La sériciculture à Sumatra Nord. De l histoire à la légende de Job - article ; n°1 ; vol.70, pg 239-260
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La sériciculture à Sumatra Nord. De l'histoire à la légende de Job - article ; n°1 ; vol.70, pg 239-260

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Archipel - Année 2005 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 239-260
Claudine Salmon, Centre national de la Recherche scientifique, Paris La sériciculture à Sumatra Nord. De l'histoire à la légende de Job
The history of sericulture in Indonesia is poorly documented. Some hints are to be found in Chinese and European records, but to the best of our knowledge local sources are almost silent. The first allusion to silkworm raising appears in the Zhufan zhi A Description of Barbarous People (1225) for Java. If this activity was not very successful in Java, it developed rather well in North Sumatra where it was well rooted and, with ups and downs, lasted over five centuries. It has just came to an end in the late 1980s.
This paper is divided into three parts. The first attempts to reconstruct the history of this activity as it may be perceived in various travelogues. The second relates the fascinating legend of the origin of the silkworm, which was collected in Aceh at the beginning of the 20th century by a Dutch official. This legend, which links the worms that inhabited the sores of Ayyûb (the Job of the Bible) to the first silkworms, takes us far from China to the Middle- East and further westwards into Southern Europe. Finally, the paper reflects on the significance of this industry in the political and commercial context of North Sumatra in which Arabs, Persians and other Muslim merchants who came from India all took a part.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

