La décoration murale des appartements rennais, 1770-1790 - article ; n°4 ; vol.107, pg 71-91
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Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 2000 - Volume 107 - Numéro 4 - Pages 71-91
Dans une ville en grande partie reconstruite après l'incendie de 1720, les élites rennaises de la fin du XVIIIe siècle disposent d'appartements relativement spacieux mais la spécialisation des pièces reste assez peu développée. À l'examen des inventaires après décès il apparaît que ces intérieurs n'en sont pas moins abondamment décorés. Les nouveautés ne sont pas absentes de la décoration des murs, où se côtoient tapisseries de lice traditionnelles, indiennes et papiers peints, miroirs de taille variable, et de nombreux estampes et tableaux, parmi lesquels les portraits occupent une place prépondérante. Ni la quantité ni la qualité de ces éléments décoratifs ne sont cependant les mêmes dans toutes les catégories socioprofessionnelles, car si la décoration peut refléter des goûts individuels, elle est d'abord le reflet de réalités économiques, de modes de vie et d'une utilisation de l'espace très différentes.
At the end of the 18th century, after the reconstruction of their city largely destroyed by fire in 1720, the elites of Rennes live in relatively spacious flats, where the differents rooms still remain rather unspecialized. A study of estate inventories makes clear that these interiors are abundantly decorated. Innovation is fairly perceptible in the decoration of the walls, where traditional tapestries neighbour with printed fabrics and wallpaper, mirrors of variable size, engravings and paintings, among which the portraits hold a prominent position. However, neither the quantity nor the quality of these decorative elements are the same in all social and professional categories. Decoration may reflect individual taste, but it is above all the mirror of very different economical realities, ways of living and use of space.
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Publié le 01 janvier 2000
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Langue Français
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Extrait

Charlotta Wolff
La décoration murale des appartements rennais, 1770-1790
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 107, numéro 4, 2000. pp. 71-91.
Résumé
Dans une ville en grande partie reconstruite après l'incendie de 1720, les élites rennaises de la fin du XVIIIe siècle disposent
d'appartements relativement spacieux mais la spécialisation des pièces reste assez peu développée. À l'examen des inventaires
après décès il apparaît que ces intérieurs n'en sont pas moins abondamment décorés. Les nouveautés ne sont pas absentes de
la décoration des murs, où se côtoient tapisseries de lice traditionnelles, indiennes et papiers peints, miroirs de taille variable, et
de nombreux estampes et tableaux, parmi lesquels les portraits occupent une place prépondérante. Ni la quantité ni la qualité de
ces éléments décoratifs ne sont cependant les mêmes dans toutes les catégories socioprofessionnelles, car si la décoration peut
refléter des goûts individuels, elle est d'abord le reflet de réalités économiques, de modes de vie et d'une utilisation de l'espace
très différentes.
Abstract
At the end of the 18th century, after the reconstruction of their city largely destroyed by fire in 1720, the elites of Rennes live in
relatively spacious flats, where the differents rooms still remain rather unspecialized. A study of estate inventories makes clear
that these interiors are abundantly decorated. Innovation is fairly perceptible in the decoration of the walls, where traditional
tapestries neighbour with printed fabrics and wallpaper, mirrors of variable size, engravings and paintings, among which the
portraits hold a prominent position. However, neither the quantity nor the quality of these decorative elements are the same in all
social and professional categories. Decoration may reflect individual taste, but it is above all the mirror of very different
economical realities, ways of living and use of space.
Citer ce document / Cite this document :
Wolff Charlotta. La décoration murale des appartements rennais, 1770-1790. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest.
Tome 107, numéro 4, 2000. pp. 71-91.
doi : 10.3406/abpo.2000.4083
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_2000_num_107_4_4083La décoration murale
des appartements rennais, 1770-1790
CHARLOTTAWOLFF
Dans une ville en grande partie reconstruite après l'incendie de 1720, les
élites rennaises de la fin du XVIIIe siècle disposent d'appartements relativ
ement spacieux mais la spécialisation des pièces reste assez peu développée.
À l'examen des inventaires après décès il apparaît que ces intérieurs n'en
sont pas moins abondamment décorés. Les nouveautés ne sont pas absentes
de la décoration des murs, où se côtoient tapisseries de lice traditionnelles,
indiennes et papiers peints, miroirs de taille variable, et de nombreux
estampes et tableaux, parmi lesquels les portraits occupent une place pré
pondérante. Ni la quantité ni la qualité de ces éléments décoratifs ne sont
cependant les mêmes dans toutes les catégories socioprofessionnelles, car si
la décoration peut refléter des goûts individuels, elle est d'abord le reflet de
réalités économiques, de modes de vie et d'une utilisation de l'espace très
différentes.
