La dope - article ; n°1 ; vol.34, pg 51-63
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Description

Les Cahiers du GRIF - Année 1986 - Volume 34 - Numéro 1 - Pages 51-63
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

La dope
In: Les Cahiers du GRIF, N. 34, 1986. les jeunes la transmission. pp. 51-63.
Citer ce document / Cite this document :
La dope. In: Les Cahiers du GRIF, N. 34, 1986. les jeunes la transmission. pp. 51-63.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/grif_0770-6081_1986_num_34_1_1701La dope
Valérie
Ce dialogue entre Valérie et une psychiatre du Centre de thérapie familiale Monceau
est extrait d'un film vidéo, On peut s'en sortir, disent-elles, réalisé par Geneviève
Bastid avec la collaboration de Carole Roussopoulos (production et distribution
Vidéo-Out).
Je vous ai amenés ici parce que c'est un endroit où on
venait, c'est un endroit qui a changé, c'était un endroit
intime et tranquille qui peut encore l'être mais qui a
bougé. C'est un lieu qui est beau, où on pouvait délirer
en paix. Je sais pas bien comment causer devant un mi
cro. S'il y a quelque chose à prendre, c'est les - vous
avez vues - les têtes des statues au fond ? Les têtes des
statues, elles ont une raison d'être, je sais pas, c'est pas
mon langage, mais il y a peut-être une symbolique à en
tirer ou quelque chose comme ça. Elles ont des têtes
complètement déformées, complètement passionnées, avec
des grimaces, des trucs comme ça qui correspondent à
quelque chose. C'est par hasard qu'on venait les voir. On
va faire des gros plans. Vous avez vu les têtes des statues
là-bas ? Faut aller les voir, oui. Vous voulez pas nous
faire quelques gros plans des visages des statues qui sont,
qui sont ce qu'ils sont quoi, qui sont pas comme la
gueule des autres. Qui sont belles, qui sont délirantes, qui
sont marrantes. Y a des lieux de tourisme classiques où
vont les gens, comme Montmartre ou je sais pas quoi,
puis y a des lieux différents auxquels on peut être sensi
ble différemment par leur côté pas vraiment sordide mais
pas fréquenté. Y a des lieux pour tout le monde puis y a
des lieux pour les autres. 51 Je viens ici plus facilement la nuit, plus facilement quand
c'est désert, quand y a personne quoi. C'est des endroits
où iront pas le gros des badauds quoi.
C'est pas pareil, c'est pas la même sensibilité. Y a des
lieux putes et puis y a des lieux pas putes en quelque
sorte. Le terme est peut-être un peu gros, mais il y. a des
lieux, vendus, préparés, décorés, sécurisants, puis y a
d'autres lieux à la limite de l'angoissant ou un peu ri
squés, ou un peu... C'est ce qui me plaît oui. Des lieux
pour pas faire comme les autres, pour marquer la diffé
rence et... On veut pas être comme les autres, parce que
les autres, ils sont tous trop pareils. Ils sont catalogués,
rangés, canalisés, programmés.
C'est vrai qu'il y a un état de souffrance qui est long, qui Le souvenir que j'ai de no
tre première rencontre, est permanent, qui se traîne, qui au bout d'un moment
peut-être que Xavier va n'est plus supportable tout seul, et on peut plus faire face
m'aider, j'avais le souvenir tout seul à sa souffrance, alors soit on se casse la gueule,
de quelqu'un de très, très soit on trouve... on trouve quelque chose pour sortir.
triste ; je veux dire la tox
icomanie, c'était au second
Ben se casser la gueule, c'est éventuellement se doper, plan pour moi et c'est cette
enfin ça revient au même quoi, c'est se foutre en l'air, tristesse qui était impor
quoi. Si la souffrance est pas supportable et si on arrive tante pour nous.
pas à en sortir soi-même y a pas d'issue. Si, y a deux
issues : soit claquer, comme ça on souffre plus, soit trou
ver le moyen d'en sortir.
Quand on prend de la poudre, la souffrance, ça va quoi.
On la sent plus trop, non. Bon, on la sent peut-être au
bout du compte d'une autre façon, mais ça passe. Seule
ment c'est un cercle vicieux, parce qu'on prend de la
poudre, on continue et puis on patauge et on souffre en
core plus et de toute façon si on continue, on y reste. Y a
un choix : soit vivre, soit claquer quoi. Si on continue à
se doper, on claque.