C. Salmon
La sériciculture à Sumatra Nord. De l'histoire à la légende de
Job
In: Archipel. Volume 70, 2005. pp. 239-260.
Abstract
Claudine Salmon, Centre national de la Recherche scientifique, Paris La sériciculture à Sumatra Nord. De l'histoire à la légende
de Job
The history of sericulture in Indonesia is poorly documented. Some hints are to be found in Chinese and European records, but to
the best of our knowledge local sources are almost silent. The first allusion to silkworm raising appears in the Zhufan zhi "A
Description of Barbarous People" (1225) for Java. If this activity was not very successful in Java, it developed rather well in North
Sumatra where it was well rooted and, with ups and downs, lasted over five centuries. It has just came to an end in the late
1980s.
This paper is divided into three parts. The first attempts to reconstruct the history of this activity as it may be perceived in various
travelogues. The second relates the fascinating legend of the origin of the silkworm, which was collected in Aceh at the beginning
of the 20th century by a Dutch official. This legend, which links the worms that inhabited the sores of Ayyûb (the Job of the Bible)
to the first silkworms, takes us far from China to the Middle- East and further westwards into Southern Europe. Finally, the paper
reflects on the significance of this industry in the political and commercial context of North Sumatra in which Arabs, Persians and
other Muslim merchants who came from India all took a part.
Citer ce document / Cite this document :
Salmon C. La sériciculture à Sumatra Nord. De l'histoire à la légende de Job. In: Archipel. Volume 70, 2005. pp. 239-260.
doi : 10.3406/arch.2005.3980
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_2005_num_70_1_3980Claudine Salmon
La sériciculture à Sumatra Nord. De l'histoire à la
légende de Job
L'histoire de la sériciculture en Indonésie est très mal documentée. On
trouve quelques points de repère dans les sources chinoises et plus tard
européennes mais rien ou presque, à notre connaissance, dans les sources
indigènes.
C'est sous les Song, qu'apparaît la première allusion à des activités
séricicoles en Insulinde. Le Zhufan zhi ^fgf |f ^ « Relations sur les pays
étrangers » de Zhao Rugua jtifédi? (1225) note en effet à propos de Java :
They also pay attention to the raising of silkworms and the weaving of silk GffiîfêjMWO 1
On peut penser que l'élevage des vers se faisait grâce aux mûriers, sinon
l'auteur aurait certainement fait allusion à son substitut. D'ailleurs on trouve
partout en Insulinde, soit cultivé à des fins surtout médicinales, soit redevenu
sauvage, du mûrier blanc, Moms alba L., originaire de Chine, que dès le
XVIIe s. Rumphius décrit sous le nom de Morus Indica et qui est connu dans
les langues locales sous diverses appellations dont celles de besaran en
javanais 2, bebesaran en sundanais, kertau en malais, et de gereutoë en
1. Chau Ju-kua, On the Chinese and Arab Trade in the Twelfth and Thirteenth Centuries,
edited and translated by Fr. Hirth and W.W. Rockhill, St. Petersburg & Tokyo, 1914, Reprint
Amsterdam, Oriental Press, 1966, p. 78.
2. Notons ici que le terme ne figure pas dans la liste des noms de plantes, arbres et fleurs
paraissant dans les inscriptions allant jusqu'à 929 A.D., cf. Antoinette M. Barrett Jones, Early
Tenth Century Java From the Inscriptions, Leiden, K.I.T.L.V., 1984, pp. 52-56.
Archipel 70, Paris, 2005, pp. 239-260 Claudine Salmon 240
acihais 3. Rien n'est dit dans le Zhufan zhi de la façon dont cet élevage, qui
ne semble pas avoir perduré 4, a été introduit à Java. Toutefois il est possible
qu'il soit à mettre en rapport avec l'arrivée d' emigrants extérieurs, comme
peut le laisser entendre un exemple de transfert de savoir séricicole consigné
dans le récit de Zhou Daguan JUiHH. L'émissaire chinois, qui séjourna au
Cambodge près d'une année (1296-1297), nous apprend en effet que ce
furent des émigrés siamois qui l'y introduisirent en apportant de leur pays
des graines de vers à soie et de mûriers 5.
Si à Java la sériciculture n'a jamais bien réussi, en dépit de diverses
tentatives ultérieures émanant de Hollandais 6, il en va tout autrement dans le
nord de Sumatra où cette activité s'est enracinée et a prospéré, avec certes
des hauts et des bas, pendant plus de cinq siècles 7. Nous allons d'abord
essayer de retracer, à grands traits, l'histoire de cette activité telle qu'elle se
laisse percevoir dans les sources.
Ensuite, nous prendrons en considération la passionnante légende de
l'origine du ver à soie recueillie, à Aceh au début du XXe s., par Th.J.
Veltman, un militaire hollandais qui utilisait ses loisirs à étudier la société
acihaise et est notamment l'auteur d'une étude très détaillée sur « l'industrie
de la soie à Aceh » qui fut publiée par H.W. Fischer 8. Cette légende, qui
établit un lien entre les vers qui rongeaient les plaies du prophète Ayyûb (le
Job de la Bible) et les premiers vers à soie, nous ramène non pas à la Chine
mais au Moyen-Orient et, par delà, au monde chrétien.
Pour finir, nous essayerons de la mettre en perspective dans un contexte
plus vaste, à savoir celui de la place tenue par les Arabes, les Persans et
autres marchands musulmans de l'Inde dans le développement historique et
culturel de cette région.
3. Cf. K. Heyne, De nuttige planten van Nederlandsch lndië, Batavia, Département van
Landbouw, Nijverheid & Handel in Nederlandsch-Indië, 2e édition élargie, 1927, vol.l, pp.
546-547.
4. Du moins, les sources chinoises postérieures n'y font plus aucune allusion. Sur la
commercialisation d'écheveaux de fils qui pourraient être de la soie pour le XIe s., voir aussi
Jan Wisseman Christie, "Dcat to Batik ? Epigraphic Data on textiles in Java from the Ninth to
the Fifteenth Centuries", in Marie-Louise Nabholz-Kartaschoff, Ruth Barnes & David J.
Stuart-Fox eds., Weaving Patterns of Life. Indonesian Textile Symposium 1991, Bale,
Museum of Ethnography, 1993, p. 14. Nous devons cette référence à Christian Pelras.
5. Cf. la traduction de Paul Pelliot, Mémoires sur les coutumes du Cambodge de Tcheou Ta-
kouan, Paris, Adrien-Maisonneuve, 1951, p. 30: «Récemment des Siamois sont venus
s'établir dans ce pays qui s'adonnent à l'élève des vers à soie et à la culture du mûrier ; leurs
graines de mûriers et leurs graines de vers à soie viennent toutes du Siam. »
6. À l'exception peut-être de la période après l'indépendance durant laquelle divers projets
lancés par le service forestier ont porté leurs fruits, pendant un certain temps du moins.
7. La sériciculture se trouve aussi au sud de l'île, dans le pays Lampung, mais il est difficile
de retracer son histoire au-delà du début du XIXe s.
8. H.W. Fischer, éd., ,,De Atjesche zijdeïndustrie, naar een manuscript van Th.J. Veltman" ,
Internationales Archiv fur Ethnographie, Bd. XX, 1912, pp. 15-58.
Archipel 70, Paris, 2005 La sériciculture à Sumatra Nord 241
Archipel 70, Paris, 2005 242 Claudine Salmon
Quelques jalons historiques
Bien que les soieries aient été en usage dans les petites principautés de
Sumatra nord depuis les temps reculés 9, et que des textes plus récents tels la
Hikayat Raja Pasai, et les Voyages d'Ibn Battutâ (1304-1369) fassent
mention de soieries bien précises utilisées à la cour de Pasai 10, ce n'est
qu'au tout début du XVe siècle que les premières sources font expressément
mention de la culture de la soie n.
Aux origines ?
Ma Huan Hlfc, dans son Yingyai shenglan WkiJÊMW est le seul des trois
émissaires à avoir accompagné l'amiral Zheng He Mffl (1371-1433 ?) dans
ses expéditions maritimes, qui ait porté son attention sur ce point tout au
long du voyage. À propos de Su-men-da-la HFIH-JtlJ [Samudra, Lhok
Seumawe], il note l'élevage de vers à soie à partir des feuilles de mûrier et le
tissage de la soie 12 :
Ils ont aussi des mûriers, et élèvent des vers à soie; mais ils ne savent pas tirer la soie et
l'utilisent sous forme de bourre (£ fô 7ff fë - A W. * X ' ^ # ¥k fà ' H#« ).
Le fait que les Sumatranais n'aient pas encore connu la technique du
dévidage et qu'ils aient filé la soie à la manière du coton 13, tout comme cela
9. La plus ancienne mention étant san

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