Les projets de croisade de Philippe VI de Valois - article ; n°1 ; vol.97, pg 305-316
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1936 - Volume 97 - Numéro 1 - Pages 305-316
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 11
Langue Français

Extrait

Jules Viard
Les projets de croisade de Philippe VI de Valois
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1936, tome 97. pp. 305-316.
Citer ce document / Cite this document :
Viard Jules. Les projets de croisade de Philippe VI de Valois. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1936, tome 97. pp. 305-
316.
doi : 10.3406/bec.1936.452482
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1936_num_97_1_452482LES PROJETS DE CROISADE
DE PHILIPPE VI DE VALOIS
Froissart, parlant de la croisade que Philippe VI de Valois
se proposa de faire1, dit que, quand ce roi vint à Avignon,
au mois de mars 1336 2, le pape Benoît XII, ayant appris que
les Musulmans menaçaient la chrétienté, prêcha la croisade
le jour du vendredi saint3, donna la croix au roi de France,
aux rois de Bohême et de Navarre, qui l'avaient accompagné,
ainsi qu'à un grand nombre de seigneurs, de chevaliers pré
sents et à quatre cardinaux. Les auteurs de VArt de vérifier
les dates*, s'appuyant sans doute sur Froissart, disent : « L'an
1336, Philippe de Valois s'étant rendu avec les rois de Bo
hême et de Navarre et grand nombre de seigneurs à la cour
d'Avignon, pour y saluer le pape Benoît XII et le dissuader
de retourner à Rome, se laissa engager avec sa compagnie à
prendre la croix des mains de ce pontife pour aller au secours
de la Terre-Sainte. » Ainsi, d'après ces deux témoignages, ce
serait en 1336 que le roi de France aurait pris la croix et pré
paré son expédition. Or, malgré l'assertion de Froissart sui
vie par VArt de vérifier les dates, il sera facile de 4émontrer,
à l'aide de nombreux documents, que ce fut probablement
dès 1329 et non en 1336 que Philippe de Valois forma le pro
jet d'une croisade contre les Turcs et qu'il prit la croix, le
1er octobre 1333, à Paris et non à Avignon.
Déjà, Philippe V le Long5 et Charles IV le Bel6 avaient
1. Froissart, éd. Luce, t. I, p. 115-118 et 352-357.
2. Cf. Jules Viard, Itinéraire de Philippe VI de Valois, p. 47 ; extrait de la
Bibl. Éc. des chartes, t. LXXIV (1913).
3. En 1336, le vendredi saint tomba le 29 mars ; or, à cette date, Philippe VI
était dans les environs de Lyon [Itinéraire, p. 48).
4. Éd. in-8°, t. VI, p. 34.
5. Paul Lehugeur, Histoire de Philippe V le Long, p. 194-199.
6. Henri Lot, Projets de croisade sous Charles le Bel et sous Philippe de Valois,
BIBL. ÉC. CHARTES. 1936 20 306 LES PROJETS DE CROISADE
formé le projet de venir en aide aux chrétiens d'Orient;
même, un des parents du roi, Louis de Clermont, premier duc
de Bourbon, voulut aussi aller en Terre Sainte1. Guillaume
de Bonnes-Mains, l'ambassadeur que Charles IV le Bel avait
envoyé au soudan d'Egypte, ayant été dépouillé en route
par Pierre de Moyenville, sujet du roi d'Aragon, le règlement
de cette affaire fut porté devant le Parlement de Paris sous
Philippe VI de Valois 2 ; aussi voyons-nous que, dès le 26 fé
vrier 1329 3, le roi Alfonse III de Catalogne-Aragon, fils et
successeur de Jaime II sur le trône d'Aragon, et qui, comme
son père, voulait reprendre Grenade aux Musulmans, envoie
Raymond de Melan auprès du roi de France pour lui demand
er son aide contre les Infidèles. L'ambassadeur du roi d'Ara
gon fut bien accueilli, et Philippe de Valois, par lettres du
11 mars 1331 4, après avoir dit à Alfonse de s'entendre avec
le roi de Navarre, lui demanda de Г « advisier de tout ce que
vous verrez que soit à faire au profit du voiage de Grenate
lequel nous entendons à faire à l'aide de Dieu l'année qui
vient et partir de France à ce prochain Noël pour estre là au
nouvel temps ». Il ressort donc bien de ces lettres qu'au com
mencement de l'année 1331, Philippe VI s'engageait déjà à
combattre les Maures établis en Espagne.
Le patriarche de Jérusalem, Pierre de la Palu5, qui venait
dans Bibl. Éc. des chartes, t. XX (1859), p. 503, et Essai d'intervention de Charles
le Bel en faveur des chrétiens d'Orient tenté avec le concours du pape Jean XXII
[Ibid., t. XXXVI (1875), p. 588). — Cf. Joseph Petit, Charles de Valois, p. 201-
