Les comptes rendus de perception - article ; n°1 ; vol.40, pg 149-180
33 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les comptes rendus de perception - article ; n°1 ; vol.40, pg 149-180

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
33 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Communications - Année 1984 - Volume 40 - Numéro 1 - Pages 149-180
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

James Higginbotham
Les comptes rendus de perception
In: Communications, 40, 1984. pp. 149-180.
Citer ce document / Cite this document :
Higginbotham James. Les comptes rendus de perception. In: Communications, 40, 1984. pp. 149-180.
doi : 10.3406/comm.1984.1600
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1984_num_40_1_1600James Higginbotham
La logique des comptes rendus de perception :
une alternative extensionnelle
à la sémantique des situations *
Dans son récent article, « Scenes and Other Situations l », Jon Barwise
formule une analyse de phrases comme (1) ci-dessous, dans le
cadre de la théorie, dite « sémantique des situations », qu'il élabore
actuellement avec John Perry :
(1) John saw Mary cry
(John a vu pleurer)
Le verbe principal de (1) est un verbe de perception. Son complément
semble être une phrase dépourvue de flexion verbale, un
« infinitif nu » (IN). Dans son article, Barwise soutient que l'analyse des
comptes rendus de perception comme (1) démontre les mérites de la
sémantique des situations, dont Perry et lui voudraient faire une
alternative globale aux approches aujourd'hui les plus courantes. Une
élaboration détaillée de leurs idées sur la question doit être publiée dans
une monographie 2.
Dans les travaux de Perry et Barwise parus à ce jour, les comptes rendus
de perception jouent un rôle de premier plan, dans la mesure où ils
fournissent à la sémantique des situations des problèmes, des données et
des généralisations à expliquer, ainsi que des contre-exemples à d'autres
systèmes. Dans « Scenes and Other Situations », Barwise soutient que les
propriétés des comptes rendus de perception sont difficiles à rendre dans
le cadre de la sémantique des mondes possibles, et aussi, à première vue,
dans certaines approches extensionnelles du premier ordre. Dans « Semant
ic Innocence and Uncompromising Situations 3 », Perry et Barwise
critiquent les théories frégéennes, encore une fois à partir des comptes
rendus de perception. L'analyse de ces constructions n'est pas censée être
le terrain d'essai principal de la sémantique des situations, mais les
problèmes liés à la perception ont été présentés comme la brèche par
laquelle va s'engouffrer une théorie qui est encore en gestation.
Le but de cet article est de montrer qu'il existe une analyse extensionn
elle du premier ordre des comptes rendus de perception à compléments
IN, qui rend compte de toutes les données présentées dans « Scenes and
Other Situations » et qui semble aussi, à bien des égards, préférable à
l'analyse proposée par Barwise. L'approche qui sera développée ici, que
j'appellerai « analyse des comptes rendus de perception en termes d'évé
nements individuels », implique que les compléments de phrases comme
(1), qui sont probablement phrastiques du point de vue de leur syntaxe
149 James Higginbotham
superficielle, se comportent en fait sémantiquement comme des syntagmes
nominaux (NP), et, plus spécifiquement, comme des descriptions indéfi
nies d'événements individuels. Nous verrons que l'exploitation systémati
que de cette idée permet non seulement de rendre compte des données,
mais aussi d'expliquer certaines propriétés syntaxiques et sémantiques
particulières des comptes rendus de perception (en fait, nous considére
rons qu'à un niveau de description syntaxique les compléments IN ne sont
pas des phrases enchâssées).
Sur un point important, l'analyse en événements individuels est en
accord avec celle de Barwise : toutes deux voient dans les comptes rendus
de perception ce que appelle une « quantification cachée 4 ». Les
analyses diffèrent crucialement sur l'origine de cette quantification, et sur
la question de savoir si les compléments IN sont de véritables complé
ments phrastiques. Ces différences en impliquent d'autres, comme nous le
