La cérémonie de sedekah orong à Ponan, région de Moyo Hilir-Sumbawa Ouest. Un rite agricole à caractère de selamatan ? - article ; n°1 ; vol.42, pg 77-91
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La cérémonie de sedekah orong à Ponan, région de Moyo Hilir-Sumbawa Ouest. Un rite agricole à caractère de selamatan ? - article ; n°1 ; vol.42, pg 77-91

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Description

Archipel - Année 1991 - Volume 42 - Numéro 1 - Pages 77-91
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Agnès Korb
La cérémonie de sedekah orong à Ponan, région de Moyo Hilir-
Sumbawa Ouest. Un rite agricole à caractère de selamatan ?
In: Archipel. Volume 42, 1991. pp. 77-91.
Citer ce document / Cite this document :
Korb Agnès. La cérémonie de sedekah orong à Ponan, région de Moyo Hilir-Sumbawa Ouest. Un rite agricole à caractère de
selamatan ?. In: Archipel. Volume 42, 1991. pp. 77-91.
doi : 10.3406/arch.1991.2749
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1991_num_42_1_2749Agnès KORB
La cérémonie de sedekah orong à Ponan
(région de Moyo Hilir - Sumbawa Ouest)
Un rite agricole à caractère de selamatan ?
A Sumbawa, la cérémonie de sedekah orong constitue l'un des rites du cycle
agricole; elle a lieu après le repiquage du riz, ou lorsque celui-ci a commencé
sa croissance (belis), et a pour fonction d'assurer une bonne récolte, mais aussi,
par extension, la prospérité générale des habitants des localités qui la célè
brent. Nous parlons ici de la partie ouest de l'île de Sumbawa, constituée de
l'ancien royaume Samawa, et peuplée par l'ethnie du même nom. Ce royaume
a été transformé en « Kabupaten » Sumbawa dans la structure administrat
ive indonésienne, département qui fait partie de la province de Nusa Teng-
gara Barat. La partie est de l'île, où existaient autrefois plusieurs royaumes
(Sanggar, Pekat, Tambora, Dompu et Bima) - avant la destruction des trois
premiers par l'éruption du Mont Tambora en 1815 - est actuellement redivi
sée en deux Kabupaten, Dompu et Bima; elle abrite l'ethnie Mbojo, à la lan
gue, à l'histoire et aux coutumes différentes.
Dans le « kecamatan » (district) de Moyo Hilir, situé à environ 15 km au
nord-ouest de Sumbawa Besar (chef -lieu du Kabupaten Sumbawa et ancienne
capitale royale), cette cérémonie est appelée aussi cérémonie de Ponan, d'après
le nom de la colline où elle se déroule, et est célébrée simultanément par trois
villages voisins l'un de l'autre, qui se groupent à cette occasion. Sedekah orong
signifie « don, aumône dans (ou pour) la rizière ». Dans la plupart des autres
villages Samawa, cette cérémonie a plutôt lieu à la mosquée. Chaque village
la célèbre, non à date fixe et simultanément, mais seulement lorsque les pay
sans ont commencé le repiquage du riz; or ceci varie évidemment selon l'année,
en fonction des conditions météorologiques. Ce sont surtout des considérat
ions pratiques qui influencent le choix du moment. Le fait que dans le cas
de Ponan, la cérémonie ait lieu dans la rizière exprime mieux son but essent
iel : assurer la fertilité et la prospérité par un don de chaque participant con
cerné, qui consiste en un plateau de gâteaux traditionnels.
Données géographiques et économiques
Les trois villages concernés par la cérémonie de Ponan, situés à égale dis
tance de la colline du même nom, sont : à l'ouest, Poto (commune de Poto), 78
616 habitants; au sud, Lengas, également appelé de son ancien nom Bekat
(commune de Poto), 601 habitants; à l'est, Malili (commune de Berare), 533
habitants (chiffres du recensement de 1985). Bien que du point de vue admin
istratif, seuls deux des trois villages appartiennent, de par les hasards du
découpage, à la même circonscription (kelurahan), ils se comportent lors de
cette cérémonie comme s'il s'agissait d'une seule et même communauté par
une action commune.
La région de Moyo Hilir est appelée Orong Rea, qui signifie « la grande
rizière ». C'est une zone de plaines et collines fertiles, qui s'étend entre deux
rivières, Brang Moyo et son affluent Brang Setuyana (la rivière de l'autre
côté, « sebelah sana »). De fait, certaines régions de Sumbawa sont plus ferti
les, comme Alas à la pointe ouest de l'île, qui jouit d'une irrigation constante;
