Les Iraniens d Asie Mineure après la chute de l Empire achéménide. À propos de l inscription d Amyzon - article ; n°1 ; vol.11, pg 166-195
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Les Iraniens d'Asie Mineure après la chute de l'Empire achéménide. À propos de l'inscription d'Amyzon - article ; n°1 ; vol.11, pg 166-195

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Dialogues d'histoire ancienne - Année 1985 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 166-195
Une inscription d'Amyzon récemment publiée par J. et L. Robert conduit à s'interroger sur le sort que connurent, après la conquête d'Alexandre, les communautés iraniennes installées dans de nombreuses régions d'Asie Mineure à l'époque de la domination achéménide. La rupture politique immédiate s'est accompagnée, sur le long terme, d'une rupture culturelle que masque le caractère tardif de la plupart des documents portant témoignage de la persistance des traditions iraniennes jusqu'en pleine période romaine.
THE IRANIANS OF ASIA MINOR AFTER THE FALL OF THE ACHEMENID EMPIRE (References to the Amyzon inscription).
A recent publication on the Amyzon inscription by J. and L. Robert leads us to ponder over the lot of the Iranian communities established in several parts of Asia Minor during the Achemenid rule, following Alexander's conquests.
The immediate political breach is accompanied by a long-term cultural one which is obscured by the tardy characteristics of most documents which bear witness to persisting Iranian traditions until the height of Roman rule.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Briant
Les Iraniens d'Asie Mineure après la chute de l'Empire
achéménide. À propos de l'inscription d'Amyzon
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 11, 1985. pp. 166-195.
Résumé
Une inscription d'Amyzon récemment publiée par J. et L. Robert conduit à s'interroger sur le sort que connurent, après la
conquête d'Alexandre, les communautés iraniennes installées dans de nombreuses régions d'Asie Mineure à l'époque de la
domination achéménide. La rupture politique immédiate s'est accompagnée, sur le long terme, d'une rupture culturelle que
masque le caractère tardif de la plupart des documents portant témoignage de la persistance des traditions iraniennes jusqu'en
pleine période romaine.
Abstract
THE IRANIANS OF ASIA MINOR AFTER THE FALL OF THE ACHEMENID EMPIRE (References to the Amyzon inscription).
A recent publication on the Amyzon inscription by J. and L. Robert leads us to ponder over the lot of the Iranian communities
established in several parts of Asia Minor during the Achemenid rule, following Alexander's conquests.
The immediate political breach is accompanied by a long-term cultural one which is obscured by the tardy characteristics of most
documents which bear witness to persisting Iranian traditions until the height of Roman rule.
Citer ce document / Cite this document :
Briant Pierre. Les Iraniens d'Asie Mineure après la chute de l'Empire achéménide. À propos de l'inscription d'Amyzon. In:
Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 11, 1985. pp. 166-195.
doi : 10.3406/dha.1985.1660
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1985_num_11_1_1660P. BRI ANT 166
Pierre BRIANT
LES IRANIENS D'ASIE MINEURE APRES LA CHUTE DE
L'EMPIRE ACHÉMÉNIDE. (A propos de l'inscription d'Amyzon).
Une inscription d'Amyzon récemment publiée par J. et L. Robert conduit
à s'interroger sur le sort que connurent, après la conquête d'Alexandre,
les communautés iraniennes installées dans de nombreuses régions d'Asie
Mineure à l'époque de la domination achéménide. La rupture politique
immédiate s'est accompagnée, sur le long terme, d'une culturelle
que masque le caractère tardif de la plupart des documents portant témoi
gnage de la persistance des traditions iraniennes jusqu'en pleine période
romaine.
Pierre BRIANT
THE IRANIANS OF ASIA MINOR AFTER THE FALL OF THE
ACHEMENID EMPIRE (References to the Amyzon inscription).
A recent publication on the Amyzon inscription by J. and L. Robert leads
us to ponder over the lot of the Iranian communities established in several
parts of Asia Minor during the Achemenid rule, following Alexander's
conquests.
The immediate political breach is accompanied by a long-term cultural
one which is obscured by the tardy characteristics of most documents which
bear witness to persisting Iranian traditions until the height of Roman rule.
