Le théâtre de l an II (culture et société sous la Révolution) - article ; n°1 ; vol.278, pg 417-432
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Annales historiques de la Révolution française - Année 1989 - Volume 278 - Numéro 1 - Pages 417-432
An overview which presents a study of two hundred militant plays of the Year II. The author chooses significant examples (such as the plays about the retaking of Toulon or the case of Rouen) to demonstrate the original traits of this repertory which was less affected by censorship than has been thought and which emphasized certain themes : the martyrs of liberty, the classical references, the revolution of mores and, of course for a time, dechristianization. A novel relationship grew up between the « citizen actors » and militant audiences which turned the theater into one of the areas of political confrontation until the spring of Year II when the Robespierrist authorities carefully kept track of Hebertism in art and even suppressed it.
Article de synthèse qui présente une réflexion sur le corpus des deux cents pièces engagées de l'an II, choisissant également les exemples significatifs (les pièces sur la reprise de Toulon, le cas de Rouen) pour mettre en évidence les caractères originaux d'un répertoire moins affecté qu'on ne le croirait par la censure, focalisé sur certains thèmes : les martyrs de la liberté, la référence antique, la révolution dans les mœurs et, bien sûr, la déchristianisation, un temps du moins. Un rapport original s'instaure entre des « citoyens comédiens » et un public militant faisant du théâtre un des lieux de l'affrontement politique jusqu'à ce qu'au printemps de l'an II l'hébertisme en art ne se trouve surveillé, voire réprimé par les autorités robespierristes.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Serge Bianchi
Le théâtre de l'an II (culture et société sous la Révolution)
In: Annales historiques de la Révolution française. N°278, 1989. pp. 417-432.
Abstract
An overview which presents a study of two hundred militant plays of the Year II. The author chooses significant examples (such
as the plays about the retaking of Toulon or the case of Rouen) to demonstrate the original traits of this repertory which was less
affected by censorship than has been thought and which emphasized certain themes : the martyrs of liberty, the classical
references, the revolution of mores and, of course for a time, dechristianization. A novel relationship grew up between the «
citizen actors » and militant audiences which turned the theater into one of the areas of political confrontation until the spring of
Year II when the Robespierrist authorities carefully kept track of Hebertism in art and even suppressed it.
Résumé
Article de synthèse qui présente une réflexion sur le corpus des deux cents pièces engagées de l'an II, choisissant également les
exemples significatifs (les pièces sur la reprise de Toulon, le cas de Rouen) pour mettre en évidence les caractères originaux
d'un répertoire moins affecté qu'on ne le croirait par la censure, focalisé sur certains thèmes : les martyrs de la liberté, la
référence antique, la révolution dans les mœurs et, bien sûr, la déchristianisation, un temps du moins. Un rapport original
s'instaure entre des « citoyens comédiens » et un public militant faisant du théâtre un des lieux de l'affrontement politique jusqu'à
ce qu'au printemps de l'an II l'hébertisme en art ne se trouve surveillé, voire réprimé par les autorités robespierristes.
Citer ce document / Cite this document :
Bianchi Serge. Le théâtre de l'an II (culture et société sous la Révolution). In: Annales historiques de la Révolution française.
N°278, 1989. pp. 417-432.
doi : 10.3406/ahrf.1989.1280
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1989_num_278_1_1280LE THÉÂTRE DE L'AN II
(Culture et société sous la Révolution)
« Voilà une pièce qui avance plus la chute de
la Monarchie et de la prêtraille que les journées
de juillet et d'octobre » (Desmoulins à propos de
Charles IX de M.-J. Chénier).
L'approche du bicentenaire de 1789 laisse prévoir une redécou
verte limitée de la place du théâtre dans la Révolution française (1).
Hier encore, ce théâtre était condamné par les puristes au nom de
critères esthétiques («insignifiance et mauvais goût?») (2) ou idéo
logiques (« démagogie et propagande »). Il était négligé des meilleurs
manuels (3). Pourtant la Révolution a transformé radicalement et en
profondeur l'ensemble des conditions, de la production et de la pro
fession théâtrales : liberté de la création, statut des acteurs, diction,
costume, répertoire... Si la « bataille » de Charles IX a frappé les
trois coups de ce chambardement (4), l'an II a connu une expérience
originale d'un théâtre largement destiné à un public populaire (mili
tant) et plongé au cœur de la Cité nouvelle comme dans la Grèce
antique. L'analyse concrète d'une pièce « de circonstance » sur La
reprise de Toulon et du théâtre d'une grande ville en l'an II (Rouen)
(1) Un colloque envisagé en 1989 sur la Révolution de 1789 dans la littérature française,
un projet d'édition critique du répertoire théâtral de la Révolution par Muriel Mili et un
de mise en scène de pièces révolutionnaires par la troupe des Chiens Jaunes de Pierre
Laguenière ; voir Bicentenaire de la Révolution française, C.N.R.S., n° 2, p. 51 et 62.
