Les sémiotiques ou sémies - article ; n°1 ; vol.7, pg 146-157
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Description

Communications - Année 1966 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 146-157
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Metz
Les sémiotiques ou sémies
In: Communications, 7, 1966. pp. 146-157.
Citer ce document / Cite this document :
Metz Christian. Les sémiotiques ou sémies. In: Communications, 7, 1966. pp. 146-157.
doi : 10.3406/comm.1966.1102
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1966_num_7_1_1102Christian Metz
Les sémiotiques, ou sémies
A propos de travaux de Louis Hjelmslev
et d'André Martinet
On sait que pour F. de Saussure la sémiologie était destinée, lorsqu*elle
se serait suffisamment développée, à inclure la linguistique ; Saussure
prévoyait un état de la recherche dans lequel la ne serait
plus qu'un secteur — secteur particulièrement important, mais sec
teur tout de même — d'une science générale des signes K Si cette con
ception reste valable à titre d'idéal lointain ou de cadre de référence
elle ne correspond plus, en pratique, à l'état actuel des recherches di
sponibles ou engagées.
Ceci tient, semble- t-il, à deux raisons que Saussure ne pouvait pas enti
èrement prévoir. D'une part, la linguistique pure, depuis la fin des années
vingt, a pris les développements imposants que l'on sait et apparaît
aujourd'hui comme un véritable corps de doctrine et de savoir, alors
que la sémiologie n'a connu son premier essor notable que beaucoup
plus tard et en est encore à ses débuts. D'autre part, il est de plus en frappant que la plupart des sémiotiques de quelque importance
comportent d'une façon ou d'une autre le recours au langage verbal :
le cinéma est devenu parlant, la télévision l'a toujours été, la radio
garde toute son importance ; les cartes géographiques, schémas, diagram
mes, indications chiffrées, numéros divers etc. s'accompagnent le plus sou
vent, comme y insiste Georges Mounin2, de mentions écrites, donc linguis
tiques ; les images publicitaires sont presque toujours légendées8 ; les
récits littéraires, les contes, les mythes ne déploient le système propre de
leurs fonctions que par-dessus l'utilisation première de tel ou tel idiome
humain, etc.. En somme, le linguistique est si souvent présent dans le
sémiologique qu'il est permis de se demander — à condition de mettre à
part des cas comme la peinture ou la musique, qui posent des problè-
1. F. De Saussure, Cours de linguistique générale, 33 (« La linguistique n'est qu'une
partie de cette science générale... » — C'est nous qui soulignons).
2. « Les systèmes de communication non-linguistiques et leur place dans la vie du
vingtième siècle, » in Bulletin de la Société de Linguistique de Paris, LIV, 1959.
3. Voir Roland Barthes, ce Rhétorique de l'image, » in Communications, 4, 1964.
146 '
Les sémiotiques^ ou sémies
mes difficiles et pratiquement inexplorés — si le sémiologique pur peut
exister ailleurs que dans des sémies d'usage restreint et de sémantisme
pauvre ( feux de croisement, certains pavillons de marine, sonneries
de trompettes et clairons, et autres exemples auxquels linguistes et
sémiologues aiment à se référer pour leur commodité démonstrative
plus que pour leur importance réelle dans la vie sociale).
