Les indices de la civilisation et de l hellénisation des côtes de la mer Noire dans l Antiquité - article ; n°1 ; vol.6, pg 29-39
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Les indices de la civilisation et de l'hellénisation des côtes de la mer Noire dans l'Antiquité - article ; n°1 ; vol.6, pg 29-39

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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1980 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 29-39
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Aleksandra Wasowicz
Les indices de la civilisation et de l'hellénisation des côtes de la
mer Noire dans l'Antiquité
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 6, 1980. pp. 29-39.
Citer ce document / Cite this document :
Wasowicz Aleksandra. Les indices de la civilisation et de l'hellénisation des côtes de la mer Noire dans l'Antiquité. In: Dialogues
d'histoire ancienne. Vol. 6, 1980. pp. 29-39.
doi : 10.3406/dha.1980.1398
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1980_num_6_1_1398LES INDICES DE LA CIVILISATION ET DE
L'HELLÊNISATION DES COTES DE LA MER NOIRE
DANS L'ANTIQUITÉ
I. Les problèmes de l'héllénisation, de l'urbanisation et de l'accultu
ration (1)*, tellement débattus aujourd'hui par les chercheurs attachés à l'
étude de la partie occidentale de Yoikoumenè grecque, se posent également
quant à ses régions orientales. Pour autant toutefois que les deux premières
questions aient eu l'heur de nombreux travaux (2), celle de l'acculturation
n'a encore jamais été nettement posée, et d'autant moins étudiée en ce qui
concerne l'Orient et plus exactement le littoral pontique.
Il n'est pas ici de notre propos d'établir une synthèse du rôle joué par
les colonies de la Pontide dans les processus de civilisation, hellénisation et
acculturation. La chose serait d'ailleurs prématurée. Notre but est bien
plus modeste. Il consiste à déceler les faits ergologiques (c'est-à-dire relatifs
à la culture matérielle), économiques et culturels, qui témoignent de la
manière la plus authentique et compétente de la civilisation et de l'héll
énisation des rivages de la mer Noire. Autrement dit, nous cherchons à dis
cerner les critères, facteurs ou indices qui peuvent servir de base à des
conclusions relatives à des transformations structurelles dans le domaine
qui nous intéresse, et ne sont pas uniquement des preuves de contacts exté
rieurs superficiels ou d'emprunt.
La définition de tels critères ou indices importe à notre avis pour deux
raisons. Premièrement, en ce qui concerne les régions pontiques, les témoi
gnages écrits font défaut. Nous ne disposons donc pas de sources directes
pouvant autoriser des conclusions formelles quant à l'héllénisation et l'accul
turation de ces territoires. Partant, il nous faut — parmi les sources qui sont
déjà accessibles (donc principalement archéologiques) et les faits aujourd'hui connus et documentés — trouver les critères et indices qui, par leur
caractère même, se prêtent le mieux à des conclusions historiques générales.
Deuxièmement, l'abondance des faits et constatations déjà réunis (dont la
valeur, eu égard aux questions qui nous intéressent, est très inégale) d'une
part, et l'existence de lacunes dans nos connaissances en la matière, de l'autre,
démontrent combien il est nécessaire d'orienter convenablement les recher
ches ultérieures. Ajoutons d'ailleurs qu'il serait également utile d'approfondir
et de mieux cerner les questions dont ont déjà traité de nombreux spécialistes.
Ceci découle de l'afflux de sources auparavant inconnues et de l'appréhension
nouvelle que demandent même des problèmes étudiés depuis aussi longtemps
que les contacts du monde grec avec le «barbaricum» ou l'héllénisation.
*Voir notes p. 37. A. WASOWICZ 30
Les indices susceptibles de témoigner des transformations structurelles
des communautés grecques et indigènes des côtes de la mer Noire se laissent
déceler dans divers domaines tels que l'onomastique, les cultes, les coutumes
funéraires, les techniques de la guerre et les armes, les institutions, les arts.
Il est impossible de caractériser, ou ne serait -ce que signaler, ici tous les cri
tères et indices que nous avons réussi à sélectionner au cours de nos recher
ches. Nous n'allons donc présenter que certains d'entre eux, avec d'ailleurs
cette restriction qu'eux aussi demandent encore une analyse plus approfond
ie et de plus larges études comparées avant que l'on puisse correctement
juger de leur importance et de leur valeur dans le domaine qui nous occupe.
