La mortalité à Mamers de Louis XIV à Napoléon III - article ; n°3 ; vol.90, pg 467-482
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Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 1983 - Volume 90 - Numéro 3 - Pages 467-482
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Publié le 01 janvier 1983
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Langue Français
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René Plessix
La mortalité à Mamers de Louis XIV à Napoléon III
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 90, numéro 3, 1983. pp. 467-482.
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Plessix René. La mortalité à Mamers de Louis XIV à Napoléon III. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 90,
numéro 3, 1983. pp. 467-482.
doi : 10.3406/abpo.1983.3135
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1983_num_90_3_3135LA MORTALITE A MAMERS
DE LOUIS XIV A NAPOLEON III
par René PLESSIX
Mamers, petite sous-préfecture du département de la Sarthe, située aux
confins nord-ouest de l'ancienne province du Maine, à proximité du Perche,
fut longtemps considérée comme la capitale d'une petite contrée, le Saos-
nois, mais « ce petit pays n'est guère connu aujourd'hui » selon l'expression
toujours exacte dé Pierre d'Avity (1). C'est, sous l'Ancien Régime, un petit
centre administratif, fonction qu'elle conserve après la Révolution. En
lisière du Saosnois, région rurale relativement riche où se mélangent l'open-
field de la plaine d'Alençon et le bocage proche des collines du Perche,
l'activité économique de cette ville se partage entre le commerce des grains
et des bestiaux et le tissage et la vente des toiles de chanvre, activités en
déclin au XIXe siècle. Enfin Mamers, qui compte 4 224 habitants en 1764 (2),
présente tout au long du XVIIIe siècle un aspect lamentable et apparaît,
aujourd'hui, au travers des textes, d'une saleté repoussante. L'amélioration
ne vient que lentement. L'eau manque pratiquement durant tout le XIXe
siècle, les vieilles maisons « sont humides, basses d'étage, mal aérées et dès
lors malsaines, les ouvriers sont mal nourris» (3). De plus le travail des
tisserands, dans les caves, aggrave encore l'état sanitaire. En 1886, à l'apo
gée de la courbe, la population n'atteint que 6 478 habitants, chiffre à peine
dépassé aujourd'hui. Quoiqu'il en soit Mamers, gros bourg ou petite ville,
est un site possible d'observation de la mortalité urbaine : évolution, com
posantes structurelles et causes peuvent retenir l'attention (4).
(1) Pierre d' AVITY, Le monde ou la description générale de ses quatre parties, Paris, 1637, 7 tomes en
5 volumes, Europe, t. II, p. 212.
(2) B.M. Château-Gontier, Ms 1 1 , Tableau de la Généralité de Tours depuis 1 762 jusque et compris 1 754.
(3) Archives départementales de la Sarthe ( A.D.S.), 1 Mi 86, enquête sur le travail agricole et industriel,
1848, question n" 9.
(4) Cette étude reprend, améliore partiellement et prolonge un chapitre d'une thèse de 3' cycle, soutenue
à Rennes en 1977, intitulée La population de Mamers et du Saosnois (environ 1660-1829), essai d'histoire
bailliagère, multigraphie. J'y ai analysé la tenue des registres paroissiaux et le sous enregistrement des décès
avant 1750 date à laquelle la proportion des ondoyés-décédés ou des enfants nés sans vie dépasse 3 % des
naissances. De plus les prêtres n'enregistrent pratiquement aucun décès d'enfants de 1726 à 1730 sans qu'il
soit possible d'expliquer pourquoi. .
.
468 ANNALES DE BRETAGNE
/. La mortalité globale
La courbe longue des naissances et des sépultures montre le profil « en
dents de scie » bien connu avec des « clochers » qui, à la fin du XVII' siècle et
au début du XVIII1' siècle, arrivent là où on les attend : crises de l'Avène
ment et de 1693-1694, « mortalité de crise » des années 1705-1715 et 1741-
1742, grande épidémie de dysentrie de 1767, douze ans avant celle qui frappe
tout l'Ouest de la France mais épargne Mamers. Les accidents cycliques
s'atténuent ensuite sans disparaître tout à fait : les mortalités épidémiques
de 1774, 1780. 1784, 1800, 1814, 1835, 1850, 1859 et celles des dernières
années du Second Empire en témoignent. Certes le recul de la mort s'ob
serve ici comme ailleurs, mais plus tardivement qu'en certains endroits et de
façon moins nette peut-être.
