La Campanie avant Rome. Recherches actuelles et problèmes - article ; n°1 ; vol.22, pg 33-61

Massa-Pairault Françoise-Hélène

Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1996 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 33-61
L'Auteur rend compte de trente années de recherches archéologiques et historiques sur l'une des régions les plus complexes de l'Italie antique, la Campanie pré-romaine (IXe s.-IVe s. av.n.è). Le livre de L. Cerchiai intitulé I Сampani , bilan des recherches archéologiques dans cette région et synthèse historique qui se veut à la fois un manuel et un essai, constitue le point de départ de ses réflexions. Le livre de L. Cerchiai expose l'histoire d'une mosaïque de peuples, mouvante dans le temps et l'espace, et montre, à travers une large et riche information, comment les recherches archéologiques ont permis de passer de l'ethno-histoire à la socio-histoire. Le peuplement indigène et le monde des principes, le monde des cités, la fin de l'hégémonie étrusque et la formation de l'ethnos des Campaniens, le IVe siècle et les débuts de la romanisation sont ainsi analysés. L'auteur suit les grandes lignes du développement de L. Cerchiai et montre l'intérêt des concepts sur lesquels repose la reconstruction historique : concepts de processus, de structuration sociale, de croissance politique et matérielle, de modèles sociaux et idéologiques, d'interférences ou de contradictions entre les puissances étrusque, grecque et indigène. De l'analyse de Cerchiai, on retient l'idée d'une réalité malléable, susceptible d'adaptations infinies aux changements de domination politique, et l'impression d'une substantielle continuité de l'histoire qui repétrit sans cesse la même matière. C'est cette dernière idée que les futures recherches devront confirmer, nuancer, ou critiquer plus radicalement. En effet l'intégration, ou l'hégémonie douce, souvent mises en évidence, ne sauraient cacher les contradictions sociales et les conflits, les fractures et les ruptures qui se déterminent dans la dia- chronie ou la synchronie. En outre la Campanie mérite une réflexion sur les formes politiques qui ont marqué l'organisation des peuples et des sociétés, et sur leur espace de référence, urbs étrusque, polis grecque, touta samnite, colonie romaine. La vocation des formes politiques est en effet de traduire, dans l'An tiquité comme aujourd'hui, l'état réel de la société et la Campanie a été, de ce point de vue, un laboratoire d'inventions, aussi bien dans l'expression des rapports entre les peuples que dans la conception des formes d'encadrement et de définition politique du corps social.
L'autore espone i risultati di trenťanni di ricerche archeologiche e storiche su una delle regioni più complesse dell'Italia antica, la Campania prima di Roma (IX-IV sec. av.Cr.). Punto di partenza délia riflessione è il libro di L. Cerchiai su I Campani, che vuole essere un manuale, una sintesi storica e una personále interpretazione dei fatti. Il libro cerca di definire la realtà di un mosaico di popoli, i cui contorni sfumano nel tempo e nello spazio e tenta, con l'ausilio di una vasta e ricca informazione, di dimostrare che le ricerche archeologiche hanno fornito il materiále che consente il passaggio dall'etno-alla socio-storia. Il mondo dei popoli indigeni, dei principes e dllee città, la fine dell'egemonia etrusca e la formazione dell'ethnos dei Campani, la storia del IV secolo e degli inizii della romanizzazione, sono analizzati in questa prospettiva. L' Autore segue le grandi linee dell'analisi di L. Cerchiai e mette in evidenza l'intéresse dei concetti che sono alla base della sua ricostruzione storica. Si tratta dei concetti di processo, di strutturazione sociale, di crescita politica e materiále, di trasmissione di modelli sociali e ideologici, delle reciproche influenze о degli antagonismi tra la potenza etrusca, quella greca, e quella indigena. L'analisi di Cerchiai ci familiarizza quindi con l'idea délia sostanziale continuità della storia corne processo che rimodella incessantemente una realtà malleabile, sempre pronta ad adattarsi ad ogni cambiamento politico. Spetterà alle ricerche future, comunque, convalidare, sfumare, о sottomettere ad una critica più radicale, le conclusioni a cui sembra approdare questa analisi. I processi di integrazione o di egemonia dolce ai quali spesso si riferisce il libro sono anche ricchi di contraddizioni о di conflittualità, di fratture e discontinuité. Inoltre la storia della Campania deve portare ad una riflessione sulle forme politiche (urbs etrusca, polis greca, touta sannitica, colonia romana) che hanno modellato la società, e hanno delineate il suo orizzonte. La vocazione di ogni istituzione politica è quella di rappresentare, infatti, nell'antichità corne ai giorni nostri, lo stato reale della società e la Campania fù, sotte questo profilo, un laboratorio, sia per quanto riguarda i rapporti tra popoli che per quanto riguarda la concettualizzazione delle forme di organizzazione e di definizione politica del corpo sociale.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: DIALOGUES_D-HISTOIRE_ANCIENNE
• Publié le: 01 janvier 1996
• Nombre de lectures: 28
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Madame Françoise-Hélène
Massa-Pairault
La Campanie avant Rome. Recherches actuelles et problèmes
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 22 N°1, 1996. pp. 33-61.