204.
1. A. de Boislisle, Projet de croisade du premier duc de Bourbon (1316-1333),
dans Annuaire' Bulletin de la Soc. de l'hist. de France, 1872, p. 230-236 et 246-
255. Cf. Grandes Chroniques, éd. J. Viard, t. IX, p. 49-50.
2. H. Lot, op. cit., p. 504-508.
3. Joaquim Miret y Sans, Negociacions diplomatiques ď Alfons III de Catalu-
nya-Arago ab el rey de França per la croada contra Granada (1328-1332), p. 5,
extrait de Г Anuari de l'Institut d'esludis Catalans, 1908.
4. J. Miret y Sans, op. cit., p. 69, n° XX ; cf. nos XVIII et XIX. Par ses lettres
du 6 mars 1331 (n° XVIII), il demande au roi d'Aragon de remettre « le voiage
de Grenate et le deslaier juques au caresme prochain » et il espère qu'il pourra
y aller « en notre personne selon ce que nous veirons le bon estât de notre
reyaume ». Par d'autres lettres du 24 janvier 1331, il demandait de remettre ce
voyage « juques à la mi aoust prochaine », puis il demanda un nouveau délai
« juques au prochain Noël » (J. Miret y Sans, Lettres closes des premiers Valois,
p. 8 et 9, n°s IV et V; extrait du Moyen Age, 2e série, t. XX (1917).
5. Pierre de la Palu, religieux dominicain, avait été nommé patriarche de
Jérusalem le 27 mars 1329 par Jean XXII (Eubel. Hierarchia catholica ; cf. Chro- DE PHILIPPE VI DE VALOIS 307
de rentrer en France au début de 1331, à la suite de missions
dont il avait été chargé auprès du roi de Chypre et auprès du
sultan d'Egypte, et surtout les trêves que le roi de Castille,
Alfonse XI, avait conclues avec les Sarrasins1 amenèrent
Philippe VI à modifier son plan et à se préparer à une guerre
contre les Infidèles de l'Orient, au lieu de songer à une expé
dition contre les Maures d'Espagne. Pierre de la Palu, qui
n'avait rien obtenu de la part du sultan, après avoir fait con
naître le résultat de sa démarche à Jean XXII, vint à Paris2
et, en présence du roi et d'un grand nombre de prélats et de
nobles, fit ressortir de telle manière la mauvaise volonté du
chef des Musulmans que tous ses auditeurs furent unanimes
à se déclarer prêts à partir pour recouvrer la Terre Sainte.
Le pape, à la requête de Philippe de Valois, ordonna ensuite
au patriarche et à tous les prélats de prêcher et de faire prê
cher partout la croisade, recommandant à ceux qui pren
draient la croix de se tenir prêts à s'embarquer3.
Philippe VI était alors certainement dans l'intention de
partir; mais il dut sans doute hésiter sur la route qu'il devrait
prendre. Si les uns, comme on le voit par le Dïrectorium de
Brocard 4, préconisaient la voie de terre, d'autres durent l'en-
nique latine de G. de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 108). Quelques mois après, au
début du mois de juillet, dit le continuateur de G. de Nangis (éd. Géraud, t. II,
p. 110), il partit pour l'île de Chypre avec l'évêque de Mende, Guillaume VI
Duranti ; sa mission était de conduire la fille de Louis, comte de Glermont, au
fils du roi de Chypre, qui devait l'épouser (cf. Mas-Latrie, Histoire de Chypre,
t. II, p. 158-165), et ensuite d'aller auprès du sultan d'Egypte, afin de négocier
avec lui sur la possibilité pour les chrétiens de récupérer la Terre Sainte [Chro
nique latine de G. de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 130-131).
1. Voir, sur ces trêves, Miret y Sans, Negociacions diplomatiques..., p. 27,
32-34, 36, 37, 39. Cf. Grandes Chroniques, éd. Viard, t. IX, p. 122-123.
2. Jean XXII envoya le patriarche à Philippe VI le 14 février 1331 (Eugène
Déprez, Les préliminaires de la guerre de Cent ans. La papauté, la France et V Ang
leterre (1328-1342), p. 85, note 1).
3. Grandes Chroniques, éd. Viard, t. IX, p. 130. Voir dans Raynaldi, Annales
ecclesiastici, t. V, p. 516-517, les lettres de Jean XXII, du 5 décembre 1331, par
lesquelles il engage les fidèles à s'armer et à prier pour la croisade. Ce fut sans
doute à la suite de cette prédication qu'en 1332 le dominicain allemand Brocard
(cf. Delaville-Leroulx, La France en Orient au XIVe siècle, t. I, p. 89) écrivit et
dédia à Philippe VI le Directorium, c'est-à-dire « l'esdroitement ou voie droitu-
rière à faire le passage de la Terre Sainte », opuscule que Jean du Vignay tra
duisi

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