Le nom de la famille Juvénal des Ursins. - article ; n°1 ; vol.50, pg 537-558
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1889 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 537-558
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1889
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Batiffol
Le nom de la famille Juvénal des Ursins.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1889, tome 50. pp. 537-558.
Citer ce document / Cite this document :
Batiffol Louis. Le nom de la famille Juvénal des Ursins. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1889, tome 50. pp. 537-558.
doi : 10.3406/bec.1889.447575
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1889_num_50_1_447575LE NOM DE LA FAMILLE
JUVÉNAL DES URSINS
façon Juvénal et Charles Les du dont début érudits des VI, ils Ursins. du que doivent qui xve s'occupent l'on Les sont citer connaissait uns, en le de le général nom plus l'histoire jusqu'ici de grand assez l'auteur de nombre, sous la embarrassés de fin l'appellation Y du écrivent Histoire xive sur siècle simde la
plement « Jean Jouvenel » ; c'est la nouvelle tradition ; d'autres
adoptent la forme « des Ursins » ; très peu ont conservé
l'ancienne dénomination « Juvénal des Ursins ». En présence de
cette diversité et de cette incertitude, il y a quelque intérêt à éta
blir, à l'aide des documents, le véritable nom du chroniqueur et à
rechercher l'origine de ce nom de famille qui a été porté par plu
sieurs illustres personnages dont l'existence se trouve mêlée aux
grands faits de notre histoire générale.
Il est essentiel, au préalable, de distinguer très clairement les
divers Juvénal ou Jouvenel dont il est fait mention dans les actes
ou dans les chroniques . Cette première constatation est nécessaire,
si l'on veut se rendre un compte exact des faits que nous aurons
l'occasion d'examiner.
La famille Juvénal des Ursins est originaire de Troyes. Si loin
que l'on puisse remonter, on ne rencontre à son berceau que de
modestes bourgeois champenois, vivant avec profit d'un com
merce de draperie. En 1360 vivait à Troyes Pierre Jouvenel,
marchand drapier, dont l'existence nous est peu connue 1, et qui
n'a joué aucun rôle digne d'être remarqué. Pierre eut un fils qui
se nomma Jean Jouvenel ; avec celui-ci l'illustration de la famille
commence.
1. Bibl. nat., Dép. des mss., fonds Clairambault, titres scellés, vol. 61, p. 4731,
pièce 1, pareil. 538 LE NOM DE LA FAMILLE
Jean Jouvenel, après de brillantes études à Orléans, vint habi
ter Paris où il ne tarda pas à se faire connaître et à occuper les
charges les plus importantes. Il fut successivement prévôt des
marchands de la ville de Paris de 1389 à 1400, avocat du roi au
Parlement de 1400 à 1413, chancelier du duc de Guyenne en
1413, président au Parlement de Toulouse, puis premier prési
dent au Parlement de Poitiers. Il mourut dans cette dernière ville
en 1431.
De son mariage avec Michelle de Yitry étaient nés seize enfants ;
quatre d'entre eux devinrent célèbres par les hautes fonctions dont
ils furent investis ou par leurs actions d'éclat : l'aîné, Jean, qui
portait le même prénom que son père, devint archevêque et duc
de Reims ; c'est l'auteur de Y Histoire de Charles VI; un second,
Guillaume, fut chancelier de France ; un troisième, Jacques, suc
céda à son frère sur le siège archiépiscopal de Reims ; un qua
trième enfin, Louis, chambellan du roi et bailli de Troyes, se fit
remarquer par sa bravoure dans la guerre contre les Anglais.
Voilà les deux générations des Juvénal des Ursins qui ont
attiré l'attention de l'histoire. Après elles, la famille a subsisté
obscurément, au moins relativement, jusque vers le milieu du
xvne siècle, où elle s'est éteinte tout à fait1.
