Le Syair Cerita Siti Akbari de Lie Kim Hok (1884) ou un avatar du Syair Abdul Muluk (1846) - article ; n°1 ; vol.48, pg 103-124
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Le Syair Cerita Siti Akbari de Lie Kim Hok (1884) ou un avatar du Syair Abdul Muluk (1846) - article ; n°1 ; vol.48, pg 103-124

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Description

Archipel - Année 1994 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 103-124
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monique Zaini-Lajoubert
Le Syair Cerita Siti Akbari de Lie Kim Hok (1884) ou un avatar
du Syair Abdul Muluk (1846)
In: Archipel. Volume 48, 1994. pp. 103-124.
Citer ce document / Cite this document :
Zaini-Lajoubert Monique. Le Syair Cerita Siti Akbari de Lie Kim Hok (1884) ou un avatar du Syair Abdul Muluk (1846). In:
Archipel. Volume 48, 1994. pp. 103-124.
doi : 10.3406/arch.1994.3005
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1994_num_48_1_3005OU CREATIONS? ADAPTATIONS
Hommage au Professeur A. TEEUW
Monique ZAINI-LAJOUBERT
Le Syair Cerita Siti Akbari
de Lie Kim Hok (1884),
un avatar du Syair Abdul Muluk (1846)
ce 2e, adaptation. fait n'est, L'étude 1913; que le semble-t-il, 3e, fameux de On 1922) la ne littérature sait Syair n'était que pas Cerita dans exactement en pas malais les Siti à proprement années Akbari étant comment 1920, longtemps de parler Lie l'idée que Kim l'on une restée germa Hok création, prit compartimentée, (1ère et conscience fit éd., mais son 1884; cheune du
min. On la saisit seulement en 1923 dans un article de Tio le Soei où il est dit
que Lie Kim Hok composa son poème en s'aidant d'une version soundanaise
de l'histoire d' Abdul Muluk intitulée Siti Rapiah, elle-même basée sur une
version malaise en caractères latins transcrite par Arnold Snackey M. L'idée
fut reprise un peu différemment par Kwee Tek Hoay dans une étude sur le
Syair Cerita Siti Akbari qu'il publia à Bandung dans le 5m Bin du 25 mai
1925 (2). Selon lui, l'adaptation de Lie Kim Hok aurait pu être basée soit sur
une version soundanaise de l'histoire d' Abdul Muluk (3\ soit sur une version
en malais romanisé de la plume d'Arnold Snackey — dont une copie aurait été
déposée à la Bibliothèque du Musée (act. Bibliothèque Nationale). Malheureu
sement, aucune de ces versions «intermédiaires» ne semble avoir subsisté.
L'intérêt porté à cette histoire d' Abdul Muluk serait venu, selon Tio le Soei,
du fait que, dans les années 1880, elle était souvent représentée à Java Ouest
par des acteurs de théâtre amateurs qui, au moment du nouvel an chinois,
allaient jouer de porte en porte. On rapporte que Lie Kim Hok aurait composé
son Syair Cerita Siti Akbari pour aider les acteurs à mémoriser l'histoire. Il
était lui-même très intéressé par le théâtre et aurait dirigé une petite troupe
d'adolescents pour laquelle il aurait composé différents textes en vers (4).
Nio Joe Lan ne semble pas avoir suivi ces débats dans la presse, car lors
qu'il écrit ses articles sur la littérature sino-malaise en 1937, il pense toujours
que le Syair Cerita Siti Akbari est une création de Lie Kim Hok. C'est C. 104 Monique Zaini-Lajoubert
Hooykaas, à qui il avait envoyé un tiré à part, qui lui aurait appris dans un
courrier, que le Syair Cerita Siti Akbari «était tiré» (telah terambil) du Syair
Abdul Muluk qui se trouvait conservé à la bibliothèque de la Bataviaasch
Genootschap (5). A cette époque, il en existait au moins deux versions en
caractères arabes, dont la plus ancienne avait été publiée, en 1847, par Roorda
van Eijsinga dans le Tijdschrift voor Née ri. Indië, et deux aussi en caractères
latins: l'une, publiée en 1892, et l'autre, en 1934 (6), par les soins de Balai
Pustaka. Mais ni les journalistes peranakan, ni Hooykaas, ni les autres spécial
istes de littérature n'eurent alors la curiosité de pousser plus avant la compar
aison, bien que l'engouement pour cette histoire ait été très grand à cette
époque. C'est en effet en 1937 que la firme Tan' s Film porta Siti Akbari à
l'écran, avec comme acteurs principaux Roekiah, Rd Mochtar et Rd. Kosa-
sih (7). La dernière étude sur Siti Akbari à paraître avant la Seconde guerre
mondiale, ne traite que des aspects esthétiques du poème W.
Le thème central du Syair Abdul Muluk est celui de la femme déguisée en
