La télévision en regard du cinéma - article ; n°1 ; vol.7, pg 27-39
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Description

Communications - Année 1966 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 27-39
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jules Gritti
La télévision en regard du cinéma
In: Communications, 7, 1966. pp. 27-39.
Citer ce document / Cite this document :
Gritti Jules. La télévision en regard du cinéma. In: Communications, 7, 1966. pp. 27-39.
doi : 10.3406/comm.1966.1092
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1966_num_7_1_1092Gritti Jules
La télévision en regard du cinéma :
vrai ou faux problème ?
La télévision remplit-elle les fonctions d'un langage? Ce « langage » est-il
spécifique? Habituellement le problème est posé dans une confrontation avec
le fait cinématographique et secondairement avec le fait radiophonique. La
presse n'entre guère en ligne de compte et moins encore d'autres arts ou tech
niques de diffusion tels que le disque, le photoroman, etc. L'on suppose suf
fisamment établie la confrontation entre le cinéma et les arts dits classiques tels
que la musique, la peinture ou le théâtre, entre le cinéma et la « littérature <».
Nous ferons l'économie d'une révision de tous ces présupposés. Le phénomène-
Cinéma, le phénomène-Radio et le phénomène-Télévision ont en commun d'ins
taurer une communication entre des créateurs d'images et un public par le relais
d'une technique. Le discours verbal subit un traitement qui l'affecte jusque
dans ses qualités phoniques, qui lui confère surtout une signification seconde une composition avec les images visuelles ou sonores. Les images ont une
signification première immédiatement lisible et endossent de par leur composit
ion interne et leur « discours » entre elles une signification narrative et poétique.
Ainsi nous acceptons le champ de confrontation, quitte à faire intervenir des
révélateurs tels que le théâtre ou l'art oratoire pour donner plus de netteté à
tel ou tel des traits en présence.
Quel cinéma, quelle télévision comparer? Qu'y a-t-il de commun entre l'Année
dernière à Marienbad et Chronique d'un été, entre Ubu Roi et les Croquis ?
A la limite il semblerait préférable de parler de plusieurs cinémas ou de plusieurs
télévisions, plutôt que d'instaurer une sorte d'ontologie de chacun de ces media.
Les ressemblances entre tel documentaire cinématographique et tel autre télé
visé, tel reportage télévisuel et tel autre radiophonique tendent à infirmer les
ontologies unitaires. Notre recherche n'a pas besoin de ces dernières. Quand
nous parlons de cinéma c'est pour désigner un phénomène de communication
qui va de la production à l'exploitation en salles, qui implique projection sur
grand écran et rassemblement public. Quand nous parlons de télévision, c'est
pour désigner un second phénomène de communication, qui comporte son type
de projection, son petit écran et une participation collective restreinte. Les
contours de chacun de ces phénomènes, surtout ceux de la participation, sont
suffisamment distincts d'un médium à l'autre, du moins à l'heure actuelle, pour
que nous puissions différencier cinéma et télévision.
A quel niveau engager la réflexion? Celui, précisément, énoncé dans les ques-
27 Jules Gritti
tions initiales : le langage. Les conditionnements politiques ou économiques,
les contraintes techniques... prêtent aussi à sérieuse confrontation, mais nous
ae retiendrons des uns ou des autres que leurs incidences sur l'expressivité télé
visuelle.
Dans l'état actuel des réflexions générales sur les langages, un schéma nous
a paru répondre largement aux besoins du présent exposé. Ce schéma, qui va
servir de fil conducteur, est celui de Roman Jakobson, sur les six fonctions du
langage 1.