Ces indications succinctes rappelées, entrant dans le sujet qui
fait l'objet même de cette étude, nous devons constater en premier
lieu que c'est par l'auteur de l'Histoire de Charles VI, Jean,
l'archevêque de Reims, que la forme traditionnelle du nom de la
famille « Juvénal des Ursins » s'est introduite dans l'usage ordi
naire. L'historien se donne toujours cette dénomination dans sa
chronique, et, toutes les fois qu'il a à parler ou de son père ou de
ses frères, jamais il ne les appelle autrement que « Juvénal des
Ursins. » II semblerait donc que la question doit être immédiate
ment tranchée, nul ne pouvant mieux connaître le nom d'une
famille que celui qui occupait au milieu d'elle la position qu'avait
l'archevêque de Reims. Il n'en est rien cependant, car, si nous
nous reportons aux actes originaux, tout d'abord du prévôt des
marchands, père du chroniqueur, nous voyons que ce dernier
1. Le dernier Juvénal des Ursins est François Jouvenel des Ursins, marquis
de Trainel, baron de Neuilly, ambassadeur, maréchal de camp, mort à Doué-
en-Brie le 9 octobre 1650; il laissa ses biens à son petit-neveu, François de
Harville. Bibl. nat., ms. Dupuy, vol. 673, fol. 46 et sqq. — D. Godefroy, anno
tation de l'Histoire de Charles VI, édition de 1653, p. 801. JUVENAL DES URSINS. 539
signe toujours « Jean Jouvenel » et jamais « Juvénal », comme
son fils semblerait le faire supposer. Nous avons de nombreuses
quittances de ce personnage ; toutes débutent ainsi : « Je, Jehan
Jouvenel.. . » ; toutes se terminent par une signature qui est tou
jours la même : « J. Jouvenel1. » II ne saurait donc y avoir de
doute sur ce point.
Quant an surnom « des Ursins » que le chroniqueur donne au
prévôt des marchands, ici encore les textes sont en désaccord
avec les affirmations de l'historien ; et même nous nous trouvons
en présence de preuves qui démentent d'une manière si catégo
rique son assertion, qu'il est impossible, quelle que soit l'autorité
que lui donne sa situation à l'égard de son père, d'admettre un
seul instant son témoignage.
Le Religieux de Saint-Denis fait mention de Jean Jouvenel
cinq ou six fois dans sa chronique2. On sait que cette chronique
est antérieure à celle de Juvénal des Ursins, puisque celui-ci s'en
est beaucoup servi pour composer la sienne. Or, pas une seule
fois le Religieux ne donne à l'ancien prévôt des marchands le
surnom de « des Ursins ». Il ne semble pas, il est vrai, l'avoir
connu personnellement, comme il a connu, du moins à ce qu'il
affirme, la plupart des personnages dont il parle. Mais son asser
tion n'en a pas moins de valeur, car il est difficilement admissible
qu'un auteur, en général assez bien informé, ait pu ignorer le nom
exact d'un personnage qui a joué un rôle politique important et
qui était fort connu à Paris pendant le règne de Charles YI.
L'ensemble des documents que nous avons pu recueillir sur
Jean Jouvenel confirme pleinement l'indication que nous fournit
le Religieux de Saint-Denis. Nous avons une centaine d'actes ou
de mentions concernant Jean Jouvenel : pas un, à aucune époque,
ne porte le surnom « des Ursins ». Dans bon nombre de quittances
que nous avons retrouvées, Jouvenel ènumère ses titres et quali
tés: dans aucune il n'ajoute à son nom celui de « des Ursins ».
Toutes les fois qu'il est question de lui dans des actes contempor
ains, soit des actes privés, soit des actes publics ; toutes les fois
que les registres du Parlement, le mémorial de la Chambre des
1. V. Bibl. nat., Dép. des mss., fonds Clairambault, tit. scellés, vol. 61,
p. 4731, pièces 2, 4, 1, parch. — Bibl. nat., Dép. des mss., Cabinet des titres,
pièces orig., vol. 1593, dossier 36662, n° 6, parch...., etc.
2. La Chronique du Religieux de Saint-Denis, éd. Bellaguet, I, 571; III,
383; V, 143, 399..., etc. 540 LE NOM DE LA FAMILLE
comptes ou les registres du Châtelet ont à parler de lui, à quelque
titre que ce soit, jamais ils ne le désignent autrement que Jean
Jouvenel, et nous n'avons pu rencontrer un seul exemple du su
rnom « des Ursins » ajouté au nom du prévôt des marchands de la
ville de Paris, nous entendons dans un document authentique du
temps.
En présence de cette unanimité de témoignages, on peut affi
rmer sans réserve que l'auteur de Y Histoire de Charles VI nous
trompe en appelant son père « Juvénal des Ursins » , et que le seul
nom de celui-ci a été jusqu'à sa mort Jean Jouvenel.
A quelle époque précise les enfants du prévôt des marchands
ont-ils modifié leur nom de famille et dans quelles conditions ce

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