On a essayé de mettre en ^s sont Pas venus... Mon père, il a commencé par faire
place quelque chose avec passer des petits papiers comme quoi il m'attendait au
votre famille, quelque bistrot d'à côté ! chose, bon, d'un peu parti
culier, puisque dans un pre
mier temps votre père est
venu ici, puis mère. Et il a raté des rencarts, ou le travail peut pas le laisser Ou on a travaillé alternativ
partir ou etc.. Moi je suis venue ici aussi dans l'idée ement avec votre père et
qu'il y avait effectivement une raison, que la famille a vous, votre mère et vous, et
une importance, que l'enfance a une importance dans la puis on vous voyait seule
joie de vivre, et que vous travaillez sur la famille et aussi de temps en temps, ce
qui est quelque chose d'un c'était clair qu'il y avait un lien.
peu marginal par rapport à
notre pratique de thérapie
familiale où souvent on ar
rive à voir toute la famille
réunie à chaque entretien.
Mais souvent, on a aussi
des familles désunies et on
essaie de proposer quelque
chose d'un peu plus adapté
à chaque histoire. Ça n'a
pas été facile hein, quand
vos parents sont venus ?
Ben, elle vient pour moi parce que moi je suis malade, Votre mère alors, quand elle
est venue, qu'est-ce que seulement elle viendra jamais pour elle. Parce que elle va
vous en avez pensé, est-ce pas bien non plus. De même que ma sur qu'on arrive
que ça été difficile ? jamais à avoir. Elle est venue deux fois ou trois fois sur
deux ans et demi. Oui...
En général vous cherchez à réunir la famille. Là il se Est-ce que ça vous a éton
née qu'on vous voie alternatrouve que la famille, on peut difficilement la réunir tout
tivement avec votre père, entière, c'est pas possible. Si vous voulez un champ de
avec votre mère, seule ? bataille, garanti. Mais, bon, leur réticence se comprend
parce que, en venant, il faut qu'ils reconnaissent quelque
chose qui est difficile à reconnaître, il faut aussi qu'ils
Vous habitiez déjà dans une acceptent, qu'ils acceptent la souffrance, qu'ils la recon
chambre, enfin un endroit naissent pour leurs enfants, pour eux-mêmes, et puis
un peu particulier puisqu'on qu'ils en discutent, donc qu'ils la fassent revivre, et on en a souvent parlé, qui est
préfère souvent l'enterrer et la mettre en arrière, essayer un endroit très triste, hein ?
de la cacher, ce qui fait qu'il y a beaucoup de gens avec Malgré les deux plantes
leur souffrance, qui vivotent avec leur souffrance mais... vertes, c'est ça ? Le nid à
rats, hein, c'est comme ça
que vous l'appeliez ? . Le trou à rats, le trou à rats.
S2> vos parents vivaient cha C'est-à-dire qu'on arrivait à se voir de temps en temps en Et
cun de leur côté. Et l'en dehors, mais vu le rapport qui s'établissait en dehors, y a
droit où vous les rencontriez des relations qui sont trop passionnées et où il y a besoin
le plus souvent pendant un d'une personne neutre pour essayer de s'exprimer diff
temps, donc ça a été Monc éremment, de se comprendre.
eau, hein. C'était difficile
Y a aussi le boulot, bon, c'était un drôle de choix de de les voir en dehors.
boulot, coursier, bon. En deux mois à peu près de cours
ier, j'ai rencontré une seule fille qui le faisait. Bon, y a
du risque, y a le patron qui peut pas suivre. Y a pas à
s'habiller et à jouer les midinettes pomponnées derrière
une machine à écrire. En même temps, c'est bourré de
risques, c'est un peu...
Comme la poudre ? Oui, c'était lâcher le risque de la dope pour trouver un
autre truc à risque aussi où... Puis un peu dur aussi his
toire d'essayer de se surpasser peut-être ou...
Puis après vous avez quitté Il faisait trop froid. Il faisait trop froid puis ça devenait
le travail. dangereux parce que je commençais à regarder l'arrière
du camion en me disant bon : mince, mes freins mar
chent plus.
quand ans idées moment fond, envie, poudre Je Les les ou idées pas suicidaires ai plus on peut-être et où n'importe décide de du on les vivre, tout prend plus idées je d'arrêter, comment bon crois, envie où ça suicidaires. la tous ben peut décision et de on on les non puis vous me décide a matins plus,

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