CONTEXTE
(fonction référentielle)
DESTINATEUR MESSAGE DESTINATAIRE
(fonction expressive) (fonction poétique) (fonction conative)
CONTACT
(fonction phatique)
CODE
(fonction meta -linguistique)
Rappelons brièvement la signification des formules proposées par le célèbre
linguiste :
1) « La fonction dite expressive ou émotive, centrée sur le destinateur, vise
à une expression directe de l'attitude du sujet à l'égard de ce dont il parle 2. »
2) La fonction dite phatique tend à maintenir le contact entre destinateur
et destinataire, à vérifier s'il est normalement maintenu. Par exemple : « Allô...
m'entendez-vous ? »
3) La fonction dite conative marque le message en vue de le rendre opérant
sur le destinataire ; elle fait appel par exemple à l'impératif.
4) La fonction dite méta-linguistique s'exerce sur le langage adopté par les
interlocuteurs (d'où son nom) ; par elle, destinateur ou destinataire vérifient
s'ils ont recours au même code. Par exemple : « Que voulez-vous dire en parlant
de... spécificité ? »
5) La fonction dite poétique déborde ce que l'on entend traditionnellement
par « poésie ». Elle englobe tous les procédés, tous les signes palpables qui trans
forment le langage premier en art perceptible. Plus précisément elle désigne
le traitement « artistique » en tant qu'il porte sur le message lui-même.
6) La fonction dite référentielle (ou encore « cognitive », « denotative ») renvoie
à un contexte, c'est-à-dire à un monde perçu ou imaginé auquel destinateur
ou destinataire puissent se référer.
La présente étude s'en tiendra à trois de ces fonctions pour lesquelles la confron
tation donne des résultats assez solides et probants :
1) La fonction expressive (Destinateur).
2) La phatique (Contact).
3) La fonction conative (Destinataire).
1. Essais de linguistique générale, éd. de Minuit, 1963.
2.de éd. de 1963, p. 214.
28 La télévision en regard du cinéma
Pour les trois autres nous nous bornerons à esquisser une problématique.
Elles impliquent trop de préalables, plus exactement : trop d'explorations méthod
ologiques et sémiologiques de portée générale, que ce serait présomption, que
ce serait un « mauvais service », de s'y aventurer à partir du petit écran et du
seul langage télévisuel.
— Pour la fonction méta-linguistique (Code) nous renvoyons aux études de
Christian Metz1 sur le langage cinématographique langage sans code et, pour
ainsi dire, langage sans langue. Le cinéma n'a pas en effet pour ses images ou
pour les composantes de l'image, l'équivalent d'un « lexique » institutionnalisé
(première articulation) ni d'un « alphabet » codifié (deuxième articulation).
Toute tentative pour instaurer une paradigmatique (blanc = bon/noir = mauvais
a fait long feu. En tant que système de signes, la Télévision paraît rester tribu
taire du cinéma, des expériences et acquisitions de celui-ci, plus limitée même
que lui quant aux essais de codification.
— Sur la fonction poétique (Message) mieux vaut attendre une élaboration
plus avancée d'études sur la rhétorique en littérature et au cinéma, sur les rap
ports entre le registre de dénotation et celui de connotation, entre narrativité
et rythmique... Au cinéma comme à la télévision, le réalisateur en un mouvement
homogène construit les signes qui transmettent le message et ceux qui le traitent
« artistiquement ». Au niveau des unités minimales, des plans, quels sont les
rapports entre le langage dénoté de l'image, langage à dominante analogique,
et le langage second ou traitement esthétique? Ces rapports sont-ils différents
ou équivalents entre leur mode cinématographique et le télévisuel?
Au niveau du « discours » ou télévisuel, quelles unités
maximales vont supporter et signifier l'organisation interne et la progression?
Quels rapports entre séquences de structure narrative et les dites « séquences »
du découpage technique? Quels ressorts internes vont assurer et signifier la
progression? Enfin, la rythmique serait-elle comme une rhétorique ou langage
second vis-à-vis de cette organisation et de cette progression du discours fi
lmique ou télévisuel ? Cela exploré, il faudrait reprendre, à ce niveau, la confront
ation, entre cinéma et télévision, faire le point par exemple sur des formules
telles que le « cinéma, art romane

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