Les journaux militaires de Carnot - article ; n°1 ; vol.229, pg 405-428
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1977 - Volume 229 - Numéro 1 - Pages 405-428
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marc Martin
Les journaux militaires de Carnot
In: Annales historiques de la Révolution française. N°229, 1977. pp. 405-428.
Citer ce document / Cite this document :
Martin Marc. Les journaux militaires de Carnot. In: Annales historiques de la Révolution française. N°229, 1977. pp. 405-428.
doi : 10.3406/ahrf.1977.1010
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1977_num_229_1_1010LES JOURNAUX MILITAIRES DE CARNOT
Carnot a été, comme tant de grands noms de la Révolution,
Mirabeau, La Fayette, Desmoulins, Marat, Hébert, Robespierre
entre autres, un fondateur de périodiques et un utilisateur du
journal comme instrument de propagande et de diffusion de ses
points de vue politiques (1). La façon dont il s'est servi de la
presse présente toutefois quelques traits originaux qu'il convient
de souligner dès l'abord.
En premier lieu, Carnot n'était pas, ne fut jamais lui-même
journaliste, à la différence de Brissot, Marat, Desmoulins ou même
de Mirabeau. Il n'a donc été rédacteur d'aucun journal. Il a été
seulement l'instigateur de quelques créations : il a joué un rôle
comme inspirateur ; il n'apparaissait pas dans ses journaux, mais
se tenait derrière. Ainsi s'explique peut-être que cet aspect de
son activité, découvert par A. Aulard (2), évoqué par M. Reinhard,
n'ait pas retenu davantage l'attention (3).
Mais ceci tient aussi au caractère intermittent des interventions
de Carnot dans le domaine de la presse. Comme il n'était pas
publiciste de profession, ce sont les circonstances qui le conduisirent
à créer et utiliser un journal. Dans sa longue carrière politique
sous la Révolution, il y recourut deux fois : en thermidor an II
(juillet 1794), avec La Soirée du Camp, qui ne parut que pendant
quelques semaines, puis en germinal an IV (avril 1796) avec le
Journal des Défenseurs de la Patrie, qui fut publié sans inter
ruption pendant plus d'un an. Ces fondations intervinrent à
deux moments décisifs, et contribuèrent à l'orientation des
événements révolutionnaires.
En dernier lieu, les journaux inspirés par Carnot ont été
tous deux, non pas des publications d'information et de propa-
(1) Sur l'utilisation de la presse par l'ensemble de ces personnages, cf. Histoire
générale de la presse française, t. I, Paris, 1969, la 2e partie, sur la Révolution
et l'Empire, par Jacques Godechot.
(2) Alphonse Aulard, « Une gazette militaire de l'an II », Etudes et leçons sur
la Révolution Française, 1« série, Paris, 1890, pp. 212-216, sur La Soirée du camp.
(3) Marcel Reinhard, Le Grand Carnot, 2 vol., Paris, 1950 et 1952. 406 M. MARTIN
gande générales, mais des feuilles spécialisées, destinées, au
moins pour l'essentiel, à un public militaire. L'intérêt porté par
Carnot à la presse est donc étroitement solidaire de ses tâches
de direction des armées à l'époque de la Terreur, comme sous
le Directoire. Voilà qui lui donne, parmi les dirigeants révolu
tionnaires qui se sont servis de la presse, une place originale,
et qui fait de lui un des principaux fondateurs de la presse
militaire (4).
La Soirée du Camp et le Journal des Défenseurs de la Patrie
furent en effet les premiers journaux militaires à diffusion
nationale, de masse. Rédigés et imprimés à Paris, ils étaient
destinés à l'ensemble des armées de la République. Tous deux
sont des in-8°. Leurs tirages étaient importants, considérables
même pour l'époque : 10.000 pour le premier, plus de 4.000
pour le second, de quoi fournir un exemplaire pour cent hommes
environ (5). Ce sont les précurseurs des journaux rédigés sous
le contrôle de l'état-major général dans les armées et dans les
guerres contemporaines (6), comme les journaux d'armées du
temps de la Convention sont les précurseurs des d'unités (7).
