La correspondance Leibniz-Fontenelle et les relations de Leibniz avec l Académie royale des Sciences en 1700-1701 - article ; n°2 ; vol.19, pg 115-132
19 pages
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La correspondance Leibniz-Fontenelle et les relations de Leibniz avec l'Académie royale des Sciences en 1700-1701 - article ; n°2 ; vol.19, pg 115-132

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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1966 - Volume 19 - Numéro 2 - Pages 115-132
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M Arthur Birembaut
M Pierre Costabel
Delorme Suzanne
La correspondance Leibniz-Fontenelle et les relations de Leibniz
avec l'Académie royale des Sciences en 1700-1701
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1966, Tome 19 n°2. pp. 115-132.
Citer ce document / Cite this document :
Birembaut Arthur, Costabel Pierre, Suzanne Delorme. La correspondance Leibniz-Fontenelle et les relations de Leibniz avec
l'Académie royale des Sciences en 1700-1701. In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1966, Tome 19 n°2.
pp. 115-132.
doi : 10.3406/rhs.1966.2484
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1966_num_19_2_2484La correspondance Leibniz-Fontenelle
et les relations de Leibniz
avec l'Académie Royale des Sciences
en 1700-1701
Les documents récemment rassemblés au Secrétariat des Archives de l'Aca
démie des Sciences dans le dossier Leibniz permettent aujourd'hui, grâce à la
bienveillance des Secrétaires Perpétuels, de combler des lacunes dans la publi
cation de la correspondance entre Leibniz et Fontenelle.
Il s'agit de deux lettres autographes de Leibniz, du 3 septembre 1700 et du
26 février 1701 : elles encadrent la lettre de Fontenelle du 8 décembre 1700 et
elles sont suivies directement par celle de du 30 avril 1701, ces deux
réponses du Secrétaire de l'Académie, conservées à Hanovre, ayant été éditées par
Foucher de Careil en 1854 (1), mais avec des omissions et des erreurs de lecture.
Les notes d'édition dont nous accompagnons les textes publiés ci-dessous
rendent compte des sujets scientifiques assez divers qui y sont évoqués. Mais
un commentaire général s'impose, car la suppression de ces deux lacunes permet
de mieux comprendre les rapports de Leibniz avec l'Académie Royale des Sciences
elle-même.
Nous publierons dans un numéro prochain une étude historique détaillée,
mettant au point la question complexe de l'agrégation effective de Leibniz à
l'Académie et donnant la liste des travaux qu'il y a envoyés comme associé
étranger depuis 1699. La première lettre que nous publions, du 3 septembre 1700,
se situe au moment où Leibniz vient de recevoir une pièce officielle attendue
longuement et dont le retard est significatif d'une situation et de difficultés admin
istratives sur lesquelles nous reviendrons dans l'étude que nous annonçons. Si
Leibniz n'a pas été indifférent à ce retard, la manière dont il s'exprime, aussitôt
reçue sa reconnaissance officielle, prouve qu'il tient à montrer sans tarder combien
il prend au sérieux sa nomination. Mais il n'agit pas, cette fois encore, avec l'Aca
démie, autrement qu'avec la plupart de ses correspondants.
Du moment où il prend la plume, le style qui lui est familier s'impose natu
rellement, il jette sur le papier ses préoccupations du moment, il passe d'un sujet
à l'autre, il quête l'information avec une avidité non dépourvue d'ingénuité.
(1) Lettres et Opuscules inédits de Leibniz, Foucher de Careil édit., Paris, 1854,
pp. 198-203 et pp. 204-207. 116 REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES
La réponse de Fontenelle, du 8 décembre 1700, est un témoignage de civilité.
Le Secrétaire Perpétuel de l'Académie récemment réorganisée se prête de bonne
grâce à répondre par le détail à tout ce qui lui a été demandé, mais il note discr
ètement que la lettre de Leibniz est arrivée pendant les vacances de l'Académie,
que certaines questions exigeaient des consultations délicates, d'autres nécessi
taient des recherches, et il souligne que les publications de l'Académie (Histoire
et Mémoires) sont en cours selon un plan qui sera sans doute à jour à la fin
de 1701, comblant ainsi les désirs de ceux qui sont, comme Leibniz, avides
d'information (1).