Citer ce document / Cite this document :
Massa-Pairault Françoise-Hélène. La Campanie avant Rome. Recherches actuelles et problèmes. In: Dialogues d'histoire
ancienne. Vol. 22 N°1, 1996. pp. 33-61.
doi : 10.3406/dha.1996.2262
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1996_num_22_1_2262Résumé
L'Auteur rend compte de trente années de recherches archéologiques et historiques sur l'une des
régions les plus complexes de l'Italie antique, la Campanie pré-romaine (IXe s.-IVe s. av.n.è). Le livre
de L. Cerchiai intitulé "I Сampani" , bilan des recherches dans cette région et synthèse
historique qui se veut à la fois un manuel et un essai, constitue le point de départ de ses réflexions. Le
livre de L. Cerchiai expose l'histoire d'une mosaïque de peuples, mouvante dans le temps et l'espace,
et montre, à travers une large et riche information, comment les recherches archéologiques ont permis
de passer de l'ethno-histoire à la socio-histoire. Le peuplement indigène et le monde des principes, le
monde des cités, la fin de l'hégémonie étrusque et la formation de l'ethnos des Campaniens, le IVe
siècle et les débuts de la romanisation sont ainsi analysés. L'auteur suit les grandes lignes du
développement de L. Cerchiai et montre l'intérêt des concepts sur lesquels repose la reconstruction
historique : concepts de processus, de structuration sociale, de croissance politique et matérielle, de
modèles sociaux et idéologiques, d'interférences ou de contradictions entre les puissances étrusque,
grecque et indigène. De l'analyse de Cerchiai, on retient l'idée d'une réalité malléable, susceptible
d'adaptations infinies aux changements de domination politique, et l'impression d'une substantielle
continuité de l'histoire qui repétrit sans cesse la même matière. C'est cette dernière idée que les futures
recherches devront confirmer, nuancer, ou critiquer plus radicalement. En effet l'intégration, ou
l'hégémonie douce, souvent mises en évidence, ne sauraient cacher les contradictions sociales et les
conflits, les fractures et les ruptures qui se déterminent dans la dia- chronie ou la synchronie. En outre
la Campanie mérite une réflexion sur les formes politiques qui ont marqué l'organisation des peuples et
des sociétés, et sur leur espace de référence, urbs étrusque, polis grecque, touta samnite, colonie
romaine. La vocation des formes politiques est en effet de traduire, dans l'An tiquité comme aujourd'hui,
l'état réel de la société et la Campanie a été, de ce point de vue, un laboratoire d'inventions, aussi bien
dans l'expression des rapports entre les peuples que dans la conception des formes d'encadrement et
de définition politique du corps social.