MOTS-CLEFS : Robert (J. et L.), Alexandre, communautés iraniennes,
Asie Mineure, domination achéménide, traditions iraniennes. DHA 11 1985 167-195
LES IRANIENS D'ASIE MINEURE
APRES LA CHUTE DE L'EMPIRE ACHÉMÉNIDE
(A propos de l'inscription d'Amyzon) *
Pierre BRIANT
Université de Toulouse-Le Mirail
(France)
et UA 0338 (Besançon)
I- POSITION DU PROBLEME
Parmi les problèmes passionnants posés par la conquête de l'Empire
achéménide par Alexandre, on a souvent étudié celui de la politique définie
par le Macédonien à l'égard des Perses et des Iraniens (1) - que l'on
a fréquemment opposée, d'une manière quelque peu simplificatrice, à celle
qu'adoptèrent ses successeurs (2). Pour des raisons à la fois documentaires et
historiques, la politique iranienne d'Alexandre est surtout analysée à partir du
moment où elle est traitée directement par les sources anciennes, c'est-à-
dire lorsqu' Alexandre, après la prise de Babylone, y nomme un satrape
iranien (Mazaios), et plus encore lorsque l'armée venue d'Europe commence
la conquête de la Perside et des satrapies du Plateau iranien et d'Asie Cent
rale, date à laquelle s'accroît rapidement le nombre de nominations d'Ira
niens à de hauts postes satrapiques.
Cependant, le problème de la «récupération des élites» s'est posé à
Alexandre dès son débarquement en Asie Mineure. Dès cette date en effet,
il n'a pas pour simple objectif la libération des cités grecques ni une con
quête partielle - contrairement aux buts qu'Isocrate avait assignés à Philip-
* Texte remanié d'une conférence présentée le 30 mai 1984 à Gronin-
gen («6de studiedag van de Werkgemeenschap Oude Geschiedenis»). 168 P. BRI ANT
ре. Alexandre a pour but la conquête de l'Empire de Darius III dans son
entier, ce qui suppose une reprise des structures administratives achémé-
nides. C'est ce que montrent en particulier les conditions de la nomination
de Kalas en Phrygie Hellespontique après la victoire du Granique et le conte
nu de la lettre envoyée à Priène quelques semaines plus tard : Alexandre
entend reprendre à son profit le système tributaire achéménide, pilier de la
domination du Grand Roi et des Perses (3). Même si les impératifs imméd
iats de la conquête et la persistance de la résistance achéménide en Asie
Mineure en 333-331 expliquent l'orientation étroitement militaire des sour
ces anciennes, rien ne permet de postuler que, dans ces années, Alexandre
n'a pas songé à offrir une collaboration aux Perses et Iraniens qui accepte
raient de faire volontairement leur soumission. On sait que lors de son arrivée
à Sardes, «vinrent à sa rencontre Mithrénês, phrourarque de l'acropole de ainsi que les notables de la ville {Sardianôn oi dunatôtatoï) : ces der
niers rendirent leur ville à Alexandre et Mithrénês lui livra la citadelle et le
trésor» (4). Les modalités de la remise de la ville et du trésor ne sont pas sans
rappeler celles qui présidèrent au ralliement de Mazaios et des autorités civiles
et religieuses de Babylone après la bataille de Gaugamèles (5). En venant ac
cueillir le conquérant en dehors des remparts, Mithrénês a reconnu de facto
Alexandre comme son roi légitime (6). A l'instar des honneurs qu'il conféra
en 330 aux nobles iraniens qui se rallièrent volontairement (7), «Alexandre
garda Mithrénês près de lui avec les honneurs dus à son rang» : c'était par là-
même exprimer officiellement la continuité avec les pratiques auliques aché-
ménides ; c'était surtout affirmer solennellement qu'en opérant leur soumis
sion au nouveau maître, les Perses ne perdraient rien de leurs privilèges ni de
leur puissance. On peut supposer que l'exemple de Mithrénês fut suivi par bon
nombre des Perses en résidence à Sardes.
Mithrénês resta dès lors dans l'entourage du Roi (8). Après la bataille
d'Issos, il fut chargé - en raison de sa connaissance de la langue perse - d'aller
réconforter les princesses perses prisonnières (9). A Babylone, il fut envoyé
par Alexandre prendre le commandement de la satrapie (insoumise) d'Armén
ie (10). Dès le printemps 333, Sabiktas - très probablement un Perse - avait
reçu le commandement de la satrapie de Cappadoce (11) - nouvel indice de
la volonté d'Alexandre d'utiliser les cadres de l'administration achéménide.
Or, les Iraniens étaient particulièrement nombreux dans les satrapies
d'Asie Mineure (12). D faut d'abord noter la présence d'un très abondant
personnel satrapique (subordonnés du satrape, administrateurs de tout poil,
soldats...) dans les capitales provinciales : Sardes bien sûr, où la découverte
d'une inscription réglementant le culte rendu à Zeus Baradatès jette une
lumière très nouvelle sur les cultes perses dans la capitale de la Lydie (13) ;
mais également à Daskyleion ou à Kelainai. En dehors du personnel satrapi
que, on doit rappeler qu'après la conquête, Cyrus et ses successeurs avaient DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 169
distribué des domaines à des nobles perses, en échange de l'obligation de four
nir une troupe de cavalerie à toute réquisition du satrape (14). Il y a enfin les
colonies militaires, particulièrement denses autour de Sardes, formées souvent
de contingents originaires d'Iran (Perses, Hyrcaniens,

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