Le clergé breton en 1801 - article ; n°2 ; vol.27, pg 280-291

E. Sevestre

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Annales de Bretagne - Année 1911 - Volume 27 - Numéro 2 - Pages 280-291
12 pages

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• Publié le: 01 janvier 1911
• Nombre de lectures: 28
• Langue: Français

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Emile Sévestre
Le clergé breton en 1801
In: Annales de Bretagne. Tome 27, numéro 2, 1911. pp. 280-291.
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Sévestre Emile. Le clergé breton en 1801. In: Annales de Bretagne. Tome 27, numéro 2, 1911. pp. 280-291.
doi : 10.3406/abpo.1911.1361
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1911_num_27_2_1361E. SEVESTRE
LE CLERGÉ BRETON EN 1801
D APRES
les enquêtes préfectorales de l'an IX et l'an X conservées
aux Archives nationales
INTRODUCTION
Sommaire. — Problèmes historiques résolus par les enquêtes faites sur le
clergé pour l'application du Concordat :
I. L'importance et l'intérêt des enquêtes préfectorales de la Bretagne :
Absence de l'enquête du Morbihan. — Insuffisance des enquêtes des
Côtes -du-Nord et du Finistère. — Situation religieuse de la Loire-
Inférieure clairement exposée par l'enquête préfectorale. — Part
attribuée au clergé réfractaire dans la Chouannerie d'après l'enquête
préfectorale de l'Ille-et-Vilaine.
II. Les auteurs des enquêtes préfectorales : Leur situation; leurs origines;
leur passé; leur rôle pendant la révolution; leur soin à recueillir
des renseignements exacts et à critiquer les informations qui leur
furent envoyées; leur parti-pris contre le clergé réfractaire et leurs
idées philosophiques.
III. Comment compléter et contrôler les enquêtes préfectorales : Difficultés
spéciales que l'on rencontre pouf la Bretagne. — Absence des
enquêtes ecclésiastiques. — Défaut de classement et pauvreté des
Archives départementales. — Source importante pour l'étude du
rôle du clergé réfractaire dans la Chouannerie : les fonds du prince
de Bouillon et du comte de Puisaye au Record Office et au British
Muséum.
Parmi les nombreuses enquêtes qui furent entreprises sur
le clergé au cours de la Révolution et de l'Empire, l'on
remarque celle qui fut faite pour l'application du Concordat :
c'est de beaucoup la plus complète, la plus exacte et la plus
intéressante. Aussi les problèmes qu'elle peut résoudre sont CLEEGÉ BBETON EN 1801. 281 LE
nombreux. Elle nous permet d'apprécier la valeur intellec
tuelle et morale du clergé réfractaire et du clergé constitu
tionnel : question posée depuis fort longtemps, passionnément
débattue et non encore scientifiquement tranchée. Elle nous
met au courant de la vie si mouvementée, si curieuse et si
complexe des ecclésiastiques pendant la Révolution et nous
fournit pour un grand nombre d'entre eux un curriculum
vitae très détaillé. Elle nous rend compte de la part prise par
le clergé dans les multiples mouvements politiques de cette
époque. Elle nous précise enfin l'état religieux de la France
à la veille du Concordat. Nous avons eu l'occasion de le
montrer récemment W, nous n'y reviendrons point; nous pré
férons voir d'une façon spéciale quels sont l'importance et
l'intérêt des enquêtes préfectorales de la Bretagne en l'an IX
et en l'an X, quels en sont les auteurs et comment on peut
les compléter et les contrôler.
Les enquêtes préfectorales de la Bretagne ne sont point
complètes : celle du Morbihan est absente. Le premier
préfet de ce département, Pierre-Guillaume-Henri Giraud Du-
plessis W, qui, certes, ne manquait point de valeur (3) et avait
rempli des fonctions administratives importantes, se montra
peu zélé pour exécuter les ordres de l'autorité centrale M. En
particulier, il négligea de se procurer les renseignements qui
lui étaient demandés sur le clergé par le ministre de l'Int
érieur dans sa lettre du 2 thermidor an IX.
Quant aux autres enquêtes, deux n'ont qu'une importance
(1) Voir l'Introduction de l'Enquête gouvernementale et de l'Enquête