L'état des sources ferme certaines directions de recherche
et interdit, en particulier, de connaître l'influence exacte de ces
publications. Ces feuilles éphémères n'ont guère laissé de traces
dans les archives des armées, d'autant moins que l'on saisit
souvent la présence d'un journal par une mention d'abonnement ;
or, les nôtres étaient distribués gratuitement et ne se distinguaient
guère, aux yeux de leur public de soldats, des autres imprimés,
occasionnels, expédiés aussi par le pouvoir central. On ne peut
donc savoir comment ils étaient distribués, s'ils l'étaient partout,
dans quels délais, par qui ils étaient lus. Comment s'étonner
que le problème de l'influence réelle d'un périodique, si difficile
à éclaircir quand il s'agit de la presse contemporaine, ne puisse
être résolu pour des journaux de la fin du XVIIIe siècle ?
Mais leur étude peut-être utile à d'autres fins. Elle permet
de préciser les objectifs qu'ils ont servis, de mieux comprendre
(4) Plus tard, Carnot devait s'intéresser à une presse non militaire. Devenu
ministre de l'Intérieur, pendant les Cent jours, il fonda un journal, pour la tro
isième fois. La Feuille villageoise, destinée à la bourgeoisie rurale (M. Reinhard,
op. cité, t. 2, p. 317).
(5) Les effectifs des armées atteignaient 1.169.000 hommes à l'été 1794, dont
750.000 présents. Au printemps de 1796, ils étaient tombés à 450.000 environ (J.
Godechot, 2° éd. 1968). Les institutions de la France sous la Révolution et l'Empire, Paris,
(6) Par exemple du Bulletin des armées de la République, publié au cours
de la Grande Guerre, en France.
(7) Cf. Marc Martin, « Journaux d'armées au temps de la Convention », A.H.R.F., 1972, n° 4. JOURNAUX MILITAIRES DE CARNOT 407 LES
certaines des préoccupations, certains desseins des auteurs ou
des instigateurs, ici de Carnot. A travers ces deux journaux,
il est possible d'atteindre l'homme qui les a créés et dirigés, éclairer
ses attitudes politiques, tel est ici notre objectif. Comme il
s'agit de journaux militaires, ce sont essentiellement les préoccu
pations de Carnot concernant l'armée, et comment celle-ci s'insère
dans ses projets politiques, qui apparaissent. On peut y lire en
particulier la façon dont il conçoit le rattachement de l'armée
au pouvoir central, car ses publications reflètent un état de la
relation militaire, de la discipline. Ainsi peuvent-ils, en définitive,
contribuer à éclairer la façon dont on concevait la place de
l'armée, dans l'idéologie thermidorienne, en l'an II et en l'an IV.
Les collections de La Soirée du Camp et du Journal des
Défenseurs de la Patrie sont complètes : comme il s'agissait de
publications du gouvernement, elles ont été bien conservées (8) ;
elles ont aussi laissé quelques traces dans les archives administ
ratives du Comité de salut public et du Directoire (9). Toutefois,
ces pièces concernent plutôt l'organisation générale de l'entreprise
et les conditions de fabrication ; elles sont insuffisantes pour
faire comprendre ce qu'en attendait Carnot. Le recours essentiel
— mais non pas exclusif — de l'historien reste donc les collections,
dont le sens s'éclaire par un constant et double va et vient, de
leur idéologie vers l'actualité politique, ce qui permet de réinsérer
leur contenu dans des projets et des processus politiques, de leur
histoire particulière vers l'histoire générale, ce qui permet les
hypothèses et les explications.
I - « LA SOIREE DU CAMP »
C'est le mieux connu des journaux de Carnot, car il a déjà
retenu l'attention d'Alphonse Aulard et de Marcel Reinhard. Il
semble pourtant qu'il prenne un nouveau relief, si l'on situe
l'épisode dans l'ensemble de la politique d'information aux armées
du Gouvernement révolutionnaire.
La Soirée du camp paraissait tous les jours, mais elle fut
éphémère : elle fut publiée du 2 thermidor (20 juillet) au 10
fructidor an II (27 août 1794), à peine plus d'un mois. Elle
n'avoue nulle part ses liens avec Carnot, mais ceux-ci ressortent
(8) A la B.N. : La Soirée du camp, 39 nO! ; le Journal des Défenseurs de la
Patrie comporte 235 numéros, dans la première série qui nous intéresse ici.
(9

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