Le dénombrement de 1764, les recensements du XIX' siècle, fournis
sent une image globale de la mortalité générale par le calcul d'un taux de
mortalité d'après le nombre moyen des décès de onze années (cinq avant le
dénombrement, l'année du dénombrement, cinq après le dénombrement) :
1764 43.6 pour 000 (5)
An VI 33.2 000
1807 28.4 pour 000
1821 23.7 000
1836 25,9 pour 000
1841 23.7 000
1851 25.2 pour 000
Après la chute à la fin du XVIII' siècle, la mortalité oscille donc tout au
long de la période autour de 25 pour mille. L'étude de la répartition proport
ionnelle des âges au décès des 3 1 853 personnes disparues de 1686 à 1725 et
de 1731 à 1870 fournit un nouvel élément :
Répartition proportionnelle des âges au décès.
Classes cTâges
0-1 an 1-9 ans 10-19 ans 20-25 ans 60 ans et + Périodes '■'( '■'(
1686- 170^ 19.86 22.99 18.99 3 1 .72 6.41 1706- 17"» 5 18.86 33.41 6.65 25.05 16,10
1731-1750 20.48 26.88 7.14 24.79 20.68
1751-1770 16.73 24.89 2 1 .66 4.31 32,38
1771-1790 29.98 22.93 4.08 21.39 2 1 .59
1791-1810 2 1 .39 22.90 4.39 23.32 27.98 5,9'» 181 1-1830 23.18 14.48 24.27 32,12
1831-1850 20.52 ! 1 .59 4.62 26.18 37.08
1851-1870 20.13 9.55 23.46 42.21
(5) Les 505 décès de 1767. année de dysentrie. n'ont pas é.é pris en compte dans ce calcul. .
DE BRETAGNE 469 ANNALES
Si les structures de la population demeurent identiques, la part de la
mortalité infantile progresse de 1730 à la fin du XVIII1' siècle puis décline
ensuite, celle des autres groupes d'âges diminue assez régulièrement mais la
part des personnes âgées augmente.
2. Les composantes structurelles de la mortalité
a) Une forte mortalité infantile, une mortalité juvénile en recul.
Le calcul du taux annuel de mortalité infantile, qui peut se faire en
dehors de toute reconstitution des familles, fournit les résultats suivants :
Taux de mortalité néonatale (N) et infantile (I) pour 1 000 naissances
de 1750 à 1870, par périodes décennales.
Périodes N I Périodes N
1750-1759 158 305 1810-1819 114 198
194 1760-1769 142 282 1820-1829 111
217 1770-1779 141 253 1830-1839 111
1780-1789 127 229 1840-1849 137 230
1790-1799 127 229 1850-1859 144 228
1800-1809 121 1860-1869 149 294 208
Récapitulation 1750-1789 148 279
1790-1829 119 208
1830-1869 134 259
Aucun des chiffres de ce tableau ne tient compte d'une possible mise en
nourrice à l'extérieur, or, si cette pratique semble assez peut courante ici,
elle n'est tout de même pas totalement ignorée (6). Cette réserve faite, ces
taux sont impressionnants et laissent penser que la mortalité urbaine, pour
ne pas dire la surmortalité urbaine, est d'abord due à ces taux catastrophi
ques de mortalité infantile (7). Par ailleurs les moyennes décennales, comme
celles par périodes de 30 ou 40 ans, traduisent, au-delà des fluctuations de
détail, une tendance à la baisse jusqu'en 1830-1839, puis une reprise continue
jusqu'à la fin du Second Empire. Comme ce relèvement ne peut être attribué
à une hausse brutale d'une année précise, mais à une progression de la
.majorité des taux annuels, l'expliquer est extrêmement difficile. On songe
bien sûr à une étude des causes de décès (8).
(6) Les taux en apportent une preuve. Les dépouillements en cours des registres paroissiaux et d'état
civil de toutes les paroisses ou communes dans un rayon de 10 km confirment cette hypothise, ils ne
permettent de retrouver que quelques individus.
(7) A titre de comparaison, dans le village de Saint-Vincent-des-Prés (828 habitants en 1764). établi au
sein d'un riche terroir, les chiffres sont les suivants : N 121 et 1 237 pour la période 1750- 1799 où l'enregistr
ement des décès d'enfants est satisfaisant.
(8) J. BOURGEOIS-PICHAT,« De la mesure de la mortalité infantile ». Population. 1946. pp. 53-68, et
du même auteur, « La mesure de la mortalité infantile », Population 1951, pp. 233-248, pp. 459-480. 470 ANNALES DE BRETAGNE
Taux de mortalité infantile (pour 1 000) et ses composantes.
1731-1789 1790-1829 1830-1870
Mortalité

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