ecclésiastique sur le Clergé de Normandie et du Maine, de l'an IX à
l'an XIII, parue dans la Revue Catholique de Normandie (juillet 1910).
(2) Voir plus loin sa notice biographique. L'on trouvera au début des
enquêtes la notice biographique des préfets. Nous donnons également des
notices biographiques pour un grand nombre d'ecclésiastiques.
(3) Voir Em. Sageret, La Nouvelle administration du Morbihan... 1905,
p. 1-11 (Bibl. Nat., LKV2553).
(4) VoUr le rapport du 6 thermidor an IX (Areh. Nat., FIM 1648). 282 LE CLEEGÉ BEETON EN 1801.
secondaire : ce sont celles des Gôtes-du-Nord et du Finistère.
L'enquête du Finistère ne nous donne des renseignements
que sur 14 ecclésiastiques ; et ces renseignements sont très
pauvres. Les informations recueillies par le préfet des Gôtes-
du-Nord sont beaucoup plus riches. Elles sont même très
abondantes et elles concernent, comme il le fait remarquer
lui-même « 37 sujets ».
Par contre, les enquêtes de l'Ille-et-Vilaine et de la Loire-
Inférieure sont très importantes. Elles portent l'une et l'autre
sur un grand nombre d'ecclésiastiques. Elles ont chacune leur
intérêt spécial. Grâce à l'enquête de la Loire-Inférieure nous
connaissons parfaitement, minutieusement la situation rel
igieuse de" ce département au début de l'an X. Nous savons
dans quelles communes le culte s'exerçait et par qui il était
exercé, nous entrons de plus en relation avec les différents
membres du clergé; nous savons quelle fut leur attitude en
face des serments qui leur furent imposés, quelle fut leur vie
pendant la Révolution ; nous pénétrons même jusque dans
leur intimité; nous sommes en mesure de juger les qualités
de leur esprit, leurs dispositions morales, leurs tendances
sociales.
Sur quelques-uns de ces points, l'enquête d'Ille-et-Vilaine
n'apporte pas les mêmes précisions. Mais elle nous place en
face d'un problème qui n'a jamais été sérieusement posé :
Quel fut le rôle du clergé réfractaire dans la chouannerie ?
Sans nul doute la question est fort délicate et embrouillée.
Elle se rattache à l'histoire du mouvement contre-révolution
naire dont on n'a raconté jusqu'à présent que des épisodes,
des incidents et dont on n'a pas vu l'ensemble et l'enchaîne
ment. L'enquête de l'Ille-et-Vilaine est donc très précieuse.
Elle nous apporte des clartés nouvelles sur un point d'histoire
très obscur et très mystérieux. Elle nous fait connaître parmi
les prêtres insoumis ceux qui furent les chauds partisans, les
fanatiques adeptes de la chouannerie. Elle nous révèle les sur
noms qu'ils aimaient à porter, les mœurs brutales qu'ils ne
craignaient point d'adopter malgré leur caractère sacerdotal. LE CLERGÉ BRETON EN 1801. 283
Elle nous empêche cependant de trop généraliser. Le clergé
réfractaire ne fut point unanime à prêcher la chouannerie.
Quelques prêtres insermentés s'opposèrent à ce mouvement
de violence et ne craignirent point de le blâmer ouvertement,
comme Marchand, l'ancien vicaire de Domagné, et Pierre Clé
ment, l'ex-curé de Saint-Didier, etc. .
II
D'après ce que l'on voit, les renseignements qui nous sont
fournis par les enquêtes préfectorales de la Bretagne de
l'an IX et de l'an X sont d'un très haut intérêt. Mais quel prix
faut-il y attacher ? De qui les tenons-nous ? Ces enquêtes,
sauf celle de l'Ille-et-Vilaine, sont signées par les préfets qui
en prennent la pleine responsabilité. L'enquête de l'Ille-et-
Vilaine fut rédigée par le secrétaire général Claude Even. Le
préfet avait été obligé de prendre un congé pour raisons de
santé (i).
Quelques-uns des auteurs de ces enquêtes étaient Bretons.
Claude Even était Breton et avait vécu pendant toute la Révol
ution dans l'Ille-et-Vilaine, c'est-à-dire dans le département
même sur lequel portait son enquête. Jean-Pierre Boullé,
préfet des Côtes-du-Nord, était Breton; il était né à Auray,
dans le Morbihan, par conséquent dans un département
voisin. Tous, au reste, avaient été aidés dans leur tâche par
des Bretons. Les sous-préfets, qui furent comme partout ai
lleurs leurs principaux coop