La gauche communiste plurielle - article ; n°4 ; vol.49, pg 695-706
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Description

Revue française de science politique - Année 1999 - Volume 49 - Numéro 4 - Pages 695-706
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Marc Lazar
La gauche communiste plurielle
In: Revue française de science politique, 49e année, n°4-5, 1999. pp. 695-706.
Citer ce document / Cite this document :
Lazar Marc. La gauche communiste plurielle. In: Revue française de science politique, 49e année, n°4-5, 1999. pp. 695-706.
doi : 10.3406/rfsp.1999.396255
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1999_num_49_4_396255'
LA GAUCHE COMMUNISTE PLURIELLE
MARC LAZAR
Le résultat des élections européennes du 13 juin 1999 a confirmé qu'il existe
dorénavant en France une gauche communiste plurielle. À dire vrai, cette situa
tion n'est pas aussi originale qu'il n'y paraît : ainsi, en Grèce, deux partis issus
du Parti communiste, le KKE (Parti de Grèce) et le Synaspismos (Coali
tion de la gauche et du progrès) s'affrontent depuis plus de trente ans, cependant que
l'Italie, depuis l'automne dernier, abrite désormais deux partis communistes, Rifonda-
zione Comunista, dirigé par Fausto Bertinotti, et le Parti des communistes italiens,
emmené par Armando Cossutta. Mais à la différence de ces deux pays, la singularité
de la gauche communiste plurielle française tient à ce qu'elle est composée du Parti
communiste français et d'une extrême gauche trotskiste représentée par l'alliance de
la Ligue communiste révolutionnaire et de Lutte ouvrière. Ainsi, en cette fin de siècle,
la France a l'insigne privilège d'assister à la poursuite du combat fratricide, marqué
dans le passé par des épisodes tragiques et sanglants, qui, depuis la fin des années
vingt, oppose deux branches du communisme issues de l'expérience bolchevique
russe, celle qui choisit Staline et l'autre qui préféra suivre le prophète désarmé. Cette
confrontation constitue un formidable encouragement pour les trotskistes, habitués à
l'état groupusculaire, alors qu'elle s'avère humiliante le PCF qui domina long
temps la gauche et se voit désormais contraint d'essayer de ne pas se faire dépasser
par ces rivaux. Ces derniers cherchent à s'engouffrer dans l'espace libéré par la
« mutation » du PCF engagée par son secrétaire national, Robert Hue, qui s'efforce de
modifier la stratégie de son parti, voire son identité et son organisation, en participant
pleinement au gouvernement de Lionel Jospin. Aussi, le scrutin du 13 juin ne repré
sentait-il pas le même enjeu pour les deux concurrents. Pour le PCF, il s'agissait de
démontrer la réalité de son changement, à la fois sur l'Europe et comme parti. Pour les
trotskistes, l'ambition était plus simple et parfaitement résumée dans le titre de
l'article qu'écrivit Ariette Laguillier pour le journal Le Monde : « Le 13 juin, censu
rons la gauche plurielle . » Par conséquent, l'analyse des résultats du PCF et des trots
kistes doit être appréciée également en fonction de ces objectifs réciproques.
LE PCF : UN ECHEC AU REGARD DE SES ESPERANCES
UNE CAMPAGNE BAROQUE
Le scrutin du 13 juin revêtait, cette fois-ci, une importance considérable pour le
Parti communiste. Sa direction avait transformé cette élection européenne en un véri
table banc d'essai de sa politique de rénovation puisque dorénavant le PCF se veut
euroconstructif et qu'il déclare explorer de nouvelles façons de faire de la politique.
Après que son espoir de constituer une liste de large rassemblement de la gauche radi-
1. Le Monde, 9 juin 1999.
_
Revue française de science politique, vol. 49, n° 4-5, août-octobre 1999, p. 695-705.
© 1999 Presses de la Fondation nationale des sciences politiques. Marc Lazar
cale se soit brisé sur la volonté des Verts et de l'extrême gauche de défendre leurs
propres couleurs, Robert Hue n'en annonçait pas moins, au cours de l'été, « une
surprise » pour les élections européennes. Dès le mois de septembre, après la défection
de Marie-George Buffet, il devenait évident que numéro un du PCF se lancerait dans
la bataille. Le 28 janvier, il proposait au Comité national du PCF de conduire une liste
de double parité, entre hommes et femmes, et entre communistes et non communistes.
