La position sociale de la femme dans la société traditionnelle des Moluques centrales - article ; n°1 ; vol.13, pg 53-78
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Description

Archipel - Année 1977 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 53-78
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Renée Valeri
La position sociale de la femme dans la société traditionnelle
des Moluques centrales
In: Archipel. Volume 13, 1977. pp. 53-78.
Citer ce document / Cite this document :
Valeri Renée. La position sociale de la femme dans la société traditionnelle des Moluques centrales. In: Archipel. Volume 13,
1977. pp. 53-78.
doi : 10.3406/arch.1977.1327
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1977_num_13_1_132753
LA POSITION SOCIALE DE LA FEMME DANS LA SOCIÉTÉ
TRADITIONNELLE DES MOLUQUES CENTRALES
par Renée VALERI
"The Men finely bedecked with Feathers of divers Colours about their Heads, and
Lances in their Hands ; the Women had no Ornament about them, nor any Thing
to cover their Nakedness, but a bunch of small green Boughs, before and behind,
stuck under a String which came round their Wastes. They carried large Baskets on
their Heads full of Yams. And this I have observed amonst all the wild Natives I
have known, that they make their Women carry the Burdens, while the Men walk
before, without any other Load than their Arms and Ornaments".
Dampier, ei. 1906, t. II, p. 537
(visite en Nouvelle Guinée en 1700)
"The man, who was naked, with the exception of a cloth round his loins, carried a
large bow, a bundle of arrows with broad points of iron, a klewang or hanger by
his side, and was preceded by his dog, while his wife, clad as lightly as her husband,
brought up the rear, bearing a musket and a large basket of yams on her shoulders".
Kolff, 1840, p. 139
(rencontre d'un couple à Babar)
"Met moite sleept zij sich voort, de vrouw. Een zuigeling in een doek op haar heup.
Een draagband, zwaar van inhoud, hangt op haar rug. De draagband trekt door de
zwaarte van de manden diepe groeve in haar voorhoofd. Op har hoofd een bosch hout
om straks het houtvuur in de hut te onderhouden. Op haar schouder, waarover de
doek gaat, waarin ze haar kind draagt, een paar bamboekokers met drinkwater.
Ailes te zamen een zware vracht. Ook al is ze in blijde verwachting, toch wordt
ze zoo belast. Achter haar staapt haar heer en meester. Een hakmes op zij, over
zijn schouder een tasch, waarin het rook- en sirihgerei, een lans in zijn hand, een
srootje in zijn mond".
Schut 1917, p. 137
(rencontre d'un couple à Bum) 54
Ces trois évocations de couples d'indigènes du Grand est indonésien,
faites à un siècle d'intervalle l'une de l'autre, se ressemblent étrange
ment. Il est vrai que la première, due à un corsaire anglais, est bien
moins tendancieuse et exagérée que la troisième, qui est l'oeuvre l'un
missionnaire hollandais plaidant sa cause, c'est-à-dire la "libération"
de la femme de Buru par sa conversion au christianisme. Mais toutes
révèlent l'oeil et la perspective d'uni homme venant d'une culture où
ces manifestions extérieures du statut de la femme ont une significa
tion précise, celle de l'esclave, de la bête de somme. En effet, une femme
européenne de quelque considération ne porte pas de grands poids :
ceci la caractérise immédiatement — pour un homme du XVIIe siècle
aussi bien que pour un du début du XXe — comme une femme en
servitude. Le jugement de celui qui nous décrit le statut et le rôle de
la femme dans une société "primitive" est donc fondé sur ce qu'il con
naît de sa propre société. En général, il traduit ce qu'il observe en
termes de hiérarchie : celui qui ne fait pas de travail physique (ou
semble ne pas en faire) est supérieur à celui (ou celle) qui porte les
fardeaux. En plus, une femme qui travaille est inférieure à une femme
qui ne travaille pas, comme il arrivait à toutes les femmes de classe
moyenne et supérieure en Europe jusqu'à une époque relativement
récente. Mais à côté de cette image de la femme esclave, on retrouve
son renversement, qui est aussi scandaleux pour l'observateur euro
péen : on décrit alors des sociétés "matriarcales", où la femme aurait
les rôles qui dans notre société sont réservés aux hommes — et un
statut trop élevé pour plaire au goût masculin.
