pourrait se rapprocher ainsi de 3% en 1996, sans pour autant atteindre ce chiffre.
En France, la reprise a marqué une pause au premier semestre 1995, après l'emballement de 1994. Un
environnement européen moins porteur et un contexte monétaire français nettement plus restrictif
qu'anticipé en début d'année, ont sensiblement pesé sur l'activité. Le palier actuel débouche-t-il sur un
retournement à la baisse ou bien un redémarrage ? Le pessimisme des entreprises n'a pas, pour le
moment, conduit à une inflexion sensible des comportements de dépense, dans un sens restrictif : les
embauches se développent, fussent-elles parfois à temps partiel et souvent à durée déterminée. Les
salaires individuels s'accélèrent. Les investissements prévus n'ont pas été mis en cause. Les stocks, en
revanche, ont pâti du retournement des anticipations. La logique de la prévision dépend crucialement
de la consommation future des ménages. Davantage de revenus salariaux et de prestations
soutiendraient la hausse du revenu global, malgré les prélèvements supplémentaires. Une reprise de la
demande extérieure, dès le début de 1996,conforterait les exportations. La croissance de
l'investissement des entreprises pourrait alors s'amplifier, aucun obstacle financier ne venant obérer les
dépenses. En revanche, le contexte serait restrictif pour l'investissement et la consommation publics ; en logements reculerait. Malgré une reprise de la formation des stocks, interrompue en
1995, la croissance du PIB serait de 2,5% seulement l'an prochain après 2,9% cette année. La reprise
envisagée dépend des hypothèses de politique économique. La normalisation financière anticipée peut
buter sur des tensions intra-européennes et accroître l'incertitude des entreprises. Un comportement
plus prudent en matière d'embauchés et de politique salariale briserait le cheminement de la reprise.
Enfin, les particuliers eux-mêmes finissent par être sensibles à la dévalorisation de leurs actifs, qu'ils
soient immobiliers ou financiers. La croissance du PIB, bien que faible, permettrait une nette baisse du
chômage : un contenu plus intense en emplois, un accent mis sur le traitement social et une moindre
croissance de la population active y concourraient. Peu supérieure à la croissance du potentiel
productif, la croissance du PIB ne comblerait pas le creux acquis durant les années précédentes : le
niveau du potentiel ne serait pas atteint à l'horizon de la prévision. L'économie française resterait donc
en sous-utilisation des capacités de production, avec toutes les pressions désinflationnistes que celaimplique.
Abstract
Supply Ahead of Demand
Département des diagnostics
Following the sharp pick up of the world output and trade, the slow-down
observed since the beginning of 1995 is widely spread among the OECD coun-
tries. Sluggishness of private consumption and lack of consumer confidence are
common features, even if they partake of different business conditions, according to countries.
Anglo-Saxon countries, especially the United States, are about to experience
a soft landing with an extended borrowing boom on the consumer side. In
Japan, the consumption weakness stems from of an exacerbated preference for
liquidity ; it is feeding the deflationary risk that threatens the country. From
obviously different starting points, the Anglo-Saxon area and Japan shouldn't
experience growth rates higher than 2 % in 1996 and won't pull world growth.
In Europe, the return of consumers to a precautionary behavior can hamper
the carrying out of the investment plans currently envisaged by firms and thus
stop the confirmation of a regularized expansion. The imbalances in the income
sharing and the feeling of economic uncertainty explain this wait-and-see attitude. The European
discrepancies, between countries whose currency is over-
valued and those whose currency is or may get undervalued, also impede the
European expansion capacity ; in the latter, the expected return of inflation and
the change in monetary policy it feeds are about to restrain the domestic
demand.
The normalization of the monetary situation, as far as exchange rates are
concerned, is needed for the European expansion to come back. It would correct
the current distortions in competivity. This forecast assumes a slightly higher
dollar, as part of such a normalization.
— German economic conditions should contribute to undoing the European
hang-up in 1996. In Germany, the additional income gained through widespread
wage increases seems to be sufficient to overcome the consumers' reluctance.
The German exporters should benefit from delivering more investment goods to
European industry and from rebuilding their market shares. The German monetary policy would put up
with this evolution. The German growth could come near
to 3 % in 1996, from 2,5 % in 1995.
In France, the recovery broke during the first half of 1995, after the 1994
bolting. A less buoyant European environment and a more restrictive monetary
context than expected have markedly weighed on activity. Will the current
plateau lead to a downturn or to a restart ? The business pessimism hasn't
curbed the spending