(2) A. Lagarde et L. Michard, XVIIIe siècle, Bordas, 1961, « La Révolution s'accompagne
d'une production littéraire intense mais médiocre », p. 405. — R. Rolland, Le théâtre du
peuple, 1913, Hachette, écrit à propos des écrivains : « II ne restait dans l'art que des
lâches. » — J.-P. Domecq : « Qu'on nous cite quelque chef-d'œuvre théâtral conçu pendant la
Révolution », dans Robespierre, derniers temps, 1983.
(3) Voir M. Bouloiseau, La République Jacobine, Seuil, 1972, « Les fêtes agissent plus
fortement que le théâtre ». — A. Soboul, La civilisation de la Révolution française, Arthaud,
t. II, 1982. Il ne consacre aucune analyse ou gravure au théâtre et parle d'une « abondante
production de circonstances » dans un autre ouvrage.
(4) A. Coppin, Talma et la Révolution, 1887. — M. Carlson, Le théâtre de la Révolution
française, Gallimard, 1970, pp. 35-71. 418 SERGE BIANCHI
doit permettre de replacer en perspective ce théâtre de la Révolution,
de restituer une fonction, une production et une audience largement
méconnues, cependant indispensables pour éclairer les liens entre
culture et société dans la période révolutionnaire.
Une pièce exemplaire : « La reprise de Toulon »
En décembre 1793 (Frimaire en II), la ville de Toulon, investie
depuis deux mois par les adversaires coalisés de la France, est
« reprise » par les troupes républicaines de Dugommier (Bonaparte),
Salicetti et Barras, le 13 décembre. Ce succès symbolique des soldats
de l'an II entraîne des retombées bien plus spectaculaires que l'écr
asement contemporain des Vendéens à Savenay (le 14 décembre). La
Convention décide de le célébrer par une fête « nationale » fixée le
30 décembre (10 Nivôse an II). Comment le théâtre répercute-t-il
l'écho de l'heureuse nouvelle ?
Un « marché encombré »
La reprise suscite de nombreuses créations de pièces jouées,
moins de deux mois après la bataille, sur les différentes scènes
parisiennes.
— 9 janvier, au théâtre des Sans-culottes : L'heureuse nouvelle
ou la reprise de Toulon, de Fabre d'Olivet (5).
— 14 janvier, Le cachot de Beauvais, de Ribié, dont la première
est représentée à Rouen (6).
— 20 janvier, au théâtre de la Cité : La folie de Georges ou l'effet
produit sur le roi d'Angleterre par la nouvelle.
— 21 janvier, au théâtre Favart : La prise de Toulon par les
Français, opéra en trois actes « mêlé de prose et de vers » par
B. d'Antilly (7).
— 1er février, au théâtre Feydeau, ancien théâtre Monsieur : La
prise de Toulon, tableau patriotique en « un acte, prose mêlée
d'ariettes », de L.-B. Picard.
— 22 février, au théâtre de la Gaieté : La prise de Toulon, drame
en deux actes de Briois destiné à la section du Temple.
— 4 mars, à l'Opéra : Toulon soumis...
(5) Le Journal des spectacles est interrompu à la fin de l'année 1793, mais les pièces
sont régulièrement annoncées dans d'autres périodiques spécialisés comme Les Petites
Affiches et le Journal des Théâtres.
(6) J.-B. Bouteiller, Histoire des théâtres de Rouen, s.d.
(7) L'auteur a signé l'édition entière de son ouvrage pour éviter les contrefaçons. THÉÂTRE DE L'AN II 419 LE
Le marché est d'ailleurs tellement « encombré de productions de
ce genre » (8) que le théâtre de la Cité a refusé une Prise de Toulon
écrite par deux auteurs ulcérés qui dénoncent derechef son directeur
à Bonaparte (pour « aristocratie »).
Au-delà de la concurrence acharnée des auteurs et des théâtres
pour être les « premiers » à célébrer cette reprise, la leçon de l'énu-
mération est saisissante : le théâtre de l'an II suit « à chaud » l'év
énement, à quelques semaines, voire quelques jours près. Il en est
de même pour la mort de Bara (le 7 décembre 1793) (9) ou le siège
de Thionville (10). Ribié, directeur-auteur de Rouen, témoigne de
l'enthousiasme « sacré » qui saisit les écrivains : « Le lendemain j'ai
broché une petite pièce en deux actes... deux jours après, je ne
quittai point ma plume et je fis encore une très petite pièce, Le
cachot de Beauvais. Ces deux ouvrages furent faits, appris, répétés
et joués en cinq jours.

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