Le dolmen du Pech n° 1 à Alvignac (Lot) - article ; n°1 ; vol.13, pg 109-149

Clottes Jean, Michel Carrière

Description

Gallia préhistoire - Année 1970 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 109-149
41 pages

Informations

• Publié par: GALLIA0
• Publié le: 01 janvier 1970
• Nombre de lectures: 80
• Langue: Français
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Extrait

Michel Carrière
Jean Clottes
Le dolmen du Pech n° 1 à Alvignac (Lot)
In: Gallia préhistoire. Tome 13 fascicule 1, 1970. pp. 109-149.
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Carrière Michel, Clottes Jean. Le dolmen du Pech n° 1 à Alvignac (Lot). In: Gallia préhistoire. Tome 13 fascicule 1, 1970. pp.
109-149.
doi : 10.3406/galip.1970.1355
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galip_0016-4127_1970_num_13_1_1355DOLMEN DU PECH N° 1 A ALVIGNAC (Lot) LE
par Michel CARRIÈRE et Jean CLOTTES
Étude archéologique
Situation.
Le dolmen du Pech n° l1 se dresse sur la bordure orientale du Causse de Gramat,
au voisinage immédiat d'une large bande liasique argileuse, localement appelée Limargue.
D'après la carte géologique au 1/80 000e (feuille de Brive), notre dolmen, situé près de la
faille d'Alvignac, serait placé sur le calcaire oolithique du Bajocien (JIV). En fait, il s'agit là
d'une légère erreur de la carte, et il a été bâti sur le calcaire lithographique du Bathonien
inférieur (JII-III) (fig. 1). Toutefois, la proximité du Bajocien explique la présence de
calcaire oolithique dans le remplissage de la chambre et dans le tumulus.
Les cinq autres dolmens et la vingtaine de tumuli dispersés sur le Causse d'Alvignac
sont également situés sur le Bathonien. Ces monuments ont été, pour la plupart, fouillés
par A. Lemozi2 et A. Niederlender; au moins un dolmen et plusieurs tumuli, situés sur
l'emplacement du camp militaire de Viroulou, ont été détruits lors de l'installation de la
base ou de travaux postérieurs. Comme les dolmens d'Alvignac, la majeure partie des
485 dolmens recensés à ce jour dans le Lot se trouvent sur des calcaires lithographiques
massifs (Bathonien, Callovo-Oxfordien), alors que les calcaires argileux ou en plaquettes
portent relativement peu de mégalithes.
Le Causse d'Alvignac, d'étendue réduite, descend en pente douce vers le nord; le
dolmen a été érigé sur cette pente, sensiblement au centre d'un tumulus ovale (fig. 3).
1. Ce dolmen est situé sur la parcelle n° 414, section AB, de la commune d'Alvignac, lieu-dit « Le Pech » (ancienne
parcelle n° 148,' lieu-dit « Le Causse Haut », avant réfection du cadastre). Il appartient à M. Edmond Bouat qui a bien
voulu nous autoriser à le fouiller, ce dont nous le remercions vivement. Nos remerciements vont également à M. Méroc f
pour l'aide qu'il nous a apportée, ainsi qu'à MM. J. Arnal, G. Bailloud et J. Guilaine pour les utiles renseignements
qu'ils nous ont fournis. Nous sommes également très reconnaissants au Professeur Astre et au Dr Pales d'avoir accepté
de déterminer la faune, ainsi qu'au Dr Riquet qui a bien voulu se charger de l'étude anthropologique.
2. A. Lemozi : La nécropole de Viroulou. Petit Nouvelliste de Cabrerets, n° 29, sept. 1935. Mobilier déposé au musée
de Cabrerets.
Gallia préhistoire. Tome XIII, 1970, 1. .
.
M. CARRIÈRE ET J. GLOTTES 110
Cne d'Alvignac _ Lof
Jn m ■ Bathonien
Jiv Bajocien
Lib
Lia
o tumulus
71 dolmens
1 Situation géographique (à droite) et géologique (à gauche), du dolmen du Pech 1.
Avant la fouille3, les dalles latérales et la dalle de fond étaient seules visibles : elles
dépassaient à peine la surface du tumulus. L'ensemble du monument était encombré par
les pierres d'une murette couvrant anciennement le dolmen, mais récemment abattue
lors d'un regroupement de parcelles. Cette murette avait protégé le monument, le dérobant
à la curiosité d'éventuels fouilleurs (fig. 2). Cependant, un trou récent dans le remplissage,
contre la dalle de fond, semblait attester le passage de clandestins. En fait, nous devions
apprendre par la suite que c'était le propriétaire qui, par curiosité, s'était livré à un petit
sondage, fort heureusement resté superficiel.'
Méthode de fouille.
