Les magistrats en révolte en 1789 ou la fin du rêve politique de la monarchie des juges - article ; n°3 ; vol.25, pg 385-400
17 pages
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Les magistrats en révolte en 1789 ou la fin du rêve politique de la monarchie des juges - article ; n°3 ; vol.25, pg 385-400

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Description

Histoire, économie et société - Année 2006 - Volume 25 - Numéro 3 - Pages 385-400
Résumé
À partir d'une analyse historiographique, cet article invite à une relecture du comportement des parlementaires à la veille de la Révolution. En effet, si ce mouvement de révolte fut souvent considéré comme l'ultime réflexe archaïque de privilégiés, c'est en grande partie à cause d'une lecture très partielle de remontrances. Celles-ci s'appuyaient toujours sur la tradition historique, sur les textes anciens, sur des événements comme la Fronde, mais ces principes ancestraux étaient relus au service d'un discours politique neuf dont les Lumières, notamment Montesquieu, n'étaient pas absentes. Fascinés par le pouvoir et se voulant les garants des lois fondamentales, les juges avaient transformé l'opinion en jury jusqu'à l'appel aux États Généraux. Ils n'avaient pas perçu que le souverain n'occupant plus sa position d'arbitre que face à une assemblée, ils ne joueraient pas longtemps leur rôle d'instance de représentation auquel ils prétendaient, d'où l'irréversibilité de l'échec.
Abstract
From an historical analysis, this article invites to read again the behaviour on parlementaries just before the Revolution. Indeed, if this movement of revolt was often regarded as the ultimate archaic reflex of priviledged people, it is largely because of an incomplete reading of remonstrances. Those were always based upon the historical tradition, on ancient texts, on events such as the Fronde, but these ancestral principles were read according to a new political speech where the Enlightenment, among them Montesquieu, was not absent. Fascinated by power and wanting to preserve the Fundamental Laws, the Judges had changed the public opinion into a jury until the Estates General were called for. They had not realised, as the King was only an arbitrator in front of an Assembly, that they would not play the representative authority they claimed for a long time, whence the irreversible failure.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Figeac
Les magistrats en révolte en 1789 ou la fin du rêve politique de
la monarchie des juges
In: Histoire, économie et société. 2006, 25e année, n°3. pp. 385-400.
Résumé
À partir d'une analyse historiographique, cet article invite à une relecture du comportement des parlementaires à la veille de la
Révolution. En effet, si ce mouvement de révolte fut souvent considéré comme l'ultime réflexe archaïque de privilégiés, c'est en
grande partie à cause d'une lecture très partielle de remontrances. Celles-ci s'appuyaient toujours sur la tradition historique, sur
les textes anciens, sur des événements comme la Fronde, mais ces principes ancestraux étaient relus au service d'un discours
politique neuf dont les Lumières, notamment Montesquieu, n'étaient pas absentes. Fascinés par le pouvoir et se voulant les
garants des lois fondamentales, les juges avaient transformé l'opinion en jury jusqu'à l'appel aux États Généraux. Ils n'avaient
pas perçu que le souverain n'occupant plus sa position d'arbitre que face à une assemblée, ils ne joueraient pas longtemps leur
rôle d'instance de représentation auquel ils prétendaient, d'où l'irréversibilité de l'échec.
Abstract
From an historical analysis, this article invites to read again the behaviour on parlementaries just before the Revolution. Indeed, if
this movement of revolt was often regarded as the ultimate archaic reflex of priviledged people, it is largely because of an
incomplete reading of remonstrances. Those were always based upon the historical tradition, on ancient texts, on events such as
the Fronde, but these ancestral principles were read according to a new political speech where the Enlightenment, among them
Montesquieu, was not absent. Fascinated by power and wanting to preserve the Fundamental Laws, the Judges had changed
the public opinion into a jury until the Estates General were called for. They had not realised, as the King was only an arbitrator in
front of an Assembly, that they would not play the representative authority they claimed for a long time, whence the irreversible
failure.
Citer ce document / Cite this document :
Figeac Michel. Les magistrats en révolte en 1789 ou la fin du rêve politique de la monarchie des juges. In: Histoire, économie et
société. 2006, 25e année, n°3. pp. 385-400.
doi : 10.3406/hes.2006.2608
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2006_num_25_3_2608,
Les magistrats en révolte en 1789
ou la fin du rêve politique
de la monarchie des juges
par Michel FIGEAC
Résumé
À partir d'une analyse historiographique, cet article invite à une relecture du comportement
des parlementaires à la veille de la Révolution. En effet, si ce mouvement de révolte fut souvent
considéré comme l'ultime réflexe archaïque de privilégiés, c'est en grande partie à cause d'une