Dans cette perspective, la deuxième lettre que nous publions est un modèle
de diplomatie. Leibniz fait entendre dès les premiers mots qu'il a compris qu'il
avait été quelque peu importun, il aura désormais scrupule à s'exprimer aussi
librement avec le Secrétaire Perpétuel, mais il suggère que l'Académie lui donne
un correspondant disposant -de plus de loisir. Il revient sur la question à la fin
de sa lettre afin d'exprimer combien les publications officielles de l'Académie
ne sauraient satisfaire quelqu'un qui entend participer de loin aux travaux de
cette Compagnie. Il se résignera, certes, à être traité comme un quelconque lecteur
étranger, s'il n'y a pas moyen d'organiser à son endroit une communication
adéquate ; mais il laisse percer une certaine déception.
Les questions soulevées par Leibniz dans cette lettre du 26 février 1701 vont
contribuer à préciser cette situation. Se référant à un service rendu à la Biblio
thèque du Roi durant son séjour à Paris, Leibniz estime manifestement qu'il lui
suffit d'exprimer un désir pour être satisfait. Fontenelle lui répondra le 30 avril
que la communication des manuscrits dépend de ceux qui ont la charge de la
Bibliothèque et qu'il ne pourrait servir que d'intermédiaire. Commentant rapide
ment la pièce jointe à sa lettre, relative à un essai sur l'arithmétique binaire,
Leibniz souligne que cette pièce n'est pas prête pour l'édition et Fontenelle lui
fera entendre qu'il serait souhaitable que l'Académie ne reçoive que des mémoires
en état d'avancement suffisant. D'où la réaction postérieure de Leibniz. Puisque
l'on ne veut recevoir de lui que des choses « bien poussées et bien éclaircies », choses
que Fontenelle est « accoutumé à manier », ce « qui a augmenté sans doute le
goût exquis qu'il a pour cela », Leibniz diffère l'impression de son arithmétique
binaire jusqu'à ce qu'elle soit au point, au risque de priver un chercheur de l'inspi
ration qui aurait pu être utile (2). Ainsi le rétablissement d'une partie de la corre
spondance entre Leibniz et Fontenelle en 1700-1701 met en évidence un aspect
non négligeable des relations d'un membre étranger avec l'institution française
qui avait tant tardé à se l'associer officiellement.
Si Leibniz avait tort, dès le début, de ne pas situer sa correspondance dans
une autre perspective que celle qu'il avait l'habitude d'avoir à titre privé avec un
grand nombre d'esprits distingués et de curieux de la nature, il avait bien quelque
raison de marquer qu'une organisation était nécessaire pour rendre effective la
participation des membres non résidents aux travaux de l'Académie. Mais en
(1) Selon ce plan de publication, Fontenelle prévoit la sortie de presses de Г Histoire
de 1699 au début de 1701, celle de 1700 à Pâques ou Pentecôte 1701, celle de 1701 à la fin
de l'année. On sait que ces prévisions optimistes n'ont pas été réalisées pour des raisons
qui nous échappent encore en partie. Cf. p. 124 n. 1 et 2, et p. 129 n. 5.
(2) Cf. Foucher de Careil, op. cit., pp. 208-209. LA CORRESPONDANCE LEIBNIZ-FONTENELLE EN 1700-1701 117
réalité, entre lui et Fontenelle, et au delà des points de vue particuliers déterminés
par la situation de l'un et de l'autre, c'étaient deux conceptions du travail acadé
mique qui étaient en cause et se trouvaient en opposition. Celle de Leibniz, essen
tiellement fondée sur le caractère toujours inachevé des pensées de tout homme
et la nécessité des échanges de vues pour l'avancement de la recherche, met l'accent
sur ce qui doit demeurer le souci majeur de toute organisation au service de la
Science.
A. BlREMBAUT, P. GOSTABEL, S. DeLORME.
I. — Leibniz a Fontenelle, 3 septembre 1700 (1)
A Monsieur
Monsieur de Fontenelle
à Paris
Monsieur Bronsvic, 3 sept. 1700
Lorsque l'Académie Royale des Sciences me fait sçavoir par vostre
entremise, qu'elle agrée mon zèle, et m'envoye en même temps la patente
de reception dans son illustre corps, elle donne un grand relief aux marques
de sa bonté pour moy. Car elle ne pouvoit choisir un meilleur interprete
de ses volontés, et dont les lettres honnorent davantage celui qui les
reçoit. J'ay reçu cette patente avec tous les sentimens possibles de
reconnoissance, et si je ne puis mériter l'honneur qu'on m'y fait, et les

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