Riassunto
L'autore espone i risultati di trenťanni di ricerche archeologiche e storiche su una delle regioni più
complesse dell'Italia antica, la Campania prima di Roma (IX-IV sec. av.Cr.). Punto di partenza délia
riflessione è il libro di L. Cerchiai su "I Campani", che vuole essere un manuale, una sintesi storica e
una personále interpretazione dei fatti. Il libro cerca di definire la realtà di un mosaico di popoli, i cui
contorni sfumano nel tempo e nello spazio e tenta, con l'ausilio di una vasta e ricca informazione, di
dimostrare che le ricerche archeologiche hanno fornito il materiále che consente il passaggio dall'etno-
alla socio-storia. Il mondo dei popoli indigeni, dei principes e dllee città, la fine dell'egemonia etrusca e
la formazione dell'"ethnos" dei Campani, la storia del IV secolo e degli inizii della romanizzazione, sono
analizzati in questa prospettiva. L' Autore segue le grandi linee dell'analisi di L. Cerchiai e mette in
evidenza l'intéresse dei concetti che sono alla base della sua ricostruzione storica. Si tratta dei concetti
di processo, di strutturazione sociale, di crescita politica e materiále, di trasmissione di modelli sociali e
ideologici, delle reciproche influenze о degli antagonismi tra la potenza etrusca, quella greca, e quella
indigena. L'analisi di Cerchiai ci familiarizza quindi con l'idea délia sostanziale continuità della storia
corne processo che rimodella incessantemente una realtà malleabile, sempre pronta ad adattarsi ad
ogni cambiamento politico. Spetterà alle ricerche future, comunque, convalidare, sfumare, о
sottomettere ad una critica più radicale, le conclusioni a cui sembra approdare questa analisi. I processi
di integrazione o di egemonia "dolce" ai quali spesso si riferisce il libro sono anche ricchi di
contraddizioni о di conflittualità, di fratture e discontinuité. Inoltre la storia della Campania deve portare
ad una riflessione sulle forme politiche ("urbs" etrusca, "polis" greca, "touta" sannitica, colonia romana)
che hanno modellato la società, e hanno delineate il suo orizzonte. La vocazione di ogni istituzione
politica è quella di rappresentare, infatti, nell'antichità corne ai giorni nostri, lo stato reale della società e
la Campania fù, sotte questo profilo, un laboratorio, sia per quanto riguarda i rapporti tra popoli che per
quanto riguarda la concettualizzazione delle forme di organizzazione e di definizione politica del corpo
sociale.Dialogues d'Histoire Ancienne 22/1, 1996, 33-61
LA CAMPANIE AVANT ROME
RECHERCHES ACTUELLES ET PROBLÈMES*
Françoise-Hélène MASSA-PAIRAULT
CNRS
On ne saurait trop louer la Bibliothèque d'Archéologie de
Longanesi, dirigée par Mario Torelli, d'offrir, avec une célérité et un
à propos peu communs dans le monde de l'édition, une série de livres
efficacement illustrés qui se lisent à la fois comme des manuels et
comme des essais.
Le livre de Luca Cerchiai sur "Les Campaniens", 23e de la
Bibliothèque, n'échappe pas aux lois de cette collection et constitue
une synthèse utile et appréciable sur l'une des régions les plus
complexes de l'Italie préromaine. Les peuples italiques au centre de
la lecture historique et archéologique proposée sont décrits dans leur
développement socio-politique et dans leur compartimentation
géographique. D'où une certaine ambiguïté du titre puisque "les
Campaniens" se réfèrent, stricto sensu, à la constitution de "Yethnos
des dans le dernier tiers du Ve siècle av.n.è., mais
désignent aussi, lato sensu, l'ensemble des peuples qui ont occupé la
À propos du livre de Luca CERCHAI, I Campani, Longanesi & C, Milan 1995,
264 pages avec bibliographie et index, 12 ill. dans le texte et 48 planches h.t. 34 Françoise-Hélène Massa-Pairault
Campanie antique depuis le début de l'âge du fer jusqu'à l'établi
ssement de l'hégémonie romaine.
Les recherches archéologiques de ces trente dernières années (à
Pontecagnano, que l'auteur connaît en première personne, à Capoue, à
Pithécuses et Cumes, et sur les sites indigènes qui assurent le passage
entre la mésogée et les districts montagneux des Apennins, comme
Oliveto Cetra Cairano) permettent en effet de dresser un bilan qu'ont
préparé nombre d'initiatives collectives (congrès d'études étrusques
sur la Campanie et sur les problèmes de Yager Picentinus, exposition
sur l'habitat de Fratte di Salerno)1 et des synthèses, comme celle de
Bruno d'Agostino dans Italia Omnium gentium alumna ou encore de
Giovanni Colonna la Storia délia Campania2-.
La réflexion de L. Cerchiai doit beaucoup à la leçon d'Ettore
Lepore3 qui a marqué de son empreinte les études sur la Campanie
et enseigné les voies permettant de passer de l'ethno-histoire à
la socio-histoire, de l'analyse du territoire à celle des rapports
économiques et sociaux. Cette grille d'interprétation affleure
constamment avec l'emploi récurrent de mots comme processus,
structure, structuration. La justesse de la perspective n'empêche pas
toujours cependant un excès de fascination pour la micro-histoire,
certaines réticences dans l'emploi de concepts politiques (colonisa
tion étrusque en regard de colonisation grecque, urbs en regard de
polis), une plus grande aisance dans la saisie des phénomènes de
continuité que dans la mise en évidence des phénomènes de rupture
et de contradiction. Mais ce livr