La fouille n'a commencé qu'après l'établissement d'un carroyage horizontal de la
chambre (« carrés » de 0,50 m de côté sur toute la largeur de la chambre, numérotés A, B,
C, etc., du fond vers l'entrée), le niveau zéro étant placé à 0,20 m au-dessus du point le
plus haut du tumulus4. La chambre a été décapée par couches successives de 3 à 5 cm
d'épaisseur, en partant de la dalle de fond et en reculant vers l'entrée de la chambre, puis
3. La fouille a eu lieu au cours du printemps et de l'été 1968.
4. Toutes les profondeurs sont données en centimètres par rapport au niveau O. DU PEGH N° 1 111 DOLMEN
du couloir. Les ossements découverts étaient laissés en place le plus longtemps possible
pour repérer d'éventuelles connexions anatomiques. Lorsque toute la surface de la chambre
était fouillée, ces ossements et le mobilier n'étaient enlevés qu'après avoir été photographiés
et relevés sur plan au l/5e et leurs coordonnées notées sur le cahier de fouille. Le mauvais
état des ossements humains a souvent nécessité une consolidation sur place au polymul,
avant enlèvement. Bien entendu, toutes les terres enlevées ont été soigneusement tamisées
au fur et à mesure de la fouille.
Cette méthode nous a permis de remarquer des connexions anatomiques (fig. 6, 7
et 8) et de constater l'existence d'une certaine stratigraphie dans la position du mobilier
recueilli (fîg. 5).
Enfin, le décapage et la fouille d'une partie du tumulus (fig. 4), nous ont donné des
renseignements sur le mode de construction du dolmen. Après la fouille, la chambre du
dolmen et la tranchée creusée dans le tumulus ont été remblayées pour éviter tout effo
ndrement.
Constatations à la fouille.
Le remplissage de la chambre et du couloir était fait de terre brune et de cailloutis
calcaire légèrement plus gros dans le couloir que dans la chambre. A partir de — 60, le
remplissage du couloir présentait des pierres plates disposées presque à l'horizontale,
mais sans ordre. Il ne semble pas qu'il y ait eu un dallage ou une construction particulière
à ce niveau. A — 75, un ensemble de dallettes, par contre, semblait former une sorte de
mauvais dallage du couloir à hauteur du seuil de la chambre, mais ce pavage n'existait
pas à l'entrée du couloir. Entre ces dallettes, la terre du remplissage rappelait la terra
rossa du Causse; nous l'avons trouvée jusqu'à — 90, — 100, profondeur à laquelle fut
atteint le sol rocheux.
Dans la chambre, à partir de — 75, le remplissage était formé de pierres plus grosses,
avec terre moins abondante que précédemment, avec pour conséquence des ossements
en très mauvais état, fréquemment brisés ou écrasés sur place (fig. 9). Le sol rocheux
apparaissait à — 80, — 90 du côté droit; il était plus bas du côté gauche ( — 100) : il se
délitait en petites plaquettes séparées par de minces lits d'argile rouge; au cas où du petit
mobilier aurait glissé entre elles, nous avons enlevé ces plaquettes jusqu'au rocher vif
non délité.
Dès le début de la fouille, parmi les racines et les herbes, nous avons trouvé un éclat
de silex, quelques tessons de poterie et des esquilles osseuses, dont certaines brûlées (à
l'entrée du couloir : carré F. — 54). Le couloir, d'ailleurs, devait se révéler très pauvre
en ossements et mobilier, sauf au voisinage immédiat de la chambre; cependant, des
dents humaines ont été découvertes dans tout le remplissage, et un crâne humain (le seul
trouvé avec la mandibule en connexion) était posé sur le côté gauche, la face tournée vers
le fond, mais il avait été écrasé par le glissement de la dalle gauche du couloir qui avait
basculé. Une nouvelle esquille calcinée se trouvait dans le carré D (à — 65), également
dans le couloir.
8—1 112 M. CARRIÈRE ET J. GLOTTES
2 Le dolmen du Pech 1. 1 le dolmen avant la fouille. 2 : le dolmen en cours de fouille. 3 la dalle droite du couloir.-
4 : vue générale de la chambre en fin de fouille. •
DU PEGH N° 1 113 DOLMEN
10m 0_ _
n.O.
Coupe est-ouest
Coupe sucLnord
3 Situation du dolmen dans le tumulus 4 Coupe et décapage de la surface du tumulus.
et coupes du tumulus.
Tout près de la surface, outre les esquilles d'ossements brisés et les tessons, nous avo