Pour symboliser cette ouverture, il annonçait que la deuxième position de la liste serait
donnée à Geneviève Fraisse, philosophe, directrice de recherches au CNRS et délé
guée interministérielle aux Droits des femmes de novembre 1997 à novembre 1998 :
celle-ci se définissait elle-même comme une « ancienne soixante-huitarde gauchiste »,
« intellectuelle engagée dans la cité » pour la cause des femmes, décidée à faire valoir
l'indépendance du PCF et des « représentants de la société civile » et n'hésitait pas à
confier son embarras au cas où les Verts lui auraient proposé de les rejoindre '. Trois
semaines plus tard, le PCF dévoilait la composition de sa liste où figuraient donc, à
côté des responsables communistes, des personnalités supposées symboliser la vie
intellectuelle (outre Geneviève Fraisse, l'architecte Roland Castro et quelques autres
universitaires et médecins), artistique (Stanislas Nordey, directeur du théâtre Gérard
Philipe de Saint-Denis, le dramaturge André Benedetto, le chanteur Jean Ferrât, etc.),
syndicale (Michel Deschamps, dirigeant de la FSU ou Denis Cohen, secrétaire général
de la fédération CGT de l'énergie) et associative (par exemple, Fodé Sylla, président
démissionnaire de SOS-racisme) : en outre, au nom de l'esprit de réconciliation et de
repentance dont il fait preuve depuis quelque temps, le PCF rouvrait ses portes à
d'anciens communistes qui avaient quitté le parti ou en avaient été exclus (Philippe
Herzog, Maurice Kriegel-Valrimont). « Le PC bouscule la classe politique » titrait
L'Humanité du 20 février 1999 tandis que Robert Hue célébrait « une ouverture tot
alement inédite, un acte majeur de la mutation communiste 2 » et notait que l' antilib
éralisme et le désir d'impulser une réorientation progressiste de l'Europe rassemblaient
les 87 colistiers. Ceux-ci étaient présentés à la presse au cours d'une réception à
laquelle participaient des personnalités comme Pierre Berge ou Jorge Semprun. « La
liste qui secoue le cocotier », selon L'Humanité du 15 mars, devenait la liste « Bouge
l'Europe » à la fin du mois.
Cette fois, le secrétaire national du PCF, qui proclame continûment son intention
de continuer à porter haut et fort le nom de communiste et prononce de vibrants pla
idoyers pour « le beau mot de communisme », préférait avancer masqué. Au nom de la
mutation en cours, le PCF a donc été le seul parti politique important à ne pas se pré
senter sous son drapeau. Davantage : Robert Hue annonçait « une campagne positive,
constructive, jeune et joyeuse, confiante dans l'avenir 3 ». Il y investissait d'ailleurs le
plus gros budget de toutes les formations en lice : 40 millions de francs, quatre fois
plus qu'en 1994 4. Lyrisme, enthousiasme et même douce euphorie ont caractérisé une
grande partie de l'activité du PCF qui redoublait d'imagination, de déclarations fr
acassantes et de formules baroques : « Bouge l'Europe, bouge d'ici, bouge de là, bouge
1 . Geneviève Fraisse, « La parité fait partie des grands combats européens », L'Humanité,
29 janvier 1999. La déclaration concernant les Verts a été faite à France-Info le 29 janvier et est
rapportée dans L'Humanité du 30 janvier 1999.
gauche" 2. Arianne », Le Monde, Chemin, 21-22 « Le février Parti 1999. communiste veut construire un "nouveau partenariat à
3. Libération, 31 mars 1999.
4. Nathalie Raulin, « Les candidats se dépensent mais pas sans compter », Libération,
4 juin 1999.
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La gauche communiste plurielle
d'en haut, bouge d'en bas, bouge toi, bouge moi, bouge de place, bouge sur place,
bouge d'envie, bouge la vie, à tout va », clamait le carton d'invitation à l'une
de ses soirées culturelles très parisienne. Robert Hue et son équipe pensaient avoir
réussi leur opération pour une élection à haut risque et ils espéraient recueillir les fruits
de leur initiative originale en faisant mieux qu'en 1994, où le PCF conduit par Franci

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