homme qui part pour accomplir une mission. Il se retrouve dans d'autres
œuvres malaises traditionnelles, en prose ou en vers, à commencer par cer
taines adaptations en malais des histoires javanaises du cycle de Panji (9\
comme la Hikayat Panji Semirang, «Histoire de Panji Semirang» (10). Il est
également présent dans deux œuvres du XVIIe siècle: Cerita Siti Hasanah,
«Histoire de Siti Hasanah», l'un des récits de la Hikayat Bay an Budiman,
«Contes du perroquet sage» (u\ et dans la Hikayat Jauhar Manikam, «Histoi
re de la princesse Jauhar Manikam» (12\ Enfin, on le trouve aussi dans le
Syair Siti Zubaidah Perang Cina, «Poème de Siti Zubaidah en guerre contre la
Chine» et dans la Hikayat Syamsul Anwar, «Histoire de Syamsul Anwar»,
(1890) (13\ Toutefois, ces histoires diffèrent considérablement les unes des
autres par leurs intrigues, à l'exception du Syair Siti Zubaidah Perang Cina,
dont la ressemblance avec le Syair Abdul Muluk est frappante. Il ne s'en dis
tingue pratiquement que par le nom des pays (Kembayat <14) au lieu de Barba-
ri, la Chine au lieu de l'Inde, etc.), celui des personnages (Siti Zubaidah au
lieu de Sitti Rafiah, Zainal Abidin au lieu d' Abdul Muluk, etc.) et quelques
événements en plus et en moins. Nous donnons, en appendice (tableau 3), un
tableau qui permettra au lecteur de juger des similitudes de l'intrigue (15\
Mais le Syair Siti Zubaidah n'étant pas datable pour le moment, il n'est pas
possible de savoir lequel de ces deux syair est à l'origine de l'autre.
Nous nous en tiendrons donc, dans notre étude, aux deux seules histoires
datées d' Abdul Muluk et de Siti Akbari. Bien que pour le moment, rien ne
nous permette d'affirmer que le deuxième poème ait été directement adapté du
premier, il nous a semblé néanmoins qu'il serait intéressant de les comparer,
afin de voir quelles ont pu être ce que l'on peut se risquer à appeler les «inno
vations» de Lie Kim Hok au niveau de la technique de narration, du style et à
celui du contenu. Pour ce faire nous utiliserons pour le Syair Cerita Siti Akbar
i, l'édition de 1922 et pour le Syair Abdul Muluk, celle de 1934. Mais avant
tout, il nous faut présenter les deux syair. Le Syair Cerita Siti Akbari de Lie Kim Hok 105
Présentation du Syair Abdul Muluk
Son auteur
Le Syair Abdul Muluk est l'œuvre de Zaleha, la sœur du célèbre écrivain de
Riau, Raja Ali Haji (c.1808 - c.1870). On a d'abord cru qu'il avait été compos
é par son frère, comme celui-ci le laisse entendre dans une lettre qu'il adressa
à Roorda van Eijsinga en 1846: «Je n'ai pas d'autre présent à vous offrir
qu'une histoire du Sultan Abdul Muluk que j'ai moi-même écrite en vers dans
la langue malaise de Johor utilisée de nos jours, et un tissu de soie fait par ma
femme» (16). H. von de Wall nous apprend, qu'en fait, Raja Ali Haji s'est
contenté de corriger le texte de sa sœur (17\
Localisation de l'histoire
L'histoire se situe dans les sultanats de Barbari, Hindustan (ou Hindi), Ban
et Barham (18\ Seul l'Hindustan correspond à une région géographique réel
le (19). Dans le syair, toutefois, ces Etats ne sont pas très éloignés les uns des
autres. L'armée du sultan de l'Inde, qui, nous dit-on, se déplace à pied ou à
cheval, atteint en peu de temps Barbari: «Quelques jours plus tard, on parvint
aux confins du pays» (2°). Barham est plus éloigné puisque l'héroïne, Sitti
Rafiah, qui s'enfuit de Barbari, met environ cinq mois, après une longue
marche à travers une forêt, pour arriver à Barham, territoire proche de
l'Inde (21\ Par contre, rien n'indique la distance entre Ban et ces divers Etats.
On présume que Ban est un pays arabe, car, d'une part, Sitti Rafiah est aussi
appelée Sitti Arabi et, d'autre part, il est dit que le «pays du sultan de Ban est
situé du côté arabe» {di sebelah 'Arab negeri baginda, p. 213). Quant à Barbar
i, il pourrait s'agir d'un sultanat du monde malais ou, du moins, ayant des
contacts avec celui-ci, à en juger par les quelques traits culturels suivants: lors
de la célébration du mariage d' Abdul Muluk avec sa première épouse, Sitti
Rahmah, on y présente des danses malaises (joget), javanaises (tandak topeng,
«danse masquée») et du théâtre d'ombre javanais (wayang) (22\
L'intrigue
L'épouse du sultan de Barbari met au monde un

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