lecture très partielle de remontrances. Celles-ci s'appuyaient toujours sur la tradition historique,
sur les textes anciens, sur des événements comme la Fronde, mais ces principes ancestraux étaient
relus au service d'un discours politique neuf dont les Lumières, notamment Montesquieu,
n'étaient pas absentes. Fascinés par le pouvoir et se voulant les garants des lois fondamentales, les
juges avaient transformé l'opinion en jury jusqu'à l'appel aux États Généraux. Ils n'avaient pas
perçu que le souverain n'occupant plus sa position d'arbitre que face à une assemblée, ils ne joue
raient pas longtemps leur rôle d'instance de représentation auquel ils prétendaient, d'où l'irréver
sibilité de l'échec.
Abstract
From an historical analysis, this article invites to read again the behaviour on parlementaries
just before the Revolution. Indeed, if this movement of revolt was often regarded as the ultimate
archaic reflex of priviledged people, it is largely because of an incomplete reading of remonst
rances. Those were always based upon the historical tradition, on ancient texts, on events such
as the Fronde, but these ancestral principles were read according to a new political speech where
the Enlightenment, among them Montesquieu, was not absent. Fascinated by power and wanting
to preserve the Fundamental Laws, the Judges had changed the public opinion into a jury until
the Estates General were called for. They had not realised, as the King was only an arbitrator in
front of an Assembly, that they would not play the representative authority they claimed for a long
time, whence the irreversible failure.
La robinocratie regimbe. . . elle sème le brait que le peuple de Toulouse et celui de Pau ont
réintégré leurs Parlements... Pauvres robins, que vous êtes petits ! Votre règne est passé
et vous ne vous en apercevez pas. Quel est votre espoir ? Où tendent ces menées souter
raines ? Voudriez-vous soulever le peuple ? Vous n'y réussirez pas. Il est désabusé, ce
n° 3, 2006 Michel Figeac 386
peuple, et il sait fort bien que vous vous engraissiez à ses dépens et que vous ne criez si
fort que parce que l'Assemblée nationale vous a ôté la faculté de le ronger à l'avenir. l
Le lecteur du Journal patriotique de Grenoble du 24 août 1790 qui avait connu la
journée des tuiles et les événements de la pré-révolution dauphinoise2 n'avait plus qu'à
mesurer l'évolution. Qu'il semblait éloigné ce 12 octobre 1788 où, après le renvoi de
Loménie de Brienne, la ville fêtait le premier président de Bérulle au son du canon et le
reconduisait en cortège à son hôtel, au travers des rues illuminées et pavoisées. Que l'on
se trouvât dans la capitale du Dauphine ou de l'autre côté du territoire, à Bordeaux, les
scènes étaient toujours les mêmes : couronnes de fleurs, jonchées de lauriers, fontaines
de vin, arcs de triomphe édifiés par les loges maçonniques et feux d'artifice
accueillaient les parlementaires de retour d'exil. Comment s'effectua donc le passage de
cette unanimité populaire au parlementaire honni, cristallisant toutes les rancoeurs inas
souvies à l'égard de l'Ancien Régime ? La révolte des « Pères du peuple » qui
déclencha le recours aux États Généraux n'était-elle vraiment qu'une rébellion de privi
légiés attachés à leurs avantages ou faisait-elle partie intégrante de l'onde de choc révo
lutionnaire en train de gagner la France ? De toute façon, que pouvait-il advenir d'un
ordre social qui était ainsi privé de ses plus fidèles soutiens ? Pour mieux décrypter
l'événement, une lecture sous le prisme de l'échec politique permettra de relire le phé
nomène avec le souvenir des nombreux conflits qui avaient émaillé les relations entre le
pouvoir et ses juges. L'échec des magistrats n'était-il pas inexorable à partir du moment
où l'on sortait d'un cadre légal auquel ils étaient structurellement liés ?
Les Parlements à l'épreuve des faits
Une crise pré-révolutionnaire sur le modèle des crises parlementaires
II était inévitable que la lutte qui opposait depuis si longtemps le Parlement et les
représentants du roi prît une intensité particulière durant la période mouvementée qui va
de 1787 à 1789. Fidèles aux principes dégagés par Montesquieu pour la monarchie, les
magistrats étaient en effet pénétrés par le caractère fondamental de leur mission que le
Parlement de Rennes rappela au Roi à l'occasion de ses remontrances du 16 février
1788 : « Les Parlements, Sire, sont chargés du dépôt des lois ; leur première et princi
pale fonction est de veiller à ce qu'elles soient exécutées ; leur devoir leur prescrit
d'avertir le Souverain des infractions qu'elles éprouvent, ou par des entreprises coupab
les, ou par des erreurs passagères » 3. À partir de là, le schéma des crises prend un
caractère récurrent : l'hostilité aux édits royaux est suivie d'enregistrements autori
taires ; les parlementaires refusant alors d'obtempérer, poursuivent leurs protestations et
prennent l'opinion publique à témoin par la publication de leurs remontrances, ce qui
pousse le roi à les exiler. C'est ainsi qu'à la suite de l'édit de juin 1787 portant création
d'assemblées provinciales, le Parlement de Bordeaux se montra intransigeant et rejeta
systématiquement l'enregistreme

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