Le différend entre Louis IX et les évêques de Beauvais et ses incidences sur les Conciles (1232-1248) - article ; n°1 ; vol.123, pg 5-34
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Le différend entre Louis IX et les évêques de Beauvais et ses incidences sur les Conciles (1232-1248) - article ; n°1 ; vol.123, pg 5-34

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1965 - Volume 123 - Numéro 1 - Pages 5-34
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pontal Gauthier Odette
Le différend entre Louis IX et les évêques de Beauvais et ses
incidences sur les Conciles (1232-1248)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1965, tome 123, livraison 1. pp. 5-34.
Citer ce document / Cite this document :
Odette Pontal Gauthier. Le différend entre Louis IX et les évêques de Beauvais et ses incidences sur les Conciles (1232-1248).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1965, tome 123, livraison 1. pp. 5-34.
doi : 10.3406/bec.1965.449689
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1965_num_123_1_449689LE DIFFÉREND
ENTRE
LOUIS IX ET LES ÉVÊQUES DE BEAUVAIS
ET SES INCIDENCES SUR LES CONCILES
(1232-1248)
opposa Dans le le roi conflit de France qui, depuis et l'Église 1232 et de pendant Beauvais, seize se années, manif
estent, au travers d'intérêts locaux, tous les intérêts na
tionaux de l'époque. Toutefois, les historiens de Beauv
ais aussi bien que les rares historiens de saint Louis qui le
citent ne lui ont donné qu'une valeur anecdotique, voire
épisodique, soit dans la vie des évêques, soit dans la vie
du roi, sans en faire l'objet d'une étude d'ensemble. Pour
tant, par l'ampleur qu'elle prit, cette affaire fut tout à fait
représentative de l'attitude du pouvoir royal, s'affirmant
non seulement vis-à-vis du clergé, mais aussi de la papauté
elle-même. La doctrine théocratique de Grégoire VII et
d'Innocent III, déjà iattue en brèche par Philippe Auguste
et qui devait être définitivement ruinée sous le Bel,
trouve là certainement la véritable amorce de son déclin.
Le pape Grégoire IX s'en rendait si bien compte qu'il
écrivait : « Graviter in lesione Belvacensis ecclesie, tota
Gallicana, immo universalis Ecclesia ledebatur1 » ; car c'est
en vain que furent réunis huit conciles provinciaux, en vain
que furent jetés par le pouvoir ecclésiastique excommunic
ations et interdits, en vain que furent multipliées les sup
plications et les menaces pontificales, rien ne put ébranler
1. Lettre du 22 mars 1236 (voir p. 28). D ODETTE PONTAL
le roc qu'était devenue la souveraineté royale avec Louis IX.
Il aurait été intéressant, étant donné sa durée et son im
portance, de publier tous les textes relatifs à ce conflit,
qui sont fort dispersés ; mais ils sont également fort nomb
reux, et ce ne serait plus l'objet alors d'un simple article,
mais de tout un ouvrage. Nous nous contenterons d'en
donner quelques-uns en note et d'énumérer les principales
sources qui correspondent aux trois grandes périodes de
l'affaire :
1° Origine du différend entre le roi et l'évêque de Beau-
vais, premiers synodes (au nombre de cinq) réunis pour le
régler et essai de médiation de Pierre de Colmieu1.
2° Extension du conflit à la province et à la métropole
de Reims et synodes (au nombre de trois) réunis sur ce
fait2.
3° Après les échecs et des conciles et de la médiation de
Pierre de Colmieu au sujet de Beauvais, dissensions et
1. Sources. Textes des conciles : Nous n'avons pu retrouver de textes ma
nuscrits anciens : les copies qui se trouvent au Vatican (ms. Vat. lat. 9869)
sont des copies de Coleti ou autres textes imprimés. Nous avons utilisé les
éditions de :
Hardouin, Collectio maxima conciliorum generalium et provincialium, Paris,
1715.
Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, Florence, 1759-
1798.
Gousset, Les actes de la province de Reims, Reims, 1842-1844.
Martène, Thesaurus novus anecdotorum, Paris, 1717, qui ne donne qu'un bref
résumé « ex membrana belvacense » que nous n'avons pu retrouver.
Labbe et Cossart, Sacrosancta concilia ad regiam editionem exactam, Paris,
1671-1672.
Textes historiques :
Louvet, Histoire des antiquités de Beauvaisis, a conservé les textes de nom
breux manuscrits aujourd'hui disparus qui fournissent une abondante docu
mentation.