IL L'un des critères fondamentaux pour l'analyse du rôle des colonies
grecques dans la civilisation et l'urbanisation des côtes de la mer Noire, est
le caractère général de l'habitat et de l'architecture. Afin de le démontrer, il
convient de rappeler brièvement l'état actuel des recherches dans ce domaine.
Depuis la fondation des colonies en question, donc depuis le Vie siècle avant
notre ère, on dénote, sur les rivages du Pont-Euxin, et par rapport à la situa
tion antérieure, de très nets changements dans l'habitat. Dans un rayon de
plusieurs dizaines de kilomètres autour des centres antiques surgissent, d'une
manière relativement brusque et intense, de nombreux établissements nou
veaux. On le constate aux alentours de Tyras et d'Olbia, dans le royaume du
Bosphore, au voisinage de Phasis et de Dioscurias en Colchide, ainsi qu'aux
environs des colonies du littoral occidental de la mer Noire (3). Par contre,
on ne trouve nulle trace de semblables concentrations d'habitats là où n'est
pas attestée l'existence de colonies, ni sur la côte elle-même, ni plus loin à
l'intérieur du continent.
La structure de ces concentrations d'habitats n'est pas toujours bien
connue. Néanmoins, on a généralement affaire à des exploitations agricoles
isolées. Les constructions qu'on y trouve sont des cabanes et semi-cabanes
en terre, des petits logis en brique crue sur fondation de pierre ou encore,
aux environs de Phasis, des maisons en bois, ce qui est une nouveauté dans
les recherches conduites jusquà présent (4).
Les habitants de ces hameaux et fermes s'adonnaient principalement à
l'agriculture, à l'élevage du bétail et à la pêche. Leurs liens avec la civilisation
antique sont attestés par des trouvailles relativement nombreuses de produits
grecs : céramiques, terres cuites, objets en métal. Soulignons que c'est just
ement sur le territoire de ces habitats, et précisément à partir du Vie siècle
avant notre ère, que se concentrent les trouvailles des plus anciennes pr
émonnaies et monnaies d'émission locale. Les cultes grecs y sont répandus à
partir des Vie— Ve s. (par exemple ceux d'Achille dans la région d'Olbia ou
de Déméter sur le Bosphore). Enfin, maintes preuves témoignent du progrès
technique et économique : introduction de la vigne, apparition de poteries
fabriquées au tour, d'ateliers métallurgiques, etc.
Quelle que soit l'interprétation du caractère social et ethnique de ces
concentrations d'habitats, toujours sujette à discussion, nous y trouvons un
critère primordial pour les considérations et conclusions relatives au rôle civi
lisateur des colonies grecques. Il est en effet incontestable que c'est justement
la naissance des colonies qui a donné l'impulsion des transformations de l'ha
bitat intervenues au Vie siècle avant notre ère sur le littoral du Pont-Euxin.
Les centres grecs sont à l'origine de l'apparition en des lieux géographiques
concrets, et non pas autre part, de nombreuses concentrations d'habitats dont D'HISTOIRE ANCIENNE 31 DIALOGUES
la physionomie devait encore plus nettement se cristalliser au cours des siècles
suivants et de les distinguer des autres régions voisines, moins peuplées et
aménagées d'une manière moins systématique. Et c'est là déjà un élément pr
imordial que l'on doit sans aucun doute inscrire à l'actif des colonies grecques,
en tant que facteurs d'accélération du développement de la civilisation.
A partir du IVe siècle avant notre ère, l'analyse de l'habitat fournit
également des critères permettant de juger de l'hellénisation et, dans une cer
taine mesure, de l'urbanisation du littoral de la mer Noire. Ces critères sont
déjà relativement nombreux. Tout d'abord, les centres grecs se muent à cette
époque en foyers typiquement urbains de la vie économique, religieuse, cul
turelle et politique. Deuxièmement, les terrains qui les entourent sont de plus
en plus visiblement aménagés sur le modèle grec (rappelons la chora de la
Chersonese) et les habitats y devien

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