Le sacre de Charles le Chauve à Orléans - article ; n°1 ; vol.64, pg 31-53
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1903 - Volume 64 - Numéro 1 - Pages 31-53
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Léon Levillain
Le sacre de Charles le Chauve à Orléans
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1903, tome 64. pp. 31-53.
Citer ce document / Cite this document :
Levillain Léon. Le sacre de Charles le Chauve à Orléans. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1903, tome 64. pp. 31-53.
doi : 10.3406/bec.1903.452313
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1903_num_64_1_452313LE SACRE
DE
CHARLES LE CHAUVE A ORLÉANS
ses L'empereur États entre Louis ses trois le Pieux fils, Lothaire, avait, dès Louis l'année et Pépin. 817, partagé Ce der
nier avait reçu l'Aquitaine. Le 13 décembre 838, il mourait
avant son père et laissait deux fils, Pépin et Charles. L'année
suivante, par l'acte de Worms du 30 mai, le vieil empereur pro
cédait à un nouveau partage de ses États et dépouillait les fils de
Pépin Ier de leur héritage, qui s'ajoutait aux provinces attribuées
au jeune fils que Louis le Pieux avait eu de l'impératrice Judith le
13 juin 823, Charles le Chauve. La décision de l'empereur ne fut
pas unanimement acceptée en Aquitaine. Il se forma autour de
Pépin II un parti puissant ; la révolte éclata dès l'année 839 et
elle dura jusqu'en 845, compliquant la question de succession
qui, en 840, arma les uns contre les autres les fils de l'empereur
défunt. En juin 845, un accord intervint entre Charles le Chauve
et Pépin II, mais la paix de Saint-Benoît-sur-Loire devait être de
très courte durée. En 848, les affaires d'Aquitaine prenaient une
tournure nouvelle que l'annaliste officiel du royaume franc de
l'Ouest, Prudence, évêque de Troyes, nous expose ainsi : « Les
Aquitains, poussés par la lâcheté et l'inertie de Pépin, appellent
Charles le Chauve. » Ce sont là des faits qui sont trop connus et
trop bien établis pour qu'il soit besoin d'y insister ; mais il était
nécessaire de les rappeler sommairement avant d'examiner la
question que nous allons étudier.
Après avoir rapporté la défection des Aquitains à la cause de
Pépin II, l'annaliste ajoute sans transition : « Et, dans la ville
d'Orléans, presque tous les grands, réunis aux évêques et aux 32 LE SACRE DE CHARLES LE CHAUVE A ORLÉANS.
abbés, élisent Charles pour leur roi et le consacrent par l'onction
du saint chrême et par la bénédiction épiscopale 1 . »
Tous les historiens qui se sont occupés du sacre de 848 ont
considéré que Charles le Chauve avait pris en la circonstance la
couronne d'Aquitaine2, et l'on conviendra que cette interpréta
tion du texte des Annales bertiniennes est la plus simple, celle
qui se présente la première à l'esprit. Les érudits se sont alors
demandés si Charles le Chauve avait été antérieurement sacré
pour les parties franque et bourguignonne de ses États et les
plus prudents se sont contentés de dire qu'on ne peut ni le nier
ni l'affirmer3. Cependant, Jean Besly, le vieil historien des
comtes de Poitou et ducs de Guyenne, qui n'a point parlé du
sacre de 848, avait écrit que le dernier fils de Louis le Pieux
avait été sacré une première fois à Orléans, le 22 décembre 840 i,
1. « Aquitani, desidia inertiaque Pippini coacti, Karolum petunt, atque in
urbe Aurelianorum omnes pêne nobiliores cum episcopis et abbatis in regem
eligunt, sacroque crismate delibutum et benedictione episcopali soleranitèr con-
secrant » (Annales Bertiniani, a. 848, éd. Waitz, In usum scholarum, p. 36).
2. C'est du moins l'interprétation que je trouve dans Mabillon, Annales
ordinis sancti Benedicti, t. II, p. 677; dans D. Vaissète, Histoire générale de
Languedoc (éd. Privât), t. I, p. 1055 ; comme chez les historiens les plus
récents : Robert de Lasteyrie, Étude sur les comtes et vicomtes de Limoges
antérieurs à l'an 1000, dans Bibl. de l'École des hautes études, fasc. 18
(Paris, 1874, in-8a), p. 27, n. 1 ; Dummler, Geschichte des ostfrtinkischen
Beichs, 2e éd., t. I (1888), p. 336 et suiv., spécialement p. 337, n. 3; Fustel
de Coulanges, les Transformations de la royauté pendant l'époque caro
lingienne (Paris, 1892, in-8°), p. 230, n. 1 ; H. Brunner, Deutsche Bechts-
geschichte, t. II (1892, p. 21, n. 38; G. Pariset, De primordiis Bitu-
ricensis primatix (thèse latine de Paris. Nancy, 1896, in -8°), p. 69-70;
R. Parisot, le Boyaume de Lorraine (Paris, 1898, in-80), p. 40, n. 1, et
p. 344, n. 1 ; Calmette, la Diplomatie carolingienne, dans Bibl. de l'École
des hautes études, fasc. 135 (Paris, 1901, in-8°), p. 16. Je ne puis omettre de
relever les singulières erreurs que M. André Berthelot, dans l'Histoire géné
rale du IVe siècle à nos jours (t. I, p. 398), et l'auteur de l'article Charles le
Chauve, dans la Grande Encyclopédie (t. X, p. 702, lre col.), ont commises.