montrerons plus loin. En particulier, si l'analyse en événements indivi
duels est juste, alors les arguments de Barwise et Perry contre les autres
systèmes sémantiques, tirés du comportement des compléments IN, se
trouvent complètement désamorcés.
Cet article est organisé comme suit : dans la première partie, je présente
certaines des particularités syntaxiques et sémantiques des compléments
IN et de constructions apparentées. Une partie de ce matériel reprend des
données présentées dans « Scenes and Other Situations », inspirées des
travaux de James Gee et Fred Dretske 5; le reste fait partie du folklore
linguistique. Une présentation systématique définira la portée et les
limites de la discussion. La deuxième partie résume l'analyse en événe
ments individuels; il y est démontré que les généralisations de « Scenes
and Other Situations », et certaines extensions de ces généralisations, en
découlent. Dans la troisième partie, je présente certaines conséquences
supplémentaires de l'analyse en événements individuels qui me semblent
fournir de bonnes raisons, indépendamment motivées, pour préférer cette
approche à celle de Barwise. Dans la quatrième et dernière partie, je
discute brièvement des arguments de Barwise et Perry en faveur d'une
ontologie des situations.
1. Les compléments IN et les phrases sans support.
Par phrase sans support, j'entends une séquence sujet-prédicat qui ne
possède pas la structure flexionnelle d'une phrase ou d'un complément
phrastique : pas de marques de temps, pas de marqueur infinitif to, pas de
progressif -ing 6. Dans (l)-(4), les séquences soulignées sont des exemples
de phrases sans support :
(1) / saw John leave
(J'ai vu John partir)
(2) We like carrots raw
(Nous aimons les carottes crues)
150 La logique des comptes rendus de perception
(3) Do you consider John a fool ?
(Trouvez-vous John idiot?)
(4) They found Mary in the library
(Ils ont découvert Mary à la bibliothèque)
Le prédicat de la phrase sans support de (1) est un syntagme verbal (VP);
un complément IN est une phrase sans support de ce type. Le prédicat de
la phrase sans support de (2) est un syntagme adjectival (AP) ; les phrases
sans support de (3) et (4) contiennent respectivement un syntagme
nominal {NP) et un syntagme prépositionnel (PP).
A chaque phrase sans support correspond une forme fléchie (marquée
pour le temps) d'une phrase. Celle-ci doit comporter une copule si le
prédicat de la phrase sans support n'est pas un VP. Au présent, (5)-(8)
correspondent respectivement aux phrases sans support de (l)-(4) :
(5) John leaves
(John part)
(6) Carrots are raw
(Les carottes sont crues)
(7) John is a fool
(John est idiot)
(8) Mary is in the library
(Mary est à la bibliothèque)
Dans certains contextes, des phrases sans support peuvent être interprétées
comme leurs équivalents à temps fini ou infinitifs. Par exemple, la phrase
sans support de (3), John a fool, peut être interprétée comme le
complément phrastique de consider, qui est un verbe d'attitude propo-
sitionnelle. Il n'est pas évident qu'il existe une différence entre (3) et
(9):
(9) Do you consider that John is a fool?
(Trouvez-vous que John est (un) idiot?)
Dans ce cas, le caractère « sans support » de la phrase sera sémantique-
ment insignifiant (mais voir la troisième partie). Toutefois, le cas de loin
le plus fréquent est celui de phrases sans support qui ne sont pas
interprétées comme des phrases à support, que le soit ou non un
temps fini. De plus, leur contribution sémantique aux phrases dans
lesquelles elles apparaissent est variée. Pour illustrer ce premier point,
comparez (2) à (10) :
(10) We like (it) that carrots are raw
(Nous aimons que les carottes soient crues)
151 James Higginbotham
Dans (10), c'est l'état de choses ou le fait qu'il y ait des carottes crues qui
est approuvé; mais (2) pourrait être énoncée par un locuteur qui saurait
qu'il n'y a pas de carottes crues disponibles (de même, comparez / like
homework done on time (J'aime les devoirs faits à temps) et / like it that is done on time (J'âime que les devoirs soient faits à temps). De
même, on peut opposer (4) et (11) :
(11) They found that Mary is in the librar

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents