La vieillesse inégale - article ; n°1 ; vol.37, pg 125-136
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Description

Communications - Année 1983 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 125-136
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Claudine Attias-Donfut
La vieillesse inégale
In: Communications, 37, 1983. pp. 125-136.
Citer ce document / Cite this document :
Attias-Donfut Claudine. La vieillesse inégale. In: Communications, 37, 1983. pp. 125-136.
doi : 10.3406/comm.1983.1556
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1983_num_37_1_1556Claudine Attias-Donfut
La vieillesse inégale
et 40 nouvelle hommes Parmi Les portent ans. différentes catégorie et nos aujourd'hui des contemporains femmes étapes sociale, notre qui historico-économiques la ont population siècle se franchi comptent en eux d'un âgée, ; pas ils plus en de font adulte compagnie notre de désormais 3 le 000 époque passage de centenaires, partie leurs sont au représentcadets XXe de siècle cette des de
ées dans les générations successives qui en témoignent par leur composition
sociale. Ce que l'on appelle aujourd hui la vieillesse est d'une extraordinaire
hétérogénéité, mais relève d'une commune définition sociale, la sortie du monde
du travail et l'entrée dans un système de redistributions, régimes de retraite et
politiques sociales. C'est aussi le signe d'un progrès social, celui qui a permis
l'amélioration globale et réelle des conditions socio-économiques des vieux, des
inactifs, de ceux qui, il y a seulement une vingtaine d'années, étaient
massivement caractérisés par la misère.
Mais ce progrès social, et ce sera la question principalement traitée ici, n'a pas
également profité à tous : la population âgée est marquée par de profondes
disparités, îes écarts y sont plus creusés que dans les autres générations.
L'architecture sociale spécifique qu'on y observe résulte en partie du mode de
gestion de la vieillesse qui ne fait pas que reproduire les inégalités du monde du
travail : les redistributions ne sont pas neutres, elles ne jouent pas uniquement
comme médiateurs des politiques économiques, mais ont des effets propres qui
contribuent à la redéfinition des rapports sociaux. Les divers systèmes de
couverture sociale opèrent une « redistribution des inégalités », ils peuvent
notamment produire des effets pervers en creusant les écarts.
En ce sens, la vieillesse représente un champ privilégié pour l'étude des
mécanismes sociaux qui entrent en jeu dans l'élaboration, l'application et les
effets des politiques sociales.
Préalablement, un rapide rappel démographique va situer l'amplitude et le
poids des générations concernées, étant entendu que la démographie ne prend
sa signification, du point de vue de ses conséquences sociales, que par rapport
au traitement politique, économique, social dont elle fait l'objet.
Auguste Comte prévoyait que l'allongement de la vie ralentirait le change
ment social en ralentissant le rythme du remplacement des générations : or.
depuis le début du siècle, on assiste à une accélération du changement social
dans des sociétés où l'espérance moyenne de vie augmente de façon spectacul
aire. Il en résulte des flux générationnels de plus en plus rapprochés. Cette
évolution a suscité toute une réflexion sur la notion de génération, comprise non
plus dans la durée qui va de la naissance à la mort, mais dans ses séquences
recouvrant une expression sociale et une « identité » spécifique (Mannheim).
123 Claudine Attias-Donfut
L'allongement moyen de la vie a comme conséquence la multiplication des
générations et la complexification de la vie sociale. L'historien d'art Pinder 1 a
développé l'idée de l'« incontemporanéité des contemporains » qui, alors qu'ils
vivent à la même époque, vivent en réalité (le temps vécu étant le seul temps
réel) des temps qualitatifs différents qui représentent des périodes différentes
de leur « self » . Chaque moment du temps a les dimensions d'un volume
temporel parce que vécu par plusieurs générations à des stades différents de
leur développement. Ainsi, « la pensée de chaque époque est polyphonique » .
En reprenant cette évocation musicale, on pourrait qualifier de polypho
nique une société marquée par la diversité de ses générations et de leurs
structures.
Mais on parle surtout du « vieillissement de la population » pour caractériser
l'existence massive des générations âgées, concurrençant en nombre les plus
jeunes. E. Andréani souligne très justement l'impropriété de l'application de la
notion de vieillissement à une société entière, sous prétexte d'une plus forte
proportion arithmétique des plus âgés ; ce terme de vieillissement démogra
phique évoque l'image inquiétante d'une société « ridée2 », avec ses consé
quences négatives pour la société, comme la perte de dynamisme, de moder
nisme, etc. Or, rien ne permet de conclure à de tels effets. Si l'espérance
moyenne de vie s'allonge, le cycle de vie, lui, se trouve morcelé et les fonctions
sociales sont inscrites dans des durées limitées ; ainsi sont assurés les mouve
ments incessants des générations dans le domaine de la connaissance, du
travail, de la vie publique. La retraite, en particulier, est le prix payé par les
jeunes pour le renouvellement des générations dans le travail.
La démographie sociale prend tout son sens par la spécification des
populations qui composent la pyramide des âges, dans leurs structures sociales
et économiques. Les analyses ici présentées sont orientées en fonction de
l'évaluation des « charges » que font peser les populations inactives sur les
populations actives. La notion de « vieillissement » de la population est
ramenée au problème de son coût social. Il est clair que ce problème résulte
autant de la démographie que de la politique de l'emploi, dans nos sociétés où la
retraite se dissocie de plus en plus du critère de capacité productive des
individus, au sens fonctionnel — strictement psycho-physiologique. L'arrêt
effectif du travail intervient à des âges variant de 55 à 80 ans. Mais l'âge légal se
situe généralement à 60 ou 65 ans. Ce sont ces tranches d'âge qui sont retenues
dans les analyses démographiques.
Rappelons les grandes tendances en France 3 ; une lente progression du
nombre des 65 ans, de plus de 7 050 000 en 1975 à 8 143 000 en l'an 2000,
soit 13,4 % et 14,5 % de la population totale. La tranche « 60-64 ans » connaît
une évolution moins régulière : de 2 600 000 en 1975, elle passe à 1 600 000 en
1980 (arrivée à l'âge de 60 ans des générations « creuses » de 1915-1919), puis
elle va remonter à près de 2 900 000 en 1985 et baisser à 2 600 000 en
l'an 2000.
Le vieillissement s'accélérera brutalement quand, à partir de 2005-2010 —
et pour plus d'un quart de siècle — , les générations pleines de 1966-1973
atteindront la soixantaine à leur tour.
Le tableau n° 1 montre que, contrairement à une idée répandue, le maintien
d'une fécondité basse (1,8 enfant par femme) n'entraîne pas une diminution du
pourcentage des 20-59 ans dans la population totale et n'accroît pas leur
126 T\BLEU'.\" 1
Evolution de la population par grands groupes d'âges
Nombre et proportion des personnes âgées en 1950 et 1975
(rétrospective), 2000, 2025 et 2050 (perspectives) **
2000 ** 2025 ** 2050 ** CROUPES D\GES 1950 1975
0-19 ans 12 556 16 889 14 537 12 578 10 920
20-59 ans 22 328 26 040 30 712 28 404 24 695
60-64 ans 2 037 2 623 2 613 3 557 3 056
3 162 4 829 65-74 ans 4 394 5 997 5 155
1 364 3 206 3 557 75-84 ans 2 158 2 449
85 ans et plus 201 498 865 897 1 197
Population totale 41647 52 600 56 005 54 639 48 574
Population âgée (nombre et %)
65 ans et + 4 727 7 050 8 143 10 100 9 903
11,4 13.4 14,5 18,5 20,4
75 ans et + 1 565 2 656 3 314 4 103 4 748
3. S 5.0 .5.9 7,5 9.8
85 ans et + 201 498 865 897 1 191
0.5 0.9 1.5 1.6 2,5
Rapport de dépendance :
(0-19) + (60 +) 0.87 1.02 0.82 0.92 0.97
(20-29)
Coefficient de charge (***) ;
(0-19) X 0,5 + (60 +) X 0,6 0.46 0,55 0.45 0.51 0.54
(20-59)
*** ** * H\potlièse On Effectifs considère

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