La structure du déficit extérieur américain - article ; n°1 ; vol.22, pg 105-121

Jean Rivière

Description

Histoire, économie et société - Année 2003 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 105-121
Abstract This paper places the present American trade deficit in its historical context, starting with the rise of the United States to great power status in the 19th century. It probes the causes of the long- term phases of deficit, then of surplus, then of deficit again since 1972. It then shows what mechanisms increased the different kinds of deficits : firstly the deficit of the trade of goods, secondly the deficit of current accounts. An explanation is given for the position of the United States as net debtor to the rest of the world since 1985. To conclude, this papers draws attention to the worsening deficits of current accounts and of the federal budget in recent years, and shows that the present situation, characterised by a loss of confidence in the capitalist economy itself (caused by the aura of scandal which shrouded the bankruptcies of such companies as Enron and Worldcom), is eminently unstable.
Résumé L'article situe d'abord le déficit extérieur américain actuel dans une perspective historique depuis l'émergence des États-Unis sur la scène internationale au XIXe siècle. Il analyse les raisons des longues périodes de déficit, de surplus, puis à nouveau de déficit depuis 1972. L'étude montre ensuite comment les divers déficits se sont creusés: d'abord, celui des marchandises, puis celui des transactions courantes et rend compte de la position débitrice nette des États-Unis depuis 1985. La conclusion insiste sur le retour du double déficit (du budget fédéral et des transactions courantes), en montrant toute la volatilité de la situation actuelle et la crise de confiance envers l'entreprise capitaliste, après les scandales et les faillites à' Enron et de Worldcom.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: HISTOIRE-_ECONOMIE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 2003
• Nombre de lectures: 21
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Jean Rivière
La structure du déficit extérieur américain
In: Histoire, économie et société. 2003, 22e année, n°1. pp. 105-121.
Résumé L'article situe d'abord le déficit extérieur américain actuel dans une perspective historique depuis l'émergence des États-
Unis sur la scène internationale au XIXe siècle. Il analyse les raisons des longues périodes de déficit, de surplus, puis à nouveau
de déficit depuis 1972. L'étude montre ensuite comment les divers déficits se sont creusés: d'abord, celui des marchandises, puis
celui des transactions courantes et rend compte de la position débitrice nette des États-Unis depuis 1985. La conclusion insiste
sur le retour du double déficit (du budget fédéral et des transactions courantes), en montrant toute la volatilité de la situation
actuelle et la crise de confiance envers l'entreprise capitaliste, après les scandales et les faillites à' Enron et de Worldcom.
Abstract This paper places the present American trade deficit in its historical context, starting with the rise of the United States to
great power status in the 19th century. It probes the causes of the long- term phases of deficit, then of surplus, then of deficit
again since 1972. It then shows what mechanisms increased the different kinds of deficits : firstly the deficit of the trade of goods,
secondly the deficit of current accounts. An explanation is given for the position of the United States as net debtor to the rest of
the world since 1985. To conclude, this papers draws attention to the worsening deficits of current accounts and of the federal
budget in recent years, and shows that the present situation, characterised by a loss of confidence in the capitalist economy itself
(caused by the aura of scandal which shrouded the bankruptcies of such companies as Enron and Worldcom), is eminently
unstable.
Citer ce document / Cite this document :
Rivière Jean. La structure du déficit extérieur américain. In: Histoire, économie et société. 2003, 22e année, n°1. pp. 105-121.
doi : 10.3406/hes.2003.2287
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2003_num_22_1_2287LA STRUCTURE DU DÉFICIT EXTÉRIEUR AMÉRICAIN
par Jean RIVIÈRE
Résumé
L'article situe d'abord le déficit extérieur américain actuel dans une perspective historique de
puis l'émergence des États-Unis sur la scène internationale au XIXe siècle. Il analyse les raisons des
longues périodes de déficit, de surplus, puis à nouveau de déficit depuis 1972. L'étude montre en
suite comment les divers déficits se sont creusés: d'abord, celui des marchandises, puis celui des
transactions courantes et rend compte de la position débitrice nette des États-Unis depuis 1985. La
conclusion insiste sur le retour du double déficit (du budget fédéral et des transactions courantes),
en montrant toute la volatilité de la situation actuelle et la crise de confiance envers l'entreprise ca
pitaliste, après les scandales et les faillites à' Enron et de Worldcom.
Abstract
This paper places the present American trade deficit in its historical context, starting with the