Godefroy Hermant, Histoire ecclésiastique et civile de la ville et du diocèse de
Beauvais (dans Bibl. nat., ms. fr. 8579-8583).
Abbé Delettre, Histoire du diocèse de Beauvais..., Beauvais, 1843, nett
ement inspiré de Godefroy Hermant.
Parmi les historiens de saint Louis, seul Le Nain de Tillemont fait le récit
de ce conflit, d'autres, tels Wallon, se contentent d'une brève allusion ou le
passent sous silence.
2. Sources. Manuscrits : Cartulaire E du chapitre cathedral de Reims, Reims,
dépôt des Arch, dép., non coté. Tous les textes extraits de ce cartulaire ont été
publiés par Varin, Archives administratives de la ville de Reims, dans la collec
tion des Documents inédits sur l'histoire de France, Paris, 1839.
Textes des conciles, dans Gousset, op. cit. DIFFÉREND ENTRE LOUIS IX ET LES ÉVEQUES DE BEAUVAIS 7
tractations directes entre le roi Louis IX et le pape Gré
goire IX1.
I. - — DÉBUT ET ORIGINE DU CONFLIT
Si les conflits de juridiction entre la puissance séculière
et le pouvoir ecclésiastique étaient alors fréquents, dans le
cas présent on aurait pu penser, étant donné les parties
en présence, que celui-ci n'atteindrait jamais pareille acuité.
Car Milon ou Miles de Nanteuil, l'évêque de Beauvais, avait
été un fidèle du roi Philippe Auguste : il l'avait accompagné
en Terre sainte (il y avait même été prisonnier et, libéré en
1222, avait reçu du pape, en passant à Rome, la consécra
tion épiscopale pour son évêché de Beauvais où il avait
été élu en 1217). Il avait été aussi un ami très cher du roi
Louis VIII : il avait fait avec lui la croisade contre les Albi
geois, il avait recueilli son dernier soupir et avait été le
principal de ses exécuteurs testamentaires. L'évêque, ayant
été en si étroite liaison avec le feu roi, croyait donc pouvoir
attendre de son fils et de sa veuve une entière protection
qui le mettrait à couvert de tout ce qui pouvait troubler
la tranquillité de sa vie et de son épiscopat. C'était ne pas
compter avec un pouvoir royal qui, tendant à s'affirmer, ne
lâcherait pas une parcelle d'autorité aux mains de la puis
sance ecclésiastique, quelle que fût d'ailleurs la piété de la
régente et du roi, et à l'égard même d'un évêque qui avait
été tout dévoué à leur époux et père. En l'occurrence, le roi
nous donne ici une image de lui assez différente de l'image
traditionnelle du saint roi, bienfaiteur de l'Église et soumis
à ses lois2.
1. Sources. Registres de Grégoire IX, éd. par Lucien Auvray, 1907.
Teulet, Layettes du trésor des chartes, Paris, 1866.
Varin, op. cit.
Potthast, Regesta Pontificum romanorum, Gratz, 1874.
Quelques originaux aux Archives de France et à la Bibliothèque nationale,
cités à leur place.
Les bulles conservées à Beauvais et signalées par Louvet ont disparu pen
dant la Révolution.
2. Bien que Louis IX n'eût que dix-huit ans au début de l'affaire, il semble
bien, d'après les documents, qu'on ne puisse en imputer la seule responsabilité
à Blanche de Castille et qu'il y ait pris une part active et intransigeante, car Ö ODETTE PONTAL
Le conflit eut pour origine un incident qui pourtant pa
raissait mince. Il a été assez souvent mais sommairement
relate, il n'est pas inutile de le rappeler : il s'agissait d'élire
un nouveau maire à Beauvais1. D'après une convention
passée en 1182 entre l'évêque et la commune, et sanctionnée
par le roi Philippe Auguste, les habitants devaient élire
douze pairs et choisir deux d'entre eux pour être soumis à
l'agrément de l'évêque qui désignerait l'un ou l'autre comme
maire 2.
Les habitants de Beauvais se divisaient en deux classes,
les « populäres », qui représentaient vingt et un métiers et
fournissaient six pairs, et les « majores » qui représentaient
un seul métier ; les changeurs (campsores) fournissant à
eux seuls les six autres pairs3. La corporation des chan
geurs était, en effet, puissante dans la ville, car, l'évêque
ayant droit de faire battre monnaie, ils s'y étaient établis
en grand nombre. Or, en janvier 1232, les habitants n'arri
vaient pas à se mettre d'accord sur le choix du ma

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