Les soldats invalides au XVIIIème siècle : perspectives nouvelles - article ; n°2 ; vol.1, pg 237-258
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Description

Histoire, économie et société - Année 1982 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 237-258
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Pierre Bois
Les soldats invalides au XVIIIème siècle : perspectives
nouvelles
In: Histoire, économie et société. 1982, 1e année, n°2. pp. 237-258.
Citer ce document / Cite this document :
Bois Jean-Pierre. Les soldats invalides au XVIIIème siècle : perspectives nouvelles. In: Histoire, économie et société. 1982, 1e
année, n°2. pp. 237-258.
doi : 10.3406/hes.1982.1291
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1982_num_1_2_1291LES SOLDATS INVALIDES AU XVIIIème SIECLE
PERSPECTIVES NOUVELLES
par Jean-Pierre BOIS
Les soldats invalides forment un groupe social privilégié pour le chercheur. Les
sources de leur histoire sont concentrées, faciles d'accès, et leur exploitation ouvre de
nombreuses perspectives de recherches dans des domaines nouveaux, déjà abordés par
André Corvisier et par Robert Chaboche (1 ).
C'est sans doute parce que leur condition malheureuse impose des devoirs logiques
au souverain que les invalides ont été l'objet d'une attention privilégiée de la monarchie,
avec un évident souci d'humanité mais aussi pour des raisons pratiques de surveillance
et de contrôle. C'est à la fois pour les encadrer et les secourir que Louis XIV fonde en
1670 le magnifique Hôtel où certains d'entre eux pourront finir leurs jours (2). En
même temps, à une époque où l'idée d'une pièce d'identité contenant une description
précise de celui qui en aurait été porteur eût été parfaitement inconcevable, le monar
que ordonne la rédaction de registres de signalement de tous les soldats admis dans cet
Hôtel, registres fort bien conservés (3). Ainsi sont réunis plus de 100 000 signalements,
presque uniformes, pour la période allant de 1670 à 1792. Complétés par les sources
administratives indispensables, édits, ordonnances, règlements (4), et par les archives de
l'Hôtel lui-même, délibérations de son conseil d'administration ou comptes finan
ciers (5), ces registres forment un ensemble d'un intérêt exceptionnel. Et d'abord pour
1 . A. Corvisier, l'armée française de la fin du XVIIème siècle au ministère de Choiseul. Le soldat,
Paris, 1964, consacre un chapitre aux anciens soldats et aux invalides. R. Chaboche a commencé l'ex
ploitation des premiers registres d'immatriculation à l'Hôtel, et a présenté des conclusions dans de
nombreux articles : Les soldats d'origine languedocienne aux Invalides, 96ème C.N.S.S., Toulouse,
1971, Le clergé de France et l'assistance aux Invalides de guerre, 97ème C.N.S.S., Nantes, 1972 ; Le
sort des militaires invalides avant 1674, dans Les Invalides. Trois siècles d'histoire, 1974, pp. 127-148,
référence ci-dessous.
2. Les Invalides. Trois siècles d'histoire, synthèse historique sous la direction de R. Baillargeat,
Paris, 1974, fait le point sur les connaissances acquises au sujet de l'Institution.
3. Service Historique des Armées, série 2 Xy, Registres d'admission à l'Hôtel Royal des Invalides.
Registres 1 à 47 pour les soldats, du 1er octobre 1670 au 5ème jour complémentaire An IV.
4. Bibl. Nat., Recueil des édits, déclarations, ordonnances, arrêts et règlements concernant l'Hôtel
Royal des Invalides, 1670-1780, 2 vol.
Arch. Nat., AD VI 14, Liasse contenant arrêts, édits, ordonnances, imprimés l'Hôtel
Royal des 1676-1789, et AD VI 65, Dossiers de mémoires de lois et décrets imprimés con
cernant l'Hôtel des Invalides, 1 789-1811.
5. S.H.A., 2 Xy, Cartons 23 à 29, Comptes des recettes et dépenses, de 1704 à l'An XIII. Ibid.,
Registres 92 à 96, Séances du Conseil d'administration de l'Hôtel, du 21 mars 1676 au 27 juin 1793. 238 Jean-Pierre BOIS
la connaissance de l'Institution et de ses pensionnaires, approchés de manière très con
crète, parfois pittoresque, toujours réaliste, souvent poignante. C'est le premier objet
d'une recherche effectuée d'après ces sources (6). Mais cette recherche ouvre de si larges
perspectives dans plusieurs domaines de l'histoire qu'elle ne peut se réduire à la con
naissance, même approfondie, d'un groupe d'hommes.