Pour évaluer la position de la femme dans une société donnée,
il ne faut pas utiliser nos catégories à nous, mais il faut la voir dans
le contexte indigène. Seulement ainsi, et en évaluant ses rôles par
rapport à ceux de l'homme dans cette même société, peut-on avoir
une idée de son véritable statut. (*)
Que l'on compare par ex. les jugements contradictoires faits par des observateurs
différents sur la position de la femme indigène de Buru, décrite tantôt comme
passive et triste, p.ex. par le voyageurs naturaliste H. Forbes : "The women seemed
to live in great subjection to the men, who never did anything for themselves
if a woman was within call" (1885, p. 394 etc.), ou le missionnaire Schut (ci-
dessus); tantôt comme active, mais dans la mesure où les femmes le veulent elles-
mêmes, cf. par ex. le missionnaire v.d. Miesen : "La position de la femme chez les
Alifurus de Buru est très favorable. Elle n'est pas l'esclave de l'homme et ne
doit pas faire un travail qui dépasse ses forces. L'homme fait le jardin avec sa
femme ou, même seul" (1902, p. 433). Cf aussi l'administrateur T.J. Wilier (1858,
P. 141). 55
Pour ce faire, dans une société traditionnelle comme celle des
Moluques, les documents du passé font largement défaut. (2) Si l'on
cherche dans la littérature des faits concernant la femme, on trouve
surtout force détails sur les rites de grossesse et de naissance, les
cérémonies de mariage et le prix de la fiancée, les diverses occupations
des femmes, leurs vêtements et parures, etc. Mais sur la signification
de ces choses pour la femme elle-même, leur influence sur sa vie
quotidienne, rien ou presque.
La société traditionelle et païenne des Moluques, qui dans le passé
comprenait la quasi-totalité de la population dans les différentes îles,
est aujourd'hui restée relativement inchangée à l'intérieur des îles les
plus grandes seulement.
Des trois religions qui aujourd'hui se juxtaposent aux Moluques,
chacune présente un statut de la femme différent :
— la musulmane, pour qui la a un statut relativement bas
(sauf dans les rares endroits où des influences modernes se font
sentir, ou, au contraire, là où l'Islam n'a pas trop changé la ment
alité traditionnelle);
— la chrétienne (très importante aux Moluques) : les missionnaires pré
tendent libérer la femme et la rendre égale à l'homme, tout en
impo ant une religion patriarcale ;
— la religion païenne (souvent appelée "hindu" et pratiquée par les
populations qu'on appelle "alifuru", dont le trait principal est une
harmonie et un équilibre des rôles des deux sexes. (3)
Puisque c'est cette dernière qui, bien que modifiée lors des con
versions, présente des traits suffisamment semblables dans les diffé
rentes régions des Moluques pour qu'on puisse supposer qu'elle soit
partout à la base des représentations sociales d'origine, nous y puise
rons la plus grande partie de nos exemples pour essayer d'éclairer
quel était et quel est le statut de la femme aux Moluques centrales. Car
c'est surtout en étudiant cette société dans sa forme ancienne, ou
(2) L'une des raisons de ceci c'est que les sources sont rédigées par des hommes.
A Ambon même, ils entraient rarement en contact avec les femmes du pays ; sur
les autres îles, si le voyageur restait peu de temps dans le village, il arrivait
même qu'il n'en voyait pas -du tout (cf. Martin 1894 p. 82). Elles se tenaient
volontairement à l'écart, par peur, par modestie, et peut-être par manque de
connaissance des langues autres que la leur, fait qui aujourd'hui encore, dans
beaucoup de villages, réserve aux hommes le contact avec le monde extérieur.
(3) "Die Stellung der alfurischen Frau ist bei weitem besser als die der mahomeda-
nischen, sie ist weniger Sklavin des Mannes als die letztere. Sie wird verehrt und
geliebt. Es ist mir nie zu Ohren gekommen, dass ein Alfur seine Frau geschlagen
hâtte, etwas, dass bei den seramschen Mahomedanern an der Tagesordnung ist,
denn der Koran giebt ihnen ja in weitem Maasse das Recht dazu". (Schulze
1877, p. 121), 56
traditionnelle, que nous pouvons situer un phénomène quelconque dans
les Moluques par rapport au reste de l'Indonésie.
La femme à Ambon et dans les régions c&#

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