At the end of the 18th century, after the reconstruction of their city largely des-
troyed by (ire in 1720, the élites of Rennes live in relatively spacious flats, where
the différents rooms still remain rather unspecialized. A study of estate inventor
ies makes clear that thèse interiors are abundantly decorated. Innovation is fairly
perceptible in the décoration of the walls, where traditional tapestries neighbour
with printed fabrics and wallpaper, mirrors of variable size, engravings andpain-
tings, among which the portraits hold a prominent position. However, neither the
quantity nor the quality of thèse décorative éléments are the same in ail social
and professional catégories. Décoration may reflect individual taste, but it is
above ail the mirror of very différent economical realities, ways of living and use
ofspace.
Nous avons étudié la décoration des intérieurs rennais entre 1770 et
1790 à partir d'un corpus de 250 minutes d'inventaires, dont 245 invent
aires après décès ou de communauté, quatre inventaires après interdic
tion et un après sentence de séparation, toutes enregistrées au présidial
de Rennes l. Ces documents, relativement laconiques sur la forme et la
1. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, série 2 B (Sénéchaussée et siège présidial
de Rennes), liasses 644 à 715.
Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, tome 107, n"4, 2000. CHARLOTTAWOLFF
taille des objets, contiennent des informations à la fois sur la valeur rela
tive des éléments décoratifs et sur leur localisation dans l'appartement. À
la lecture des inventaires il est possible d'estimer le poids des éléments
décoratifs par rapport au montant total de l'inventaire et de percevoir
d'éventuelles préférences dans la mise en valeur du logement. Les Ren
nais manifestent-ils une réelle volonté de décorer ? Dans quelle mesure
les innovations esthétiques pénètrent-elles une ville moyenne, capitale
provinciale ?
Considérant que les préoccupations de cet ordre supposent une cer
taine aisance, nous avons retenu des inventaires relativement riches, en
tâchant de constituer des catégories socioprofessionnelles numérique
ment équilibrées et représentatives des élites urbaines. L'échantillon
comprend ainsi 10 ecclésiastiques (valeur moyenne de leurs inventaires :
13 259 livres), 46 nobles (24 088), 48 officiers non nobles (4 758),
44 membres des professions libérales (5 206), 48 commerçants (4 708 ^),
43 artisans ou salariés (1 007) et 1 1 personnes de profession inconnue ou
inclassable (1 653).
Les théoriciens de l'époque s'étant principalement intéressés à la
décoration des surfaces murales, nous avons écarté de cette étude les
meubles au sens actuel 3. Les éléments fixes (boiseries, plafonds, moul
ures...) n'apparaissant jamais dans les inventaires, il ne sera ici question
que des tapisseries, trumeaux, miroirs, tableaux et images. Dans quelles
pièces trouvons-nous cette décoration, et à quoi ressemble-t-elle ? Avant
d'aller plus loin, il faut connaître les caractères généraux des apparte
ments inventoriés.
Les conditions générales de la décoration :
taille et distribution des appartements
La décoration d'intérieur, telle qu'elle est définie par Jacques François
Blondel 4, n'est ni l'équivalent de l'ameublement ni un domaine autonome
mais une composante de l'architecture, notamment par sa subordination
à la distribution. Autrement dit, elle dépend de la destination de la pièce,
ce qui suppose une spécialisation fonctionnelle des lieux. Cette spécialisa
tion n'est possible que dans des appartements aux pièces multiples. Pour
2. En excluant un inventaire exceptionnellement élevé, le plus important de tout
l'échantillon, de 408 980 livres. Il s'agit de l'inventaire après décès de Jean Mathurin
Moy Du Breil, receveur des fouages, négociant et banquier, daté du 21 juillet 1777.
ADIV2B666.
3. « Le meuble » du français classique désigne l'ensemble du mobilier d'une pièce.
4. Architecte du roi et professeur à l'Académie d'architecture, J.-F. Blondel (1705-1774)
fut le grand théoricien de l'aménagement des demeures aristocratiques du XVIIIe
siècle. Voir à ce propos l'article « Décoration » de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alem-
bert, où il définit la décoration intérieure comme une « partie de l'Architecture »,
ayant pour objet « la magnificence des appartenons ». Cf. aussi son traité De la distr
ibution des maisons de plaisance, et de la décoration en général, Paris, Jombert, 1738.
72 LA DÉCORATION MURALE DES APPARTEMENTS RENNAIS, 1770-1790
connaître la taille approximative des appartements, nous avons compté
les pièces habitables ou susceptibles d'être décorées. De ce calcul ont en
conséquence été exclus les dépendances, les remises, les dégagements,
couloirs et vestibules nus. Le nombre moyen ainsi obtenu est de 17,9
pièces pour la noblesse, 6,2 pour les me

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