Du point de vue de l'Institution d'abord, la connaissance du statut du soldat invali
de et de son évolution est un pas important dans l'étude de l'assistance et de la pré
voyance (7) en matière sociale. A la question de savoir comment récompenser les vieux
serviteurs de l'Etat, et parmi les plus humbles, les réponses du XVIème siècle étaient
presques inconsistantes ; la réponse du XVIIème siècle, grandiose dans sa forme et en
core empreinte de christianisme, est pourtant déjà plus qu'une assistance charitable. Le
XVIIIème siècle, empreint de philanthropie, est allé encore plus loin, formulant dans
les faits l'idée que l'Etat doit assurer une retraite, au sens moderne du terme, à tous les
vieux soldats qui lui ont voué leur existence et ont payé non de leur vie, mais de leur
corps, ce dévouement.
D'autre part, la connaissance des soldats invalides, à l'Hôtel ou retirés dans les génér
alités, est une première étape dans la connaissance effective des anciens soldats en
général, de la place que la vie militaire leur a donnée dans la société civile, de leurs rap
ports avec les populations, du rôle éventuel qu'ils peuvent jouer. La question des an
ciens soldats, qui forment un élément non négligeable dans la société du XVIIIème siè
cle si l'on tient compte des effectifs de l'armée permanente, est une question impor
tante (8). Or, on doit encore trop souvent se contenter d'y répondre par une série de
clichés, médiocres parce que toujours faciles, qui lui accordent presque unanimement
une détestable réputation et un niveau social misérable, ce qui est trop simple pour
être satisfaisant.
Enfin, un domaine nouveau de l'histoire sociale peut être abordé par le biais de
cette étude. Les invalides sont, dans leur grande majorité, des vieillards, — et pour
certains d'entre eux, octogénaires ou nonagénaires, de fort beaux vieillards pour le
XVIIIème siècle ! Il s'agit là d'une catégorie sociale encore ignorée de la recherche his
torique. Est-ce parce que, souvent, ils ont aussi été oubliés dans leur époque ? Dans le
problème des âges de la vie se pose toujours la question douloureuse de savoir comment
l'achever par une vieillesse décente. Normalement, c'est la cellule familiale qui assure
l'insertion du vieillard, d'où un vide institutionnel qui justifierait que si l'histoire ait
abordé l'enfance, toutes les formes de l'âge adulte, et la mort, elle ait délaissé le dernier
âge de la vie. Mais dans la plupart des cas, les vieux soldats n'ont pas de famille ; ils de
vaient bien alors être pris en compte par la monarchie.
*
* *
6. J.-P. Bois, Les vieux soldats à l'Hôtel Royal des Invalides au XVIIIème siècle, doctorat du
Illème cycle, Université de Paris IV, 1981.
7. Colonel H. de Buttet, Condition militaire et Ancien Régime, premiers pas vers un régime de
prévoyance, Bulletin de l'Association Générale de Prévoyance Militaire, 1963, n 35.
n° 537, 8. J.-P. pp. 81-102, Bois, Les pose anciens les problèmes soldats de cette 1715 recherche. à 1815. Problèmes et méthodes, Revue Historique, SOLDATS INVALIDES 239 LES
Le sort du soldat invalide, mis dans l'impossibilité de pourvoir à sa propre subsis
tance à cause des blessures reçues ou parce qu'il a atteint au service du Roi un âge trop
avancé pour rester sous les armes, devait nécessairement se poser en termes préoccu
pants à partir du moment où il appartient à un groupe perceptible dans la société.
L'ancien système des oblats, placés dans un monastère et occupés à de petits tra
vaux, ne pouvait toucher qu'un petit nombre d'hommes (9). Au reste, ce système,
même s'il s'est longtemps maintenu (10), fonctionnait mal, autant par la mauvaise
volonté des abbés qui n'appréciaient guère ces oblats que par la simple difficulté du
Roi à se faire obéir.
C'est dans le courant du XVIème siècle qu'il devient nécessaire de régler le sort des
invalides par d'autres moyens. Encore fallait-il, pour qu'une solution stable pût être
mise en œuvre, que la m

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