rise of the United States to great power status in the 19th century. It probes the causes of the long-
term phases of deficit, then of surplus, then of deficit again since 1972. It then shows what mecha
nisms increased the different kinds of deficits : firstly the deficit of the trade of goods, secondly the
deficit of current accounts. An explanation is given for the position of the United States as net debtor
to the rest of the world since 1985. To conclude, this papers draws attention to the worsening defi
cits of current accounts and of the federal budget in recent years, and shows that the present situa
tion, characterised by a loss of confidence in the capitalist economy itself (caused by the aura of
scandal which shrouded the bankruptcies of such companies as Enron and Worldcom), is eminently
unstable.
S'il est un sujet qui resurgit presque chaque jour dans la presse mondiale, c'est
bien celui de la balance extérieure américaine et de ses déficits chroniques. On pourrait
donc croire que le problème est traité fréquemment dans des ouvrages pour le grand
public ou les spécialistes ou dans des études approfondies et statistiques de la presse
d'affaires. J'ai consulté les numéros de Business Week du 1er janvier au 30 juin 2001
pour y trouver des résultats commentés sur les échanges extérieurs américains pour
l'année 2000. Je n'ai trouvé que quelques chiffres. Pour arriver à avoir une idée claire,
juste et statistique du problème, il faut recourir aux publications d'organismes privés
ou étatiques de prospective économique, tels le Progressive Policy Institute, VEconomic
Policy Institute, la Business Roundtable ou à des revues comme Foreign Affairs et
Survey of Current Business. Nous ferons donc largement appel aux études publiées par
ces organismes ou ces revues, mais notre propos tâchera d'être plus général de trois
façons: d'abord, en situant le déficit extérieur américain actuel dans une perspective
historique; ensuite, en voyant ce que le commerce extérieur américain représente en
pourcentage du PIB, ainsi que la liste des pays avec lesquels les échanges sont les plus
notables et celle des produits échangés ; enfin, en étudiant la façon dont se sont creusés
HES 2003 (22e année, n° 1) 1 06 Histoire Économie et Société
le déficit de la balance des marchandises et des services, celui des transactions courant
es et celui de la globale. Nous aborderons finalement le problème de la posi
tion débitrice des États-Unis. C'est en allant au fond du de la balance
extérieure américaine que nous pourrons envisager les perspectives sur l'évolution de
ce déficit et voir comment il engage l'avenir économique, voire social et politique, du
monde actuel.
J'ai publié en 1973 mon premier ouvrage sur l'économie américaine Le monde des
affaires aux États-Unis 1 et l'ai fait relire par un ami économiste américain, qui m'a
dit être en accord avec ce que j'y exposais ou me laisser la responsabilité d'opinions
personnelles. Sur un point cependant, il me demandait d'être moins péremptoire, tout
en avouant que je pouvais avoir raison sur le long terme. J'écrivais en effet p. 312:
«les échanges des secteurs primaire et secondaire sont destinés à être de plus en plus
déficitaires». Une erreur d'appréciation sur un point aussi précis me suivrait, me dit-il,
pour le reste de ma carrière. Les États-Unis avaient essuyé en effet en 1972 leur pre
mier déficit commercial depuis 1880, soit après 92 ans de surplus plus ou moins
importants. Je maintins donc mon point de vue, car j'avais vu arriver à Boston en
1972 des voitures japonaises qui avaient fait la moitié du tour de la Terre pour parvenir
dans la capitale du Massachusetts et qui coûtaient beaucoup moins que les produits de
Detroit tout proche 2.
Avant d'aborder le vif du sujet, donnons le contenu des différentes balances enjeu.
La balance des marchandises comprend les échanges tangibles de produits des secteurs
primaire et secondaire, la balance des services, parfois appelée aussi des invisibles,
comprend dans ce dernier cas, outre les les transferts unilatéraux de fonds par
des salariés envoyant leur paye à l'étranger. La balance marchandises plus invisibles
ou balance des transactions courantes permet de voir si un pays a besoin d'un finance
ment extérieur, soit en empruntant (charge des intérêts) soit en vendant ses actifs. La
balance globale inclut la balance des paiements courants, les flux de capitaux à long
terme (investissements directs, opérations de crédit à échéance supérieure à un an) et
les flux de capitaux à court terme. L'ensemble de ces opérations détermine la position
créditrice ou débitrice d'un pays vis-à-vis du reste du monde.
Trois périodes peuvent être distinguées dans le bilan du commerce extérieur améri
cain. La première, de 1790 à 1880, témoigne d'un déficit quasi constant des échanges
internationaux du pays: déficit de $3 millions en 1800, de 60 en 1815, de 39 en 1855
et de 43 en 1870. Que représentent les exportations américaines alors par rapport à la
population du pays ? 0,5 % de la population mondiale en 1800 et 3,2 % des exportat
ions, 3,6 % de la population en 1880 et 13,2 % pour les exportations. Les États-Unis
sont donc alors devenus une nation commerçante de poids. D'ailleurs, en 1880,