Le premier dit que Charles le Chauve fit sacrer son fils roi d'Aquitaine à
Limoges en 848 ; le second que Charles le Chauve se fit couronner en 848 roi
d'Aquitaine à Limoges. L'un et l'autre commettent au moins deux erreurs en
une ligne, et ni l'un ni l'autre ne parle du sacre d'Orléans.
3. Ce sont les expressions dont se sert Parisot, op. cit., p. 344, n. 1.
4. Jean Besly, Histoire des comtes de Poictou et ducs de Guyenne (Paris,
chez Robert Bertault, MDCXXXXVII, in-fol.), p. 11. Cf. E. Favre : « Wéni-
lon avait couronné Charles le Chauve en 840 » (Eudes, comte de Paris et roi
de France (882-898), dans Bibl de l'École des hautes études, fasc. 99 (Paris, LE SACRE DE CHARLES LE CHAUVE A ORLEANS. 33
comme roi de tous ses États, et une seconde fois à Limoges, le
6 juin 854, comme roi d'Aquitaine1.
Mon dessein est de montrer qu'il n'y a eu qu'un sacre à
Orléans; que ce sacre est du 6 juin 848; que Charles le Chauve
n'a jamais été sacré roi d'Aquitaine, mais que la cérémonie d'Or
léans, concernant la totalité du royaume franc de l'Ouest, a con
féré pour la première fois au roi l'onction sacrée.
L'opinion de Besly repose sur les dates diverses que deux
diplômes authentiques de Charles le Chauve lui fournissaient
pour le sacre ; les Bénédictins ont utilisé un troisième précepte
royal qui donnait une troisième date.
Le 23 juin 862, Charles le Chauve, étant à Tours, institua,
dans le monastère de Saint-Martin, voisin de cette ville, un
repas commèmoratif de son sacre le 27 décembre2. Trois mois
plus tard, le même roi donnait à l'abbaye de Saint-Denis le
domaine de Senlisse (village du canton de Chevreuse, arrondis
sement de Rambouillet, Seine-et-Oise), à charge pour les moines
de prélever sur les revenus de ce domaine les frais de deux repas
destinés à conserver le souvenir de sa naissance et de son sacre ;
ce dernier est fixé au 8 juillet3. A la même époque, le 19 sep
tembre 862, à Compiègne, le roi confirmait le partage des biens
entre les moines et l'abbé de Saint-Denis; il rappelait dans les
mêmes termes les commémorations auxquelles le domaine de
Senlisse devait subvenir ; la date du sacre indiquée est le 6 juin4.
Besly accorda les données du premier et du troisième de ces
diplômes en attribuant la date du 27 décembre (avec une erreur :
1893, in-8°), p. 90, n. 5). Fustel de Coulanges (op. cit., p. 230, n. 1) admet le
sacre de Charles le Chauve en 840 comme une « chose probable, » mais les
raisons qu'il donne sont sans valeur.
1. Besly, op. cit., p. U et 15.
2. « vi gal. Januarii, id est tempore ac die, quo Domino annuente in regni
fastigio consecrati et ordinati sumus. » Diplôme pour Saint-Martin de Tours
(Recueil des historiens de France, VIII, p. 574, n° 172).
3. « Quee dispositio nostra talis habetur, videlicet ut idibus mensis Junii,
quando me Dominus nasci in naundo voluit, et octavo idtjs Julii quando Sanc-
tus sanctorum nos ungi in regem sua dignatione disposuit... » Diplôme pour
Saint-Denis, s. Í. n. d. (Recueil des historiens de France, VIII, p. 582, n° 177).
4. « ... videlicet ut in idibus Junii, quando Deus nos nasci in mundo voluit,
et octavo idus Junias quando Sanctus sanctorum nos ungi in regem sua digna
tione disposuit... » Diplôme pour Saint-Denis (Orig. scellé. Arch, nat., К 13,
n° 10; Tardif, Monuments historiques, n° 186, p. 118, 2° col.; Recueil des his
toriens de France, VIII, p. 579, n° 176).
4 903 3 BA LE SACRE DE CHARLES LE CHAUVE

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