mais aucune zone de rizière n'est plus vaste que Y Orong Rea, qui, en quelque
sorte, constitue le « grenier à riz » de Sumbawa. Tant et si bien que l'on con
sidère depuis toujours - selon nos informateurs - la réussite de la récolte
à Moyo comme le baromètre de la saison agricole à Sumbawa. Aussi ne
s'étonnera-t-on pas du rôle joué par les cérémonies ayant trait à la rizicul
ture, dont le sedekah orong constitue la phase la plus importante, et celle qui
fait le plus appel à la participation collective.
Formation des trois villages
Le caractère particulier de la cérémonie de Ponan est lié à la configura
tion des trois villages, qui sont disposés en triangle autour de la colline appe
lée Ponan. Poto se trouve à 1,5 km à l'ouest, Lengas à 1,5 km au sud et Malili
à 2 km à l'est. Bien qu'il n'existe pas de source écrite concernant l'origine
de ces villages, d'après la tradition orale locale, il s'agirait de trois villages-
filles issus d'un village-mère appelé Bekat, et situé jadis au pied de la colline.
Plusieurs indices portent encore témoignage de ces origines : à cet endroit,
on voit encore un bosquet de cocotiers, qui, selon nos informateurs, marquer
ait le site de l'ancien village de Bekat; jusqu'à une époque récente, on trou
vait encore des restes d'embases de piliers de maisons dans les rizières (peu
à peu emportés par la population); sur la colline, on trouve plusieurs tombes
musulmanes, considérées comme sacrées et vénérées, en particulier celle d'un
saint homme, un muballigh musulman appelé Haji Batu, originaire de Bekat,
et qui y serait enterré avec son épouse - dont la tombe jouxterait la sienne.
Selon nos informateurs, le village de Bekat s'est scindé en trois villages
distincts, en raison d'une croissance démographique trop importante, et de
l'impossibilité d'agrandir le village existant, ainsi que du trop grand éloigne-
ment des champs et des rizières, qui obligeait les agriculteurs à des déplace
ments saisonniers.
A Sumbawa, la formation de villages nouveaux permanents qui n'étaient
à l'origine qu'un simple habitat temporaire de cases au milieu des champs uti
lisé à la saison des pluies (des familles entières s'y transportant), est un pro
cessus assez courant. On le retrouve dans de nombreuses sociétés, en parti
culier celles pratiquant la culture sur brûlis. Au début, les villages-filles (appelés
kebari) gardent encore des liens avec le village-mère, mais peu à peu, ils devien
nent autonomes. Dans le cas de Bekat, le village-mère lui-même a disparu.
Selon nos informateurs, ce processus eut lieu il y a au moins cent cinquante 79
ans, car ils affirment qu'il y a quatre générations, leurs ancêtres habitaient
déjà dans trois villages distincts, auxquels ils donnèrent de nouveaux noms
(ainsi, poto signifie « cap » ou « extrémité des terres »).
Le village-mère de Bekat formait une communauté généalogique, comme
de nombreux villages traditionnels; les habitants étaient tous unis par des liens
de parenté, avec mariages endogames de préférence. Ces liens existent en
effet toujours entre les habitants des trois villages, base de la solidarité qui
les unit. C'est cette conscience d'une origine commune et d'une identité pro
pre qui les fait oeuvrer en commun et s'entraider, en particulier dans le cadre
de rites du cycle agricole, comme le sedekah orong de Ponan.
Selon l'historien Lalu Mantja (1984 : 24-25), qui se base sur des sources
historiques comme les Buk (chroniques et journaux de palais imitant ceux du
royaume de Goa, dont l'influence politique et socio-culturelle fut grande sur
Sumbawa), il existait autrefois plusieurs petits royaumes, entre autres ceux
de Perumpak (Moyo Hulu) et Gunung Galesa (Moyo Hilir); ces derniers auraient
été fondés par un nommé Syamsuddin « de la race d'Alaydrus et originaire
de Kufah », venu à Sumbawa - alors appelée Pulau Nasi, « l'île du riz » -
avec sa femme Siti Zubaidah et son fils Kamaluddin depuis Palembang. Il
accosta dans le golfe de Sumbawa à Batu Takir, et se présenta au roi de Sum
bawa qui lui fit don de terres (keban geranta) - encore marquées, dit-on, par
la présence d'un palmier tal fourchu (tal basampang) sacré. Les descendants
de Syamsuddin épousèrent des membres des familles royales

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