Une sémiotique peut être trans-verbale (contes, mythes, tous récits
écrits ou oraux) ou non-verbale (ainsi les images de toutes sortes). Lais
sons de côté les sémiotiques trans-verbales, qui nous donneraient trop
facilement raison, pour constater que dans les sémiotiques « non- verbales j»
elles-mêmes, le verbal est le plus souvent présent. Présence qui peut re
vêtir deux formes principales : tantôt la langue fait partie des éléments
signifiants au même titre que l'image ; elle ajoute ses significations à celles
du matériel non- verbal à l'intérieur d'une même lexie (unité de lecture) :
c'est le cas de ce qu'on appelle au cinéma la parole diégétique, c'est-à-
dire la parole qui est clairement mise au compte d'un des personnages de
la fiction (diégèse), et qui nous apporte sur l'univers fictionnel du film des
informations que nous additionnons à celles que nous fournit la bande-
images *. Dans d'autres cas, au contraire, la parole apparaît en fonction
de métalangage par rapport aux signifiants non-verbaux ; elle appart
ient encore à la lexie, mais elle la « coiffe » plutôt qu'elle n'en est une
partie. La chose est] fréquente en publicité2, où la légende permet d'in
terpréter correctement l'image (est considérée comme « correcte », sémio-
logiquement parlant, la lecture souhaitée par l'annonceur). Au cinéma,
ce cas correspond, du moins pour l'essentiel, à la parole non-diégétique
(commentaires de speakers et récitants, ainsi que diverses formes de«voix-
off » 8 — c'est-à-dire à la parole qui est mise au compte de l'auteur du
film et non plus d'un personnage, et qui commente la bande-images plu
tôt qu'elle ne la complète. Il semble donc que la distinction posée par
Roland Barthes, à propos de l'image publicitaire, entre la parole-an
crage et la parole-relais 4 pourrait être généralisée et correspondre aux
1. Rappelons que « bande-images » n'est pas synonyme d' « image » ; il y a en plus,
dans la bande-images, le montage, les différentes figures du discours imagé, et les
procédés optiques (fondus, volets, etc..)
2. Voir Roland Barthes, article cité, p. 44 (notion d' « ancrage »).
3. Il y a aussi des cas intermédiaires. Par exemple, ce qu'on a appelé la « première
personne sonore » (le commentateur est en même temps un des personnages). Ou encore
les récitatifs, que leur diction rituelle et réglée arrache à l'image, même s'ils sont dits
par un des personnages (La pointe courte, d'Agnès Varda ; L'année dernière à Marienbad,
d'Alain Resnais, etc..) Entre le dialogue réaliste ( parole totalement diégétique, parole
engloutie) et le commentaire off. du speaker anonyme (glose entièrement non-diégétique),
la parole filmique, dans son cheminement vers le statut de métalangage, dispose
de plusieurs paliers de libération successifs que la variété des films modernes a
abouti à institutionnaliser dans leur diversité. — Sur la « première personne sonore »,
on dispose déjà d'études pré-sémiologiques fort solides : notamment Jean- Pierre Char-
tier, « Les films à la première personne et l'illusion de réalité au cinéma » {Revue du
Cinéma, 2° série, n° 4, Janvier 1947, p. 32-41), et Albert Laffay, pages 77-82 de
Logique du cinéma (Masson, 1964).
4. Article cité, p. 44-45.
147 Christian Metz
deux grands visages que revêt l'intervention si fréquente du verbal dans
le non-verbal. Ce que l'on appelle parfois la « civilisation de l'image » est
plus que jamais — comme y insiste le même auteur1 — une civilisation
de la parole et de l'écriture.
On voit mieux maintenant ce qui rend difficile la conception saussu-
rienne de la linguistique comme partie de la sémiologie. Non seulement
cette « partie » s'est fortement affirmée et forme elle-même un tout, alors
que le « tout » dont elle devrait être la partie n'existe qu'en partie — mais
en outre la partie supposée non-linguistique de la sémiologie n'arrivera,
semble-t-il, à former un tout que si elle englobe à titre de partie une étude
des significations verbales dans les lexies partiellement non-verbales ou
dans les lexies trans- verbales. Pour ces deux raisons — et sans même ment
ionner la situation méthodologique qui fait que la sémiologie demande
souvent de l'aide à la linguistique alors que l'inverse est beaucoup plus
rare — , il semble que la sémiologie, pour une longue période encore, soit
destinée à apparaître comme une recherche opérant à côté de la linguis
tique beaucoup plus que comme une science générale englobant la li
nguistique. Cette situation se reflète dans l'emploi des termes eux-mêmes :
ce que l'on appelle aujourd'hui « sémiologie » dans l'usage courant, c'est
l'étude des systèmes de signes autres que les langues, et non point l'étude
de tous les de y compris les langues. Linguistique et
sémiologie se re

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